S4 Maths 2011-2012 Probabilités 1 Couple de variables aléatoires réelles discrètes
Université de Picardie Jules Verne 2011-2012
UFR des Sciences
Licence mention Mathématiques -Semestre 4
Probabilités 1
Couple de variables aléatoires réelles discrètes
Soient ,A,Pun espace probabilisé et X,Yun couple de variables aléatoires réelles définies sur
,A,P. Le couple X,Yest discret si et seulement si Xet Ysont deux variables aléatoires réelles discrètes ;
on dira que X,Yun couple de v.a.r. discrètes.
1-Loi conjointe.Lois marginales.
Soit X,Yun couple de v.a.r. discrètes.
Les lois de probabilité de Xet de Ysont la donnée de :
-XXxi,iI, avec Iet YYyj,jJ, avec J;
- pour tous iI,jJ,piPXxiet pjPYyj.
La loi de probabilité de X,Yest la donnée de :
-X,Y XYxi,yj,iI,jJ;
- pour tous iI,jJ,pi,jPX,Yxi,yjPXxiYyj.
Il est possible que certains couples xi,yjsoient de probabilité nulle (valeurs de Xet Yincompatibles).
Définitions.
iL’application PX,Y:XY0,1
xi,yjpi,jest appelée loi conjointe du couple X,Y.
iiLes applications PX:X0,1
xipi
et PY:Y0,1
yjpjsont appelées lois marginales de
X,Y. Ce sont les lois de probabilité PXet PYde Xet Y.
Proposition.
Avec les notations précédentes, on a :
ipour tout iI,pi
jJpi,j.iipour tout jJ,pj
iIpi,j.iii
iI
jJpi,j1.
Preuve.
iPour tout iI,XxiXxi  XxijJ
Yyj
jJ
XxiYyj,
réunion d’éléments deux à deux disjoints,
donc piPXxi
jJPXxiYyj
jJpi,j.
iiLa démonstration est analogue à celle du i.
iiiComme
iIpi
iIPXxi1, on a
iI
jJpi,j1.
Ainsi, la loi conjointe du couple X,Ydétermine complètement chacune des lois marginales. Nous verrons
plus loin que la réciproque n’est pas vraie.
Proposition.
Avec les notations précédentes, pour toutes parties Aet Bde , on a :
PXAYB
x
i
A
y
j
BPXxiYyj
x
i
A
y
j
Bpi,j.
Stéphane Ducay
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S4 Maths 2011-2012 Probabilités 1 Couple de variables aléatoires réelles discrètes
Représentation de la loi conjointe et des lois marginales.
X\Y y1yjloi de X
x1p1,1 p1,jp1PXx1
 
xipi,1 pi,jpiPXxi
 
loi de Y p1PYy1pjPYyj1
Exemple.
Une urne contient 3 boules blanches et 4 boules noires. On tire deux boules de l’urne.
Soit Xla variable aléatoire égale à 1 si la première boule est blanche, à 0 sinon.
Soit Yla variable aléatoire égale à 1 si la deuxième boule est blanche, à 0 sinon.
Déterminons la loi conjointe du couple X,Yet ses lois marginales.
On distingue les deux types de tirage avec ou sans remise.
tirages avec remise tirages sans remise
X\Y0 1 loi de X
016
49 12
49 4
7
112
49 9
49 3
7
loi de Y4
73
71
X\Y0 1 loi de X
02
72
74
7
12
71
73
7
loi de Y4
73
71
On constate que les lois marginales sont identiques dans les deux cas, alors que les lois conjointes sont
différentes. Cela illustre bien le fait que la donnée des seules lois marginales ne suffit pas pour obtenir la loi
conjointe.
2-Lois conditionnelles.
Définitions.
iLoi de X conditionnelle à Yyj, avec pjPYyj0.
C’est l’application PX
Yy
j
:X0,1
xiP X xi/Yyjpi,j
pj
.
iiLoi de Y conditionnelle à Xxi, avec piPXxi0.
C’est l’application PY
Xx
i
:Y0,1
yjP Y yj/Xxipi,j
pi
.
Remarque.
Ces applications sont bien des probabilités. En effet, par exemple,
iIP X xi/Yyj
iI
pi,j
pj1
pj
iIpi,j1
pjpj1.
Reprenons l’exemple précédent.
Dans le cas des tirages avec remise, le conditionnement de Xpar n’importe quelle valeur de Yne modifie
pas la loi de X. On dira que Xet Ysont indépendantes en probabilité.
Dans le cas des tirages sans remise, le conditionnement de Xpar une valeur de Ymodifie la loi de X. On
dira que Xet Ysont liés en probabilité.
Stéphane Ducay
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tirages avec remise tirages sans remise
X/Y0 0 1
loi PX
Y04
73
7
X/Y1 0 1
loi PX
Y14
73
7
Y/X0 0 1
loi PY
X04
73
7
Y/X1 0 1
loi PY
X14
73
7
X/Y0 0 1
loi PX
Y01
21
2
X/Y1 0 1
loi PX
Y12
31
3
Y/X0 0 1
loi PY
X01
21
2
Y/X1 0 1
loi PY
X12
31
3
Proposition.
Xet Ysont indépendantes si et seulement si pour tous iI,jJ,
PXxiYyjPXxiPYyj, i.e. pi,jpipj.
Preuve.
Appliquant la définition d’indépendance de 2 v.a.r. (donnée dans le chapitre 4) avec Axiet Byj,
on obtient pi,jpipjpour tous iI,jJ.
Réciproquement, si pour tous iI,jJ,pi,jpipj, alors pour tous ABet BB, on a
PXAYB
x
i
,y
j
ABPXxiYyj
x
i
,y
j
ABPXxiPYyj
x
i
APXxi
y
j
BPYyjPXAPYB, i.e. Xet Ysont indépendantes.
Cela signifie aussi que P X xi/Yyjpi,j
pjpiPXxi.
Proposition.
Si Xet Ysont deux v.a.r. discrètes indépendantes, et si fet gsont deux fonctions numériques dont les
domaines de définition contiennent respectivement Xet Y, alors les v.a.r. discrètes fXet gYsont
indépendantes.
3-Linéarité de lespérance mathématique.
Proposition.
Si Xet Ysont deux v.a.r. discrètes admettant une espérance mathématique, alors XYadmet une
espérance mathématique donnée par EXYEXEY.
Preuve.
EX
iIxipi
iIxi
jJpij
i,jIJxipi,jet EY
jJyjpj
i,jIJyjpi,j,
donc EXEY
i,jIJxiyjpi,j.
Posons ZXYet Kzi,jIJ/xiyjzpour tout zZ Z.
La famille Kz,zZest une partition de IJdonc
EXEY
z
Z
i,jK
z
xiyjpi,j
z
Z
z
i,jK
z
pi,j
z
Z
zPZzEZ
et ainsi EXEYEZEXY.
(Dans le cas où IJest infini, i.e. XYest infini, il faut justifier l’existence de EZ, i.e. la
convergence de
z
Z
|z|PZz. Il suffit de ”remonter” le calcul précédent en utilisant l’inégalité triangulaire
et l’existence de EXet EY.)
Stéphane Ducay
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Corollaire.
Soient Xet Ydeux v.a.r. discrètes définies sur un même espace probabilisé ,A,P, admettant une
espérance mathématique. Soit un réel. Alors XYet Xadmettent une espérance mathématique et on a
EXYEXEYet EXEX.
Ainsi, l’espérance mathématique est une forme linéaire sur l’espace vectoriel des v.a.r. discrètes définies
sur ,A,Pet admettant une espérance mathématique.
Proposition.
Si Xet Yadmettent une espérance mathématique EXet EY, et si XY, alors EXEY.
Réciproquement, si Yadmet une espérance mathématique EYet si |X||Y|, alors Xadmet une espérance
mathématique.
Preuve.
Pour le premier résultat, il suffit de considérer la v.a. positive ZYX, puis d’utiliser la linéarité de
l’espérance mathématique. Le deuxième résultat, un peu technique, est admis.
4-Covariance de deux v.a.r.discrètes.
Il s’agit se quantifier le lien en probabilité des composantes Xet Ydu couple X,Y.
Proposition.
Si Xet Ysont deux v.a.r. discrètes admettant une espérance mathématique et un moment d’ordre 2 (i.e.
EX2et EY2existent), alors XY admet une espérance mathématique donnée par EXY
i,jIJxiyjpi,j.
Preuve.
Un raisonnement analogue à celui de la preuve précédente donne la formule en cas d’existence de EXY.
Montrons que cette série est absolument convergente.
De |xi||yj|20 on déduit l’inégalité |xiyj|xi
2yj
2
2;
Par hypothèse, EX2
iIxi
2pi
i,jIJxi
2pi,jet EY2
jJyj
2pj
i,jIJyj
2pi,j.
On en déduit que
i,jIJ|xiyj|pi,j
i,jIJ
xi
2yj
2
2pi,jEX2EY2
2.
Corollaire.
Si Xet Ysont 2 v.a.r. discrètes admettant un moment d’ordre 2, alors XYadmet un moment d’ordre 2.
Preuve.
Il suffit de remarquer que XY2X2Y22XY et d’utiliser la linéarité de l’espérance mathématique.
Définition.
Soient Xet Ydeux v.a.r. discrètes admettant un moment d’ordre 2. On appelle covariance de X et Y le réel
CovX,YEXEXYEY.
Proposition.
iCovX,YEXYEXEY.iiVarXYVarXVarY2CovX,Y.
Preuve.
iDe la linéarité de l’espérance mathématique on déduit
CovX,YEXY YEXXEYEXEY
EXYEXEYEYEXEXEYEXYEXEY.
iiPar définition, VarXYEXYEXY2. De plus,
XYEXY2XEXYEY2
XEX2YEY22XEXYEY, d’où le résultat.
Stéphane Ducay
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Remarque.
Pour toutes v.a.r. discrètes X,Xet Yadmettant un moment d’ordre 2, pour tous réels et , on a :
CovXX,YCovX,YCovX,Y
CovX,YCovY,X
CovX,XEX2EX2VarX.
La covariance est donc une forme bilinéaire symétrique sur l’espace vectoriel des v.a.r. discrètes admettant
un moment d’ordre 2 ; sa forme quadratique associée est la variance, qui est positive mais non nécessairement
définie (VarX0 équivaut à Xconstante).
Il en résulte, d’après l’inégalité de Cauchy-Schwarz, que :
|CovX,Y|VarXVarYXY.
Définition.
On appelle coefficient de corrélation linéaire de X et Y le réel X,YCovX,Y
XY.
De l’inégalité de Cauchy-Schwarz on déduit que 1X,Y1. De plus, si |X,Y|1, il existe un réel
tel que VarXY0, et donc un réel atel que PXYa1 ; ainsi, Yest une fonction affine de X.
Réciproquement, on peut vérifier que si Yest une fonction affine de X, alors |X,Y|1.
Proposition.
Soient Xet Ydeux v.a.r. discrètes indépendantes admettant un moment d’ordre 2. Alors
iEXYEXEY, i.e. CovX,Y0.
iiVarXYVarXVarY.
Preuve.
iEXY
i,jIJxiyjpi,j
i,jIJxiyjpipj
iIxipi
jJyjpjEXEY,
et donc CovX,YEXYEXEY0.
iiVarXYVarXVarY2CovX,YVarXVarY.
Ainsi, si Xet Ysont indépendantes, alors CovX,Y0. Mais la réciproque est fausse.
Exemple.
Soit Xla v.a.r. à valeurs dans 1,0,1telle que PX1PX11
4et PX01
2, et soit
YX2. On a EXYEX3EX11
401
211
40, et donc EXYEXEY0 et
CovX,Y0.
Mais PX0Y1P0 et PX0PY11
21
21
4, donc Xet Yne sont pas
indépendantes.
Proposition.
Soient X1,X2, ..., Xndes variables aléatoires réelles discrètes admettant un moment d’ordre 2.
iVar
i1
nXi
i1
nVarXi2
1ijnCovXi,Xj.
iiSi X1,X2, ..., Xnsont indépendantes, alors Var
i1
nXi
i1
nVarXi.
5-Somme de deux v.a.r.discrètes indépendantes.
Lorsque Xet Ysont deux v.a.r. discrètes indépendantes, la loi de probabilité de XYpeut se calculer à
partir des lois de Xet Y. Sans l’hypothèse d’indépendance, on doit utiliser la loi conjointe de X,Y.
Stéphane Ducay
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