PROBABILITÉS
TABLE DES MATIÈRES
1. Variables aléatoires réelles positives 2
1.1. Espérance des variables aléatoires réelles 4
1.2. Premiers exemples 11
2. Exercices 12
Index 14
1
2 PROBABILITÉS
1. VARIABLES ALÉATOIRES RÉELLES POSITIVES
Dans ce qui suit, (,A,P)désigne un espace probabilisé et Xune variable aléatoire à valeurs
réelles positives (i. e. une application de dans R+telle que X1(],x]) Apour tout réel x).
On note VR(,A,P)l’espace vectoriel des variables aléatoires réelles sur (,A,P).
On rappelle qu’une variable aléatoire Xest dite discrète si X()est au plus dénombrable et si
X1({x})Apour tout réel x.Dans le cas où X()est fini, on dit que Xest étagée. Pour tout
AA, on note χA(ou encore 1A) la fonction caractéristique de A.
Soient A1,··· ,Ansont des éléments de Aet λ1,··· ,λndes réels et X=n
k=1λkχAk. C’est une variable
aléatoire étagée sur (,A,P)d’espérance est égale à
E(X) = λkP(Ak).
Théorème 1.1. Une variable aléatoire réelle positive sur (,A,P)est limite d’une suite croissante
de variables aléatoires réelles étagées positives.
Démonstration. Soit Xune variable aléatoire réelle positive sur (,A,P). Pour tout ω, il existe
un entier ntel que 0 X(ω)<net, puisque 2nX(ω)<2nn, il existe un unique entier k∈ {,···,2nn1}
tel que kX(ω)k+1.
Xétant une variable aléatoire, l’ensemble
An,k=ω;k
2nX<k+1
2n
appartient à la tribu Aet, d’après ce qui précède,
=[
nN[
0k<n2n1
An,k.
Considérons alors la suite de variables aléatoires réelles étagées sur (,A,P)définie par :
Xn=
n2n1
k=0
k
2nχAn,k.
Pour tout ω, si ωAn,kon a
|X(o)Xn(ω)|1
2n,
ce qui montre que la suite Xnconverge simplement vers X. Il reste à montrer que la suite (Xn)est
croisssante.
Soit ω. Si nX(ω),X(ω)n’appartient à aucun des An,kpour k{0,··· ,n2n1}de sorte que
Xn(ω) = 0Xn+1(ω). Si, par contre, il existe k{0,··· ,n2n1}tel que ωAn,k, on a Xn(ω) = k
2n
et
Xn+1(ω) =
[c]lk
2nsi k
2n=2k
2n+1X(ω)<2k+1
2n+1
2k+1
2n+1si 2k+1
2n+1X(ω)<k+1
2n=2k+2
2n+1
On a donc Xn(ω)Xn+1(ω)pour tout ω.
Lemme 1.1. Soit Xnune suite croissante de variables aléatoires étagées positives et Y une variable
aléatoire étagée positive. Si Y limnXnalors
E(Y)lim
nE(Xn).
PROBABILITÉS 3
Démonstration. Pour tout c]0,1[, la suite An={ωXn(ω)cY (ω)}d’éléments de Aest
croissante de réunion . En effet, si Y(ω)>0, comme limnXn(ω)Y(ω)>cY (ω),ωappartient à
l’un des An. De plus, si Y(ω) = 0, Xnétant positive, ωappartient à tous les An. Mais XncY χAnde
sorte que, YχAnétant étagée positive,
E(Xn)E(YχAn).
On a de plus,
E(YχAn) =
Y()
yiP((Y=yi)An)
suite qui converge en croissant vers E(Y). On a donc, par positivité de l’espérance dans le cas discret,
E(Xn)cE(Y)et, cétant quelconque dans ]0,1[, le lemme est démontré.
Définition 1.1. Soit (,A,P)un espace probabilisé et soit Xest une variable aléatoire positive.
L’espérance de Xest
Zf d P=E(X) = sup{E(Y);Yétagée positive YX}.
Si (Xn)est la suite de variables aléatoires étagées définies dans la démonstration de (1.1), on voit
que
E(X)lim
nE(Xn).
Le lemme précdent montre en outre que si Yest étagée et YXon a
E(Y)limE(Xn)
Il en résulte donc, en passant à la borne supérieure, que E(X) = limE(Xn).
Proposition 1.1. L’espérance des variables aléatoires positives sur (,A,P)vérifie les propriétés
suivantes :
(1) Pour tout réel positif λ,E(λX+Y) = λE(X) + E(Y).
(2) Si X Y , alors E(X)E(Y).
Démonstration. En désignant respectivement par (Xn)nNet (Yn)nNdeux suites croissantes de va-
riables aléatoires réelles positives et étagées sur (,A,P)qui convergent vers Xet Yrespectivement,
la suite (λXn+Yn)nNest étagée positive, converge en croissant vers λX+Yet on a :
E(λX+Y) = lim
n+E(λXn+Yn) = lim
n+λE(Xn) + E(Yn)
=λE(X) + E(Y)
Théorème 1.2 (Beppo-Levi).Si (Xn)nNest une suite croissante de variables aléatoires réelles posi-
tives sur (,B,P)qui converge vers une variable aléatoire réelle X sur (,A,P)on a alors :
E(X) = lim
n+E(Xn)
dans R+.
Démonstration. Comme (Xn)converge en croissant vers X, 0 XnXn+1Xet on déduit que
0E(Xn)E(Xn+1)E(X). La suite (E(Xn))nNest croissante dans R+,elle est donc convergente
(éventuellement vers +) et lim
n+E(Xn)E(X).
Soit Yune variable aléatoire étagée positive telle que YX. Pour c]0,1[on considère
An={ω;Xn(ω)cY (ω)}.
4 PROBABILITÉS
On a
E(Xn)E(XnχAn)cE(YχAn).
Mais les Anforment une suite croissante d’éléments de A, de réunion . On a donc
lim E(YχAn) = E(Y)
de sorte que limE(Xn)cE(Y)et, cétant quelconque dans ]0,1[,
limE(Xn)E(Y).
Ceci étant vrai pour toute fonction positive étagée inférieure ou égale à X, le résultat en découle par
définition de l’espérance de X.
1.1. Espérance des variables aléatoires réelles. Pour toute variable aléatoire Xsur (,A,P),on
désigne par X+et Xles fonctions définies sur (,A,P)définies par :
X+=max(X,0) = 1
2(X+|X|)et X=max(X,0) = 1
2(|X|X) = min(X,0)
Si Xest une variable aléatoire , |X|est aussi une variable aléatoire de sorte que X+et Xsont des
variables aléatoires . De plus,
X=X+Xet |X|=X++X.
Définition 1.2. On dit qu’une variable aléatoire Xsur (,A,P)est intégrable si E(X+)<+et
E(X)<+.
On note L1
R(,A,P)l’ensemble des variables aléatoires intégrables sur (,A,P).
Définition 1.3. Si Xest une variable aléatoire sur (,A,P)intégrable, son espérance est le réel :
E(X) = EX+EX
Proposition 1.2. Soit (,A,P)un espace probabilisé. Une variable aléatoire X sur (,A,P)est
intégrable si, et seulement si E(|X|)<+. On a alors
|E(X)|E(|X|).
Démonstration. Supposons Xintégrable. Avec |X|=X++X,on déduit que
E(|X|) = EX++EX<+.
Réciproquement si E(|X|)<+,avec X±|X|,on déduit que E(X±)E(|X|)<+et Xest
intégrable.
Si Xest intégrable,
|E(X)|E(X+) + E(X)
ce qui démontre la dernière assertion.
Théorème 1.3. L’ensemble L1
R(,A,P)des variables aléatoires intégrables sur (,A,P)est un
sous-espace vectoriel de l’espace VR(,A,P)des variables aléatoires réelles sur (,A,P)et l’ap-
plication :
E:L1
R(,A,P)R
X7→ E(X)
est une forme linéaire positive.
Démonstration. Il est clair que les constantes sont intégrables de sorte que 0 L1
R(,B,P).
Pour λRet X,Ydans L1
R(,B,P),on a :
|λX+Y||λ||X|+|Y|
et, par linéarité de l’espérance pour les variables positives,
E(|λ||X|+|Y|) = |λ|E(|X|) + E(|Y|)<+.
PROBABILITÉS 5
On a donc E(|λX+Y|)<+et λX+YL1
R(,B,P).Il en résulte que L1
R(,B,P)est un
sous-espace vectoriel de VR(,B,P).
Si Xet Ysont intégrables, puisque
X+Y= (X+Y)+(X+Y)=X+X+Y+Y,
on a :
(X+Y)++X+Y= (X+Y)+X++Y+.
Il en résulte que
E(X+Y)++EX+EY=E(X+Y)+EX++EY+
d’où :
E(X+Y)+E(X+Y)=EX+EX+EY+EY.
On a donc E(X+Y) = E(X) + E(Y).
Pour Xdans L1
R(,B,P)et λR+,on a :
(λX)+=λ
2(X+|X|) = λX+et (λX)=λ
2(|X|X) = λX
donc :
E(λX) = E(λX)+E(λX)=EλX+EλX=λEX+EX=λE(X)
Un calcul analogue montre que si λR,, alors E(λX) = λE(X). Le cas λ=0 étant trivial, ceci
termine la démonstrationde la linéarité. La positivité résulte de la définition de l’espérance pour une
variable positive.
Soit Xune variable aléatoire réelle et hune fonction de Rdans Rtelle que pour tout BBR,
h1(B)BR(on dit alors que hest borélienne). La fonction hXest alors une variable aléatoire sur
(,A,P). Soit PXla loi de probabilité de X:(R,BR,PX)est un espace probabilisé et hune variable
aléatoire de (R,BR,PX)à valeurs réelles.
Théorème 1.4. Sous les hypothèses précédentes, les assertions suivantes sont équivalentes :
(1) hL1(R,BR,PX).
(2) hXL1(,A,P).
Lorsque c’est le cas,
E(h(X)) = ZR
h(x)dPX.
Démonstration. Le théorème est clair si hest étagée. Si hest positive, hest limite d’une suite crois-
sante de fonctions étagées et le résultat en découle. Dans le cas général, il nous reste à remarquer que
hest différence de deux fonctions boréliennes positives.
On rappelle qu’une fonction f:R\SR+,Sest une partie finie (éventuellement vide) de R,
est dite intégrable (ou mieux sommable) sur Rau sens de Riemann, si elle est intégrable au sens de
Riemann sur tout segment [a,b]R\Set si l’intégrale généralisée ZR
f(x)dx est convergente.
Définition 1.4. On appelle densité de probabilité sur R,toute fonction f:R\SR+intégrable sur
R(au sens de Riemann) et telle que ZR
f(x)dx =1.
Pour toute partie Ade R,on note 1Ala fonction indicatrice de Adéfinie par
xR,1A(x) = 1 si xA
0 si x/A
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