Milton Friedman (1912-2006)

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Milton Friedman (1912-2006)
Milton Friedman est le chef de file de l'école monétariste dite « de Chicago ». Il s'est
opposé radicalement aux conceptions de John Maynard Keynes. Il est considéré
comme l'un des économistes les plus influents du XXe siècle.
I.
Eléments de biographie
Milton Friedman naît à Brooklyn (New York), le 31 juillet 1912 dans une famille
d'immigrants juifs partie de Hongrie (actuelle Ukraine). Il passe sa jeunesse dans le
New Jersey. Son père meurt alors qu'il a 15 ans. Étudiant brillant, il finit ses études au
lycée de Rahway en 1928. Il obtient son diplôme de Bachelor of Arts à l'université
Rutgers dans le New Jersey, en 1932. Il se spécialise en mathématiques et se tourne
finalement vers l'économie pure.
À sa sortie de Rutgers, il étudie l'économie à l'université de Chicago (master). Il
étudie un an les statistiques à l'université Columbia, où il sympathise avec George
Stigler, cofondateur avec lui de l'école de Chicago.
Quelques années plus tard il rédige un article avec George Stigler intitulé Roofs or
Ceilings, dans lequel ils attaquent avec vigueur le contrôle des Loyers : les contrôles
des prix faussent la fixation des prix par le mécanisme de la rencontre entre l'offre et
la demande.
Il adopta par la suite une posture plus critique envers les mesures du New Deal,
considérant que la Grande Dépression venait principalement d'une mauvaise gestion
de la monnaie, dont l'offre aurait dû être augmentée et non réduite. Dans son Histoire
monétaire des États-Unis parue en 1963, il développe cette thèse en expliquant cette
grave crise économique par les politiques de contraction monétaire menées.
De 1941 à 1943 il travaille comme conseiller auprès du Département du Trésor des
États-Unis sur la question des taxes pour financer l'effort de guerre. Porte-parole du
Trésor, il défend alors une politique keynésienne. Dans son autobiographie, il constate
« à quel point [il] était alors keynésien ».
En 1946, Friedman accepte un poste de professeur d'économie à l'université de
Chicago. Il y restera trente ans et y développa une école économique : l'École
monétariste de Chicago.
Il rejoint le National Bureau of Economic Research, il y restera jusqu'en 1981. Il y
étudie le rôle de la monnaie dans les cycles économiques et y fonde en 1951 le
Workshop in Money and Banking (Atelier sur la monnaie et la banque) qui participe à
la renaissance de l'étude des phénomènes monétaires.
Il devient connu du grand public avec son ouvrage publié en 1962, intitulé
Capitalisme et liberté, dans lequel il se livre à une défense du capitalisme, à une
critique du New Deal et de l'État-providence qui émergeait.
À la fin des années 1960 il devient conseiller du président Richard Nixon, qui ne
suivra cependant que très partiellement ses conseils au cours de sa présidence.
Depuis 1956, il donne des cours à l'université de Chicago à des étudiants en économie
de l'Université pontificale catholique du Chili dans le cadre d'un accord signé entre les
deux universités. Il exerce par là une influence importante sur ceux que l'on allait
appeler les Chicago Boys. En 1975, il se rend pendant cinq jours à Santiago du Chili
pour prononcer une série de conférences à l'Université pontificale. Le 26 mars, il se
rend au siège du gouvernement et rencontre le dictateur Augusto Pinochet, ce qui lui
est reproché par ses adversaires.
Dans le contexte de la stagflation anglaise à partir de 1968 et américaine dans les
années 1970, ses idées monétaristes s'imposent alors que le keynésianisme perd
finalement sa domination.
En 1976, Friedman reçoit le « Prix Nobel » d'économie récompensant ses travaux sur
« l'analyse de la consommation, l'histoire monétaire et la démonstration de la
complexité des politiques de stabilisation ».
Dans les années 1980, il est conseiller officieux du candidat républicain Ronald
Reagan, puis rejoint son comité économique quand ce dernier est élu à la MaisonBlanche.
Il est l'auteur d'un grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels Une théorie de la fonction
de la consommation (1957), Histoire monétaire des États-Unis (1963), Inflation et
systèmes monétaires (1976).
II.
Notions clés de l’auteur
- Valeur de la monnaie. Il fut partisan d'une politique stricte de contrôle de la
croissance de la masse monétaire. Il a inspiré les politiques mises en place aux ÉtatsUnis au début des années 1980, puis adoptées par de nombreux pays (Grande
Bretagne), mais, ses théories ont été combattues parce qu'elles négligeaient leurs
conséquences sociales.
- Intervention de l’Etat. Selon Friedman, l'intervention de l'État, qui possède un
pouvoir arbitraire sur l'économie, conduit à certaines perturbations. Il faut alors
suspecter la création monétaire, régulée par la Banque centrale. Mais cette thèse a des
répercussions inflationnistes. L'inflation qui résulte de la création excessive de
monnaie est comme une drogue, car, d’abord, elle stimule effectivement l'activité
économique, mais c'est contre les mécanismes « naturels », et elle ne peut que
s'emballer.
Une « purge » est alors nécessaire, et Friedman soutient les règles automatiques et
contraignantes régularisant la création monétaire (il a proposé une explication
controversée de la crise de 1929, qui reposerait uniquement, selon lui, sur des erreurs
de politique monétaire de la part des autorités américaines). Néanmoins, il considère
que la croissance de l'État est un mal nécessaire qu'il convient seulement de limiter, ce
qui constitue le credo du néolibéralisme.
- Le courant monétariste. C’est un courant de pensée économique pour lequel
l'action de l'État en matière monétaire est inutile voire nuisible. Milton Friedman a
contribué à réhabiliter et à relancer la théorie quantitative de la monnaie contre le
paradigme dominant de l'époque, le keynésianisme. La politique monétaire est
réapparue sur le devant de la scène pour figurer depuis quelques années parmi les
instruments essentiels de la politique économique.
- Le revenu permanent. La théorie du revenu permanent, que Friedman a élaborée,
introduit une dimension temporelle dans la détermination, par le ménage, de son
revenu : celui-ci n'est pas seulement réel mais aussi potentiel. Son appréciation doit
alors tenir compte aussi bien de la structure des revenus passés que des anticipations
des revenus futurs. (Prix Nobel de sciences économiques 1976.)
- Le chômage naturel. Il s'agit d'une forme de chômage incompressible, qui ne peut
être réduit par les moyens traditionnels de la politique économique (politique de
grands travaux, relance de l'activité économique par un déficit budgétaire).
L'économiste libéral démontre l'existence d'un chômage naturel proche de la notion
classique de chômage volontaire.
Le taux de chômage naturel n'est pas rigide : il peut augmenter ou diminuer. Pour
Friedman, les systèmes d'indemnisation des chômeurs dissuadent ces derniers de
rechercher de nouveaux emplois. L'existence de salaires minimaux, comme le S.M.I.C.
en France, renchérit le coût du travail non qualifié pour les entreprises, qui réduisent
le niveau d'embauche. Les associations syndicales, en s’opposant à la flexibilité des
salaires, sont indirectement à l'origine de la croissance du taux de chômage naturel.
Des progrès dans la mobilité de la main-d'œuvre, la diffusion
d'informations concernant les emplois vacants ou l'évolution à court et à moyen
terme de la demande de travail des entreprises peuvent réduire le chômage naturel.
III.

Citations de Milton Friedman
Friedman et le gouvernement :
« Rien n’est plus durable qu’un programme gouvernementale temporaire »
« Ceux qui croient agir en fonction de l'intérêt général sont en réalité conduits à
favoriser des intérêts particuliers qui ne font pas partie de leurs intentions »
«I am a limited-government libertarian »
— au cours d'un discours en 1991.
« L'homme libre ne se demandera ni ce que son pays peut faire pour lui, ni ce qu'il
peut faire pour son pays »
— Capitalisme et liberté
« Les grandes avancées de la civilisation, que ce soit dans l'architecture ou dans la
peinture, la science ou la littérature, l'industrie ou l'agriculture, ne sont jamais nées
de l'intervention d'un gouvernement centralisé »
— Milton Friedman, Capitalisme et liberté
« L'existence d'un marché libre n'élimine évidemment pas le besoin de gouvernement.
Au contraire, le gouvernement est essentiel, à la fois comme forum pour déterminer
les « règles du jeu » et comme arbitre pour interpréter et faire respecter les règles qui
ont été adoptées »
— Milton Friedman, Capitalisme et liberté

Friedman et la monnaie :
« Rien n'est moins important que la monnaie… quand elle est bien gérée »
« L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle est et
qu’elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus
rapide que celle de la production »
— Milton Friedman, The Counter-Revolution in Monetary Theory

Friedman et l’impôt :
« Difficile de justifier un impôt progressif dont le seul but est de redistribuer les
revenus »

Les interviews de Friedman :
« La pire des inventions a sans doute été l'air conditionné. Avant l'air conditionné, les
hommes politiques passaient trois mois par an à Washington. Maintenant, ils y
restent douze mois ! »

Friedman et la politique :
« Une des grandes erreurs consiste à juger les politiques et les programmes à l’une
de leurs intentions plutôt qu’en fonction de leurs résultats »
IV.
Texte sur l’intervention de l’Etat dans la société
« Les deux idées de liberté humaine et de liberté économique collaborant ont
accompli leur plus grande réalisation aux États-Unis. Ces idées sont toujours
beaucoup avec nous. Nous en sommes tous imprégnés. Elles sont une part de
de l'étoffe dont nous sommes faits. Mais nous nous sommes égarés d'elles.
Nous avons oublié la vérité fondamentale que la plus grande menace pour la
liberté humaine est la concentration du pouvoir, que ce soit dans les mains du
gouvernement ou de n'importe qui d'autre. Nous nous sommes persuadés qu'il
est bon d'octroyer du pouvoir, pourvu que ce soit pour défendre de bonnes
intentions. Heureusement, nous nous réveillons. Nous reconnaissons à
nouveau les dangers d'une société surgouvernée, comprenant que de bonnes
fins peuvent être perverties par de mauvais moyens, que la confiance en la
liberté des gens à contrôler leurs propres vies en accord avec leurs propres
valeurs est le plus sûr moyen d'accomplir le plein potentiel d'une grande
société »
— Milton Friedman, Free To Choose
V.
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Sujets possibles
Expliquer le rôle de l’Etat à partir des travaux de Milton Friedman (Spécialité ;
épreuve composée)
Quels sont les effets de l’intervention de l’Etat sur le marché ? (Tronc commun,
dissertation)
D’après le texte ci-dessus et grâce à vos connaissances personnelles, montrer les
effets de l’intervention de l’Etat sur le marché (Spécialité, épreuve composée)
Débattre l’importance de la monnaie grâce aux idées de Friedman (tronc commun)
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