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En bout de ligne, les autorités monétaires se sont retrouvées avec un
ralentissement plus fort qu’anticipé, car il a été amplifié par des événements
indépendants de leur volonté, principalement la hausse du prix de l’énergie. Cette
dernière agit comme une taxe sur le revenu des consommateurs. L’augmentation
du prix relatif de l’énergie entraîne le report des décisions d’achat d’un véhicule
neuf, ce qui accentue la diminution de la demande finale de biens et services. Par
ailleurs. les consommateurs américains qui ont accru leurs dépenses de
consommation plus rapidement que leur revenu disponible pendant qu’ils
jouissaient des rendements faramineux de la bourse américaine doivent
maintenant mettre de l’ordre dans leur finances personnelles en réduisant leur
train de vie. Finalement, on constate, avec le recul, que la baisse du coût du
capital créé par l’appréciation démesurée du prix des actions des entreprises de
hautes technologies a permis à ces entreprises d’investir bien au-delà d’une
expansion rationnelle et rentable.
Le ralentissement subit de la croissance du PIB réel américain au taux
trimestriel en base annuel à 2,2 % au 3e trimestre de 2000 se poursuivra au cours
du 1er semestre de 2001 avec un recul particulièrement important de la production
industrielle qui représente près de 21 % du PIB réel des États-Unis. Cela ne sera
toutefois pas suffisant pour qualifier le ralentissement économique de 2001 de
récession. Grâce à l’absence de pressions inflationnistes indues - le taux
d’inflation sans la nourriture et l’énergie s’élevait à 2,6 % en décembre 2000 - la
Réserve fédérale américaine peut baisser le taux d’intérêt à court terme et préparer
le terrain pour une reprise de l’activité économique au 2e semestre de 2001, mais
surtout en 2002. Nous prévoyons une baisse additionnelle de 100 points de base
en plus des 75 points déjà enregistrés depuis le début de 2001.
Le Canada s’en tire mieux que les États-Unis
Il est bien évident que les entreprises canadiennes qui produisent surtout
pour le marché américain seront frappées par la contraction de la production
industrielle des États-Unis, principalement dans le secteur automobile. Mais
plusieurs facteurs soutiendront suffisamment la demande intérieure pour que le
PIB réel canadien progresse tout de même à près de 3 % en 2001.
Premièrement, les consommateurs canadiens bénéficient des baisses
d’impôts annoncées l’an dernier et leurs finances personnelles sont moins fragiles
que celles de leurs collègues américains. Le taux de croissance annuel moyen des
dépenses de consommation réelles des trois dernières années n’a été que de 0,6 %
plus élevé que celui du revenu personnel disponible réel comparativement à un
excédent de 1,5 % pour les consommateurs américains. Ces derniers sont donc
sujets à un plus grand ajustement à la baisse de leurs dépenses de consommation
que les Canadiens puisque le taux d’épargne des Américains était –0,8 % en
novembre 2000 comparativement à un taux d’épargne relativement faible de
2,3 % pour les Canadiens.