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qu'elle soit très respectée, semble la plus difficile à vivre ou à accepter car elle
renvoie à la maladie et/ou à un sentiment de dépendance.
Dans cette enquête, une personne sur deux se plaignait de ne pas pouvoir arrêter,
ce qui s’accompagne d’un sentiment de dépendance, de perte d’autonomie et de
liberté. La compréhension du traitement est alors un facteur primordial pour avoir à
nouveau le sentiment de reprendre le contrôle de sa vie. Les autres difficultés citées
sont : les prises à intervalles réguliers, les effets secondaires, le nombre de gélules,
les prises à distance des repas, la difficulté d’intégrer le traitement dans la vie
quotidienne, le fait de devoir «se cacher» pour prendre les médicaments, le renvoi à
la maladie.
Cette enquête a été renouvelée fin 1998. Pour 89 % des personnes (1600 réponses
analysées), les traitements ont un effet positif sur leur vie et 77 % affichent une forte
motivation pour les continuer. 58 % déclarent n’avoir jamais arrêté leur traitement et
parmi celles qui l’ont interrompu au moins une fois, les causes avancées sont
principalement la lassitude et les effets secondaires. Les personnes déclarent
respecter globalement, avec méthode, les horaires et le nombre de prises. Elles
s’estiment également bien informées sur leur traitement et la façon de le prendre.
Ces deux enquêtes présentent toutefois un biais de recrutement car elles concernent
des personnes en traitement soit prises en charge par une association de soutien
aux personnes infectées, soit des patients lecteurs de la revue REMAIDES. Cet
échantillon de la population séropositive peut être considéré comme mieux informé
et plus vigilant quant à ses traitements que la globalité des patients.
APROCO
L’étude longitudinale de mesure de l’observance des patients de la cohorte
APROCO, qui concerne des patients initiant un traitement par inhibiteurs de
protéases en 1997, a clairement montré que l’observance est un processus
dynamique qui évolue au cours du temps et des événements du suivi médical mais
aussi de la vie personnelle du patient.
Après 20 mois de suivi, 31 % des patients maintiennent une observance élevée tout
au long du suivi, 52 % d’entre eux à certains moments seulement, et 17 % des
patients ne sont jamais totalement observants à aucun moment.
La cohorte APROCO a permis une approche prédictive entre l’observance à court
terme, les caractéristiques des patients avant la mise sous traitement et les facteurs
associés au vécu des patients pendant le traitement. Les conditions socio-
économiques précaires, le jeune âge, le manque de soutien social, familial et affectif
et les problèmes d’addiction sont liés à une mauvaise observance dans l’analyse
plurifactorielle.
Les patients déclarant un nombre important d’effets secondaires juste après le début
du traitement de type HAART, ont un risque élevé de non-observance dans le futur
et constituent un groupe à surveiller et à accompagner dans leur démarche de
traitement. De même, la perception de son état de santé, la croyance dans l’efficacité
du traitement, l’état psychologique du patient et ses relations avec le personnel
soignant influencent le niveau d’observance.