Milton Friedman, Prix Nobel d'économie, est mort LEMONDE.FR avec AFP | 16.11.06 | 21h06 • Mis à jour le 16.11.06 | 21h38 Peu d'économistes ont fait naître autant de controverses. Milton Friedman, grand défenseur du libéralisme et Prix Nobel d'économie en 1976, est mort à l'âge de 94 ans, jeudi 16 novembre à San Francisco, a-t-on appris auprès du centre de recherche néolibéral Cato Institute, dont Milton Friedman fut l'un des inspirateurs. Né à New York d'une famille d'immigrants juifs venus d'Ukraine, Milton Friedman a d'abord fait des études en mathématiques, puis en économie. En 1946 – l'année de la mort de John Maynard Keynes –, il obtient un doctorat en économie à l'université Columbia de New York. Il était surtout connu pour avoir fondé, en 1948, l'école de Chicago, une équipe de purs et durs du libéralisme, qui inspira notamment la doctrine économique de plusieurs dictateurs d'Amérique latine. L'un des épisodes les plus controversés de sa vie reste d'ailleurs son voyage au Chili, en 1975, où il avait rencontré le dictateur Augusto Pinochet. Il obtient la reconnaissance du grand public dans les années 1962-1964, lorsqu'il devient le grand inspirateur de la politique économique de Ronald Reagan, et, indirectement, de Margaret Thatcher. CHANTRE DE LA PRIVATISATION ET DE LA FLEXIBILITÉ Sa pensée s'articulait autour de quelques grands principes, au premier rang desquels l'idée selon laquelle l'inflation s'explique toujours par une augmentation de la quantité de monnaie en circulation. Dans cette optique, il professait un rôle limité de l'Etat en matière monétaire et jugeait inefficaces, voire nuisibles à long terme, les politiques de relance. Parmi ses idées controversées, il plaidait aussi pour une diminution des dépenses sociales de l'Etatprovidence, une privatisation des entreprises publiques et une flexibilité de l'emploi et des salaires – voire la liberté de choix dans le domaine de l'éducation et la libéralisation de la drogue. En 1977, il était devenu le gourou de l'Institut Hoover à l'université de Stanford, en Californie. "Milton Friedman a révolutionné la pensé économique dans le monde", a réagi Jamie Dettmer, du Cato Institute. "Si Keynes a dominé la pensée économique au milieu du XXe siècle, Friedman domine la pensée économique à la fin de ce siècle et il le fera à l'aube de ce nouveau siècle", affirme M. Dettmer. Parmi les ouvrages les plus connus de cet économiste qui aimait à dire avec une pointe de provocation "s'il faut privatiser ou élaguer une activité publique, faites-le complètement", on trouve notamment La Théorie quantitative de la monnaie et La Tyrannie du statu quo. Milton Friedman, qui, selon le Wall Street Journal, a succombé à une crise cardiaque à son domicile, était marié et père de deux enfants. Le Monde 18/11/2006 DISPARITION Milton Friedman Prix Nobel d'économie, tenant de la non-intervention de l'Etat et de la libre entreprise L’économiste Milton Friedman, Prix Nobel d'économie 1976, est mort, le 16 novembre, à San Francisco, d'une insuffisance cardiaque. Il était âgé de 94 ans. Quatrième enfant d'une famille d'émigrants d'Autriche-Hongrie, Milton Friedman est né le 31 juillet 1912 à Brooklyn. Il perd son père très tôt et sa mère doit faire face à d'énormes difficultés pour élever ses enfants. C'est pourquoi il concourt pour une bourse, qui lui ouvre l'université de Chicago. Après son doctorat, il part à Washington travailler au comité qui préparait le New Deal, puis à Paris, comme consultant pour le plan Marshall. Mais c'est au cours des années 1960 qu'il est mis sur le devant de la scène, en devenant conseiller de Barry Goldwater, candidat républicain à la Maison Blanche. Il remplit la même fonction auprès du président Richard Nixon. Plus tard, il fera partie de l'équipe de Ronald Reagan. Il commence sa carrière universitaire par des travaux de statistiques, mais préfère « se tourner vers un domaine plus spéculatif qu'utilitaire ». Son désir est de démontrer que l'économie est une science empirique que l'on peut confronter à la réalité, et non une discipline subjective. Dans son ouvrage Essays in Positive Economics (1953), il affirme que, même si les hypothèses d'une théorie ne sont pas empirique¬ment vérifiées, il n'est pas justifié d'en conclure que cette dernière est inutile. Pour lui, la validité d'un modèle théorique dépend à la fois de sa cohérence interne et externe et elle doit être appréciée seulement en fonction de sa capacité de prédiction. leurs encaisses au niveau souhaité, soit par l'achat d'autres actifs, soit par le remboursement de dettes. Si, au contraire, la masse monétaire n'augmente pas aussi vite que la demande de monnaie, les agents, pour maintenir le niveau de leurs encaisses, vendent d'autres actifs, ce qui exerce une pression à la baisse sur les prix. Ce raisonnement permet de comprendre pourquoi les monétaristes considèrent que la politique monétaire a une influence sur l'évolution à la fois de la production et des prix. Au début des années 1960, Milton Friedman s'est penché sur « la courbe de Phillips », qui mettait en évidence une relation inverse entre le chômage et l'inflation. Cette découverte donna naissance à la politique de réglage fin (fine tuning), c'est-à-dire un arbi¬trage entre ces deux indicateurs de déséquilibre. Pour Milton Friedman et Edmund Phelps, Nobel 2006, il est illusoire de vouloir réduire le chômage par l'inflation. En effet, l'inflation entraîne une hausse des salaires, puis celle des prix et du chômage. Le choc pétrolier de 1974 a conforté ce point de vue puisqu'il y a eu à la fois inflation et chômage, c'est-à-dire stagflation. Ce raisonnement se retrouve dans La Théorie de la consomma¬tion (1957), que les économistes traditionnels considèrent comme son apport le plus important. Key¬nes avait montré que les ménages augmentaient leurs dépenses de consommation en fonction de l'ac¬croissement de leurs revenus, mais d'un montant moindre. Pour Milton Friedman, ce point de vue était irréaliste, car « un individu ne prévoit pas ses dépenses d'une journée en fonction du revenu qu'il pense encaisser le même jour ». Théorie de la monnaie En pratique, tout consommateur envisage ses dépenses à partir d'une estimation à plus long terme des ressources dont il pourra disposer. Il s'agit donc de prendre en compte un revenu permanent et non pas un simple revenu courant. Le concept de revenu permanent a permis de beaucoup mieux appréhender les évolutions de la demande de certains biens durables, comme le logement. Le second domaine pour lequel Friedman est aujourd'hui universellement connu est la théorie de la monnaie. Au début des années 1950, plus personne ou presque ne s'intéressait au rôle de la monnaie dans l'économie. Mais l'inflation que l'on connut à cette époque suscita un grand nombre de recherches, et il apparut qu'il existait un lien entre la monnaie et l'inflation. C'est pourquoi Friedman entreprit de rénover la théorie quantitative qui mettait en évidence les relations entre la monnaie, les prix et les revenus. Ainsi, lorsque la masse monétaire augmente plus vite que la quantité de monnaie que les agents économiques souhaitent détenir, ils s'efforcent de ramener Bien que soumis à des critiques souvent idéologiques, les travaux de Friedman ont éclairé d'un jour nouveau la science économique. Tenant de la non-intervention de l'Etat et de la libre entreprise, il a influencé toute une génération d'économistes, et ses conceptions ont conduit à la création d'une nouvelle école classique autour du principe des anticipations rationnelles, avec des économistes comme Muth, Lucas (Nobel 1995), Sargent ou Wallace qui le tiennent pour un maître incontesté. Cet apôtre du libéralisme a su, certes, créer un véritable mouvement, mais, comme tout penseur engagé, il a aussi suscité des haines reposant souvent sur des idées reçues. Par exemple, lors de la remise de son prix Nobel, un participant hurla dans la salle « Vive le peuple chilien libre ! Friedman, go home ! », parce que le général Pinochet disait s'inspirer de la pensée de Friedman et que ce dernier était allé passer une semaine en visite privée au Chili. A Hanoï, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, qui a dirigé l'Université Stanford, a indiqué vendredi avoir perdu « un grand ami, et le pays un leader intellectuel hors du commun ». « Il était irrésistible, et l'un des êtres humains les plus intelligents que j'aie jamais rencontrés, mais il était drôle, chaleureux, a-t-elle poursuivi. Il me disait toujours "Poursuivez toutes vos réformes". Il était super. » « Milton était l'un des grands penseurs et économistes du XX° siècle, et lorsque j'ai pour la première fois été en contact avec la puissance de ses écrits sur l'argent, les marchés dérégulés et la liberté individuelle, ce fut comme un coup de foudre », a pour sa part déclaré le gouverneur républicain de Californie, Arnold Schwarzenegger. Dominique Roux ,Professeur à l'université de Paris Dauphine Libération 17/11/2006 Milton Friedman se retire du marché Mort à 94 ans de l'inspirateur économique de Reagan, Thatcher et Pinochet. New York de notre correspondant Peu d'économistes ont vu leur nom associé d'aussi près à des politiques. Il y eut Keynes, bien sûr, et, de manière presque symétrique, Milton Friedman. Celui qui a inspiré l'action de Ronald Reagan, dont il a été un conseiller, et de Margaret Thatcher s'est éteint hier à San Francisco, suite à un problème cardiaque, à l'âge de 94 ans. Prix Nobel d'économie en 1976, il fut le défenseur inlassable de l'ouverture des marchés, de la réduction des impôts et des dépenses publiques. Une position qu'il aimait résumer par cette simple phrase: «Personne ne dépense l'argent de quelqu'un d'autre aussi consciencieusement que le sien.» Manière de signifier que la dépense publique impliquerait nécessairement gaspillage et inefficacité. Banques centrales. Friedman est le principal représentant du courant monétariste. Selon lui, il existe un lien étroit et stable entre la quantité de monnaie en circulation et l'inflation. La hausse des prix peut ainsi être contrôlée en réglant cette quantité de monnaie, tâche qui revient aux Banques centrales au moyen de la fixation des taux d'intérêt directeurs. Aujourd'hui, les principales d'entre elles ont pour priorité d'éviter l'inflation, une mission héritée de cette théorie. L'économiste s'est fait connaître en 1962 avec son livre Capitalisme et liberté. Il y prône un gouvernement dont le rôle se limiterait à fixer règles du jeu et à veiller à leur application. «Les marchés réduisent considérablement l'éventail des sujets qui doivent faire l'objet d'une décision politique et, en conséquence, minimisent le besoin de participation directe du gouvernement.» Né à New York en 1912, il fut embauché en 1946 comme enseignant à l'université de Chicago. Il y restera jusqu'en 1976 et devint le chef de file de ce qu'on appela par la suite «l'école de Chicago», un groupe d'économistes aux convictions monétaristes et libérales. C'est en 1956 qu'il formalise la théorie monétariste, en affirmant dans un ouvrage que l'augmentation de la quantité de monnaie, si elle a un effet à court terme sur la production et l'emploi, n'a d'autre impact à long terme que l'augmentation des prix Un an plus tard, il s'en prend à un autre aspect de la théorie keynésienne en montrant que la consommation ne dépend pas du revenu immédiat des gens, mais de l'anticipation qu'ils font de leurs revenus tout au long de leur vie. Prostitution. En 1975, Friedman fait un voyage controversé au Chili, avec d'autres professeurs de son université, pour y rencontrer Augusto Pinochet. Un an plus tard, la cérémonie de remise du prix Nobel à Stockholm se déroulera sur fond de manifestations critiquant l'économiste pour ses conseils prodigués au dictateur chilien. En théoricien accompli, Milton Friedman soutenait la dépénalisation des drogues ou la libéralisation de la prostitution. Il s'est également montré sceptique au moment de la création de l'euro, aux allures de monopole monétaire contraire à un libre marché des changes entre les devises. Jusqu'à sa mort, Friedman n'a jamais été ébranlé dans ses convictions. Interrogé en juin 2004 par le Wall Street Journal, il répondait que «réduire la taille et l'étendue du gouvernement» restait le principal défi économique. Et il affichait une confiance totale dans la mondialisation pour réduire «les différences entre les pays» et permettre à ceux du Sud de «par venir à la croissance économique et à la prospérité» LAURENT MAURIAC Libération 20/11/2006 Vive Milton Friedman Décédé la semaine dernière à l'âge de 94 ans (Libération de vendredi), Milton Friedman n'était pas un personnage très sympathique. Comme souvent chez les personnes de cette conviction, son ultralibéralisme économique (foi éperdue dans le marché, dénigrement systématique de l'Etat) allait de pair avec un certain antilibéralisme politique (Etat autoritaire, voire fascisant, pour réprimer les perdants du marché), comme en témoignent ses visites de courtoisies au régime Pinochet dans les années 70. Et la soi-disant société «libérale» du Mont Pèlerin, qu'il a présidée à la suite de Hayek, ne s'est jamais privée d'entretenir des relations avec de peu reluisants généraux sud-américains, jusque dans les années 1990-2000. Si le décès du prix Nobel d'économie 1976 revêt néanmoins une certaine importance, c'est parce que Milton Friedman n'était pas simplement un idéologue de plus. Que l'on partage ou non ses analyses économiques (sans parler de ses prises de positions politiques), difficile de nier que Friedman était un authentique chercheur. Son influence considérable repose avant tout sur la minutie et la rigueur dont il a (parfois) su faire preuve dans ses travaux universitaires. Pour s'en convaincre, il n'est pas inutile de se replonger dans son Histoire monétaire des Etats-Unis, 1867-1960, ouvrage monumental et désormais classique, publié en 1963, et qui est à l'origine de la révolution monétariste. Friedman revisite un siècle de capitalisme américain, et décortique pour chaque période de récession et d'expansion économique les mécanismes conduisant à ces retournements de conjoncture. Il accorde pour cela une attention méticuleuse aux mouvements courts de la politique monétaire suivie par la Fédéral Réserve (la Banque centrale - américaine), étudiés notamment à travers les archives et les minutes de ses différents comités. Sans surprise, le point focal de la recherche concerne les années noires de la crise de 1929, terrible déflagration qui s'est étendue à l'Europe et a favorisé la montée du nazisme, et qui. constitue le point de départ de toute la réflexion macroéconomique contemporaine. Pour Friedman, pas de doute: c'est la politique grossièrement restrictive de la Fed qui a transformé le krach boursier en une crise du crédit et qui a plongé l'économie dans la déflation et dans une récession d'une ampleur inouïe, avec une chute de la production de plus de 20 % et un chômage atteignant 25 %. La crise serait avant tout monétaire, et n'aurait pas grand-chose à voir avec la crise de sous-consommation rapidement décrite dans la vulgate keynésienne (les salaires progressaient au même rythme que la production dans les années 20). De cette analyse savante et technique, Friedman tire des conclusions politiques transparentes: pour assurer une croissance paisible et sans à-coups dans le cadre des économies capitalistes, il faut et il suffit de suivre une politique monétaire appropriée permettant d'assurer une progression régulière du niveau des prix. Pour Friedman, le New Deal et son florilège d'emplois publics et de transferts sociaux mis en place par Roosevelt et les démocrates à la suite de la crise des années 30 et de la Seconde Guerre mondiale ne sont qu'une gigantesque fumisterie, coûteuse et inutile. Autrement dit, pour sauver le capitalisme, nul besoin de Welfare-State (Etat-providence) et d'un gouvernement tentaculaire: il suffit d'une bonne Fed. Dans l'Amérique des années 60-70, où la gauche rêvait de parachever le New Deal, mais où l'opinion commençait à s'inquiéter du déclin relatif des Etats-Unis à l'égard d'une Europe en pleine croissance, ce message politique simple et fort fit l'effet d'une bombe. Les travaux de Friedman et de l'Ecole de Chicago contribuèrent sans nul doute à développer un climat de méfiance face à l'extension indéfinie du rôle de l'Etat, et à forger le contexte intellectuel menant à la révolution conservatrice Reagan-Thatcher de 1979-1980, avec les conséquences en cascade que l'on sait dans les autres pays.. Certes, les conclusions politiques que Friedman tirait de ses recherches n'étaient pas exemptes d'idéologie: une bonne Fed, c'est sans doute bien, mais une bonne Fed et un bon Welfare State, c'est probablement mieux. Il reste que le message n'aurait pas eu la même influence s'il ne s'était pas appuyé sur un authentique travail de recherche conduisant à une profonde remise en cause du consensus alors dominant sur la plus grave crise économique du XXe siècle. Aujourd'hui, les débats sur la crise de 1929 et le rôle joué par la politique monétaire sont loin d'être clos, mais il est impossible d'ignorer les travaux de Friedman. Ce personnage antipathique mais travailleur démontre également qu'il est sain pour le débat économique de disposer d'universitaires de conviction ultralibérale, mais sérieux dans leur démarche de chercheur. Une leçon à méditer en France, où les rares économistes ultralibéraux proclamés sont de piètres chercheurs, sans aucune reconnaissance internationale, ce qui ne contribue guère qu'à alimenter la paresse intellectuelle et le conformisme parfois présents à l'autre bord. . Thomas Piketty est directeur d'études à l' EHESS. Le Figaro.fr (avec AFP et Reuters). Publié le 16 novembre 2006 Economie | L'actualité économique Le prix Nobel d'économie Milton Friedman est mort Actualisé le 16 novembre 2006 : 19h47 L'économiste américain, pape du libéralisme, est décédé jeudi à l'âge de 94 ans. Le grand économiste du libre marché, Milton Friedman, est mort d'une attaque cardiaque après avoir été transporté à l'hôpital près de sa demeure de San Francisco. Il était le pape du désengagement de l'Etat dans la vie économique et avait reçu le prix Nobel d'économie en 1976. Milton Friedman aimait jouer les provocateurs. Peu d'économistes ont inspiré autant de controverses. "S'il faut privatiser ou élaguer une activité publique, faites-le complètement. Ne recherchez pas un compromis grâce à une privatisation ou à une réduction partielle du contrôle étatique", déclarait-il. L'ancien professeur de Chicago qui, depuis 1977, était devenu le gourou de l'Institut Hoover à l'université de Stanford en Californie, était né le 31 juillet 1912 à New York. Cadet d'une famille juive de quatre enfants, venue d'Ukraine, Milton Friedman a vécu ses premières années dans le New Jersey. Inspirateur de la politique économique de Ronald Reagan Il était surtout connu pour avoir fondé en 1948 l'Ecole de Chicago, une équipe de purs et durs du libéralisme, qui inspira notamment la doctrine économique des dictateurs en Amérique latine, comme au Chili. La reconnaissance de l'opinion se fait dans les années 1962-1964, et il devient le grand inspirateur de la politique économique de Ronald Reagan, dont il était le conseiller. Cependant, Milton Friedman a toujours refusé toute position gouvernementale. Ses analyses ne s'étaient pas limitées aux Etats-Unis. Ainsi, selon lui, la monnaie unique européenne était une erreur et il estimait que l'euro ne survivrait pas longtemps à sa création. Milton Friedman a mené de nombreux combats concernant, en particulier, la limitation des dépenses publiques, l'introduction de la liberté de choix dans le domaine de l'éducation, la réforme monétaire ou la libéralisation de la drogue. Il était auteur de nombreux ouvrages, tels que "La théorie quantitative de la monnaie" et "La tyrannie du statut quo". La Tribune 16/11/2006 Décès de l'économiste Milton Friedman Le grand défenseur du libre marché est mort à l'âge de 94 ans. Il avait reçu le prix Nobel d'économie en 1976. L'économiste américain Milton Friedman, prix Nobel d'économie en 1976, vient de mourir à l'âge de 94 ans. Le grand économiste du libre marché, Milton Friedman serait, selon le Wall Street Journal, mort d'une attaque cardiaque après avoir été transporté à l'hôpital près de sa demeure de San Francisco. Il était considéré comme le leader de l'Ecole de Chicago et son nom était associé aux approches "monétaristes", qui considèrent que l'inflation peut être contrôlée par l'offre monétaire. Dans son livre "inflation et systèmes monétaires", il développait ses idées ultra libérales qui s'imposeront dans les années 80, notamment en Grande-Bretagne et aux EtatsUnis Reuters - 17/11/06 à 07:12:00 - 679 mots La tribune Dernières Milton Friedman, champion du monétarisme, meurt à 94 ans Par Jim Christie et Duncan Martell SAN FRANCISCO (Reuters) - L'économiste américain Milton Friedman, lauréat du prix Nobel d'Economie en 1976 et chef de file du courant monétariste, est mort jeudi matin d'une crise cardiaque dans un hôpital de la région de San Francisco, annonce sa famille. Il était âgé de 94 ans. Dans les années 1950-60, il avait porté ses premières attaques contre John Maynard Keynes, apôtre de l'intervention de l'Etat en matière économique par le biais notamment de l'arme budgétaire et de la relance de la consommation. Naguère enseignant à l'université de Chicago, il était considéré comme le chef de file de l'école de Chicago et ses disciples avaient été surnommés les "Chicago boys". En 1962, il publia l'un des ouvrages les plus provocateurs en matière d'économie, "Capitalisme et Liberté". Ses idées ont inspiré les politiques économiques de dirigeants conservateurs comme l'ex-Premier ministre britannique Margaret Thatcher et l'ancien président américain Ronald Reagan. "Regardez ce qu'a fait Reagan, c'est ce que Milton défendait depuis longtemps", a rappelé Martin Anderson, conseiller économique de l'ancien président. "Ce que Milton a fait, c'est de confirmer Reagan dans ses convictions et d'accroître sa confiance, et c'est devenu la 'reaganomics'", a-t-il expliqué. Friedman préconisait une politique monétariste marquée et aux effets prévisibles, en y voyant la garantie la plus efficace contre les fluctuations excessives du niveau global des prix et du niveau d'activité économique. ÉLOGES DE BUSH, THATCHER, GREENSPAN, SCHWARZENEGGER... La remise du prix Nobel d'économie 1976 à ce théoricien, auteur d'une bonne vingtaine d'ouvrages, avait attiré en marge de la cérémonie à Stockholm un grand nombre de manifestants venus lui reprocher d'avoir fourni, en matière d'économie, des conseils à la junte militaire chilienne dirigée par le général Augusto Pinochet. Pour le monétariste William Poole, président de la Réserve fédérale de St Louis, une bonne partie de la pensée moderne de la banque centrale américaine découle des travaux de Friedman. "Avant Milton, les économistes n'étaient pas pris au sérieux par les hommes politiques", dit de lui Poole, qui évoque l'influence des travaux de Friedman dans des domaines allant de la fiscalité à la conscription militaire aux Etats-Unis. "C'était une personnalité extraordinairement importante dans la profession", ajoute-t-il. George Bush a salué un homme qui a contribué "à faire progresser la dignité et la liberté humaines". "Ses travaux ont démontré que le marché était le grand moteur du développement économique. Ses écrits ont posé des bases qui ont transformé de nombreux banques centrales de la planète, aidant à atteindre la stabilité économique, et ont amélioré le niveau de vie dans des pays du monde entier", écrit-il dans un communiqué. "Si vous deviez demander aux gens, dans le monde entier, de citer un économiste, c'est son nom qui reviendrait de loin le plus souvent", a déclaré à Reuters Gary Becker, lauréat du prix Nobel d'économie 1992. Margaret Thatcher a salué en Friedman celui qui avait "relancé l'économie de la liberté, alors qu'elle était purement et simplement tombée aux oubliettes. C'était un combattant de la liberté intellectuelle". Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale, s'est dit quant à lui "vivement attristé par la mort de Milton Friedman". Son successeur, Ben Bernanke, a estimé pour sa part que "les influences directes et indirectes de sa pensée sur la politique monétaire contemporaine seraient difficiles à dépasser". Quant au gouverneur républicain de Californie Arnold Schwarzenegger, qui avait recruté Friedman comme conseiller après avoir été élu, il a dit avoir été comme "frappé par la foudre" à la découverte des écrits de l'économiste sur l'argent, le libre-échange et les libertés individuelles. (c) Reuters 2006. All rights reserved. Republication or redistribution of Reuters content, including by caching, framing or similar means, is expressly prohibited without the prior written consent of Reuters. Reuters and the Reuters sphere logo are registered trademarks and trademarks of the Reuters group of companies around the world. Les Echos 16/11/ 2006 Milton Friedman est mort Le chef de file du courant monétariste, prix Nobel d'économie 1976, est décédé d'une attaque cardiaque à l'âge de 94 ans L'économiste Milton Friedman est mort aujourd'hui à San Francisco, à l'âge de 94 ans. Chef de file de la théorie monétariste, il était considéré comme l'un des économistes les plus influents du 20e siècle. Le leader des "Chicago boys", du nom du courant de pensée qu'il a fondé, de puis l'Université de Chicago, a fortement influencé, avec d'autres tenants de "l'économie de l'offre" comme Friedrich Hayek, les politiques économiques des années 70 et 80, dans plusieurs grands pays industrialisés, mais aussi suscité des expériences remarquées dans des régions en voie de développement. Le monétarisme de Milton Friedman professe ainsi la régulation naturelle des grands mécanismes macro-économiques- parités monétaires, inflation, chômage - par le marché, fustigeant notamment les politiques monétaires dirigistes comme les tentatives de relances d'inspiration keynésiennes. Le pape de l'ultra-libéralisme a ainsi inspiré la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher, l'Amérique de Ronald Reagan, dont il fut le conseiller, mais encore le Chili de Pinochet. Son regard sur l'Europe est marqué par le rejet de la monnaie unique. Il estimait que l'euro ne survivrait pas longtemps à sa création. Mais Milton Friedman avait ces dernières années mené d'autres combats, élargissant ses centres d'intérêt à des sujets de sociétés. Il était en particulier intervenu vigoureusement en faveur de la liberté de choix dans le domaine de l'éducation, mais aussi de la libéralisation de la drogue. Né à Brooklyn en 1912, il avait commencé sa carrière en 1946 à l'Université de Chicago, l'année même de la mort de Keynes. Deux ans plus tard, il créait ce que l'on appelle "l'Ecole de Chicago". Dans les années 1950-1960, il portait immédiatement les premières attaques contre le Keynesianisme alors prédominant. En 1962, Capitalisme et Liberté (Capitalism and Freedom), publié avec sa femme Rose, constituait le grand oeuvre théorique de l'économiste. Dans son Histoire monétaire des Etats-Unis, publié l'année suivante, il explique l'aggravation de la crise de 1929 par une baisse de la masse monétaire, qu'on aurait pu éviter. Devenu depuis 1977 le gourou de l'Institut Hoover à l'université de Stanford en Californie, il signera encore de nombreux ouvrages, dont "La théorie quantitative de la monnaie" et "La tyrannie du statut quo". ECONOMIE Milton Friedman est mort NOUVELOBS.COM | 17.11.06 | 06:29 Milton Friedman (Sipa) L'économiste américain, prix Nobel d'économie en 1976, est mort jeudi à l'âge de 94 ans. L 'économiste américain Milton Friedman, lauréat du prix Nobel d'Economie en 1976 et chef de file du courant monétariste, est décédé à l'âge de 94 ans, a annoncé sa famille. Dans les années 1950-60, il avait porté les premières attaques contre John Maynard Keynes, apôtre de l'intervention de l'Etat en matière économique par le biais notamment de l'arme budgétaire. Enseignant à l'université de Chicago, il était considéré comme le chef de file de l'école de Chicago et des "Chicago boys". En 1962, il publia l'un des ouvrages les plus provocateurs en matière d'économie, "Capitalisme et Liberté". (Reuters) Que reste-t-il des théories de Milton Friedman ? La Tribune 23.11.06 Un vent de nationalisation des ressources énergétiques, du Venezuela à la Bolivie, souffle sur l'Amérique latine. La nouvelle Russie, même si certains de ses oligarques sont en prison, continue de défrayer la chronique avec ses fortunes mal acquises et ses banquiers assassinés. Et le gouvernement américain actuel, s'il se dit toujours adepte du " small government ", n'a jamais créé autant d'emplois de fonctionnaires que depuis l'arrivée de George W. Bush aux commandes... À l'heure où les journaux rapportent la disparition - la semaine dernière, à l'âge de 94 ans - de Milton Friedman, que reste-il des théories du grand maître du monétarisme, du héraut du laisser-faire ? Écueil de la mondialisation. Le destin de la pensée de Milton Friedman, adoptée aussi bien par Margaret Thatcher et Ronald Reagan dans les années 80 que par Augusto Pinochet avant eux, va-t-il être le même que celui de la doctrine de John Maynard Keynes ? Le keynésianisme est en effet officiellement passé de mode, même si ses préceptes continuent d'inspirer nombre de politiques économiques, y compris aux États-Unis. Mais, dans la mesure où les théories paraissent plus adaptées à une époque qu'à une autre, celles de Milton Friedman se sont également révélées avec le temps non pas fausses mais incomplètes. Il est désormais très difficile de s'appuyer sur la seule politique monétaire, pierre angulaire de la pensée friedmanienne, d'autant que les canaux traditionnels de transmission de l'inflation (prix-salaires-coûts) sont de moins en moins opérants dans le contexte actuel d'économie mondialisée. Une mondialisation qui n'était pas encore agissante quand Milton Friedman remettait les théories monétaristes au goût du jour. Mais il n'empêche, sur plusieurs points, l'histoire contemporaine lui a donné tort. Ainsi, sur le caractère quasiment mécanique de la politique monétaire - n'hésitait-il pas à déclarer qu'un ordinateur ferait mieux l'affaire qu'un banquier central pour la conduire ? -, il a dû, face aux succès d'un Alan Greenspan à la tête de la Réserve fédérale, admettre que le génie de l'homme avait du bon. De même a-t-il admis que, si la chute du communisme avait bien été l'événement le plus marquant du siècle dernier, la transition libérale en Russie avait été " désastreuse ". Enfin, quand il estimait que de la liberté économique découlerait forcément la liberté politique, la Chine actuelle ne peut que le faire mentir. Si ses théories, battues en brèche par la réalité, ont perdu de leur pertinence, elles ont aussi été l'objet de vives critiques quand elles étaient appliquées. Cela a été particulièrement le cas d'une expérience unique dans l'Histoire : la libéralisation de l'économie chilienne. Cette thérapie de choc, un test grandeur nature, mené par ceux que l'on a baptisés les Chicago Boys, a en effet été effectuée à marche forcée. Comme le confiait il y a quelques années à La Tribune José Piñera, jeune ministre du Travail de l'époque, " il était beaucoup plus facile d'instaurer une flexibilité totale du marché du travail, donnant lieu à une envolée du chômage, d'imposer des baisses de salaires et des fonds de pension sous une dictature militaire " ... Pour quel résultat ? Un pays qui affiche, après cette purge radicale et douloureuse, une croissance soutenue et stable et, fait rare dans la région, n'a pas été soumis, ces dernières années, à des crises économiques graves. Personne, pas plus le nouveau gouvernement socialiste que les précédents, ne songe à remettre en cause les mécanismes qui ont présidé à ce succès. Un succès toutefois assorti d'un bémol : la croissance n'a pas permis de combler notablement le fossé entre riches et pauvres. Retrouver un équilibre. Quoi qu'il en soit, personne n'a appliqué sans faillir le fondamentalisme de Milton Friedman. Pas plus l'armée chilienne qui a préféré préserver " l'acquis socialiste " de Salvador Allende en refusant de privatiser un secteur du cuivre pourvoyeur de fonds pour les militaires que les thatchériens qui, en pleine récession, n'ont pas pu résister à la tentation de voler au secours de British Leyland. Sans doute le monétarisme friedmanien rappelait-il trop que la " main invisible " du marché peut broyer de nombreux citoyens. Pas étonnant que les gouvernements, en Amérique latine ou ailleurs, cherchent désormais, face aux évolutions de l'économie mondiale, un nouvel - et plus juste - équilibre. Lysiane J. Baudu La Tribune 23.11.06