Mécanismes de la toxicité cardiaque induite par les rayonnements

Mécanismes
de
la
toxicité
cardiaque
induite
par
les
rayonnements
ionisants
Mechanisms
of
radiation-induced
cardiac
toxicity
A.-M.
Quintela-Pousa
M.-C.
Vozenin Service
de
radio-oncologie,
département
d'oncologie,
laboratoire
de
radio-oncologie,
CHUV,
46,
rue
du
Bugnon,
1011
Lausanne,
Suisse
Disponible
en
ligne
sur
ScienceDirect
le
3
novembre
2016
EFFETS
CARDIO-TOXIQUES
DE
LA
RADIOTHÉRAPIE
Données
cliniques
Les
études
épidémiologiques
récentes
mon-
trent
l'importance
des
séquelles
cardiovascu-
laires
de
la
radiothérapie
[18].
Leur
impact
sociétal
est
pleinement
reconnu
et
une
atten-
tion
particulière
est
aujourd'hui
accordée
à
la
qualité
de
vie
des
patients
survivants
du
can-
cer.
Ainsi,
l'insufsance
cardiaque
a
été
documentée
comme
un
effet
secondaire
tar-
dif
apparaissant
suite
aux
traitements
de
radiothérapie.
Les
progrès
technologiques
de
la
radiothérapie,
liés
à
l'imagerie
et
à
l'amélioration
balistique,
permettent
de
déli-
vrer
plus
précisément
la
dose
thérapeutique
et
de
diminuer
le
taux
de
complications.
En
effet,
l'imagerie
permet
d'améliorer
la
plani-
cation
de
la
radiothérapie
et
de
délivrer
un
traitement
ciblé
sur
la
tumeur
en
évitant
les
organes
à
risque
(OAR)
et
ainsi
minimiser
les
effets
secondaires
[9].
Simultanément,
les
standards
de
traitement
du
cancer
ont
évolués
et
la
radiothérapie
est
aujourd'hui
combinée
à
la
chimiothérapie
et
aux
thérapies
ciblées,
ce
qui
majore
l'efcacité
anti-tumorale
des
traitements
mais
augmente
les
risques
de
toxicité
cardiaque
(voir
chapitre
2).
D'autre
part,
l'établissement
d'un
lien
de
causalité
entre
l'exposition
au
rayonnement
ionisant
et
le
développement
de
toxicité
car-
diaque
est
compliqué
par
l'existence,
chez
de
nombreux
patients,
de
facteurs
de
comorbi-
dité.
C'est
la
raison
pour
laquelle
le
dévelop-
pement
de
modèles
expérimentaux
bien
contrôlés,
développant
les
pathologies
cardia-
ques
dans
un
temps
plus
court
et
selon
une
cinétique
reproductible
est
nécessaire
an
d'étudier
les
mécanismes
pathogéniques.
Modèles
expérimentaux
Alors
que
les
processus
d'athérosclérose
ne
sont
généralement
pas
observés
chez
les
ron-
geurs,
les
dommages
radio-induits
comme
l'insufsance
cardiaque
congestive,
l'infarctus
du
myocarde,
l'angine
de
poitrine
et
les
trou-
bles
valvulaires
sont
retrouvés
dans
les
modè-
les
murins.
Dans
ces
modèles,
l'irradiation
est
délivrée
à
fortes
doses
et
dose
unique
ce
qui
les
distingue
des
protocoles
thérapeutiques
chez
l'homme
qui
utilisent
des
fortes
doses
(>
50
Gy)
délivrées
de
manière
fractionnée
(2
Gy
quotidiennement).
Au
niveau
cellulaire,
les
cardiomyocytes
endommagés
par
l'irradiation
sont
progressi-
vement
éliminés
par
les
macrophages
et
rem-
placés
par
du
tissu
cicatriciel
entouré
par
des
cellules
survivantes
mais
dysfonctionnelles
et
des
dépôts
amyloïdes
et
breux
[10,11].
Des
lésions
des
capillaires
endothéliaux
du
myo-
carde
sont
aussi
rapportées
chez
le
lapin
[12]
et
une
diminution
de
la
densité
capillaire
est
visible
dans
les
cœurs
de
rats
Wistar
et
Spra-
gueDawley,
après
l'administration
de
doses
uniques
de
10
à
25
Gy
[13].
Il
semblerait
que
l'altération
du
réseau
capillaire
soit
la
cause
primaire
de
la
dégénérescence
du
myocarde
par
ischémie
[5].
D'autre
part,
chez
les
ron-
geurs,
l'irradiation
induit
une
hypertrophie
car-
diaque
associée
à
une
altération
de
la
physiologie
et
de
la
contractilité
cardiaque
induisant
l'insufsance
cardiaque,
comme
c'est
aussi
rapporté
chez
les
patients
après
radiothérapie
[3].
Aujourd'hui,
les
modèles
murins
d'étude
impliquent
des
souris
transgé-
niques
qui
permettent
de
valider
l'importance
de
certaines
voies
moléculaires
et
des
modè-
les
porteurs
de
tumeurs
qui
permettent
d'étu-
dier
les
interactions
entre
tumeur
et
cœur.
En
parallèle,
le
développement
de
la
technologie
Auteur
correspondant
:
M.-C.
Vozenin,
service
de
radio-oncologie,
département
d'oncologie,
laboratoire
de
radio-oncologie,
CHUV,
46,
rue
du
Bugnon,
1011
Lausanne,
Suisse.
Adresse
e-mail
:
marie-catherine.vozenin@chuv.ch
Arch
Mal
Coeur
Vaiss
Prat
2016;2016:2228
Physiopathologie
cardiovasculaire
22
http://dx.doi.org/10.1016/j.amcp.2016.10.003
©
2016
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
de
radiothérapie
guidée
par
l'image
et
dédiée
aux
petits
ani-
maux,
permet
de
réaliser
des
plans
de
traitements
très
simi-
laires
à
ceux
administrés
chez
les
patients
et
d'étudier
précisément
l'effet
de
l'irradiation
sur
les
différentes
structures
cardiaques
(irradiation
localisée
et
fractionnée).
La
reconstruc-
tion
des
isodoses
grâce
aux
logiciels
dit
treatment
planning
system
(TPS)
permet
aussi
d'étudier
l'impact
des
gradients
de
dose
ainsi
que
la
contribution
du
poumon/de
la
tumeur
situés
dans
le
champ
d'irradiation
(Fig.
1).
Altérations
physiopathologiques
et
moléculaires
L'insufsance
cardiaque
est
nie
par
l'incapacité
du
cœur
à
fournir
sufsamment
de
sang
pour
répondre
aux
besoins
du
corps.
Ce
syndrome
se
caractérise
par
un
remodelage
et
un
dysfonctionnement
de
la
fonction
contractile
du
cœur
associé
à
un
métabolisme
déprimé
et
nalement
la
mort
cellulaire.
La
mort
des
cellules
du
myocarde
était
décrite
comme
secondaire
à
l'ischémie
induite
par
les
altérations
micro-
et
macrovascu-
laires
[5,14].
Récemment,
Seemann
et
al.
ont
montré
une
diminution
à
long
terme
de
la
densité
microvasculaire
du
ventricule
gauche
associées
à
des
dommages
fonctionnels
impliquant
une
diminution
de
la
production
de
phosphatase
alcaline,
une
expression
accrue
du
facteur
de
von
Willebrand,
une
fuite
d'albumine
et
un
dépôt
amyloïde
et
brotique
[15].
L'altération
du
fonctionnement
mitochondrial
des
cardiomyo-
cytes
a
aussi
été
décrite
avec
un
rôle
causal
du
facteur
de
transcription
Nrf2
qui
régule
l'expression
de
plusieurs
enzymes
Figure
1.
Vue
treatment
planning
system
(TPS)
d'une
irradiation
de
souris
cœur
entier
:
a
:
coupe
axiale
;
b
:
coupe
sagittale
sagittal
;
c
:
coupe
coronale
;
d
:
reconstruction
dosimétrique
réalisée
par
le
TPS
au
niveau
des
organes
présents
dans
le
champ
d'irradiation
;
ici,
l'ensemble
du
cœur
et
30
%
du
poumon
sont
irradiés
à
90
%
de
la
dose
prescrite
(19
Gy).
Mécanismes
de
la
toxicité
cardiaque
induite
par
les
rayonnements
ionisants Physiopathologie
cardiovasculaire
23
du
métabolisme
antioxydant
[16].
Enn,
l'accumulation
des
cellules
immunes,
tels
que
les
macrophages
coïncide
avec
l'accumulation
transpariétale
de
matrice
extracellulaire.
L'accumulation
de
mastocytes
qui
affectent
le
réseau
nerveux
sensoriel
du
cœur,
contribue
aussi
aux
dommages
contractiles
radio-induits
[17].
nition
de
nouvelles
cibles
diagnostiques
et
thérapeutiques
Les
interventions
thérapeutiques
pour
traiter
les
patients
atteints
de
toxicité
cardiaque
radio-induite
se
limitent
actuelle-
ment
aux
interventions
standards
comme
la
transplantation
cardiaque
et
autres
procédures
chirurgicales
[1820].
Les
étu-
des
pré-cliniques
suggèrent
une
efcacité
cardio-protectrice
pour
certaines
molécules,
parmi
lesquelles
les
antioxydants
semblent
être
efcaces
(Fig.
2).
Ainsi,
des
agents
cliniquement
approuvés
comme
l'amifostine
et
la
combinaison
pentoxifylline/
a-tocopherol,
protègent
respectivement
les
rats
contre
la
brose
cardiaque
radio-induite
[2123]
et
réduisent
la
brose
cardiaque
en
améliorant
la
fonction
cardiaque
[24,25].
D'autres
molécules
en
développement
comme
le
g-tocotrienol
sont
aussi
capables
de
prévenir
les
altérations
radio-induites
de
la
mito-
chondrie
mais
n'exerce
pas
d'action
antibrosante
[26].
D'autres
études
sur
la
régulation
des
voies
de
signalisation
cellulaires
après
radiothérapie
ont
permis
d'identier
des
nou-
velles
cibles
thérapeutiques
(Fig.
2).
Ainsi
l'implication
de
la
voie
RhoA/B/ROCK
dans
la
brose
radio-induite
a
été
démon-
trée
[2730].
Les
protéines
RhoA/B
sont
impliquées
dans
la
physiopathologie
du
remodelage
cardiaque
induite
par
le
stress
après
un
infarctus
du
myocarde
[31,32].
Elles
contrôlent
les
fonctions
vasculaires
[33],
le
maintient
de
la
barrière
endo-
théliale,
l'inammation
et
la
migration
trans-endothéliale
des
leucocytes,
l'activation
plaquettaire,
la
thrombose,
le
stress
oxydatif,
ainsi
que
de
l'homéostasie
des
cellules
musculaires
lisses
vasculaires
[3437].
Elles
contrôlent
également
les
fonctions
immunitaires
[38]
et
les
inhibiteurs
pharmacologi-
ques
de
Rho
tels
que
statines
ou
de
ROCK
tel
que
le
Y-
27632
sont
capables
de
moduler
la
balance
TH2/TH1
inter-
férant
ainsi
avec
l'inammation
chronique
[38,39]
et
les
pro-
cessus
brogéniques
radio-induits
[4042].
D'autres
études
ont
mis
en
évidence
l'importance
de
l'activa-
tion
de
la
voie
de
l'enzyme
de
conversion
associée
une
ef-
cacité
du
captopril
(Fig.
2),
un
inhibiteur
de
l'enzyme
de
conversion,
qui
diminue
les
dommages
pulmonaires
radio-
induits
lorsque
cœur
et
poumon
sont
dans
le
champ
d'irradia-
tion,
mais
reste
sans
effet
lorsque
le
cœur
n'est
pas
irradié
[43,44].
EFFETS
CARDIO-TOXIQUES
DES
TRAITEMENTS
ANTICANCÉREUX
COMBINÉS
Données
cliniques
L'évolution
des
standards
de
traitement
du
cancer
par
théra-
peutiques
combinées
implique
plus
que
jamais
une
prise
en
charge
des
phénomènes
de
toxicité
cardiaque.
Les
essais
cliniques
évaluant
l'efcacité
de
l'anthracycline
versus
la
combinaison
de
RT
+
anthracycline
chez
les
patientes
attein-
tes
de
cancer
du
sein
montrent
une
toxicité
cardiaque
aiguë
fréquente,
mais
dont
les
effets
à
long
terme
sur
la
fonction
cardiaque
semblent
mineurs.
Toutefois,
certaines
données
indiquent
que
les
patients
âgés,
traités
par
anthracyclines,
pourraient
présenter
une
augmentation
du
taux
absolu
du
10
%
de
la
dysfonction
cardiaque
après
10
ans
(SEER)
et
les
données
épidémiologiques
récentes
montrent
que
les
patients
de
plus
de
65
ans
traités
par
les
anthracyclines
ont
53
%
de
probabilité
de
développer
des
cardiomyopathies
sévères
dans
les
6
mois
suivant
le
début
du
traitement
[45].
Figure
2.
Voies
de
signalisation
cellulaires
identiées
comme
cibles
pour
traiter
les
complications
cardiaques
radio-induites.
A-M
Quintela-Pousa,
M-C
Vozenin
Physiopathologie
cardiovasculaire
24
De
l'autre
côté
de
la
pyramide
des
âges,
chez
les
patients
pédiatriques,
la
combinaison
des
anthracyclines
avec
la
radio-
thérapie
causent
des
maladies
cardiaques
tardives
bien
décri-
tes
[3].
Les
autres
drogues
de
chimiothérapie
[4547]
dont
les
taxa-
nes
ainsi
que
les
thérapies
ciblées
comme
l'herceptine
sont
aussi
décrites
comme
cardio-toxiques
lorsqu'elles
sont
asso-
ciées
à
la
radiothérapie
[48]
;
pourtant
aucune
étude
pré-
clinique
n'a
précédé
l'utilisation
de
nouveaux
médicaments,
comme
le
TDM1,
le
pertuzumab
et
les
inhibiteurs
PARP1
en
combinaison
avec
la
radiothérapie.
De
même,
aucune
donnée
biologique
n'est
à
ce
jour
disponible,
à
notre
connaissance,
dans
le
domaine
des
bi-
ou
tri-thérapies
et
les
revues
récentes
de
la
littérature
soulignent
la
nécessité
de
réaliser
une
carac-
térisation
pré-clinique
des
effets
cardio-toxiques
des
traite-
ments
combinés
[3,4951].
Modèles
expérimentaux
L'article
de
l'équipe
d'Eric
Morel
dans
ce
numéro
du
journal
décrit
et
discute
des
modèles
expérimentaux
qui
ont
été
déve-
loppés
pour
étudier
les
effets
cardio-toxiques
de
la
chimiothé-
rapie
et
qui
aboutissent
à
la
nition
de
nouvelles
cibles
thérapeutiques.
Récemment
et
en
collaboration
avec
les
cli-
niciens
oncologues,
nous
avons
décidé
de
développer
deux
modèles
de
traitement
combinés
impliquant
radiothérapie,
chimiothérapie
et
thérapie
ciblée
reproduisant
le
plus
dèle-
ment
possible
les
traitements
administrés
aux
patients.
Nous
travaillons
avec
des
souris
wt
C57BI6,
transgéniques
cientes
pour
EPAC-1
et
RhoB
et
avons
aussi
récemment
développé
un
modèle
tumoral
dans
lequel
un
carcinome
mam-
maire
murin
est
greffé
par
voie
intra-canadaire
dans
la
glande
mammaire
à
l'apex
du
cœur
an
d'étudier
les
interactions
entre
tumeur
et
cœur
dans
la
réponse
aux
traitements
(Fig.
3).
Altérations
physiopathologiques
et
moléculaires
Classiquement
les
dommages
au
cœur
induits
par
la
chimio-
thérapie
ont
été
classés
en
dommages
ultrastructuraux
irré-
versibles
avec
altération
directe
des
cardiomyocytes,
ce
sont
les
altérations
cardiaques
de
type
I
comme
ceux
induits
par
les
anthracyclines.
Alors
que
les
altérations
de
type
2,
comme
celles
induites
par
le
trastuzumab
(herceptine)
sont
réversi-
bles.
Le
concept
initial
de
l'association
des
thérapeutiques
anti-cancéreuses
était
basé
sur
le
fait
que
les
cinétiques
de
toxicité
de
la
radiothérapie
et
de
la
chimiothérapie
ne
se
chevaucheraient
pas,
mais
il
n'existe
pas,
à
notre
connais-
sance,
de
données
biologiques
précises
validant
ce
concept.
Lorsque
nous
réalisons
des
traitements
combinés,
nos
résul-
tats
préliminaires
obtenus
par
échocardiographie
montrent
que
la
double
combinaison
d'une
forte
dose
de
radiothérapie
(19
Gy)
combinée
avec
du
taxane
(3
0,4
mg/mL
sur
trois
jours
consécutifs)
n'affecte
pas
les
paramètres
fonctionnels
cardiaques
ni
les
fonctions
systoliques
et
diastoliques,
7
et
20
semaines
après
traitement.
En
revanche,
la
triple
combinaison
RT
19
Gy
+
taxane
(3
0,04
mg/mL
sur
trois
jours
consécu-
tifs)
+
herceptine
(3
4
mg/kg
tous
les
trois
jours)
altère
tran-
sitoirement
la
fonction
cardiaque
avec
une
bradycardie
Figure
3.
Vue
treatment
planning
system
(TPS)
lors
d'une
irradiation
tumorale
chez
une
souris
porteuse
de
tumeur
mammaire
intra-
canalaire.
A.
a
:
coupe
axiale
;
b
:
sagittale
et
c
coronale
;
d
:
reconstruction
dosimétrique
réalisée
par
le
TPS
au
niveau
des
structures
présentes
dans
le
champ
d'irradiation,
ici
le
cœur
entier
et
la
totalité
de
la
tumeur
plus
35
%
du
poumon
sont
irradiés
à
94
%
de
la
dose
(19
Gy).
B,
C
et
D.
Vues
microscopique
10
et
40)
d'une
coloration
H&E
de
glande
mammaire
après
72
h
après
injection
des
cellules
tumorales
EO771
greffées
par
voie
intra-canalaire.
Mécanismes
de
la
toxicité
cardiaque
induite
par
les
rayonnements
ionisants Physiopathologie
cardiovasculaire
25
sinusale
à
7
semaines
suivie
d'un
retour
aux
paramètres
normaux
à
20
semaines.
L'électrocardiographie
révèle
aussi
un
bloc
atrioventriculaire
décrit
pour
ce
type
de
chimiothérapie
(Fig.
4).
Ces
modèles
devraient
nous
permettre
dans
les
pro-
chains
mois
de
nir
de
nouvelles
cibles
diagnostiques,
pronostiques
et
thérapeutiques,
et
pourraient
être
utilisés
pour
l'évaluation
des
nouvelles
combinaisons
thérapeutiques
avant
leur
transfert
en
clinique.
EFFETS
CARDIO-TOXIQUES
DES
FAIBLES
DOSES
Données
épidémiologiques
En
radioprotection,
les
faibles
doses
sont
nies
comme
les
valeurs
inférieures
à
100
mGy
(ou
100
mSv)
pour
lesquelles
aucun
effet
toxique
n'a
été
démontré.
Néanmoins
les
doses
entre
0,1
et
2
Gy
sont
aussi
considérées
comme
faibles
(par
comparaison
avec
les
doses
de
radiothérapie)
et
l'étude
de
leurs
effets
biologiques
sont
particulièrement
importants
car
ce
sont
les
doses
couramment
utilisées
en
radiologie
et
imagerie
de
diagnostique
(Tableau
I).
En
ce
qui
concerne
la
réponse
du
cœur
aux
faibles
doses
(<
2
Gy),
l'existence
d'un
risque
cardiovasculaire
après
exposition
à
de
faibles
doses
d'irradiation
a
été
mis
en
évi-
dence
par
l'analyse
de
mortalité
observée
chez
les
survivants
de
la
bombe
atomique
d'Hiroshima
et
Nagasaki
[52,53].
Dans
cette
population,
la
mortalité
par
infarctus
du
myocarde
est
signicativement
augmentée
chez
des
individus
irradiés
plus
de
40
ans
auparavant
à
des
doses
relativement
faibles
de
l'ordre
de
1
à
2
Gy
reçues
au
niveau
du
corps
entier.
Cette
observation
était
inattendue
car
le
cœur
était
jusque
classé
dans
les
organes
radio-résistants
de
part
la
physiologie
des
cardiomyocytes
et
leur
statut
non
proliférant.
Quoi
qu'il
en
soit,
d'autres
études,
réalisées
sur
des
patientes
de
radiothérapie
irradiées
pour
un
cancer
du
sein
avec
des
doses
reçues
au
cœur
entier
de
l'ordre
de
1
à
2
Gy,
ont
conrmées
ces
résultats
et
incité
la
CEE
à
nancer
des
programmes
de
recherche
dédiés
à
l'étude
de
la
toxicité
cardiaque
induite
par
les
faibles
doses
(Cardiorisk,
Procardio).
Modèles
expérimentaux
La
recherche
axée
sur
l'effet
des
faibles
doses
de
rayonne-
ment
sur
le
cœur
a
été
réalisée
en
utilisant
des
modèles
wt
et
expérimentaux
particuliers,
présentant
des
facteurs
de
comor-
bidités,
comme
par
exemple
la
lignée
transgénique
pro-
athérogénique
ciente
en
ApoE
[54,55]
qui
montre
un
prol
radio-sensible
préoccupant
pour
les
populations
âgées.
Altérations
physiopathologiques
et
moléculaires
En
effet,
l'étude
sur
les
souris
transgéniques
ApoE
KO
montre
qu'une
dose
de
200
mGy
administrée
au
cœur
entier
induit
une
mortalité
prématurée
des
souris
ApoE
KO
par
rapport
aux
wt
associée
à
un
prol
pro-inammatoire
et
probrotique
mis
en
évidence
par
l'induction
de
macrophage
M1
et
la
sécrétion
d'IL6
ainsi
que
l'expression
de
TGF-b1
et
PAI-1.
Néanmoins,
dans
les
deux
lignées,
une
dysfonction
du
ventricule
gauche
est
mesurée
par
échocardiographie
sans
aucune
altération
athérogenique
au
niveau
artériel.
Le
prol
d'expression
de
marqueurs
inammatoires
et
thrombogéniques
a
été
réalisé
dans
le
cœur
et
le
plasma
d'animaux
ApoE
KO
irradiés
à
0,025,
0,05,
0,1,
0,5
or
2
Gy
avec
un
faible
(1
mGy/min)
ou
fort
débit
de
dose
(150
mGy/min).
Les
faibles
doses
(0,025
0,5
Gy)
induisent
peu
d'effet
sur
les
molécules
inammatoires
qui
sont
fortement
induites
par
l'exposition
à
2
Gy.
Conclusion
sur
l'effet
des
faibles
doses
et
perspectives
L'étude
des
faibles
doses
sur
le
système
cardiovasculaire
montre
que
les
faibles
doses
de
rayonnement
ionisant
n'indui-
sent
pas
le
développement
de
lésions
athérosclérotiques
chez
la
souris
et
que
le
prol
inammatoire
est
faible.
Des
altérations
structurales
et
fonctionnelles
sont
observées
chez
des
souris
wt
sans
répercussion
clinique
;
en
revanche,
la
présence
de
facteur
de
comorbidité
comme
la
cience
en
ApoE,
amplie
l'effet
toxique
des
faibles
doses.
CONCLUSIONS
ET
PERSPECTIVES
La
cardio-toxicité
des
fortes
doses
de
rayonnement
ionisant
est
décrite
depuis
de
nombreuses
années,
ces
fortes
doses
sont
utilisées
en
radiothérapie
et
actuellement
combinées
avec
la
chimiothérapie
et
les
thérapies
ciblées
pour
une
ef-
cacité
anti-tumorale
accrue.
Le
corolaire
est
malheureusement
Figure
4.
Étude
échocardiographique
montrant
l'action
de
la
RT
et
de
la
RT
sur
la
fraction
d'éjection
cardiaque.
La
ligne
pointillée
représente
la
valeur
normale
moyenne
de
la
fraction
d'éjection
et
le
graphique
à
barres
indique
la
mesure
de
la
fraction
d'éjection
pour
les
différents
groupes
des
traitements
à
7
et
20
semaines
après
le
traitement.
Tableau
I.
Dose
moyenne
mesurée
lors
de
traitement
d'imagerie.
La
radioactivité
naturelle
est
de
3
mSv
par
an.
D'après
Lecoultre.
Radiat
Prot
Dosimetry
2015.
Technique
d'imagerie
Dose
(mSv)
Radiographie 0,32
Mammographie 0,36
Tomodensitometrie
(CT)
8,5
Radiologie
dentaire
(conventionnelle
et
CBCT) 0,02/0,20
Fluoroscopie
8
Angiographie 814
Angioplastie
20
A-M
Quintela-Pousa,
M-C
Vozenin
Physiopathologie
cardiovasculaire
26
1 / 7 100%
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