REFERENTIEL THYROIDE

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REFERENTIEL
PATHOLOGIE THYROIDIENNE
Coordinatrice du réseau :
Docteur Isabelle Van Praagh-Doreau – : 04.73.27.80.10 – Courriel : [email protected]
Secrétariat médical :
Mme GUERIN Bénédicte – : 04.73.27.81.03 – Courriel : [email protected] – Fax : 04.73.27.81.02
Réseau Oncauvergne - Centre Jean Perrin – 58, rue Montalembert - B.P. 392 - 63011 Clermont-Ferrand Cedex 1
Les maladies de la thyroïde sont fréquentes en France.
La prévalence des nodules décelables est de 4 à 5 % et de 20 à 50 % pour les nodules
échographiques en fonction de l’âge (augmentation de fréquence avec l’âge). Cette
fréquence est retrouvée en Auvergne.
Ainsi d’après les chiffres publiés par le service médical d’Auvergne de l’assurance maladie :
4 % de la population a eu une prescription d’hormone thyroïdienne en 2003 ;
l’incidence des ALD 30 pour cancers de la thyroïde est de 11,3 pour100.000
habitants par an en 1999 pour une moyenne en France de 7,6 faisant de
l’Auvergne la 4e région pour l’incidence du cancer thyroïdien.
La prévalence du cancer de la thyroïde au sein des nodules est estimée de 5 à 10 %
La tendance actuelle est donc de diminuer les actes chirurgicaux et de rationaliser les
moyens diagnostiques du cancer.
Enfin si le cancer de la thyroïde est peu fréquent (1 % des cancers) et s’il s’agit souvent d’un
cancer de bon pronostic, surtout pour les cancers différenciés, malgré tout il existe, d’une
part, des formes de cancers thyroïdiens différenciés plus agressifs et, d’autre part, une
récidive peut survenir à plus de 10 ans dans 5 à 10 % des cas nécessitant donc un traitement
médical adapté optimal et un suivi régulier.
Il a donc paru important à un groupe de travail, sous la direction du réseau Oncauvergne, de
proposer des recommandations sur la prise en charge des nodules thyroïdiens et des cancers
de la thyroïde à partir de publications récentes et des particularités régionales.
Professeur Philippe Thiéblot, endocrinologue
1
Bernadette AUBERT
Corinne BAILLY
Sylvie BOUHANA
Sylvie BRIONNET-METZGER
Catherine DEJAX
Françoise DESBIEZ
Pierre-Joseph DUMAS
Geneviève FOUILHOUX
Philippe GOLDSTEIN
Philippe KAUFFMANN
Médecine nucléaire, Centre Jean Perrin, Clermont-Ferrand
Radiologie, Centre Jean Perrin, Clermont-Ferrand
Chirurgie ORL, Aurillac
Endocrinologie, Clermont-Ferrand
Médecine nucléaire, Centre Jean Perrin, Clermont-Ferrand
Endocrinologie, CHU Gabriel Montpied, Clermont-Ferrand
Chirurgie, Centre Hospitalier, Riom
Anatomie pathologique, Centre Jean Perrin, Clermont-Ferrand,
Radiologie, Chamalières
Chirurgie, Centre Jean Perrin, Clermont-Ferrand
Monique de LATOUR
Anatomie pathologique, Centre Jean Perrin, Clermont-Ferrand,
Stéphanie LAURENT
ORL, CHU Gabriel Montpied, Clermont-Ferrand
Thierry MOM
ORL, CHU Gabriel Montpied, Clermont-Ferrand
Jean-Pascal ROLET
Hélène RONAYETTE
Eugénio ROSSET
Marc RUSSIER
Chirurgie, Centre Hospitalier, Le Puy
Echographie, Centre Jean Perrin, Clermont-Ferrand
Chirurgie, CHU Gabriel Montpied, Clermont-Ferrand
ORL, CHU Gabriel Montpied, Clermont-Ferrand
Igor TAUVERON
Endocrinologie, CHU Gabriel Montpied, Clermont-Ferrand
Philippe THIEBLOT
Endocrinologie, CHU Gabriel Montpied, Clermont-Ferrand
Isabelle VAN PRAAGH
Coordinatrice du Réseau Oncauvergne, Clermont-Ferrand
2
NODULE THYROIDIEN
I.
Généralités ...................................................................................................................... 4
I.I.
III.
IV.
Nodule thyroïdien suspect ............................................................................................. 5
Diagnostic....................................................................................................................... 6
Surveillance .................................................................................................................... 7
CANCERS DIFFERENCIES
I.
Généralités ...................................................................................................................... 8
II.
III.
Classification TNM 2002 .............................................................................................. 9
Facteurs pronostiques .................................................................................................. 10
IV.
Thérapeutique............................................................................................................... 10
IV.1. Méthodes.........................................................................................................
IV.2. Indications ................................................................................................. 10
. T1 > 1 cm – T2-T3-T4 – N0-N1 ........................................................ 11
. T1 ≤ 1 cm ou microcarcinome ........................................................... 12
V.
. Formes évoluées ou récidives.............................................................. 13
Hormonothérapie frénatrice......................................................................................... 14
CANCER ANAPLASIQUE DE LA THYROIDE
I.
Généralités / Diagnostic............................................................................................... 15
II.
III.
Traitement..................................................................................................................... 16
Surveillance .................................................................................................................. 16
CARCINOME MEDULLAIRE THYROIDIEN (CMT)
I.
Généralités .................................................................................................................... 17
II.
III.
IV.
Diagnostic et bilan ....................................................................................................... 18
Diagnostic génétique.................................................................................................... 18
Traitement chirurgical.................................................................................................. 19
V.
VI.
VII.
Diagnostic anatomopathologique................................................................................ 20
Schéma thérapeutique.................................................................................................. 20
Surveillance .................................................................................................................. 21
VIII.
Annexes ........................................................................................................................ 21
INDICATIONS DU TEP-FDG ......................................................................................................... 22
3
NODULE THYROIDIEN
I – GENERALITES
Ce référentiel propose la conduite à tenir face à un nodule thyroïdien.
Schéma 1
Nodule thyroïdien
Dosage thyrocalcitonine
Elevée
cf. référentiel carcinome médullaire
TSH > 0,5 µ UI/Ml
cf schéma n°2 et 3 (p. 3)
Normale
Dosage TSH
TSH < 0,5 µ UI/ml
Scintigraphie thyroïdienne (sauf si grossesse)
Nodule hyperfixant
Prise en charge
spécialisée de
l’hyperthyroïdie
Nodule hypofixant
Echographie thyroïdienne
Cytoponction*
* Si nodule anéchogène, kystique : ponction évacuatrice.
4
II – NODULE THYROIDIEN SUSPECT
Les caractéristiques suivantes rendent un nodule thyroïdien suspect :
Anamnèse
. antécédent d’une irradiation cervicale au cours de l’enfance
. antécédents familiaux de cancers médullaires de la thyroïde (cf. référentiel spécifique)
. âge < 20 ans ou > 60 ans
. sexe masculin
Caractéristiques cliniques du nodule
. croissance du nodule surtout sous traitement frénateur par lévothyroxine
. consistance : dur, ligneux ou adhérent
. taille > 3 cm
Biologie : thyrocalcitonine élevée
Symptomatologie associée
. adénopathies cervicales
. dysphagie
. dysphonie
Critères échographiques
. hypoéchogénicité
. aspect mal limité du nodule
. présence de microcalcifications intranodulaires
5
III – DIAGNOSTIC
Echographie première dans la démarche étiologique d’un nodule thyroïdien
(adaptée du référentiel de l’ANAES, 1995)
Schéma 2
Nodule > 1 cm, sans critère anamnésique ou clinique de suspicion de
malignité, TSH normale (> 0,5 µUI/ml)
Echographie
Anéchogène
Iso ou hypoéchogène
Ponction évacuatrice + examen cytologique
Cytologie
Cytologie première ± échoguidée dans la démarche étiologique d’un nodule thyroïdien
(adaptée du référentiel de l’ANAES, 1995)
Schéma 3
Nodule > 1 cm, sans critère anamnésique ou clinique de suspicion
de malignité, TSH normale (> 0,5 µUI/ml)
Cytologie de préférence échoguidée
Non significatif
Répétition de la ponction
Si toujours non significatif
décision thérapeutique
après information du patient
du patient
Chirurgie
Bénin
Intermédiaire ou douteux
Malin
Critères échographiques
de suspicion de malignité
Bénignité
Suspicion malignité
nodule anéchogène
ou hyperéchogène
Surveillance avec contrôle
cytologique à 6 mois ou à 1 an
Chirurgie
6
IV – SURVEILLANCE D’UN PATIENT SELON LA DECISION THERAPEUTIQUE
(adaptée du référentiel de l’ANAES, 1995)
Nodule thyroïdien > 1 cm, sans critère anamnésique clinique de malignité
Echographie + cytologie
Arguments suffisants
pour une surveillance
Arguments suffisants
pour la chirurgie
Surveillance clinique et
échographique à 6 mois
± traitement frénateur*
Pas d’évolution
Evolution
Chirurgie
Malin
Bénin
Prise en charge spécifique
Dosage TSH à 2 mois
Surveillance TSH
(progressivement espacée)
± traitement hormonal*
adapté
Cytologie à 6 mois ou 1 an
Bénignité
confirmée
Bénignité
non confirmée
Discussion du
traitement chirurgical
Surveillance clinique
± échographie
(progressivement espacée)
* attitude discutée
7
CANCERS DIFFERENCIES DE LA THYROIDE
I – GENERALITES
Les cancers différenciés de la thyroïde représentent environ 1 % des cancers, considérés de bon pronostic
(0,3 % de la mortalité des cancers).
On distingue 2 formes :
les cancers papillaires sont majoritaires, 80 à 85 %. Ils sont lymphophiles ;
les cancers vésiculaires, 15 à 20 %, sont hématophiles et donnent plus fréquemment des
métastases pulmonaires et osseuses.
Les circonstances de découvertes sont :
le plus souvent un nodule thyroïdien (cf. chapitre « nodule thyroïdien »)
plus rarement sur un goitre suspect, une adénopathie cervicale ou une métastase.
8
II – CLASSIFICATION DES CANCERS THYROIDIENS – TNM 2002
T : Tumeur primitive
Tx
T0
Primitif non recherché
Pas de tumeur primitive
T1
Tumeur de 2 cm dans sa plus grande dimension, limitée à la thyroïde
T2
Tumeur de plus de 2 cm mais de moins de 4 cm dans sa plus grande dimension
limitée à la thyroïde
T3
Tumeur de plus de 4 cm dans sa plus grande dimension, limitée à la thyroïde ou
n’importe quelle tumeur avec une extension extrathyroïdienne minime (extension aux
sterno-cléïdo-mastoïdiens ou aux tissus mous périthyroïdiens)
T4
Tumeur dépassant la capsule thyroïdienne
T4a Tumeur dépassant la capsule thyroïdienne et envahissant les tissus mous sous-cutanés,
le larynx, la trachée, l’œsophage et/ou les récurrents
T4b Tumeur envahissant les fascias prévertébraux, les vaisseaux médiastinaux ou englobant
la carotide
T4a* Anaplasiques seulement. Tumeur anaplasique de n’importe quelle taille mais limitée à
la thyroïde et opérable
T4b* Anaplasiques seulement. Tumeur anaplasique de n’importe quelle taille dépassant la
capsule thyroïdienne
Les carcinomes multifocaux doivent être désigné (m), exemple : T2(m)
N : Ganglions régionaux
Nx
Ganglions non recherchés
N0
Pas d’envahissement ganglionnaire régional
N1
Envahissement ganglionnaire régional
N1a Métastases ganglionnaires prétrachéales ou paratrachéales y compris les ganglions
prélaryngés et delphien
N1b Métastases ganglionnaires unilatérales ou bilatérales ou controlatérales dans un autre
secteur cervical ou métastases ganglionnaires du médiastin supérieur
M : Métastases à distance
Mx
Métastases non recherchées
M0
Pas de métastase
M1
Métastases à distance
9
III – FACTEURS PRONOSTIQUES
Les facteurs de mauvais pronostic sont :
- l’âge > 45 ans
- le sexe masculin
- les aspects histologiques :
- l’extension tumorale :
. papillaires cylindriques à cellules hautes, insulaires
. vésiculaires invasifs, faiblement différenciés
. taille > 4 cm
. dépassement de la capsule thyroïdienne
. multifocalité
. extension ganglionnaire
. métastases à distance
IV – THERAPEUTIQUE
IV.1 – Méthodes
Chirurgie
- Il s’agira toujours d’une thyroïdectomie totale immédiate ou en 2 temps selon les circonstances de
découverte et l’information du patient.
- Curage ganglionnaire :
. en l’absence de facteurs de mauvais pronostic : exploration per opératoire des gîtes ganglionnaires :
récurrentiels, jugulaires moyens, sus-claviculaires, sous-digastriques et curage du compartiment
central en fonction de la réponse anatomo-pathologique (examen extemporané du ganglion);
. en présence de facteurs de mauvais pronostic : le curage récurrentiel est recommandé en raison des
difficultés de surveillance et de la gravité de l’atteinte.
Un curage latéral dit fonctionnel sera associé en cas d’adénopathie découverte en préopératoire. Il y
aura également un curage du compartiment central dans tous les cas.
. en cas d’atteintes multifocales ou ganglionnaires multiples, le curage sera bilatéral.
Iode 131
Il s’agit d’un isotope de l’iode administré per os sous forme de capsules.
La dose requise est de 100 mCi (milliCurie) ou 3,7 GBq (gigaBecquerel).
Le traitement est réalisé 4 à 6 semaines après la thyroïdectomie, avec une TSH élevée , et nécessite une
hospitalisation de 3 à 5 jours en chambre radio-protégée.
Radiothérapie externe
Sa place est très limitée.
Elle peut être indiquée en cas de résidu macroscopique inaccessible à la chirurgie.
Elle est également indiquée en cas de métastases symptomatiques.
IV.2 – Indications
Les tumeurs T1 de moins d’un centimètre sont considérés comme des microcarcinomes et seront traités à part.
10
T1 > 1 cm – T2-T3-T4 – N0-N2
T1 > 1 cm – T2-T3-T4 – N0-N1
Thyroïdectomie totale + curage selon les facteurs de risque
délai : 4 à 6 semaines
Dose ablative de I131 (100 mCi)
+
Dosage TSH et Tg
+
Echographie cervicale
+
à 5 jours : scintigraphie thyroïdienne
Fixation en dehors du lit thyroïdien
Absence de fixation en dehors du lit thyroïdien
Discussion pluridisciplinaire
à 3 mois : dosage avec méthode sensible TSH, T3L
+ thyroglobuline* (Tg) et Ac antithyroglobuline
à 6 – 12 mois sous L-thyroxine : échographie + exploration par rhTSH** (Thyrogen®)
Tg indétectable
Tg détectable mais < 1 ng/ml
Tg > 1 ng/ml
rhTSH + écho
dans un délai 1 à 3 ans
I131 3,7 GBq après
sevrage + écho
TSH entre 0,1 et 0,5 mUI/l
dosage TSH, Tg + écho 1 fois/an
TSH indétectable
Tg stable ou augmentée
* Méthode de dosage de la thyroglobuline :
- la méthode de dosage doit pouvoir détecter des valeurs < 1 ng/ml ;
- pour chaque patient, le dosage doit être préférentiellement réalisé avec les mêmes techniques de dosage
et si possible par le même laboratoire ;
- à chaque prélèvement, outre le dosage de la thyroglobuline, doit être réalisé le Ac antithyroglobuline et
le pourcentage de récupération de la thyroglobuline.
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** Protocole d’exploration par Thyrogen®
- éviter toute cause de surcharge iodée dans les 4 semaines qui précèdent le test si l’on réalise une
scintigraphie ; donc éviter :
. les médicaments contenant de l’iode
. les injections d’iode (exemple scanner)
. les crustacés
. certains collyres
. certains cosmétiques
. les dragées Fuca…
Protocole :
Thyrogen®
rhTSH : 0,9 mg
Thyrogen®
rhTSH : 0,9 mg
I131
ou 185 mBq
J1
•
Tg
J2
•
J3
•
Scintigraphie
thyroïdienne
J4
•
J5
•
Cas particulier : microcarcinome
T1 ≤ 1 cm ou microcarcinome
Thyroïdectomie totale
Thyroïdectomie partielle
Surveillance échographie de la thyroïde
restante et des aires ganglionnaires
Discussion pluridisciplinaire avec
information du patient
Totalisation chirurgicale
Surveillance
12
Formes évoluées et récidives
Adénopathie cervicale
(cf. chapitre ad hoc)
Cytologie ou biopsie positive
Geste chirurgical possible
NON
OUI
Concertation pluridisciplinaire pour
discussion indication RxTh externe
Curage réglé + dosage Tg après
rhTSH (Thyrogen®)
Concertation pluridisciplinaire pour décision
irathérapie (I131) si Tg indétectable
Métastases osseuses
Dans le contexte d’un cancer thyroïdien connu, les cas devront être discutés en comité pluridisciplinaire pour
décider entre :
. chirurgie d’exérèse ou de réduction tumorale chaque fois que cela sera possible et le plus souvent
précédé d’une embolisation ;
. et/ou irathérapie (I131) à 100 mCi 4 à 6 semaines après la chirurgie et l’arrêt du traitement
lévothyroxine ;
. et/ou radiothérapie externe sur la ou les zones métastatiques ;
. et/ou cimentoplastie.
Métastases pulmonaires
Dans le contexte d’un cancer thyroïdien différencié, la prise en charge des métastases pulmonaires consistera
en :
. irathérapie I131 à 100 mCi en cas de miliaire pulmonaire : 1 mois après l’arrêt de la lévothyroxine
(TSH devant être > 30 µ UI/ml) ;
. chirurgie en fonction des circonstances, par exemple : métastase unique.
13
V – HORMONOTHERAPIE FRENATRICE
V.1 – But
Obtenir un freinage thyréotrope en fonction des facteurs pronostiques, en particulier : l’âge, le type
histologique et la taille de la tumeur.
V.2 – Conditions
- Après un traitement initial complet, on considère que la rémission complète est obtenue ; la Tg est
indétectable sous Thyrogen® avec un contrôle scintigraphique normal s’il a été réalisé.
Une frénation moins stricte peut être admise mais avec une TSH ne devant jamais excéder 0,5 mUI/l.
- Dans tous les autres cas, c’est-à-dire quand la RC n’est pas obtenue, il faut maintenir la TSH < 0,1 mUI/l.
V.3 – Traitement
- T4 lévothyroxine (Lévothyrox® ; L-Thyroxine®) avec dose de départ ∼ 2 µg/kg à prendre le matin à jeun,
adapté en fonction des résultats de la T3L, TSH et de la tolérance clinique.
V.4 – Interactions
- L’hormonothérapie ne doit pas être prise en même temps que certains médicaments, en particulier avec le fer
ferreux et les laxatifs.
V.5 – Situations particulières
- En cas d’intolérance clinique :
- Possibilité de traitement par analogue structural dépourvu d’effet périphérique, mais freinant l’axe
thyréotrope (tiratricol = Teatrois®, non remboursé) en addition au traitement frénateur ce qui permet
de diminuer la dose de L-thyroxine.
- Un β-bloquant (propanolol) peut être associé mais attention de ne pas employer de médicament
contenant de l’iode.
- Personnes âgées et/ou porteuses d’une cardiopathie. Le risque de complications liées à un traitement
frénateur strict doit être posé et dépasse souvent les risques que font courir les antécédents thyroïdiens
néoplasiques. Un freinage thyréotrope moins sévère pourra être proposé.
- Chez les patients qui sont en rémission complète depuis plusieurs années, avec un taux de Tg bas, malgré le
défrénage rien ne prouve qu’il est nécessaire de continuer à exiger une hormonothérapie frénatrice.
V.6 – Conditions de dosage
Le dosage de la TSH et de la T3 libre doit être réalisé le matin après la prise de L-Thyroxine®. Sa fréquence
est de 2 à 3 fois par an pour vérifier l’absence de surdosage.
La T3 libre doit rester dans les limites de la normale et ne pas la dépasser.
14
CANCER ANAPLASIQUE DE LA THYROIDE
I – GENERALITES / DIAGNOSTIC
Il s’agit d’une tumeur très rare représentant moins de 1 % des cancers thyroïdiens
I.1 – Signes d’appel
On suspectera cette pathologie :
- chez un sujet âgé de plus de 60 ans
- présentant un goitre ou un nodule ancien s’étant modifié très rapidement
- présentant des adénopathies cervicales fixées.
I.2 – Bilan diagnostique
Signes d’appel* (cf. chapitre 1)
Cytologie par ponction ± guidée par échographie
et/ou biopsie au Trucut ou chirurgicale
La rapidité évolutive impose que le bilan
soit fait rapidement sans attendre la
confirmation diagnostique
Confirmation diagnostique
urgente
Bilan à caractère urgent
- examen clinique
- radiographie pulmonaire
- échographie hépatique
- scanner corps entier ± IRM
- scintigraphie osseuse
Biopsie chirurgicale
par cervicotomie
ELIMINER
FORMELLEMENT
UN LYMPHOME
concomitant
Classification
stade IV AJCC
CHIRURGIE : RESECTION
TUMORALE MAXIMALE
I.3 – Anatomie pathologique
Le prélèvement biopsique doit être envoyé à l’état frais pour un éventuel examen extemporané s’il n’y a pas eu
de diagnostic de certitude préalable.
15
II – TRAITEMENT
Il doit être discuté dans le cadre d’une concertation pluridisciplinaire.
Le traitement initial est la chirurgie de résection tumorale maximale.
Il est important de limiter la morbidité en particulier en essayant de préserver les nerfs récurrents.
Les traitements complémentaires, en particulier la radiothérapie, doivent être débutés le plus vite
possible après la chirurgie :
- le volume irradié doit être cervico-médiastinal ;
- le plus souvent la radiothérapie sera potentialisée par une chimiothérapie comportant soit des anthracyclines
(doxorubicine = Adriblastine®) soit un sel de platine (cisplatine = Cisplatyl®) à petites doses ;
- en cas de contre-indication à la chimiothérapie, on peut discuter une radiothérapie hyperfractionnée ;
- les soins dentaires doivent être systématiques.
III – SURVEILLANCE
La surveillance est clinique uniquement rythmée par la symptomatologie ou le cas échéant tous les 3 mois,
veillant essentiellement au confort de la survie en particulier la liberté des voies aériennes.
Les examens complémentaires sont demandés en fonction des points d’appel (récidive loco-régionale,
métastases).
16
CARCINOME MEDULLAIRE THYROIDIEN (CMT)
I – GENERALITES
Les carcinomes médullaires de la thyroïde (CMT) représentent 5 à 10 % de l’ensemble des cancers
thyroïdiens.
C’est le seul carcinome thyroïdien qui peut être suspecté sur des données biologiques avant l’analyse
anatomopathologique post-opératoire.
Il existe des formes sporadiques et des formes familiales de CMT. Les formes familiales peuvent apparaître
dans le cadre des néoplasies endocriniennes multiples de type 2 (NEM2).
II – DIAGNOSTIC ET BILAN
Circonstances du diagnostic (2 possibilités : familiale, bilan nodule)
Enquête familiale et/ou éléments évocateurs d’un NEM2
Dosage de la calcitonine (CT)
+
Test à la pentagastrine
_
Enquête génétique
+ répétition des dosages
jusqu’au résultat
de l’enquête génétique
+
Bilan d’extension à la recherche d’un NEM :
- échographie cervicale
- TDM cervico-médiastinale + hépatique
- dosage catécholamines, calcium, PTH
Avis spécialisé pluridisciplinaire
avec généticien
17
Bilan d’un nodule
Dosage systématique CT + ponction cytologique
CT < 10 pg/ml
CT de 10 à 30 pg/ml
Cf. chapitre traitement d’un nodule
en fonction des résultats de la
ponction cytologique
Eliminer causes faux positifs*
Test à la pentagastrine
+ ou douteux
Bilan phéochromocytome
Bilan locorégional d’hyperparathyroïdieDosage ACE
Surveillance
* Faux positifs
Une augmentation de la CT entre 10 et 30 pg/ml peut ne pas signifier un CMT et doit être interprétée en
fonction du contexte :
- prise médicamenteuse : cimétidine, inhibiteurs de la pompe à protons
- hypocalcémie
- thyroïdite auto-immune
- thyroïdite idiopathique
- insuffisance rénale chronique
- voisinage d’une tumeur vasculaire de la thyroïde.
III – DIAGNOSTIC GENETIQUE
En cas de découverte d’un CMT, une enquête familiale sera réalisée :
- Arbre généalogique
- Cas index : prélèvement sanguin pour analyse génétique (recherche mutation RET+)
- Famille (ascendants, descendants, collatéraux) : dosage CT en attendant le résultat du gène RET
- Déclaration sur fichier national.
Le diagnostic des formes sporadiques de CMT est un diagnostic d’élimination. Cela impose :
- Absence de contexte familial
- Absence de mutation de l’oncogène RET sur les 7 exons examinés connus à ce jour
- Absence de pathologies associées s’intégrant dans 1 NEM2
- Le caractère strictement unilatéral du CMT
- Absence d’hyperplasie bilatérale des cellules C.
18
IV – TRAITEMENT CHIRURGICAL DU CMT
Rappelons que toute chirurgie doit être faite après un dosage de la CT pour ne pas méconnaître un CMT.
Le traitement chirurgical est le traitement majeur et doit être complet lors de l’intervention initiale.
Par ailleurs les dérivés méthoxylés doivent être dosés pour réaliser une chirurgie d’un éventuel
phéochromocytome AVANT la chirurgie thyroïdienne
Le traitement chirurgical du CMT comprend dans tous les cas une thyroïdectomie totale et un curage
ganglionnaire du compartiment central.
Le curage ganglionnaire latéral doit être réalisé dans chacun des cas suivants :
- tumeur > 2 cm ;
- ganglions centraux positifs à l’examen extemporané ;
- ganglions sous-digastriques positifs à l’examen extemporané.
La bilatéralité du curage doit être conduite dans les formes familiales.
Le curage médiastinal, lorsqu’il est nécessaire, doit être pratiqué par manubriotomie voire sternotomie
complète.
Chirurgie prophylactique en fonction du diagnostic génétique
Diagnostic génétique NEM 2B ?
Non
Oui
Thyroïdectomie dès la 1ère année de vie
NEM 2A ?
Non
Oui
CMT familial
Test à la pentagastrine > 10 pg/ml
Mutation exon 10
Non
Oui
Mutation RET
Chirurgie quel que
soit l’âge
Non
Oui
Non
Oui
Mutation exons
13, 14, 15 ?
Chirurgie dès l’âge
de 5 ans
Pas d’investigation
complémentaire
Chirurgie dès l’âge
de 5 ans
Oui
Pas d’investigations
complémentaires
Non
Chirurgie
plus tardive
19
V – DIAGNOSTIC ANATOMOPATHOLOGIQUE SUR LA PIECE OPERATOIRE
Le bilan diagnostique de CMT comporte l’étude histologique des tissus thyroïdien et ganglionnaire. Le compte
rendu anatomopathologique doit comporter les éléments descriptifs suivants :
Cancer médullaire de la thyroïde
Taille
Uni ou bilatéral
Siège
Multifocalité
Effraction capsulaire
Recherche immunohistochimique
(thyrocalcitonine, ACE, thyroglobuline)
Recherche de cellules C
Vues / non vues
Absentes / présentes
Diffuses / nodulaires
Uni / bilatérales
Suspectes / microcancer
Suspectes avec contingent cellules C normales
Siège
Côté
Nombre envahis / nombre examinés
Rupture capsulaire
Pathologie thyroïdienne associée
Ganglions
L’échantillonnage de la pièce opératoire doit être large selon les plans de coupe transversaux.
VI – SCHEMA THERAPEUTIQUE
- Chirurgie
- Bilan d’extension à la recherche de métastases comportant :
- échographie cervicale
- scanner thoraco-abdominal
En deuxième intention :
- Scintigraphie à la MIBG et à l’octréoscan : sensibilité faible (20 – 30 %), grande spécificité
- TEPscan
Bilan d’extension
Métastases à distance
Non
Surveillance évolutivité
(chapitre VII)
Oui
Comité pluridisciplinaire pour discuter
thérapeutique*
* Radiothérapie sur site opératoire et/ou sur localisations secondaires algiques ou compressives
Chimiothérapie (essais thérapeutiques)
20
VII – SURVEILLANCE
- Dosage thyrocalcitonine (CT) post-opératoire (semaines 1 à 6)
+ test à la pentagastrine (semaine 6)
- Puis : test 1 fois/an pendant 5 ans
- Puis : test 1 fois tous les 5 ans
CT > 10 pg/ml
et/ou test à la pentagastrine > 10
Non
Oui
Rémission complète
Maladie résiduelle
Surveillance annuelle pendant 5 ans
puis 1 fois tous les 5 ans
Chirurgie première satisfaisante ?
Non
Oui
Avis du comité de concertation
pluridisciplinaire
Bilan d’extension
VIII – ANNEXES
Classifications des néoplasies endocriniennes multiples (NEM)
•
NEM 1 ou syndrome de Wermer
- Adénome hypophysaire
- Hyperparathyroïdie
- Tumeur endocrine du pancréas
- Autres atteintes : tumeurs carcinoïdes, lipomes …
Les néoplasies endocriniennes multiples de type I (NEM 1) font l’objet d’un autre référentiel
•
NEM 2A ou syndrome de Sipple
- Carcinome médullaire de la thyroïde
- Phéochromocytome
- Hyperparathyroïdie
•
NEM 2B ou syndrome de Gorlin
- Carcinome médullaire de la thyroïde
- Phéochromocytome
- Dysmorphie : syndrome Marfanoïde
- Névromes
- Ganglio-neuromatose digestive
- Hypertrophie des nerfs cornéens.
Le carcinome médullaire de la thyroïde (CMT) n’appartient qu’aux NEM de type 2.
Dans les NEM de type 2, l’expression de la maladie est variable chez les sujets d’une même famille.
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INDICATIONS du TEP-FDG (issu SOR, février 2003)
1 – Pour le diagnostic de malignité des nodules thyroïdiens :
Actuellement pas d’indication car les données de la littérature sont insuffisantes.
2 – Pour la détection des rechutes ganglionnaires et des métastases à distances des cancers thyroïdiens
différenciés :
La TEP est indiquée en cas de suspicion de maladie résiduelle et de rechute des cancers thyroïdiens
différenciés quand l’imagerie conventionnelle incluant l’iode radioactif est insuffisante et que l’indication
thérapeutique peut être portée à l’issue de cet examen.
3 – Pour la prise en charge des cancers médullaires de la thyroïde (CMT) :
La TEP n’est pas indiquée pour une utilisation systématique ; cependant en cas d’indication d’une nouvelle
intervention chirurgicale pour maladie résiduelle ou rechute d’un CMT, la TEP-FDG peut être incluse dans le
bilan préopératoire.
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