Lois discrètes usuelles
Nous allons dans ce chapitre introduire un certain nombre de lois importantes utilisées dans de nombreuses
situations probabilistes.
I Compléments
Comme nous allons avoir besoin de considérer des cas où les variables aléatoires sont à valeurs dans un
ensemble infini, nous devrons étendre la définition de probabilité que nous avons donnée jusque là.
En effet, supposons par exemple que Xsoit une variable aléatoire à valeurs dans IN. Il peut être alors naturel
de vouloir considérer l’évenement (X20) ; mais (X20) =
[
k=20
(X=k): cette réunion est disjointe mais
infinie ce qui fait que nous ne pouvons pas utiliser notre définition initiale de la probabilité pour la calculer.
D’où la définition suivante
Définition 1 On appelle probabilité une fonction P:P(Ω) [0,1] telle que
(i) P(Ω) = 1
(ii) Si (An)n0est une suite d’événements disjoints (c’est-à-dire AiAj=,i6=j),
P(
[
k=0
Ak) =
X
k=0
P(Ak).
Remarque : Il faut donc comprendre dans la propriété (ii) que P(
[
k=0
Ak)est égal à la somme de la série
convergente
X
k=0
P(Ak)
Nous ajouterons
Proposition 1 Soit Pune probabilité sur .
(i) Si (An)n0est une suite d’événements croissante (c’est-à-dire AnAn+1,n)
P(
[
k=0
Ak) = lim
k+P(Ak)
(ii) Si (Bn)n0est une suite d’événements décroissante (c’est-à-dire Bn+1 Bn,n)
P(
\
k=0
Bk) = lim
k+P(Bk)
Il nous faut aussi prolonger la définition de l’espérance (et des moments). Pour l’instant, nous nous contente-
rons de le faire pour une variable aléatoire à valeurs dans IN.
Définition 2 Soit Xune v.a.r. à valeurs dans IN . Si la série de terme général nP (X=n)est convergente, on
pose
E(X) =
X
n=0
nP (X=n).
1
Avec cette définition, on peut démontrer que les propriétés déjà obtenues pour l’espérance sont conservées,
en particulier :
Propriété 1 Soient Xet Ydeux variables aléatoires à valeurs dans IN admettant une espérance. Alors, X+Y
admet une espérance et E(X+Y) = E(X) + E(Y).
II Botanique des lois discrètes
II.1 Loi de Bernoulli
Commençons par regarder les variables qui vont nous servir de “briques de base” pour construire les diverses
lois. Le cas le plus simple est celui où on a une alternative entre deux valeurs.
Définition 3 On dit qu’une variable aléatoire Xsuit une loi de Bernoulli si elle est à valeurs dans {0,1}. Le
réel p=P(X= 1) est dit le paramètre de la loi. On notera X∼ B(p).
Propriété 2 Si X∼ B(p), on a
(i) E(X) = p
(ii) Var(X) = p(1 p)
II.2 Loi binomiale
Définition 4 Soient X1, . . . , Xn,nvariables aléatoires indépendantes de loi B(p)(0 p1).
On pose S=X1+. . . +Xn. La loi de Sest dite loi binomiale de paramètres net p. On note S∼ B(n, p).
Proposition 2 Soit S∼ B(n, p). Pour tout 0kn, on a
P(S=k) = n
kpk(1 p)nk
On a les propriétés suivantes
Propriété 3 Si S∼ B(n, p),
(i) E(S) = np
(ii) Var(S) = np(1 p)
On peut aussi énoncer
Proposition 3 Si X∼ B(n, p)et Y∼ B(m, p)sont deux variables indépendantes, alors X+Y∼ B(n+m, p).
II.3 Loi de Poisson
Commençons par montrer le lemme suivant
Lemme 1 Soit (pn)n0une suite de réels dans [0,1] telle que lim
n+npn=λ. Alors, pour tout k0,
lim
n+n
kpk
n(1 pn)nk=eλλk
k!
On en tire la définition suivante
2
Définition 5 Une variable aléatoire Xà valeurs dans IN suit une loi de Poisson de paramètre λ > 0si pour
tout kIN , on a P(X=k) = eλλk
k!. On note X∼ P(λ).
La loi de Poisson apparaît donc comme une asymptotique de la loi binomiale. Cette notion sera précisée plus
tard.
On a
Propriété 4 Si X∼ P(λ),E(X) = Var(X) = λ.
Enonçons aussi
Proposition 4 Si X∼ P(λ)et Y∼ P(µ)sont deux variables aléatoires indépendantes,
X+Y∼ P(λ+µ).
II.4 Loi géométrique
Soit (Xn)n1une suite de variables aléatoires indépendantes de même loi B(p),0p1.
On considère Tle premier “instant” où dans la suite (Xn)n1apparaît un “1”. On a donc T= inf{n
1, Xn= 1}(par convention T= +si l’ensemble dont on prend l’infimum est vide).
On a alors
Proposition 5 Sous les conditions précédentes, on a
(i) Si kIN , P (T=k) = p(1 p)k1
(ii) P(T= +)=0
On pose alors
Définition 6 On dit qu’une variable aléatoire Tà valeurs dans IN suit une loi géométrique de paramètre psi
kIN , P (T=k) = p(1 p)k1.
On écrit T∼ G(p).
On a
Proposition 6 Soit T∼ G(p). Alors
(i) E(T) = 1
p
(ii) Var(T) = 1p
p2
3
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