
va progressivement retrouver ses manques et ses besoins. Il ressentira l’envie de fumer.
La substitution nicotinique prend alors tout son intérêt : il est interdit de fumer à
l’hôpital, le patient ressent l’envie de fumer, l’apport de nicotine de la cigarette va être
obtenue au moyen de patchs ou gommes de nicotines.
La maladie cardiaque comme d’autres maladies est considérée dans notre société
comme une caractéristique parmi tant d’autre pour un individu : « Je suis cardiaque
… » ou « Attention, mon cœur est fragile ! ». C’est le signe que, dès lors où un incident
cardiaque est survenu, la personne est considérée comme malade cardiaque car le risque
de récidive et présent continuellement et les habitudes de vie doivent êtres modifiées.
Un patient venant d’avoir un infarctus du myocarde ne pourra plus dire « je suis en
bonne santé ». Sa santé, il en fait le deuil. Certains patients fumeurs culpabilisent
d’avoir fumé, d’autre réfléchissent à d’autres stratégies ou adaptations à réaliser pour
continuer à fumer malgré la maladie. « Malgré la maladie »… Car la bonne santé, elle,
n’est plus là. C’est, au-delà de la maladie, une épreuve que le patient doit surmonter lors
de son hospitalisation et à sa sortie de l’hôpital.
De plus, le patient prend conscience après un incident cardiovasculaire, qu’il a évité le
pire et que cet évènement aurait pu être plus grave voir mortel.
L’état d’esprit dans lequel se trouve le patient peut augmenter son besoin en tabac ou,
au contraire, shunter son envie de tabac.
Des règles sont imposées aux patients arrivant dans un service hospitalier, plus
particulièrement aux soins intensifs de cardiologie : régime sans sel, interdiction de
fumer dans l’établissement. De plus, le patient subit un changement brutal
d’environnement et qui plus est, se retrouve dans un milieu qui peut faire peur, à
connotations morbides. Tout ceci peut créer un mal-être, un climat de méfiance, entre
le patient et les soignants d’autant plus que si le problème du tabac est abordé trop
rapidement, le patient fumeur risque de se renfermer. En effet, la cigarette fait partie de
lui et on lui demande de la supprimer. C’est en quelque sorte une blessure narcissique.
Il est donc important que les soignants instaurent un climat de confiance avec le patient
afin de pouvoir échanger simplement et avec authenticité sur la consommation de tabac
et les dangers qu’elle entraîne. Au-delà du tabac, le patient pourra exprimer ses craintes,
ses doutes et ses besoins. Cette phase d’ « apprivoisement » mutuel peut prendre du
temps.