INTRODUCTION
Une première perspective conduit à
définir le marketing relationnel comme
« l’ensemble des activités marketing
destinées à établir, à développer et à
maintenir des relations d’échanges
fructueuses » (Morgan et Hunt, 1994). En
marketing relationnel dyadique l’accent
est mis sur les actions de personnalisation
et de traitement préférentiel des bons
clients, sur la participation du
consommateur au sur mesure (co-
production des produits et services). Par
contre, le marketing relationnel
communautaire peut conduire à ne pas
s’intéresser au membre individuel du club
de clientèle ou de l’association (Gruen,
O’Summers et Acito, 2000).
Une autre perspective du marketing
relationnel (Fournier, 1998) insiste sur
l’interprétation de la marque par le
consommateur, sur les significations
personnalisées produites, sur la qualité de
la relation qu’un consommateur construit
et développe avec la marque (co-
production de significations) et, parfois,
avec les autres consommateurs ou clients
dans des groupes plus ou moins
« psychologiques » (Merton, 1949) et
interactifs (Muniz et O’Guinn, 2001).
Les développements associés à ces deux
perspectives sont eux-mêmes fondés sur
quelques grands courants théoriques
ayant tendance à s’organiser autour de
deux pôles : l’échange et l’identité. Ces
deux aspects centraux sont présents, à des
degrés variables, dans les recherches
orientées marketing relationnel dyadique
ou marketing relationnel communautaire.
En accordant une place centrale à
l’identification du consommateur à la
marque et à l’identité sociale de clientèle,
ce papier situe la relation consommateur-
marque à l’intersection des orientations
dyadique et communautaire ainsi que du
courant de l’échange et de celui de
l’identité.
L’importance de l’identification est de
plus en plus reconnue mais les définitions
de l’identification à la marque sont
variées. L’analyse de la littérature montre
en particulier qu’elle est différente de la
notion de congruence marque-concept de
soi (Sirgy, 1982). Cette analyse fait aussi
ressortir l’importance d’une approche
« multi-cibles » de l’identification à la
marque, approche qui se différencie du
marketing relationnel multi-niveaux
(Reynolds et Arnold, 2000 ; Crosby et
Stephens, 1987) par la prise en compte des
cibles d’identification externes à
l’entreprise (groupes de consommateurs
ou de clients construits par l’individu).
Elle permet aussi de distinguer quelques
grandes familles de sources
d’identification : similarité, distinctivité
sociale, catégorisation sociale et
interactions. Les valeurs de l’individu,
celles de la marque et la congruence de ces
valeurs constituent des bases importantes
de similarité. La catégorisation sociale
montre l’intérêt d’améliorer la
conceptualisation d’une identification
particulière : l’identification sociale de
clientèle. Les « interactions d’échange » et
les « interactions de consommation »
constituent aussi l’une des grandes
sources d’identification. Par ailleurs, une
forte identification à la marque ou une
forte identification sociale de clientèle sont
susceptibles d’entraîner des phénomènes
de renforcement de certains de ces
antécédents (récursivité) et des biais
d’appréciation des interactions.
En partant d’une vision hybride du
marketing relationnel qui positionne la
relation entre le consommateur et la
marque à l’intersection du courant
théorique de l’échange et de la relation
d’échange, du courant de l’identité et de
l’identification sociale, du marketing
relationnel dyadique et du marketing
relationnel communautaire (Figure 1), ce
papier accorde une place centrale à