5.2 Le théorème de la limite centrale
Le théorème suivant montre combien la loi normale est centrale !
Théorème 5.2.1 (Théorème de la limite centrée).Soit (Ω,A,P)un espace probabilisé. Soit (Xn)une suite de variables
aléatoires indépendantes, de même loi, de classe L2, de moyenne E et d’écart-type σ. Soit
Sn=∑n
j=1Xj−nE
√nσ.
Pour tout couple (a,b)avec a,b∈[−∞,∞]nous avons
P(a<Sn≤b)→
n→∞
1
√2πZb
a
e−x2/2dx.
Remarque 5.2.2. Ce théorème généralise le théorème de Moivre-Laplace car une variable aléatoire Snde loi B(n,p)a même
loi qu’une somme X1+... +Xnde nvariables aléatoires de Bernouilli indépendantes de paramètre p. Plus généralement, si
X=∑n
j=1Xjoù les (Xj)sont indépendantes de même loi L2alors on peut approximer Xpar N(E(X),Var(X)).
Exemple 5.2.3. On jette un dé équilibré 12000 fois. On cherche la probabilité pour que le nombre de 6 obtenus soit compris
entre 1800 et 2100.
(→)Le nombre de 6 obtenus est une variable aléatoire de loi binomiale B(12000,1/6). On a a=1800 et b=2100. Par le
théorème de Moivre-Laplace on a
P(1800 ≤N≤2000)'Φ(2100 −2000
p12000.(1/6).(5/6))−Φ(1800 −2000
p12000.(1/6).(5/6))≤0.992.
Avec
Φ(x) = 1
√2πZx
−∞
e−t2/2dt.
Terminons ce paragraphe par un lemme, utile par exemple pour la construction d’un intervalle de confiance.
Lemme 5.2.4. Soit X une variable aléatoire suivant une loi normale centrée réduite. Pour tout α∈]0,1[, il existe un unique
réel positif tαtel que P(−tα≤X≤tα) = 1−α.
Démonstration. Soit α∈]0,1[. Considérons la fonction
f:t7→ P(−t≤X≤t) = Zt
−t
1
√2πe−x2/2dx =2Zt
0
1
√2πe−x2/2dx.
Cette fonction est dérivable de dérivée f0(t) = 2
√2πe−t2/2qui est strictement positive. On en déduit donc que la fonction f
est continue, strictement croissante sur ]0,+∞[avec f(0) = 0 et limt→+∞f(t) = 1. Cette fonction est donc une bijection
strictement croissante de ]0,+∞[sur ]0,1[. Il existe donc tαtel que
f(tα) = P(−tα≤X≤tα) = 1−α.
Exemple 5.2.5. Déterminons t0.05 et t0.01.
On note Φla fonction de répartition de la loi normale centrée réduite. On a
P(X∈[−t,t]) = ϕ(t)−ϕ(−t) = 2ϕ(t)−1.
Par conséquent, on en déduit l’équivalence
P(X∈[−tα,tα]) = 1−α⇔Φ(tα) = 1−α
2.
La table de la loi normale donne Φ(1.96) = 0.975 et donc t0.05 '1.96. De même t0.01 '2.58.
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