Consommation permanente et revenu permanent Durant les années 1950-60, période de triomphe du keynésianisme, la critique s’organise autour de Milton Friedman. Il redéfinit une fonction de consommation aux critères bouleversés par une nouvelle conception du temps. Problématique À travers la définition et la mise en relation de ces concepts, nous tenterons de montrer qu’ils constituent le point de départ de la critique des politiques keynésiennes et préfigurent la théorie du cycle de vie. 1. Au fondement de la contestation des thèses keynésiennes : le revenu permanent Revenu permanent : « Somme qu’un consommateur peut consommer […] en maintenant constant la valeur de son capital non humain et humain [(source des revenus du travail à percevoir dans l’avenir)] » Friedman, 1957. revenu dont l’agent peut disposer à chaque période de sa vie sans entraver son patrimoine. Il se définit comme un flux, un revenu de long terme obtenu par un calcul d’actualisation des agents économiques capables d’anticiper leurs revenus et leur évolution sur une assez longue période. Exemple : un agent qui dispose d’un travail salarié et d’un appartement est caractérisé par un revenu permanent composé de son salaire et du loyer perçu. (Y) = (Yp) + (Y) (Yp) = revenu permanent (Y) = revenu transitoire : peut être positif ou négatif Voilà qui permet d’expliquer la discordance long terme / court terme révélée par l’étude de Kuznets en 1946. La consommation d’aujourd’hui ne dépend pas seulement du revenu courant mais également des revenus perçus dans le passé - effet de cliquet pour Brown en 1952 : si les revenus baissent à un moment donné, les ménages ne diminuent pas pour autant leur niveau de consommation à court terme. Toujours à court terme, Friedman reconnaît que la volatilité de la composante peut élever la quantité de monnaie et avoir un effet de boom passager sur l’économie. Mais cet effet est fortement circonscrit : pas d’effet de long terme. 2. La consommation keynésienne permanente radicalise la critique anti- Selon Friedman, il existe une relation proportionnelle à long terme entre revenu permanent et consommation, formalisant ce que confusément la première partie laissait pressentir : C = c (Yp) Il va plus loin que Brown : la consommation courante observée se décompose comme pour le revenu courant entre une consommation permanente (Cp) et une consommation transitoire (C). Ainsi, la consommation permanente est fonction du revenu anticipé de long terme, le revenu permanent (Yp). - cela signifie que la consommation permanente est dans une relation stable avec le revenu permanent. La relation dépend d’un coefficient k(i) avec i le taux de préférence pour le présent de la collectivité (à gagner : un an de bain de boue avec Rika Zaraï pour qui trouve ce qu’est i) (ah la la). On retiendra que ce taux détermine le partage du revenu entre la consommation et l’épargne (S) - ATTENTION : il est indépendant du niveau du revenu et est stable dans le temps. Tout ça pour dire qu’à la différence de la fonction de consommation keynésienne, la fonction de Friedman n’établit pas une relation entre la consommation et le revenu observé (cette relation étant jugée instable) mais entre la consommation permanente et le revenu permanent. Relation définie comme stable. - le multiplicateur de dépenses gouvernementales est faible et/ou aléatoire puisque la proportion marginale à épargner ne dépend pas du revenu courant. - les politiques de relance budgétaires sont inopérantes. 3. La théorie du cycle de vie, conséquence des thèses ci-dessus En mettant l’accent sur le rôle joué par les variables patrimoniales, intégrées dans une nouvelle conception du temps, dans les choix de consommation, Friedman annonce la théorie de Modigliani : bref rappel : le taux d’épargne (S) d’une économie dépend de sa structure démographique, qui peut être complétée par la prise en compte des patrimoines hérités et légués par l’individu. D’où vient que la consommation pour Modigliani correspond à la valeur actualisée des revenus du travail augmentées des legs perçus. Il dépasse les anticipations rationnelles : le consommateur devient un visionnaire, alors qu’il avait vu clair pour la première fois grâce à Friedman. Pourtant, Modigliani se distingue de Friedman à la différence duquel il exclut les héritages puisque les retraités dépensent tout. La nouvelle conception du temps induite par Friedman derrière les deux concepts étudiés s’applique à sa théorie : critique pourfendant le keynésianisme puis à l’origine du renouvellement de la pensée économique avec la théorie du cycle de vie.