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7et 75 %àun an, entre 21 et 53 %à
2ans et entre 25 et 30 %à4ans [15].
Enrésumé,lesséquellesdigestivessont
lesplussévères et lesplusfréquentes
au coursdes 4premiersmois,se stabi-
lisantensuiteentre1et2ans.Toutefois,
ces résultats sontrelativementimpré-
cis, en raisondel’hétérogénéité des
outilsd’évaluation,cequesoulignaitla
revue de la littérature de Scheer et al.
[16],où65 %desétudesavaientutilisé
soitdesnouveauxscoressoitdesscores
nonvalidés. Depuis 2012,ondispose
d’un score de résection rectaleanté-
rieure validé [17], mesurantl’impact
sur la qualitédevie des séquelles
digestives. Dans cette étude cohorte
danoise, le score aété développé
chez 483 patients puis validé chez
478 patients, tous ayanteuune proc-
tectomie de 2001 à2007.Autotal,
961patientsontétéinclus,405femmes
et556hommes,d’âgemoyende69ans
et après un suivi moyende56 mois.
Ce score incluait 5items (l’inconti-
nence auxgaz, l’incontinenceaux
selles liquides, la fréquence des selles,
la fragmentation et l’impériosité), et
évaluaitleur impactrespectif sur la
qualitédevie(jamais,trèspeu,souvent
ou toutletemps). Il n’existaitaucun
syndrome de résectionantérieure
du rectum en cas de score compris
entre 0et 20 ;ilétait léger en casde
score compris entre 21 et 29 et sévère
entre 30 et 42 [17]. Utilisant ce score,
Bregendahl et al. ontévaluéles résul-
tats fonctionnels digestifschez
938 patients danois ayanteuproctec-
tomieavecconservationsphincté-
rienne ;untraitementnéo-adjuvant
ayantétéréalisé chez 20 %d’entreeux
(RTT ou RCTpour moitié d’entre eux).
Avec un suivi médian de 54 mois, un
syndromederésection antérieuredu
rectum étaitobservé chez 64 %des
patients,légerdans23 %etsévèredans
41 %despatients[18].Lasévéritéétait
significativementcorréléeàlaréalisa-
tiond’untraitementnéo-adjuvant(RR :
2,48), àl’ETM versus EPM(RR : 2,31), à
la survenue d’une fistuleanastomo-
tique (RR : 2,06), au sexe féminin (RR :
1,35)etàl’âge jeunedes patients
(<64ans)(RR:1,90).Enrevancheaucune
association significative n’étaitobser-
véeentreletypedemontage(réservoir
ounon).Selonquelespatientsaientou
non un traitementnéoadjuvant,une
exérèsetotale(ETM)oupartielle(EPM)
du mésorectum, lesauteurs obser-
vaientque le nombre de selles supé-
rieur à 4par jour étaitde57 %dans le
groupeRTT+ETM,43 %danslegroupe
ETMet26 %legroupeEPM.Unépisode
d’incontinence au moins une fois par
semaineauxgaz,auxsellesliquideset
auxsellessolidesétaitrespectivement
de 67 %, 24 %et17 %dans le groupe
RTT+ETM, 57 %, 10 %et6%dans le
groupe ETMseuleet43 %, 5%et3%
dans le groupe EPMseule. Un épisode
d’impériosité parsemaine étaitdans
les3groupesde43 %,28 %,et15 %res-
pectivement;la fragmentation de
56 %,43 %et23 %respectivement[18].
CescoreaétéutiliséparChenetal.[19]
qui ontrapporté lesrésultats àlong
terme de l’essai néerlandais chez
242 patients (d’âge médian 75 ans)
avec un suivi médian de 14,6ans. Un
syndrome de résection rectale était
observédans 68 %des cas (léger dans
22 %etsévère dans 46 %). Les 2fac-
teurs de risque indépendants de score
sévère étaientlaRTT (risque multiplié
par3)etl’âge ≤ 75ans au momentdu
suivi (risque multiplié par 2,4). Selon
Ziv et al.,cesyndrome de résection
antérieure du rectum est probable-
mentd’origine multifactorielle[20].
InfluencedelaRTT
Selon une revue récente de la litté-
rature [21], ayantinclus 18 études
(2essaisrandomisés, 7études pros-
pectiveset9études rétrospectives,
soit1739patients),laRTTaugmentait
significativementlerisque d’inconti-
nence fécaleavecunrisque relatif
de1,67 sansqu’ilexistedecorrélation
significativeentre la polyexonération
et la RTT. Parmi les 4études avec éva-
luationmanométrique, la RTTétait
significativementassociée àune plus
faiblepressionmoyenneetmaximale
decontractionetàunediminutionde
lapressionderepos[21].Letraitement
néo-adjuvant aurait égalementun
impact négatif, ycompris en cas
d’EPM.C’est cequedémontreletravail
original de Bondeven et al. [22], qui
ontcorréléchez 125 patients, la lon-
gueurdu rectumrestantparIRMetles
résultats de la fonction ano-rectaleà
un an. Utilisantlescore danois, un
syndrome sévère de résection anté-
rieuredurectum étaitobservé dans
38 %des cas. En l’absencedeRTT,la
conservationd’un moignon rectal
inférieurà 4cmaugmentaitsignifica-
tivementlaprévalence de la forme
sévère (10 %vs 46 %, p<0,0001).
Àl’inverse,quellequesoitlalongueur
du rectum restant, la RTTrestaitun
facteurderisque indépendantdela
forme sévère [22].
Influencedelaréalisation
d’un réservoir colique
Lorsque le moignon rectal restantest
inférieur à 4cm,ilest recommandé
de réaliser un réservoir colique en J
de 5à6cm [23]. On dispose actuelle-
mentd’uneméta-analyserécente [24]
comparant lesdifférents typesde
reconstruction après ACAsur la fonc-
tion anorectale,n’ayant inclus que les
essais randomisés avec un suivi mini-
mumde6mois. Trois périodes arbi-
trairesprécoce(<8mois),intermédiaire
(entre8et18mois)ettardive(>18mois)
étaientutilisées.Lecritèreprincipalde
jugementétaitlenombredesellespar
jour ;les critères secondaires incluant
l’incontinenceaux gaz, auxselles
liquidesetsolides ;l’impériosité ;la
sensation incomplète d’évacuation et
l’utilisation régulière de ralentisseurs
du transit[24]. Au total, 21 essais ran-
domisésincluant1636patientsontété
retenus. La majoritédes patients avait
étéopéréeparlaparotomie ;11,4%des
ACAétaientmanuelles ;ladistance
de la tumeur àlamarge analeétait
de 6,8cm.Lamoyenne d’âge étaitde
60 ans et seulement 38 %étaientdes
femmes.Lenombredepatientstraités
par RTTétaitidentique dans chaque
groupe.Laconfectiond’unréservoiren
Jde5à6cm par rapportàune ACA
directeamélioraitsignificativementle
résultatfonctionnel précocement:
diminutiondelapolyexonération
et des troubles de l’évacuation. En
revanche l’incontinence, l’impériosité
et l’utilisation des ralentisseurs du
transit n’étaient passtatistiquement
différents. Entre 8et 18 mois, le réser-
voir en Jdiminuaitsignificativement
le nombredeselles et l’utilisation de
ralentisseursdutransitmais n’avait
aucun effet significatif sur l’inconti-
nence l’impériositéetles troublesde
l’évacuation.Cetteméta-analyseaéga-
lementmontré que lesrésultats fonc-
tionnels étaientcomparables entre le
réservoir coliqueenJ,laconfection
d’uneanastomoselatéro-terminaleou
lacoloplastietransverse.Quelquesoit
lemontageréalisé,cetteméta-analyse
rapporte qu’il n’existe aucune diffé-
rencesignificative entermesdemorbi-
mortalité,defistuleetsténoseanasto-
motique.Enrevanche,lesdonnéessont
actuellement insuffisantes pour
conclure àlasupériorité de l’anasto-
mose latéro-terminaleet/ou la colo-
plastietransverseparrapportàl’anas-
tomose directe. Au-delà de 1an, il est
difficiledeconclure àlasupériorité