FICHE SUPPORT
Leçon 7: Du socialisme au libéralisme
Séquence 3:
Le Maapakh économique.
Les réformes de Menahem Begin
En 1977, avec le Maapakh, l’économie israélienne devait connaître une première tentative
de libéralisation menée par le gouvernement Begin qui fit appel à Milton Friedman. Le
grand économiste américain entendait créer dans le secteur économique «Un nouvel
Entebbe» 1. Le Maapakh devait se traduire par un programme de réforme libérale de
l'économie. Mais ici, les contradictions au sein de la droite devaient éclater au triment
du redressement économique du pays.
D'un côté, le nouveau ministre, Simcha Erlich, tenta d'imposer un régime libéral largement
inspiré par les thèses monétaristes de Milton Friedman2. Cette politique échouera. Le
nouveau régime des changes, libéralisé et présenté comme une opération-vérité pour les
finances publiques et un remède contre l'inflation, n'atteindra aucun de ses objectifs. En
fait, la promesse de Simcha Erlich de faire d'Israël la Suisse du Proche Orient se heurta
aux réalités d'une situation beaucoup plus complexe que celle imaginée par des
économistes américains.
Car d’un autre côté, un discours, populiste et interventionniste, était tenu au
gouvernement, en particulier par son chef, Menahem Begin : «la justice sociale sans le
socialisme». Cette politique consistait à financer l'effort de défense, sans toucher aux
acquis sociaux et aux structures de la période précédente par le seul moyen disponible :
l'inflation à deux chiffres. Celle-ci s'accéléra rapidement : 51 % en 1978, 78 % en 1979
pour atteindre trois chiffres avec 131 % en 1980. De surcroît, le pays, dépourvu de
ressources en hydrocarbures, fut très touché par le second choc pétrolier qui provoqua un
effondrement de la croissance. Le gouvernement se trouvait face à une équation
impossible. La dette accaparait le tiers du budget, et l'effort de défense devait continuer à
être soutenu. Il ne restait plus qu'une solution, aux antipodes du discours officiel : procéder
à des coupes budgétaires dans les dépenses sociales. Celles ci-étaient de deux natures.
D'une part, des transferts sociaux que la politique du gouvernement, en particulier en
1 Référence à l'opération israélienne qui, dans la nuit du 3 au 4 juillet 1976, permit de libérer sur cet aéroport
d'Ouganda cent otages d'un avion d'Air France en provenance de Tel-Aviv détourné une semaine avant par un
commando du FPLP renforcé par deux membres de la Fraction armée rouge allemande (la Bande à Baader).
2
matière familiale, interdisait de toucher. D'autre part, des subventions aux produits de
première nécessité qui permettaient de rendre plus accessibles des biens alimentaires
(pain, lait ...) et les transports publics aux familles modestes. Le gouvernement réduisit
fortement ces subventions.
La Histadrout, encore toute-puissante à l'époque, ayant réussi à imposer dans plusieurs
secteurs de l'économie un système d'indexation des salaires (une sorte d'échelle mobile),
une mécanique infernale s'enclencha : la réduction des subventions aux produits de
première nécessité entraînait la hausse des prix compensée par une hausse des salaires.
Cette politique trouva ses limites, avec un krach boursier (en 1983) et l'hyperinflation qui
frappa de plein fouet l’économie du pays jusqu’en 1985.
Mais pendant toutes ces années, des privilèges purent se constituer, notamment du fait
d'un système fiscal bâti pour encourager cette évolution. Une imposition très favorable sur
le capital - les successions, les revenus mobiliers et immobiliers - fut mise en place. Cette
politique imprima au système fiscal israélien sa caractéristique majeure : une
surimposition des revenus du travail, et une sous-imposition de ceux du capital. Cela ne
fut pas sans conséquence sur la stratification sociale. Une nouvelle bourgeoisie put se
constituer un joli patrimoine immobilier et boursier. La transformation atteint jusqu'à la
géographie du pays. C'est à cette époque que, sur la bande côtière notamment,
s'édifièrent de nombreux quartiers résidentiels. Les villas cossues remplaçaient les
orangeraies.
C'était tout un symbole : la société israélienne avait changé de nature. Réputée pour être
une des plus égalitaires au monde, elle devait devenir une des plus inégalitaires, le fossé
entre riches et pauvres ne cessant de s'élargir jusqu'à aujourd'hui. Bien évidemment, cette
évolution sociologique majeure trouva sa traduction dans le paysage politique, de
moins en moins d'acteurs avaient intérêt à l'évolution du système.
Illustrations Séquence 3
Illustration 1
Photo de Milton Friedman (1912-2006)
Illustration 2
Photo de Menachem Begin (1913-1992)
Illustration 3
Photo de Shimon Peres (droite) avec Itzhak Shamir pendant la Rotatsia
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