- soit les EU sont en déficit commercial qu’ils peuvent financer par émission de dollars,
mais alors il y aura à terme une disproportion entre le montant des dollars en
circulation et les réserves de Fort Knox, la valeur du dollar par rapport à l’or ne sera
plus garantie ;
- soit leur balance des paiements est excédentaire, mais alors les autres pays voient leurs
réserves de dollars ou d’or diminuer, menaçant le commerce mondial.
La crise asiatique : « un cas d’école d’anticipations autoréalisatrices »
Octobre 1997 : un krach boursier affecte toutes les places asiatiques, suivant la surprise de
la crise des monnaies à partir de juillet 97. Les taux de change baissent de 30% en quelques
jours, les Bourses perdent 75% en un an.
Ancrés au dollar par un peg, le baht, le won, le peso (philippin), la roupie, les dollars de
Singapour et de Taiwan
et le ringgit (malais) se trouvent surévaluées par rapport au yen.
D’où leur effondrement : le décrochage du baht met les autres devises sous pression du fait de
l’imbrication très forte des EI dans cette zone (55% des échanges sont intrazones), les
attaques contre les monnaies se multiplient. Ce qui met la puce à l’oreille des investisseurs,
qui se rendent compte que les systèmes bancaires sont vulnérables et que les pays connaissent
des déséquilibres. Par un effet de domino, il y a fuite devant les actifs financiers thaïlandais
qui se transmet aux Philippines, à la Malaisie, à l’Indonésie, puis aux Dragons.
Les signes annonciateurs :
- augmentation des déficits courants et commerciaux (95-96), due au ralentissement du
marché mondial des semi-conducteurs et surtout à l’afflux de liquidités qui stimule la
D intérieure et les M : le FMI a incité les pays asiatiques à s’ouvrir aux capitaux
étrangers au début des 90s, alors que la croissance était jusque-là fondée sur l’épargne
nationale.
- montée du dollar qui se traduit par une perte de compétitivité
- récession japonaise : le Japon refuse la mise en place de réformes structurelles, menant
une politique d’argent facile et de dévalorisation importante du yen. Sans permettre la
reprise, ces mesures ont déstabilisé les pays partenaires du Japon.
- La faiblesse des systèmes bancaires qui alimente la spéculation immobilière et
l’endettement extérieur ; les dettes libellées en dollars (préférées car à taux plus bas)
deviennent difficiles à rembourser après juillet 97. Corée : effet de boomerang : la
rentabilité des K investis grâce à des emprunts faciles était inférieure au coût de la
dette.
La crise asiatique est une crise du crony capitalism (« capitalisme des copains et des
coquins » : élite composée d’hommes politiques et de dirigeants de banques et d’entreprises
industrielles liés par des relations de service réciproque, mauvaise gestion des affaires
financières, crédit douteux, …) et du capitalisme étato-dirigiste fondé sur une gestion des
affaires dépassée. Les banques, sous-capitalisées, obéissent plus aux ordres du gouvernement
(collusion et corruption des élites) qu’à une analyse des risques pour l’octroi de crédits. I.
Michelet : « système militaro-industriel dirigé à coups de directives sans appel auxquelles les
entreprises (quasiment toutes privées) doivent se conformer vite et sans aide : priorité aux
forts, malheurs aux faibles ».
Tout le système financier de la région est fragilisé (l’Asie représente 40% des X
japonaises contre 6% des X européennes). Le FMI a créé une « facilité de réserve
supplémentaire » destinée à faire face aux crises de confiance (sommes importantes, mais
Seul celui de Hong Kong résistera de justesse ; mieux même, les autorités monétaires, en dépit des critiques,
utilisent leurs ressources pour racheter des actions hong-kongaises et soutenir les cours. Elles y sont parvenues
car les Irs étrangers n’ont pas suivi les hedge funds, faisant confiance à la longue rigueur monétaire de HK.