Francis Poulenc
Sonate en sol (1942)
Durée : 25 min
Francis Poulenc, compositeur et
pianiste français né le 7 janvier 1899 à
Paris, où il mourut le 30 janvier 1963.
Francis Poulenc, compositeur autodidacte,
très tôt influencé par ses contemporains
Eric Satie et Jean Cocteau, participera à la
création du groupe des Six en 1920. Ses
créations sont diversifiées, alternant
mélodies et cantates, musique de chambre,
œuvres pour orchestre, musique sacrée. A
compter de 1936, à la suite d’un immense
choc religieux à l’occasion de la mort
accidentelle d’un ami, sa musique sera
durablement influencée par la révélation
spirituelle alors éprouvée.
Audacieux mais non provocateur, tour à tour austère et fantaisiste, mélancolique et
divertissant, Francis Poulenc manie les dualités, que sa musique reflète. Mû par sa propre
mélancolie, par sa ferveur religieuse, sa passion pour la voix et les mots, la littérature et la
poésie, c’est en matière de musique vocale qu’il créera ses plus grands chefs d’œuvre, qu’il
s’agisse d’un opéra bouffe sur des paroles de Guillaume Apollinaire, d’un opéra sur un livret
de Bernanos, d’un concerto sur un texte de Jean Cocteau, ou de mises en musique de poèmes
de Charles d’Orléans, de Paul Eluard, d’Aragon, …
Francis Poulenc, dont les œuvres sont régulièrement reprises sur les scènes
mondiales, apparaît comme le représentant d’une musique très française, à la fois grave et
légère, spontanée mais achevée, inventive mais structurée.
Francis Poulenc compose sa « Sonate en sol » à la mémoire du poète espagnol Federico
Garcia-Lorca, assassiné par les milices franquistes lors de la Guerre d'Espagne. Poulenc s'inspire de
l'équilibre instrumental atteint par Brahms dans ses sonates, refusant absolument le modèle, comme il
l'écrit d'un « violon prima donna sur un piano arpège ».
Commençant par une formule énergique et nerveuse, l'allegro initial déroule ensuite deux
thèmes mélodiques très caractéristiques du langage de Poulenc. Le développement du premier thème
mélodique laisse à son tour la place à une formule pleine de nostalgie. Le mouvement lent,
vaguement espagnol de caractère, est avant tout une admirable cantilène qui doit beaucoup à Ravel.
Malgré son titre le dernier mouvement commence par une série d'échanges humoristiques entre les
deux instruments, qui laisse brutalement la place à une vision tragique où on entend résonner les
coups de feu qui assassinent le poète.
Cette œuvre paradoxale, dédiée dans Paris occupé par les nazis à un poète exécuté par leurs
alliés, oscillant entre humour et tragédie, est souvent mal comprise, malgré la beauté de son écriture.
Poulenc la créa avec Ginette Neveu, sa dédicataire, après la mort de laquelle il révisa le dernier
mouvement. Elle ne s'impose pas moins au répertoire des grandes œuvres de musique de chambre
du vingtième siècle.