QUELQUES ´
EL ´
EMENTS D’ALG `
EBRE HOMOTOPIQUE
GEOFFREY POWELL
TABLE DES MATI `
ERES
1. Introduction 1
2. Espaces topologiques 2
2.1. (Co)limites et homotopie 3
2.2. L-cat´
egorie des espaces topologiques 4
3. Ensembles simpliciaux 5
3.1. Ingr´
edients de la th´
eorie d’homotopie des ensembles simpliciaux 6
3.2. L-cat´
egorie des espaces (encore) 8
4. Complexes de chaˆ
ıne 8
4.1. L-cat´
egorie ChA11
Annexe A. Cat´
egories de mod`
ele 11
R´
ef´
erences 13
1. INTRODUCTION
Notre objectif est d’introduire quelques ´
el´
ements d’alg`ebre homotopique qui sont
essentiels pour la compr´
ehension de la g´eom´etrie alg´ebrique d´eriv´ee (d’apr`
es To¨
en et
Vezzosi [TV05, TV08]), le cadre utilis´
e dans l’´
etude des structures symplectiques
d´
eriv´
ees [PTVV13] (et des structures de Poisson d´
ecal´
ees [CPT+15]).
Remarque 1.1.L’approche de To¨
en et Vezzosi `
a la g´
eom´
etrie alg´
ebrique d´
eriv´
ee
utilise les cat´egories de mod`ele, introduites par Quillen [Qui67] ; ces structures four-
nissent un cadre dans laquelle on peut faire de la th´
eorie d’homotopie abstraite.
L’approche de Lurie [Lur09] `
a la g´
eom´
etrie alg´
ebrique d´
eriv´
ee favorise l’utilisa-
tion des -cat´
egories, des cat´
egories sup´
erieures (plus pr´
ecis´
ement des (,1)-
cat´
egories).
Le lecteur est pr´
evenu qu’il existe plusieurs mod`
eles possibles pour les (,1)-
cat´
egories ; par exemple Lurie utilise les quasi-cat´egories, tandis que To¨
en et Vezzosi
utilise les cat´egories de Segal. Le mod`
ele le plus simple conceptuellement est celle des
cat´egories topologiques ; ce mod`
ele est tr`
es proche `
a celui des cat´egories simpliciaux
(voir [Lur09, Chapter 1]).
Cet expos´
e illustra les id´ees essentielles de l’alg`
ebre homotopique `
a l’aide de
quelques exemples fondamentaux, le but principal n’´
etant pas de donner les d´
efinitions
pr´
ecises ou de d´
evelopper la th´
eorie g´
en´
erale. Toutefois, la d´
efinition d’une cat´
egorie
de mod`
eles est donn´
ee dans l’appendice. Le lecteur pourra ´
egalement consulter les
r´
ef´
erences standards, par exemple :
pour les cat´
egories de mod`
ele, [DS95], [Qui67], [Hov99], [GJ09], [Rie14], . . .
pour se faire quelques id´
ees sur les -cat´
egories (et plus g´
en´
eralement les
cat´
egories sup´
erieures) : [Lur09, Chapter 1], [Rie14, Part IV], [Sim12], . . .
Date: Version : 21 d´
ecembre 2015.
1
2 GEOFFREY POWELL
L’article survol de To¨
en [To¨
e14, Section 2] pourrait ´
egalement servir pour se
donner une id´
ee du contexte.
2. ESPACES TOPOLOGIQUES
Soit Top la cat´
egorie des espaces topologiques (compactement engendr´
es et
Hausdorff) et des applications continues. La notion d’homotopie (ou d´
eformation
continue) est fondamentale.
D´efinition 2.1. Soient f, g :XYdeux morphismes de Top. Une homotopie (de
f`
ag) est une famille continue Ht:XY,tI:= [0,1], telle que H0=fet
H1=g.
La continuit´
e est ´
equivalente au fait que Hd´
efinit un morphisme IX := I×
XYet les conditions de bord correspondent au diagramme commutatif
XqX
(f,g)$$
////IX
H
Y.
La relation d’homotopie est une relation d’´
equivalence sur Hom(X, Y )qui est
compatible avec la composition. On ´
ecrit
[X, Y ] := Hom(X, Y )/
pour l’ensemble des classes d’homotopie.
Remarque 2.2.On obtient la notion d’´
equivalence d’homotopie : une application
continue f:XYest une ´
equivalence d’homotopie s’il existe g:YXtel que
gf1Xet fg1Y.
D´efinition 2.3.
(1) Soient (X, x)un espace topologie point´e et nN; le n-i`
eme groupe d’homo-
topie (ensemble pour n= 0) est
πn(X, x) := [Sn, X]
(classes d’homotopie point´ee).
(2) Une application continue f:XYest une ´equivalence faible si, xX, n
N,
πn(f) : πn(X, x)πn(Y, f(x))
est un isomorphisme. La classe des ´
equivalences faibles est d´
enot´
ee W.
(3) La cat´
egorie homotopique des espaces topologiques est la cat´
egorie loca-
lis´
ee :
H:= Top[W1]
(on inverse ‘formellement’ les ´
equivalences faibles).
Propri´et´es 2.4.
(1) Toute ´
equivalence d’homotopie est une ´
equivalence faible (exercice !). La
r´
eciproque est fausse.
(2) La classe Wcontient les morphismes identit´
e.
(3) La classe Wsatisfait la propri´
et´
e2 sur 3 : si deux entre {f, g, g f}appar-
tiennent `
aW, le troisi`
eme aussi.
Remarque 2.5.La cat´
egorie H, d´
efinie comme ci-dessus, est extrˆ
emement difficile
`
a manipuler. La solution est d’utiliser des r´esolutions par des espaces qui ont un
bon comportement par rapport `
a l’homotopie, `
a savoir les CW-complexes (plus
g´
en´
eralement, les espaces ayant le type d’homotopie d’un CW-complexe).
QUELQUES ´
EL ´
EMENTS D’ALG `
EBRE HOMOTOPIQUE 3
On n’a pas besoin ici de la d´
efinition explicite d’un CW-complexe ; ce sont les
propri´
et´
es suivantes qui nous int´
eressent :
Propri´et´es 2.6.
(1) (Le th´eor`eme de Whitehead.) Toute ´
equivalence faible entre deux CW-complexes
est une ´
equivalence d’homotopie.
(2) (R´esolutions cellulaires.) Tout espace topologique Xadmet une r´
esolution
ΓX'
X, c’est `
a dire une ´
equivalence faible `
a partir d’un CW-complexe.
(Plus g´
en´
eralement, tout morphisme f:XYse rel`
eve en Γf: ΓX
ΓY.)
Th´eor`eme 2.7. La cat´egorie Hest ´equivalente `a la cat´egorie TopCW /, dont les objets
sont les CW-complexes et les morphismes les classes d’homotopie d’applications continues.
Exemple 2.8. Soit XRle sous-espace X:= {0} { 1
n|nN+}et consid´
erer N
comme espace topologique discret. Il existe une bijection f:NXd’ensembles,
(n´
ecessairement continue, mais pas un hom´
eomorphisme). fest une ´
equivalence
faible mais pas une ´
equivalence d’homotopie.
Tandis que Nest un CW-complexe, Xn’a pas le type d’homotopie d’un CW-
complexe ; le morphisme ffournit une r´esolution.
Remarque 2.9.Tout espace topologique est fibrant : on n’a pas besoin de former une
r´
esolution X'
RX `
a droite, o`
uRX est fibrant.
2.1. (Co)limites et homotopie. Un point embˆ
etant lorsqu’on travaille avec la th´
eorie
d’homotopie est que plusieurs foncteurs fondamentaux ne pr´eservent pas les ´equivalences
faibles. Ceci nous oblige de consid´
erer les foncteurs d´eriv´es (lorsqu’ils existent !).
Pour quelques aspects de la th´
eorie g´
en´
erale, voir [Rie14, Chapter 2] et [DS95,
Section 9]. Ici on illustre le ph´
enom`
ene par les produits fibr´
es et les sommes amal-
gam´
ees.
Exemple 2.10. Soient Xun espace topologique et x, y X. Le produit fibr´
e de
x
y//X
est {x} ×X{y}, donc vide si x6=yet si x=y.
La construction du produit fibr´
e n’est pas invariante par ´
equivalence faible en
g´
en´
eral ; par exemple, il existe une factorisation
//
x!!
PxX
p
X
o`
uPxX:= {x} ×XXIest l’espace des chemins γ:IXtels que γ(0) = xet
p(γ) = γ(1). Le morphisme d´
ecor´
eest une ´
equivalence d’homotopie, puisque
PxXest contractile, en particulier il est une ´
equivalence faible. (La fl`
eche indique
une fibration, mais nous n’en avons pas besoin ici.)
Le produit fibr´
e de
PxX
p
y//X
(1)
4 GEOFFREY POWELL
est l’espace Px,yXdes chemins de x`
ay. Si x=y, ceci est l’espace des lacets xX
bas´
es `
ax; si Xest connexe par arcs Px,yXest non-vide. En g´
en´
eral ces espaces sont
hautement non-triviaux.
Remarque 2.11.
(1) Le fait que psoit une fibration entraˆ
ıne que le produit fibr´
e de (1) donne la
correcte construction du point de vue de la th´
eorie d’homotopie : il s’agit de
la limite homotopique.
(2) Il est int´
eressant de comparer cette construction avec le produit fibr´
ehomo-
topique d’un diagramme de groupo¨
ıdes
G1
f1
G3
f2
G2.
Le produit fibr´
e homotopique G1×h
G3
G2a pour objets les triplets (X1, X2, γ),
ou Xiest un objet de Giet γ:f1X1f2X2un morphisme de G3.
On peut ´
egalement consid´
erer les colimites homotopiques :
Exemple 2.12. Soit X6=un espace topologique ; alors la somme amalgam´
ee de
X//
est .
Cette construction n’est pas invariant par ´
equivalence faible ; par exemple, consid´
erons
la factorisation `
a travers le cˆ
one sur X:
X////
""
CX
'
(o `
uindique une cofibration, fait dont nous n’avons pas besoin).
La colimite de
X////
CX
(2)
est ΣX, la suspension (non-r´
eduite) de X, en g´
en´
eral 6' ∗.
Remarque 2.13.Le fait que XCX soit une cofibration entraˆ
ıne que la colimite
de (2) est la bonne construction homotopique,`
a savoir la colimite homotopique ou
hocolim.
2.2. L-cat´egorie des espaces topologiques. En th´
eorie d’homotopie, on peut
consid´
erer que l’objet d’int´
erˆ
et principal est
H:= Top[W1],
qui admet un mod`
ele plus maniable, `
a savoir TopCW /.
Cependant, on souhaite retenir des renseignements sur les constructions telles
que les limites et colimites homotopiques. Ceci m`
ene in´
eluctablement `
a la th´
eorie
des -cat´
egories : on ´
etudie la cat´
egorie topologique des CW-complexes.
D´efinition 2.14. Soit C W la cat´
egorie dont les objets sont les CW-complexes et
l’espace des morphismes de X`
aYest l’espace fonctionnel
Map(X, Y )
(topologie compacte ouverte).
QUELQUES ´
EL ´
EMENTS D’ALG `
EBRE HOMOTOPIQUE 5
Remarque 2.15.
(1) Les cat´
egories topologiques fournissent un mod`
ele de la th´
eorie des (,1)-
cat´
egories (voir [Lur09, Chapter 1]).
(2) La cat´
egorie homotopique hCd’une cat´
egorie topologique Cs’obtient en
passant aux composantes connexes. Explicitement :
HomhC(X, Y ) := π0Map(X, Y ).
Par exemple, la cat´
egorie homotopique hC W est pr´
ecis´
ement H.
Remarque 2.16.Rappelons en passant qu’on associe `
a un espace topologique Xson
groupo¨
ıde fondamental ΠX. On peut consid´
erer les espaces topologiques comme
mod`
ele des -groupo¨ıdes.
3. ENSEMBLES SIMPLICIAUX
D´efinition 3.1.
(1) Soit la cat´
egorie des ordinaux finis, ayant pour objets {n|nN}et Hom(m, n)
l’ensemble des applications (0,1, . . . , m)(0,1, . . . , n)pr´
eservant l’ordre
.
(2) Pour Cune cat´
egorie,
(a) la cat´
egorie opCdes objets simpliciaux de Cest la cat´
egorie des foncteurs
op Cet des transformations naturelles ;
(b) la cat´
egorie Cdes objets cosimpliciaux Cest la cat´
egorie des foncteurs
Cet des transformations naturelles.
En particulier, la cat´
egorie des ensembles simpliciaux est opEns, ou Ens
est la cat´
egorie des ensembles.
Exemple 3.2. On peut consid´
erer l’ensemble totalement ordonn´
e{0,1, . . . , n}comme
une petite cat´
egorie, donc n7→ {0,1, . . . , n}d´
efinit un foncteur CAT, ou CAT
est la cat´
egorie des petites cat´
egories. Autrement dit, ceci d´
efinit une cat´
egorie co-
simpliciale (un objet de CAT).
Par cons´
equent, pour toute petite cat´
egorie C, on dispose d’un ensemble sim-
plicial NCopEns, d´
efini par :
(NC)n:= HomCAT(n, C),
le nerf de C. Cette construction d´
efinit un foncteur pleinement fid`
ele :
N: CAT opEns.
Ceci ´
etablit la relation entre les petites cat´
egories et les ensembles simpliciaux et
sert comme motivation pour la d´efinition des quasi-cat´
egories (voir [Lur09, Chapter
1]).
D´efinition 3.3. Pour nN, soit nopEns l’ensemble simplicial repr´
esentable
Hom(, n).
Proposition 3.4. Soient XopEns et nN. Par le lemme de Yoneda, il existe un
isomorphisme naturel
HomopEns(∆n, X)
=Xn.
Les ensembles simpliciaux fournissent un mod`
ele combinatoire pour les es-
paces topologiques ; pour expliquer ce fait, on rappel la r´
ealisation g´
eom´
etrique.
D´efinition 3.5. Pour nN, soit n
top Rn+1 le simplexe topologique enveloppe
convexe de {ei|1in+ 1}(la base standard).
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