S4 Maths 2011-2012 Probabilités 1 Couple de variables aléatoires réelles à densité
Université de Picardie Jules Verne 2011-2012
UFR des Sciences
Licence mention Mathématiques -Semestre 4
Probabilités 1
Couples de variables aléatoires réelles à densi
1-Généralités.
Soient ,A,Pun espace probabilisé et X,Yun couple de variables aléatoires réelles (v.a.r.) définies
sur ,A,P. Nous avons déjà étudié le cas de deux v.a.r. discrètes ; nous nous intéressons maintenant au cas
de deux v.a.r. à densité.
On rappelle que la fonction de répartition du couple X,Yest la fonction FX,Ydéfinie par :
FX,Y:20,1
x,yPXxYy
et que pour tout réel a, lim
yFX,Ya,yFXaet lim
xFX,Yx,aFYa.
Dans tout ce qui suit, les fonctions de deux variables considérées sont supposées continues et bornées sur
2, sauf éventuellement sur un nombre fini de droites ou d’arcs de courbes définis par des fonctions à dérivées
bornées. Les domaines considérés sont soit 2, soit une partie de 2limitée par des courbes continues.
2-Loi conjointe.Lois marginales.
Soit X,Yun couple de v.a.r. Définir la loi conjointe de X,Y, c’est se donner sa fonction de répartition
FX,Y, ou une densité de probabilité fX,Y, fonction de 2dans vérifiant la relation
FX,Yx,y

x

yfX,Yu,vdudv
Une densité de probabilité sur 2est une fonction positive vérifiant


fX,Yx,ydxdy 1.
Proposition.
Pour tout domaine Dde 2, on a PX,YD
DfX,Yx,ydxdy.
Pour tous réels abet cd,
PaXbcYdFX,Yb,dFX,Yb,cFX,Ya,dFX,Ya,c.
Proposition.
Soit X,Yun couple de v.a.r. de densité de probabilité fX,Y. Alors Xet Ysont des v.a.r. à densité, de
densités de probabilité respectives définies par
fXx

fX,Yx,ydy et fYy

fX,Yx,ydx.
Les densités fXet fYsont appelées densités marginales de Xet Y.
Preuve.
On a FXxPXxPX,Y,x

x

fX,Yu,ydy du, ce qui prouve que la
fonction x

fX,Yx,ydy est une densité de probabilité de X.
On procède de même pour Y.
Stéphane Ducay
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3-Lois conditionnelles.
Soit X,Yun couple de v.a.r. de densité de probabilité fX,Y, de densités marginales fXet fY.
Définir la loi de probabilité de Xconditionnelle à Yyreviendrait à calculer P X x/Yy, ce qui
n’aurait pas de sens puisque PYy0. Cherchons la limite de P X x/yhYyhlorsque h
tend vers 0. On a
P X x/yhYyhPXxyhYyh
PyhYyh
yh
yh

xfX,Yu,vdu dv
yh
yhfYvdv
1
2h
yh
yh

xfX,Yu,vdu dv
1
2h
yh
yhfYvdv .
Si fYest continue en y, alors lim
h0
1
2h
yh
yhfYvdv fYy. Si v

xfX,Yu,vdu est continue en y, alors
lim
h0
1
2h
yh
yh

xfX,Yu,vdu dv

xfX,Yu,ydu.
Supposons de plus que fYy0. On peut alors définir P X x/Yypar
lim
h0
P X x/yhYyh

xfX,Yu,ydu
fYy

xfX
Yyudu .
La fonction fX
Yy:xfX,Yx,y
fYyest bien une densité de probabilité sur car

fX
Yyxdx

fX,Yx,ydx
fYyfYy
fYy1 ; les propriétés de continuité de fX,Yassurent par ailleurs que
fX
Yyest continue sur sauf éventuellement en un nombre fini de points.
Définitions.
Si fXx0 et fYy0, alors les fonctions
fX
Yy:xfX,Yx,y
fYyet fY
Xx:yfX,Yx,y
fXx
sont des densités de probabilité sur définissant respectivement la loi de Xconditionnelle à Yyet la loi de
Yconditionnelle à Xx. Elles permettent de définir les fonctions de répartition conditionnelles par
FX
YyxP X x/Yy

xfX
Yyudu
et FY
XxyP Y y/Xx

yfY
Xxvdv.
Remarque.
La densité conditionnelle fX
Yya été définie pour des valeurs ytelles que fYy0. Lorsque fYy0, alors
fX,Yx,y0 pour tout réel x; on pose alors fX
Yyx0. De cette façon, pour tous réels xet y, on a
fX,Yx,yfX
YyxfYy.
De même, on a fX,Yx,yfXxfY
Xxx, en posant fY
Xxy0 lorsque fXx0.
4-Indépendance de deux v.a.r.à densité.
On a déjà vu que deux v.a.r. Xet Ysont indépendantes si et seulement si pour tous réels xet y, on a
FX,Yx,yPXxYyPXxPYyFXxFYy.
Proposition.
Soient Xet Ydeux v.a.r. à densité. Xet Ysont indépendantes si et seulement si le couple X,Yadmet pour
densité la fonction fX,Ydéfinie pour tous réels xet ypar
fX,Yx,yfXxfYy.
Stéphane Ducay
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Preuve.
Xet Ysont indépendantes si et seulement si
FX,Yx,yFXxFYy

xfXudu

yfYvdv

x

yfXufYvdv du, ce qui signifie
(par définition) que le couple X,Yadmet pour densité la fonction définie par fX,Yx,yfXxfYy.
Remarques.
a) Si Xet Ysont indépendantes, les lois conditionnelles sont égales aux lois marginales :
fX
YyfXsi fYy0 et fY
XxfYsi fXx0.
b) Si un couple X,Yadmet une densité de la forme fX,Yx,ygxhy, alors Xet Ysont
indépendantes, de densités de probabilité respectives fXget fYhà une constante multiplicative près.
5-Somme de deux v.a.r.à densité indépendantes.
Soit X,Yun couple de v.a.r. de densité de probabilité fX,Y, de densités marginales fXet fY.
Posons ZXY. La fonction de répartition de Zest définie par :
FZzPZz
D
z
fX,Yx,ydxdy, avec Dzx,y2/xyz,


zxfX,Yx,ydy dx


zfX,Yx,txdt dx

z

fX,Yx,txdx dt.
On peut intervertir le rôle de Xet Y.
Proposition.
La somme XYadmet pour densité de probabilité la fonction fZdéfinie par
fZz

fX,Yx,zxdx

fX,Yzy,ydy.
Proposition.
Si Xet Ysont indépendantes, alors la somme XYadmet pour densité de probabilité la fonction fZdéfinie
par
fZz

fXxfYzxdx

fXzyfYydy.
De façon analogue au cas discret, on dit que fZfXYest le produit de convolution de Xet de Yet on note
fXYfXfYfYfX.
Exemple.Somme de deux v.a.r.indépendantes Uniformes sur 0,1.
Soient Xet Ydeux v.a.r. indépendantes de lois Uniformes sur 0,1. On a :
fXx1 si x0,1
0 si x0,1et fYy1 si y0,1
0 si y0,1.
Pour tout z,fXYz

fXxfYzxdx
0
1fYzxdx
z
z1fYudu
z1
zfYudu,
d’où fXYz
0 si z,0
zsi z0,1
2zsi z1,2
0 si z2,
-2 -1 0 1 2 3 4
0.5
1.0
z
f(z)
Proposition.
1) Si Xet Ysont deux v.a.r. indépendantes de lois Normales N1;1et N2;2, alors XYsuit la loi
N12;1
22
2.
2) Si Xet Ysont deux v.a.r. indépendantes de lois de Chi-deux 2p1et 2p2, alors XYsuit la loi de
Chi-deux 2p1p2.
3) Si Xet Ysont deux v.a.r. indépendantes de lois Gamma Ga,p1et Ga,p2, alors XYsuit la loi
Gamma Ga,p1p2.
Stéphane Ducay
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On peut généraliser les résultats de ce paragraphe à la somme de nvariables aléatoires indépendantes. On
a en particulier les résultats suivants.
Proposition.
1) Si X1,X2, ..., Xnsont des v.a.r. indépendantes de lois Normales N1;1,N2;2, ..., Nn;n,
alors X1X2Xnsuit la loi N12n;1
22
2n
2.
2) Si X1,X2, ..., Xnsont des v.a.r. indépendantes de lois de Chi-deux 2p1,2p2, ..., 2pn, alors
X1X2Xnsuit la loi de Chi-deux 2p1p2pn.
3) Si Xet Ysont deux v.a.r. indépendantes de lois Gamma Ga,p1,Ga,p2, ..., Ga,pn, alors
X1X2Xnsuit la loi Gamma Ga,p1p2pn.
6-Linéarité de lespérance mathématique.
On a pu noter une analogie entre les formules définissant l’espérance mathématique de v;a.r. discrètes et à
densité. En gros, on remplace les séries par des intégrales, et les probabilités ponctuelles PXxpar des
probabilités infinitésimales fxdx.
Cette analogie s’explique par l’existence d’une théorie de l’intégration qui unifie ces deux cas. Cette
théorie n’est pas au programme de ce cours. Elle est cependant indispensable si l’on veut établir correctement
une propriété aussi naturelle que la linéarité de l’espérance mathématique.
En effet, il est facile de trouver des exemples de v.a.r. Xet Yadmettant des densités et une espérance
mathématique, et telles que XYn’est pas de densité (par exemple, Xde loi Uniforme sur 0,1,Y1X).
On admettra lors le résultat plus général suivant.
Proposition.
Soient Xet Ydeux v.a.r. définies sur un même espace probabili,A,P, admettant une espérance
mathématique. Soit un réel. Alors XYet Xadmettent une espérance mathématique et on a
EXYEXEYet EXEX.
Ainsi, l’espérance mathématique est une forme linéaire sur l’espace vectoriel des v.a.r. définies sur
,A,Pet admettant une espérance mathématique.
7-Covariance de deux v.a.r.à densité.
Les résultats (et leur preuve) sont analogues à ceux du cas de v.a.r. discrètes.
Proposition.
Si Xet Ysont deux v.a.r. à densité admettant une espérance mathématique, alors XYadmet une
espérance mathématique donnée par EXYEXEY.
Proposition.
Si Xet Ysont deux v.a.r. à densité admettant une espérance mathématique et un moment d’ordre 2 (i.e.
EX2et EY2existent), alors XY admet une espérance mathématique donnée par
EXY
2
xyfX,Yx,ydxdy.
Corollaire.
Si Xet Ysont deux v.a.r. à densité admettant un moment d’ordre 2, alors XYadmet un moment d’ordre
2.
Définition.
Soient Xet Ydeux v.a.r. à densité admettant un moment d’ordre 2. On appelle covariance de X et Y le réel
CovX,YEXEXYEY.
Stéphane Ducay
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Proposition.
iCovX,YEXYEXEY.
iiVarXYVarXVarY2CovX,Y.
Remarque.
Pour toutes v.a.r. à densité X,Xet Yadmettant un moment d’ordre 2, pour tous réels et , on a :
CovXX,YCovX,YCovX,Y
CovX,YCovY,X
CovX,XEX2EX2VarX.
La covariance est donc une forme bilinéaire symétrique sur l’espace vectoriel des v.a.r. admettant un
moment d’ordre 2 ; sa forme quadratique associée est la variance.
Il en résulte, d’après l’inégalité de Cauchy-Schwarz, que :
|CovX,Y|VarXVarYXY.
Définition.
On appelle coefficient de corrélation linéaire de X et Y le réel X,YCovX,Y
XY.
De l’inégalité de Cauchy-Schwarz on déduit que 1X,Y1. De plus, si |X,Y|1, il existe un réel
tel que VarXY0, et donc un réel atel que PXYa1.
Proposition.
Soient Xet Ydeux v.a.r. à densité indépendantes admettant un moment d’ordre 2. Alors
iEXYEXEY, i.e. CovX,Y0.
iiVarXYVarXVarY.
Ainsi, si Xet Ysont indépendantes, alors CovX,Y0. Mais la réciproque est fausse.
8-Exercices.
Exercice 1.
Soient Xet Ydeux variables aléatoires indépendantes de même loi Exponentielle de paramètre 0.
Déterminer la densité de probabilité de la variable aléatoire ZXY.
Exercice 2.
Considérons l’expérience qui consiste à choisir au hasard un nombre Xdans 0,1puis
un nombre Ydans 0,X.
1) Quelle est la loi de probabilité de X? de Yconditionnelle à Xx?
2) En déduire la densité de probabilité du couple X,Y, puis celle de Y.
Exercice 3.
Soit X,Yun couple de variables aléatoires de densité de probabilifX,Ydéfinie par
fX,Yx,y1
2e
x2
2
xyy
2
pour tout couple x,yde 2.
1) Vérifier que fX,Yest bien une densité de probabilité.
2) Déterminer les lois de probabilité marginales de Xet Y. Reconnaitre des lois usuelles.
3) Les variables aléatoires Xet Ysont-elles indépendantes ?
4) Déterminer la loi de Yconditionnelle à Xx.
Stéphane Ducay
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