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La forte création d’emplois et la croissance rapide du PIB réel au cours du
1er semestre de 2002 pourrait faire croire que le Canada s’est affranchi de la
conjoncture économique américaine. La politique monétaire serait-elle également
devenue indépendante de celle des États-Unis à la suite d’une augmentation de
75 points de base du taux directeur de la Banque du Canada depuis le début de
l’année 2002, sans changement de la part de la Réserve fédérale américaine ?
Cette conclusion est bien prématurée, car le taux de croissance annuel moyen de
3,7 % du PIB réel canadien du 1er trimestre de 1998 au 2e trimestre de 2002
comparativement à 2,7 % aux États-Unis traduit essentiellement un rattrapage de
la part de notre économie. En effet, du creux cyclique du 1er trimestre de 1991 à la
fin de 1996, le taux de croissance annuel moyen du PIB réel canadien n’a été que
de 2,5 % comparativement à 3,2 % pour les États-Unis.
Récolter le dividende de l’assainissement des finances
publiques
Au milieu des années 90, les sacrifices nécessaires à l’assainissement des
finances publiques ont fortement ralenti le taux de croissance de la demande
finale parce que les dépenses gouvernementales réelles ont diminué de 4,6 % du
3e trimestre de 1994 au 2e trimestre de 1997. Par ailleurs, la contribution du
secteur extérieur qui nous avait beaucoup aidé à sortir de la récession de 1990-
1991 est aussi devenue négative au cours de la même période. Il ne restait plus
que les consommateurs pour prendre la relève. Ces derniers n’en avaient pas les
moyens parce que la croissance du revenu personnel disponible était miné par
l’augmentation du fardeau fiscal. Du 3e trimestre de 1994 au 2e trimestre de 1997,
ce sont les recettes fiscales des administrations publiques qui ont augmenté de
16 %, soit deux fois plus que le revenu personnel disponible. Les mesures
d’assainissement des finances publiques ont donc été un frein puissant à
l’expansion de la demande finale au cours de cette période.
Depuis 1998, la situation économique du Canada s’est grandement
améliorée et les Canadiens récoltent finalement les bénéfices de l’élimination des
déséquilibres macroéconomiques (déficit budgétaire, déficit de la balance
courante, inflation) qui ont longtemps miné sa performance. Premièrement, le
fardeau fiscal s’allège un peu puisqu’au cours des deux dernières années se
terminant au 2e trimestre de 2002, les revenus des administrations publiques ont
grossi de 2,5 % comparativement à 9,1 % pour le revenu personnel disponible.
Deuxièmement, les dépenses gouvernementales réelles contribuent également à
l’expansion de la demande finale avec un accroissement de 7,2 %
comparativement à 4,8 % pour le PIB réel. Il faut toutefois espérer que ce
phénomène soit temporaire, parce qu’une reprise de l’ampleur du secteur public
nous ramènerait rapidement aux déséquilibres macroéconomiques du passé.
Troisièmement, la création d’emplois et l’augmentation du revenu personnel
disponible permettent aux consommateurs canadiens d’accroître leurs dépenses