La fonction de consommation (macroéconomie)

publicité
La fonction de consommation (macroéconomie)
On distingue 4 grandes fonctions économiques : l’investissement, la répartition, la
consommation et la production. Les deux premières garantissent des équilibres et les deux
autres sont à la source de l’échange.
La consommation dépend de la demande : acquisition de biens et de services marchands ou
non marchands pour satisfaire les besoins. On s’intéressera donc ici à la consommation finale
(pour la satisfaction directe des besoins individuels ou collectifs) par opposition à la
consommation intermédiaire (liée au processus de production et aux activités de l’entreprise).
L’importance de l’acte de consommer donne lieu à la fois à des analyses micro et
macroéconomiques. L’approche microéconomique est surtout symbolisée par la théorie
néoclassique du consommateur (ensemble d’analyses micro qui permettent de déterminer la
demande d’un bien à partir du comportement d’optimisation et de sa satisfaction sous
contrainte de revenu ou équilibre du consommateur).
Depuis les travaux de Keynes, la consommation fait l’objet d’une analyse macroéconomique.
Il montre que la consommation est le moteur de la croissance, ce que conteste Friedman dans
les années 70. En quoi la consommation permet-elle d’agir sur la conjoncture ?
1. La théorie keynésienne et son influence
1857 : Engel montre que la structure de la consommation dépend du revenu national.
1936 : Keynes (Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie) montre que le
revenu global détermine le volume global de la consommation, d’où C = f(R)
La fonction de consommation est stable à court terme, le comportement des consommateurs
d’un pays dépend de conditions objectives liées au revenu et de conditions subjectives liées
aux besoins et aux habitudes. Par exemple, le niveau de revenu des agents impose un choix
entre consommation courante et achat de biens durables. Il établit ainsi la fonction de
consommation : Y = C + S d’où C = Y – S
Où Y est le revenu et S l’épargne. Les modifications de Y permettent de mesurer la
propension moyenne (C/Y) et la propension marginale (C/Y) à consommer. Keynes pose
également C = C0 + cR. La propension à consommer est d’autant plus forte que le revenu des
ménages est bas (un revenu supplémentaire sera tout de suite consommé, alors que pour les
plus aisés, une partie sera épargnée). Keynes préconise donc une hausse des salaires des
ménages les moins riches pour relancer la consommation et la croissance. Le rôle de l’État est
de mener une politique de relance.
Mais les hypothèses keynésiennes sont de court terme (« À long terme, nous sommes tous
morts ») et ne tiennent pas compte des variations du coût ou du progrès technique. D’où les
travaux de l’économiste américain Duesenberry : effet de cliquet (caractère irréversible de
l’évolution d’une variable) : même si le revenu d’un ménage décroît, ses habitudes de
consommation persistent. Le niveau de consommation présent est donc dépendant du niveau
des revenus perçus dans le passé. C = aR + b(R*-R) + C0.
Le groupe social d’appartenance détermine le volume et la nature de la consommation.
Cette thèse est approfondie par Brown en 1952 : comme l’a montré Keynes, les habitudes
jouent un rôle important : C = aRt + bCt-1 +C0
Le revenu est donc déterminant et la consommation détermine le niveau de la production et
donc la croissance économique.
2. La remise en cause de l’analyse keynésienne
Milton Friedman, né en 1912, a remis en cause les équations keynésiennes. Après avoir
dominé les Trente Glorieuses, le keynésianisme semble avoir atteint ses limites face à la crise.
Dans un contexte d’internationalisation croissante des économies, les politiques de relance
nationale butent sur la contrainte extérieure. La stagflation des années 70 a mis sur le devant
de la scène les thèses de Friedman.
Celui-ci introduit les notions de consommation et de revenu permanents. La consommation
dépend d’un revenu permanent, anticipé par les agents. Revenu permanent = revenu réel de
longue période qui oriente les décisions de consommation et d’épargne des agents
économiques. Contrairement à Keynes, Friedman pose que les variations à court terme du
revenu nominal ne modifient pas les comportements des ménages. Pour que cette
modification ait lieu, il faut que l’évolution du revenu réel soit considérée comme durable.
Les monétaristes sont donc opposés à toute manipulation de la demande à court terme. L’État
ne doit pas intervenir, cela aurait des effets pervers (inflation, que les monétaristes veulent
éviter à tout prix). Friedman ne conteste pas que dans un premier temps, une hausse des
revenus entraîne une hausse de la consommation et donc moins de chômage. Mais rapidement
les agents se rendent compte qu’ils ont été victimes d’une illusion monétaire et donc ne
consomment pas davantage : la politique de relance n’aura eu qu’un effet inflationniste. D’où
la formule : « on peut leurrer les agents un temps mais pas tout le temps ».
Cette analyse est reprise par les théoriciens de la nouvelle école classique (Lucas, Sergent,
Wallace). Théorie des anticipations rationnelles : l'agent est parfaitement informé et ne peut
jamais être leurré. La stabilité des dépenses de consommation s’explique par le décalage
temporel entre l’évolution des revenus et celle de la croissance, d’autant plus que l’individu
garde en mémoire le niveau de revenu passé (cf. travaux de F. Modigliani : la consommation
est fonction des ressources que l’agent peut anticiper sur toute sa vie et non du revenu présent,
les actifs épargnent pour dépenser quand leurs revenus baisseront.)
On ne peut pas agir sur la conjoncture par la consommation.
L’approche macroéconomique fait donc l’objet de débats internes entre monétaristes et
keynésiens. Alors que dans les années 60, les dirigeants des pays capitalistes étaient « tous
keynésiens », à partir des années 80, ils sont presque « tous monétaristes », en ce sens que la
désinflation compétitive est bel et bien devenue le credo principal de la politique économique
aujourd’hui. La réduction du déficit de l’Etat est devenue un objectif prioritaire et son
désengagement est largement préconisé.
Face à la persistance de la crise de nos jours, on peut s’interroger sur le type de politique à
mettre en œuvre : faut-il, maintenant que l’inflation est devenue très faible, mettre en place
une politique de relance par la consommation au niveau européen comme le prônent les
interventionnistes ?
Téléchargement