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A partir de ce registre conceptuel, les clés de lecture de compréhension de crises ayant trait à
l’accumulation des excédents de liquidités justifient une période d’observation en phase avec les premiers
temps de la mondialisation des capitaux au sens strict : il s’agit précisément de l’après deuxième guerre
mondiale jusqu’à nos jours.
Si l’analyse du déroulement de crises financières majeures dont il est question ici concerne la
période de «l’après Bretton Woods», c’est bien parce qu’à partir de cette date, les afflux de liquidités
notamment en dollar circulent massivement hors des frontières nationales vers un grand nombre de pays
destinataires. Cette situation se manifeste dès la mise en place du Gold Exchange Standard, où les
liquidités en dollar constituent des flux transfrontaliers à l’origine de la première monnaie transnationale
au niveau mondial. Selon des étapes chronologiques différenciées, différents pays s’ouvrent à leur
rythme à la libéralisation des marchés :
-les Etats-Unis étant les premiers avec la mise en œuvre de la suprématie du dollar,
-suivis du Japon dans les années 80,
-des pays de l’Union Européenne fin des années 80 et
-de la Chine au début des années 2000.
Dans la définition choisie, la crise financière s’assimile à un déséquilibre consécutif à un laxisme
monétaire de la part des banquiers centraux. Le recyclage de masses de liquidités concourt à une phase
d’économie d’endettement voire de surendettement. Une fois le point culminant d’accumulation des
risques atteint, cette phase d’argent facile est brusquement corrigée par la rigueur monétaire. La phase
suivante de prise de risque prolongée s’ouvre au moment où les créances irrécouvrables apparaissent. Au
sens large, c’est à partir du moment où la crise financière est diagnostiquée comme telle (avec ou sans
bulle spéculative) qu’elle peut prendre - ou ne pas prendre- le chemin d’une crise monétaire voire une
crise de change pour enfin se muer en crise de l’économie réelle. Par crise financière au sens strict dans la
définition choisie, on entend le contrecoup du boom spéculatif qui l’a précédé : si bien que la crise
commence dès le dégonflement de la bulle spéculative ou (au sens large) au moment de la découverte de
créances irrécouvrables.
Ces situations de déséquilibres monétaires sont en effet des désordres dont les premiers effets
précurseurs de risques ont trait à des flux massifs de liquidités, difficiles à contrôler. Les capitaux
excédentaires dans l’économie monde devraient théoriquement s’orienter vers les placements à hauts
rendements mais lors des quatre crises envisagées, les excédents s’orientent vers les déficits publics des
pays. C’est donc bien évidemment la phase préalable de la crise financière proprement dite qui fait l’objet
d’une attention particulière car le contexte conjoncturel du pays va influencer l’affectation de l’épargne
vers des placements plus ou moins risqués.
A cet égard et comme les réserves de change se trouvent majoritairement constituées en dollar, il
est possible d’avancer l’hypothèse selon laquelle la suprématie de la monnaie américaine peut induire des
déséquilibres en lien avec son statut de monnaie de référence. Cette analyse inductive aboutie sur l’idée
que ce paramètre peut être assimilé à un phénomène récurrent des quatre crises.
Dans la première crise financière, c'est-à-dire la crise de la dette des pays pauvres, le dollar
intervient en particulier dans le recyclage des pétrodollars.
Dans la période suivante liée à la crise japonaise, la banque centrale japonaise perd le contrôle de la
régulation de la liquidité à l’issue de l’accord de change du Plazza visant à mettre un terme à la
hausse du dollar par le bais de l’appréciation du yen.
Puis dans la troisième crise, l’impact du dollar se manifeste comme monnaie d’ancrage dans les
systèmes de change asiatiques à l’occasion des dévaluations en séries des pays concernés.
Enfin lors de la crise des subprimes déclenchée aux Etats Unis, les excédents commerciaux chinois
s’accumulent dans les réserves de la banque centrale chinoise et sont directement réorientés en