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Dans ce contexte, les universités sont bien sûr un élément incontournable de
l’économie de la connaissance. Non seulement elles sont responsables de la
production de ressources humaines hautement qualifiées, mais elles génèrent
également les nouvelles connaissances scientifiques qui seront les innovations de
demain.
On peut s’interroger, toutefois, sur le modèle sur lequel l’université du 21ème siècle
devra fonctionner. Étant donné le rythme élevé du progrès scientifique et technique
et la mobilité accrue des ressources humaines scientifiques, l’université du futur se
devrait peut-être de se spécialiser dans une série limitée de domaines scientifiques,
et de concentrer ainsi ses compétences afin d’avoir davantage d’impact sur le
monde scientifique et la société au sens large.
Une analyse des domaines de publications et de la qualité scientifique semble
indiquer l’émergence de deux types de stratégies parmi les universités
européennes. D’une part, certaines grandes universités cherchent à établir une
solide présence dans la quasi totalité des disciplines scientifiques, avec une
production très importante de publications et de bonnes performances en matière
d’impact. D’autres universités optent par contre pour une stratégie de spécialisation
beaucoup plus poussée et sont très actives dans un nombre limité de domaines.
Elles ont un nombre plus restreint de publications mais ont souvent d’excellents
impacts (nettement supérieurs à la moyenne mondiale).
La connaissance de ces phénomènes de spécialisation est d’une grande
importance pour la gestion de l’’Espace Européen de la Recherche’, car elle
permettra d’y développer des synergies beaucoup plus efficaces entre universités
et pays en matière de recherche scientifique. Les programmes européens de
financement de la recherche sont conçus pour mieux tenir compte des besoins des
meilleures universités et centres de recherche.
En prolongement de l’excellence scientifique, il reste bien sûr crucial que le tissu
industriel exploite au maximum les nouvelles connaissances et les transforme en
innovations susceptibles de générer croissance économique et nouveaux emplois.
Dans ce contexte, il est important de bien se positionner en ce qui concerne
l’exploitation commerciale de nouvelles technologies. L’Europe accuse par exemple
un retard dans les technologies de l’information et la communication (TIC), ce qui
se reflète d’ailleurs très clairement dans la dégradation de notre balance
commerciale en produits à haute technologie. Les investissements dans la
recherche et les nouvelles technologies sont rentables par le biais du solde
commercial. Il ne faut donc pas que nous nous fassions distancier dans d’autres
domaines technologiques clés, tels que les biotechnologies ou les
nanotechnologies. Dans ces deux domaines, l’Union européenne dénote, en
comparaison des concurrents principaux, de bonnes performances scientifiques.
Les pays européens, toutefois, n’ont pas encore réussi à profiter pleinement de ces
performances et à les traduire par une position forte sur les marchés. Ceci est
surtout le cas en ce qui concerne la biotechnologie. Le transparent projeté ici
compare les performances de l’Union européenne avec les États-Unis en matière
de publications scientifiques et de brevets pour les biotechnologies et les
nanotechnologies. Il montre que la situation est relativement que favorable aux
pays européens dans le chef des nanotechnologies qu’en biotechnologie.
L’importance de ces nouvelles technologies va bien sûr bien loin au-delà des
aspects purement scientifiques ou techniques. Ces secteurs représentent un
potentiel économique énorme car ils entraînent dans leur sillage de nombreux
autres pans de l’économie: la biotechnologie crée de nouvelles applications dans
l’agriculture, le secteur pharmaceutique et médical, les nanotechnologies interfèrent
profondément avec l’industrie informatique, … Ces secteurs sont générateurs de
croissance économique et emploi.