COMPLEXIFICATION DES ALGÈBRES DE LIE RÉELLES par David

COMPLEXIFICATION DES ALGÈBRES DE LIE
RÉELLES
par
David Renard
1. Complexification d’un espace vectoriel réel
Soit Wun espace vectoriel complexe. On peut le considérer, par « oubli
de structure » comme un espace vectoriel réel. Si West de dimension
finie dsur C, alors il est de dimension finie 2dsur R, et si (e1, . . . , ed)est
une base de Vsur C,(e1, ie1,...ed, ied)est une base de Wsur R.
Soit maintenant Vun espace vectoriel réel. Comment lui associer natu-
rellement un espace vectoriel VCsur C? Si l’on fixe une base B= (fi)iI
de V, on peut écrire tout vecteur viVde manière unique dans la base
B,
v=X
i
cifi, ciR
la somme étant à support fini, et formellement, on a envie de prendre VC
comme l’espace des combinaisons linéaires Picifi, avec les cidans C.
Une manière de faire cela en évitant le choix d’une base est de prendre
VC=VRC
la structure complexe étant donnée par
λ(vz) = vλz, v V, λ, z C.
Si B= (fi)iIest une base de Vsur R, alors (fi1)iIest une base de
VCsur C.
Un point important est que VCvérifie la propriété universelle sui-
vante : pour tout espace vectoriel complexe W, l’espace des applications
2DAVID RENARD
R-linéaires de Vdans W,HomR(V, W ), est « naturellement isomorphe »
à l’espace des applications C-linéaires de VCdans W,HomC(VC, W ). Si
φest dans HomR(V, W ), on le prolonge en une application C-linéaire de
VCdans Wpar la formule
φ(vz) = zφ(v), v V, z C.
2. Structure complexe conjuguée
Soit Vun espace vectoriel complexe. Notons Vl’espace vectoriel dont
le groupe abélien sous-jacent est encore V, mais la multiplication par un
scalaire λC)est donnée par
λ·v:= ¯
λv
Rappelons que si West un espace vectoriel complexe et φ:VWest
un morphisme de groupe additif, alors φest dit sesquilinéaire s’il vérifie
φ(λv) = ¯
λφ(v), v V, λ C.
On note HomsqC(V, W )l’ensemble des applications sesquilinéaire de V
dans W. Il résulte clairement des définition que
(2.0.1) HomsqC(V, W ) = HomC(V , W ).
Supposons maintenant que Vsoit obtenu en complexifiant un espace
vectoriel réel V0. Alors Vest muni d’une conjugaison complexe,
σ:VV, X 7→ ¯
X
caractérisée par les deux propriétés suivantes :
-σ(X) = ¯
X=Xsi XV0,
-σest sesquilinéaire.
Il est d’autre part clair que σréalise alors un isomorphisme entre Vet
V.
3. Complexification d’un espace complexe
Nous allons voir que lorsque Vest un espace vectoriel complexe, que
l’on considère comme espace vectoriel réel, alors sa complexification vé-
rifie VC'VV. Rappelons que la complexification est caractérisée par
COMPLEXIFICATION DES ALGÈBRES DE LIE RÉELLES 3
le fait que pour tout espace complexe W,
HomR(V, W )'HomC(VC, W ).
Soit φHomR(V, W ). Posons
φσ(v) = (iv).
Alors le lecteur vérifiera rapidement que φest C-linéaire (resp. sesqui-
linéaire) si et seulement si φ=φσ(resp. φ=φσ). Comme on a pour tout
φ,φ=φ+φσ
2+φφσ
2, on voit que φse décompose (de manière unique) en
une somme d’un morphisme C-linéaire et d’un morphisme sesquilinéaire,
c’est-à-dire
HomR(V, W )'HomC(V, W )HomsqC(V, W ).
D’où, d’après (??),
HomR(V, W )'HomC(V, W )HomC(V , W )'HomC(VV , W ).
L’espace VVvérifie la même propriété universelle que VC. En vertu de
principes généraux on doit alors avoir un isomorphisme
VC'VV .
Pour le trouver explicitement, prenons W=VVet regardons à quoi
correspond l’identité de cet espace dans HomC(VC, V V): ce sera l’iso-
morphisme cherché. En retraçant la chaîne d’isomorphismes
IdVVHomC(VV , V V)
correspond à
i1+i2HomC(V, V V)HomC(V , V V)
i1(resp. i2est l’inclusion de V(resp. de V) dansVV, puis à
i1+i2HomC(V, V V)HomsqC(V, V V)'HomR(V, V V)
la formule explicite est alors X7→ (X, X)VVet l’isomorphisme
final entre VCet VVest alors donné par complexification
Xz7→ z(X, X)=(zX, z ·X) = (zX, ¯zX).
Lorsque que Vest obtenu en complexifiant un espace vectoriel réel V0,
on peut en plus composer cet isomorphisme avec celui entre Vet Vpour
obtenir
Xz7→ z(X, ¯
X)=(zX, ¯z¯
X), VC'VV.
4DAVID RENARD
4. Complexification des algèbres de Lie
Tout ce qui précède peut être appliqué en remplaçant partout les es-
paces vectoriels par des algèbres de Lie, et les applications linéaires par
des morphismes d’algèbres de Lie. Pour résumer la discussion dans ce
cas, on a en général, si gest une algèbre de Lie complexe
gC'gg, X z7→ z·(X, X)
et si gest elle-même obtenue par complexification d’une algèbre de Lie
réelle g0, en notant X7→ ¯
Xla conjugason dans grelativement à g0, on a
gC'gg, X z7→ z·(X, ¯
X).
28 novembre 2011
David Renard, Centre de Mathématiques Laurent Schwartz, Ecole Polytechnique
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