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Coup fatal faisant basculer la confiance des consommateurs
Le ralentissement économique américain était déjà amorcé depuis le
2e trimestre de 2000, suite à l’implosion de la bulle spéculative du secteur de la
haute technologie et de l’effondrement des dépenses d’investissement des
entreprises en équipement de haute technologie. La réaction des entreprises a été
brutale, lorsqu’elles ont réalisé qu’elles étaient aux prises avec un excédent de
capacité et que leurs investissements dépassaient largement les taux de rendement
anticipés. Les entreprises américaines ont réagi à l’effondrement des profits en
reportant leurs projets d’investissement et en réduisant leur force de travail. Les
pertes d’emplois du secteur manufacturier ont atteint 1 million de travailleurs de
juillet 2000 à août 2001. Au cours de la même période, la création d’emplois dans
le secteur des services avait plus que compensé les mises à pied du secteur
manufacturier. Ce ne sera plus le cas au 2e semestre de 2001, car la pression sur
les profits est devenue si forte que les entreprises n’ont pas d’autre choix que
d’alléger leur force de travail. Par ailleurs, l’attaque du 11 septembre 2001 a porté
un coup fatal à la confiance des consommateurs américains. Le retrait de ces
derniers causé par la perte de confiance, les mises à pied et l’effondrement de la
bourse, ne feront qu’accélérer l’entrée de l’économie en récession. Ce n’est que
lorsque l’incertitude sera dissipée, en ce qui concerne les résultats éventuels de la
lutte contre le terrorisme, que le retour de la confiance permettra d’abord une
reprise de la bourse et, quelque mois plus tard, de l’activité économique.
À quand la reprise ?
L’économie américaine connaîtra donc au moins deux trimestres
consécutifs de contraction du PIB réel à cause des réactions décrites ci-dessus
mais aussi en raison des pertes sèches subies par le secteur des transports, du
tourisme et des assurances au 3e trimestre de 2001. Avant l’attaque terroriste, la
Réserve fédérale avait déjà réagi à la récession du secteur industriel en abaissant
le taux d’intérêt des fonds fédéraux de 300 points de base. Ce taux d’intervention
qui était passé de 6,5 % à 3 % le 17 septembre 2001 tombera maintenant à 2 % au
cours des prochains mois afin de soutenir la demande finale et rétablir la
confiance des investisseurs à travers le monde. Le puissant choc déflationniste
que vient de subir l’économie mondiale nécessite une diminution coordonnée des
taux d’intérêt de la part des banques centrales des pays industrialisés. C’est
d’ailleurs le scénario qui se déroule présentement puisque le ralentissement de
l’économie mondiale déjà en cours avant le choc du 11 septembre 2001, exerçait
d’énormes pressions à la baisse sur les prix des matières premières autres que
l’énergie. Le graphique 2 confirme la relation très étroite qui existe entre le taux
de croissance de la production industrielle des pays du G7 et l’indice CRB des
prix des matières premières brutes. Il est donc tout à fait normal que les banques
centrales inondent le marché de liquidités pour éviter la déflation mondiale et
redonner ainsi confiance aux investisseurs. Elles auront tout le loisir de changer
leur fusil d’épaule lorsque la reprise de l’économie mondiale sera amorcée. Par