Faire face à la demande
fois la nicotine addictive, qui fait
fumer mais qui n’est pas si dan-
gereuse en soi, et la fumée qui
tue. Le premier objectif de cette
réunion est d’atténuer la réti-
cence des patients quant à
l’utilisation des substituts ni-
cotiniques, notamment les dis-
positifs transdermiques, ou
patchs. Le second objectif est
d’exposer les différentes compo-
santes de la dépendance au ta-
bac : la dépendance physique,
psychologique et comportemen-
tale, ainsi que les solutions exis-
tantes pour y faire face. Cette ré-
union est très ouverte. Les
participants sont invités à faire
part de leur propre expérience.
La réunion est suivie d’un entre-
tien individuel pour analyser les
problèmes personnels de chaque
patient. Quant aux motivations
de ces patients, la première est la
santé et le bien-être, la deuxième
est le prix, la troisième étant la no-
tion de dépendance. Notre prin-
cipal challenge est de convaincre
ou de motiver des patients qui ne
souhaitent pas a priori arrêter de
fumer.
Comment adaptez-vous les trai-
tements aux besoins spécifiques
de chaque patient ?
Dr G. : Le premier traitement
concerne les substituts nicoti-
niques. On parle systématique-
ment de la thérapie cognitive et
comportementale à nos patients,
mais nous n’avons pas les
moyens en personnel pour en as-
surer le suivi. Nous prescrivons
un médicament à la demande de
nos patients et en l’absence de
contre-indications, car la boîte
coûte très cher, et les effets se-
condaires sont nombreux. Nous
adaptons les traitements en fonc-
tion du type de dépendance
constaté et de la demande des pa-
tients. Le thérapeute doit suivre et
encourager le patient dans la dé-
marche qu’il a choisie, à savoir
l’utilisation du patch ou non, le
soutien psychologique, l’utilisa-
tion d’un antidépresseur.
Quelles sont les difficultés récur-
rentes rapportées par les fumeurs
pendant la période de sevrage ?
Dr G. : Nous avons relevé trois
grandes difficultés. Dans un pre-
mier temps, apparaît un manque
physique tant au niveau de la sub-
stance nicotinique que de la ges-
tuelle du fumeur. Ce décondition-
nement gestuel est assez difficile.
Lorsque cette première phase de
dépendance physique est dépas-
sée, survient alors la période de
regret intense des cigarettes de
tente. Puis, dans une troisième
phase plus éloignée dans le temps,
le fumeur oublie même les raisons
qui l’ont incité à arrêter de fumer.
Il est alors particulièrement vulné-
rable et peut céder assez facilement.
Ces deux dernières phases sont à
l’origine de la majorité des reprises
chez nos patients. Parallèlement, la
prise de poids et l’apparition d’états
dépressifs peuvent constituer des
obstacles sérieux au sevrage surtout
en l’absence de patchs.
Avez-vous enregistré des résul-
tats probants sur l’ensemble des
patients traités ?
Dr G. : Un mailing a été réalisé
auprès de nos patients afin de
connaître le nombre de succès au
bout d’un an, les raisons des re-
prises et l’indice de satisfaction
des patients par rapport à l’aide
au sevrage. Les résultats enregis-
trés ne sont pas significatifs en
raison d’un taux de réponses
trop faible, de l’ordre de 20 %.
F. C .
10
Consultation antitabac
Le tabac est au cœur d’une actualité frémissante. La hausse des
prix est un argument apparemment convaincant, à voir la sur-
chauffe des consultations d’aide au sevrage. Le Dr Gariepy, ta-
bacologue, dirige la consultation de tabacologie de l’hôpital
Broussais (Paris XIVe).
Professions Santé Infirmier Infirmière - No51 - décembre 2003
Comment expliquez-vous cet
engouement actuel pour les
consultations antitabac ?
Dr Gariepy : Je vois deux raisons
à cela. Les nombreuses cam-
pagnes de communication inci-
tent à arrêter de fumer, et surtout
la hausse du prix du tabac. Par
ailleurs, les messages inscrits sur
les paquets de cigarettes ont aussi
un impact indirect, et ce malgré
le déni habituel des fumeurs.
Avez-vous évalué l’augmentation
des demandes de consultation ?
Dr G. : Il existe une très grande
demande en ce moment. Il faut
préciser cependant que notre
mission principale est la prise en
charge des patients hospitalisés
en prévention cardiovasculaire
et en rééducation cardiaque et
vasculaire. Nous réservons l’es-
sentiel des rendez-vous pour ces
patients, il ne reste donc que peu
de places pour les demandes ex-
ternes. En effet, les consultations
externes ne représentent que
25 % de notre activité. On évite
d’accumuler trop de rendez-
vous à long terme pour laisser de
la place aux patients hospitali-
sés. Les patients prioritaires sont
ceux qui viennent avec des pro-
blèmes cardiovasculaires (pré-
ventions primaire et secon-
daire).
Comment se passe concrètement
la première consultation ? Quelles
sont les motivations avancées par
le patient ?
Dr G. : Nous débutons par une
petite réunion d’information, qui
regroupe plusieurs patients sur le
thème de l’origine de la toxicité
du tabac, en distinguant toute-
*ACTU PSII 51 3/02/04 16:41 Page 10
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