pas jusqu'à formuler leurs demandes. Seules des personnes du rang de l'ancien gouverneur Christian
Noyer ont eu la lucidité et la témérité d'un discours de vérité.
Or, en économie moderne, l'essentiel de la création monétaire est bancaire. Face à ce blocage, le
monde a inventé la notion de quantitative easing (QE) qui donne aux banques centrales la mission
de procéder à des rachats d'actifs moyennant une injection de liquidités. Cette deuxième branche du
trident fait désormais l'objet d'une défiance digne de celle qu'inspire une pompe à morphine
erratique pour au moins deux raisons.
D'une part, la qualité des actifs éligibles à la politique de rachat ne manque pas de poser question.
Ce sujet sera probablement traité lors de la prochaine réunion de la Banque centrale européenne
(BCE) en mars prochain. D'autre part, la transmission verticale supposée de ces liquidités vers des
projets tangibles de l'économie réelle a sous-estimé l'épaisseur du papier buvard des banques
souvent en quête de restauration de la qualité de leurs états bilanciels, engagements hors-
bilan inclus.
Désormais, troisième pointe du trident, c'est bien le statut de la création monétaire qui est en jeu.
Cela n'a rien à voir avec une crise financière et une dépréciation sous oscillations de diverses
valeurs sur les marchés. Il s'agit d'une inquiétude sur la pierre angulaire du système capitaliste que
constitue la monnaie d'où les tensions présentes entre les devises phares. On a tué la valeur de la
rémunération de l'argent par la diffusion massive de taux epsilon voire négatifs : le système l'a
intégré et nous lance un boomerang nommé déflation découlant des trappes à liquidités ainsi
générées.