état des connaissances
sur l’observance aux
traitements chez
les personnes âgées
Analyse croisée des principales
études publiées
L’observance est un problème complexe, difficile à résoudre et fait
l’objet de recherches depuis au moins 40 ans. Une analyse des
publications internationales fait apparaître que l’observance
thérapeutique a fait l’objet de plus de 250 études depuis
l’année 2000 portant sur des aspects très variés. La préoccupation
pour l’observance est donc une réalité universelle.
L’ensemble des études convergent vers les conclusions suivantes :
Il faut remettre en cause le paradigme actuel et penser autrement le comportement d’adhésion
du patient au traitement médicamenteux ;
Les meilleurs résultats viennent de la compréhension du style de vie du patient, associée à
une éducation thérapeutique et un support de distribution de médicaments adapté. Il faut veiller
à intégrer le « monde des médicaments » à la vie du patient et non l’inverse ;
Le patient, tout spécialement la personne âgée, doit être mis au centre de la réflexion. À ce titre,
nous avons pu constater que les recherches portent sur différents maillons de la chaîne de
l’observance. De nombreuses études ont analysé le rôle du médecin, quelques-unes se sont
penchées sur celui du pharmacien, d’autres encore sur le patient face à son traitement à domicile.
Il n’existe pas d’étude transversale analysant le patient tout au long de la chaîne de l’observance
depuis la perception des symptômes, la consultation, la dispensation en pharmacie jusqu’au retour
au domicile face au traitement.
Dans une définition simple, les chercheurs appellent observance « le degré d’application
des prescriptions médicales par le malade : posologie, nombre de prises quotidiennes, horaires
des prises, durée du traitement, recommandations corrélées1 ». Dans toutes les études, il existe
un consensus autour du fait qu’un patient est considéré comme observant s’il prend au moins 80 %
de son traitement.
Une exploration anthropologique a montré que l’observance est un mot technique qui ne fait pas
partie du vocabulaire courant et n’est jamais utilisé par les patients1 qui pour en parler vont
simplement dire « On est sérieux », ou « On se soigne1 ».
Qu’est-ce que l’Observance ?
La non-observance concerne toutes les tranches d’âge mais
davantage les personnes âgées à cause de la poly-médication
10 % des hospitalisations, chez les personnes âgées de plus de 70 ans, sont imputées aux erreurs
dans la prise des médicaments2, soit un défaut d’observance.
La plupart des études démontrent qu’un bon niveau d’observance (80 %) est rarement atteint.
La non-observance est un problème de santé publique
Une des premières difficultés liées à l’évaluation de l’observance est sa quantification, sa mesure.
De nombreux travaux se sont intéressés uniquement à ce sujet : les méthodologies de mesures
varient beaucoup que ce soient la déclaration de prise de médicaments par le patient, le suivi
de l’achat de médicaments, le comptage des comprimés au domicile, ou le suivi électronique
des prises3… On pourra aussi mesurer le nombre de comprimés pris ou le nombre de jours où
le traitement est bien pris, et cela de façon prospective ou rétrospective. Ces méthodologies très
différentes mènent bien évidemment à des estimations hétérogènes de l’observance qui vont varier
selon la pathologie, l’âge du patient, son niveau socio-économique, la durée du traitement et bien
d’autres facteurs.
Par exemple, selon quatre études de 2006 à 2009, le niveau d’observance pour l’hypertension varie
entre 40 %4 et 72 %5 au bout d’un an. Selon une étude américaine de 2006, 54 % des patients sont
observant à 4 classes de médicaments : aspirine, béta-bloquant, IEC et statines au bout d’un 1 an6.
Pour les traitements antidiabétiques ou cardiovasculaires, il manque 30 % de jours de traitement et
seuls 59 % des patients atteignent le seuil de 80 % de jours de traitement sur 12 mois5.
D’une manière générale les études sur les traitements antihypertenseurs et les hyperlipidémies,
constatent que la diminution de l’observance se fait sur les 6 premiers mois pour se stabiliser
ensuite et que l’observance à deux traitements concomitants, définie par une couverture de 80 %
des prises ne dépasse pas 45 % à 3 mois pour chuter à 36 % à 12 mois4.
Les études, qui ont mesuré le niveau d’observance, ont aussi mesuré l’amélioration des signes
cliniques comme la tension, certaines ont même essayé de mesurer le bénéfice santé pour le
patient. Un objectif qui s’est révélé particulièrement complexe. Elles concluent très majoritairement
à un effet positif d’une bonne observance thérapeutique. Par exemple pour le diabète, une bonne
observance réduit de 25 % les hospitalisations4.
L’évaluation de l’observance est plus complexe qu’on ne l’imagine
L’essentiel aujourd’hui n’est plus de mesurer, toutes les études montrent que le niveau
d’observance thérapeutique est bas et donc préoccupant. L’amélioration du niveau
d’observance pourra bénéficier tant au patient qu’à la société dans son ensemble.
Il est essentiel de mieux comprendre les facteurs liés à une faible observance, sensibiliser
l’ensemble des acteurs et agir.
Les recherches sur les comportements ont permis d’identifier de nombreuses formes de non prise
du médicament.
Les études dissocient les « comportements primaires » des « comportements secondaires ».
« Comportements primaires » : le patient n’achète pas son médicament (14 % des
médicaments prescrits ne sont pas achetés4) ou le patient ne commence pas son traitement
(13 % des médicaments achetés ne sont jamais pris4).
« Comportements secondaires » : le patient commence son traitement mais ne le suit pas
correctement.
Les comportements secondaires ont été explorés dans une étude anglo-saxonne qui a identifié
sept types de profil de patients7 :
Le docile : Il suit scrupuleusement son traitement.
Le démissionnaire précoce : Celui-ci arrête prématurément le traitement parce qu’il se sent
moins bien (8,6 %8 des patients) ou parce qu’il se sent mieux (6,4 %8 des patients) ou parce qu’il
ne pense pas que c’est utile (7,4%8 des patients) ;
L’intérimaire : Il prend ses médicaments moins fréquemment que prescrits, il lui arrive d’oublier
son médicament (62 %8 des patients), de sauter une prise parce que celle-ci ne l’arrange pas ou
parce qu’il n’a plus de médicament (37 %8 des patients).
L’intermittent : Il consomme les médicaments de manière irrégulière, sans doute en lien avec
la récurrence des symptômes. Il a changé la dose de son traitement pour l’adapter à son besoin
(14,4 % des patients)8, baisse la dose pour éviter les effets secondaires ou prend plus de
médicaments que prescrits si les symptômes continuent ou s’aggravent. Le patient ignore
les indications et les instructions de prises (mauvais horaire).
Le joueur : Il est conscient des bénéfices du traitement, mais tente quand même sa chance en
arrêtant le médicament.
Le distrait, lui, a d’autres préoccupations et oublie les conseils de prise.
Le rebelle s’oppose à tout ce qui lui est proposé.
D’autres attitudes sont susceptibles d’influencer l’observance du traitement : le retard dans
les rendez-vous de suivi avec le médecin, la non-réalisation des examens prescrits ou encore la prise
de médicaments non prescrits comme l’aspirine, un anti-inflammatoire ou un laxatif.
Quand peut-on parler de non-observance ?
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !