Thème 3 : Instabilité financière et régulation. Question 1 : Qu`est

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Thème 3 : Instabilité financière et régulation.
Question 1 : Qu’est-ce que la globalisation financière ?
Objectifs pédagogiques :
L’objectif du programme est clair : présenter d’une part le mouvement de globalisation financière par
l’intermédiaire du désormais classique « triple D » d’Henri Bourguignat (déréglementation, décloisonne-
ment, désintermédiation) ; montrer d’autre part le résultat de cette mondialisation à travers les divers com-
partiments de cette finance globalisée (marché des changes, des actions, etc.) et les outils qu’elle a forgés
(titrisation, produits dérivés, etc.).
Il faut éviter la simple description (le marché des changes ; le marché des actions, etc.). C’est pour-
quoi il est nécessaire de rappeler les acquis de première pour rappeler les fonctions et donc l’utilité d’un sys-
tème financier. L’objectif est de montrer que la globalisation financière est à la fois la condition d’un sys-
tème financier plus efficace, plus transparent, permettant une meilleure gestion et répartition des risques,
favorisant l’investissement (et donc la croissance), mais aussi un processus peu contrôlé, mal régulé et po-
tentiellement dangereux. On débouchera alors naturellement sur la question suivante consacré à la crise fi-
nancière, ses causes et ses conséquences.
Ce chapitre permet donc de se familiariser avec la globalisation financière, avec les marchés finan-
ciers, de présenter les étapes mais aussi les outils de la mondialisation de la finance, car ce sont eux qui ont
conduit à la crise majeure de 2007-2008.
Plan.
I. Le fonctionnement des principaux marchés financiers.
A. Le marché des taux d’intérêt.
B. Le marché des actions.
C. Le marché des changes.
D. Les marchés au comptant et les marchés à terme.
E. Les marchés dérivés.
II. Les intervenants sur les marchés financiers.
A. Les entreprises.
B. Les banques.
C. Les investisseurs institutionnels.
D. Les Etats.
E. Les agences de notation.
III. Interdépendance des différents marchés et réaction à la diffusion d'informations.
A. L’interdépendance des marchés.
B. La mondialisation des marchés financiers.
C. Le rôle de l’information dans les opérations financières.
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I. Le fonctionnement des principaux marchés financiers.
Au sens large, les « marchés financiers » renvoient à l’ensemble des marchés des capitaux, auquel il
est nécessaire d’ajouter le marché des changes. Dans un sens plus étroit, les « marchés financiers » corres-
pondent aux marchés des capitaux à long terme.
Les marchés des capitaux permettent le financement de l’économie en organisant la rencontre directe
(cf. désintermédiation financière) entre les agents ayant une capacité de financement (offre de capitaux) et
ceux ayant un besoin de financement (demande de capitaux). Désormais, les échanges de titres se réalisent à
l’échelle mondiale, ce qui rend nécessaire une circulation des devises, c'est-à-dire de monnaies étrangères,
qui elles, s’échangent sur le marché des changes.
On peut donc distinguer différents compartiments du marché des capitaux.
A. Le marché des taux d’intérêt.
Ce marché est lui-même divisé en de nombreux segments. On distinguera principalement le mar-
ché monétaire et le marché obligataire.
1. Le marché monétaire.
Ce marché rassemble les transactions à court terme (échanges de titres limités à 24 heures) et moyen
terme (jusqu’à une échéance de 7 ans)
Dans son sens économique, le marché monétaire désigne le marché sur lequel sont cotés des taux
d'intérêt à court terme (moins d'un an). Il est lui-même subdivisé en deux compartiments :
a. le marché interbancaire.
Le marché monétaire interbancaire sur lequel les banques se prêtent et s'empruntent entre elles des
liquidités sous forme de monnaie Banque centrale. Lorsque la Banque centrale apporte des liquidités sur le
marché monétaire, ce dernier est dit "ouvert" (open market). Il permet donc aux banques qui ont un besoin
de liquidités (par exemple, pour faire face aux retraits de billets de ses clients ou de demandes de paiement
des autres banques lorsqu’elles reçoivent des chèques) d’emprunter auprès de celles qui ont un excédent.
b. Le marché des titres de créances négociables.
Les titres de créances négociables sont une source de financement à court et à moyen terme pour les
entreprises industrielles et commerciales, l’Etat et les banques. L’essentiel de l’intermédiation sur ce marché
de gré à gré est le fait des banques.
Il en existe plusieurs grandes catégories de titres de créances négociables :
- les Certificats de dépôt sont émis par les Établissements de crédit, résidents ou non résidents, la
Caisse des Dépôts et Consignations et les autres institutions financières spécialisées.
- les billets de trésorerie sont émis par les entreprises résidentes et non résidentes autres que les éta-
blissements de crédit, les entreprises d'investissement.
les Bons du Trésor négociables sont émis par l’Etat. Sur une même maturité (échéance de remboursement
d’un emprunt), 6 mois par exemple, le taux des Bons du Trésor est généralement le plus bas, le niveau des
autres taux étant déterminé par le risque associé à l'émetteur. Sur une même maturité, l'écart entre le taux
d'un émetteur privé et un Bon du Trésor est appelé "spread de crédit" ; le terme est également utilisé pour
désigner l’écart de taux entre des titres émis par des gouvernements différents.
- les Bons à moyen terme négociables (BMTN) : tous les émetteurs pouvant émettre des certificats de
dépôt ou des billets de trésorerie peuvent émettre des Bons à moyen terme négociables.
Les caractéristiques communes des titres de créances négociables sont le montant unitaire élevé (150 000
euros), une échéance fixe, et la qualité des émetteurs (l'Etat, les établissements de crédit, les sociétés finan-
cières agréées, les entreprises industrielles et commerciales publiques ou privées susceptibles de faire publi-
quement appel à l'épargne). Les titres de créances négociables peuvent être émis en EURO ou en devises
étrangères. Le marché de l'émission, comme le marché secondaire également, repose sur l'intermédiation des
banques.
Il n'existe pas de marché organisé ou de marché boursier pour les titres de créances négociables.
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2. Le marché obligataire.
Le marché obligataire est le compartiment à long terme du marché des taux d'intérêt. Une obligation
est un titre de financement (titre de créance) à long terme (maturité à l'émission supérieure à 7 ans), dont la
rémunération versée à l'acheteur est appelée "coupon" et s'exprime sous la forme d'un taux d'intérêt. Une
obligation 10 ans de valeur nominale 100 euros et taux d'intérêt 5 % verse chaque année à son détenteur un
coupon de 5 euros.
De nombreuses formes d'obligations existent, dont les obligations indexées sur l'inflation, souvent
émises par les États, offrant aux investisseurs un taux d'intérêt plus bas en contrepartie d'une indexation sur
l'inflation du capital remboursé à l'échéance.
Les formes hybrides d’obligations sont des titres qui ont des caractéristiques s’inspirant à la fois des
actions et des obligations. Ils permettent la conversion d’une forme d’actif financier en une autre.
Les obligations convertibles sont des titres de créance qui peuvent être échangés contre des actions.
Elles sont généralement proposées à taux fixe et leur conversion ne peut se faire que sur une période spéci-
fiée.
Les obligations remboursables en actions sont restituées aux détenteurs sous forme de capitaux
propres, lorsqu’elles arrivent à échéance.
Le certificat d’investissement se caractérise par le fait que son porteur ne dispose que de droits limi-
tés, à son titre d’actionnaires. Il lui permet seulement de percevoir des dividendes.
B. Les marchés des actions.
Le marché des actions est divisé en un marché primaire, sur lequel les entreprises émettent les titres,
et un marché secondaire, sur lequel les titres émis sont échangés. Une action est un titre de propriété émis
par des entreprises (sous forme de sociétés anonymes), dont la rémunération est appelée dividende. L'émis-
sion d'actions contribue au financement à long terme de l'entreprise, en complément de l'émission d'obliga-
tions ou de l'endettement bancaire.
Les actions sont introduites sur différents marchés et notamment, depuis 2005, sur le marché de
l’Eurolist :
Toutes les sociétés, quelque soit leur taille, font partie du même marché : Eurolist.
Cette liste unique rassemble l'ensemble des valeurs cotées à la Bourse de Paris. Ces dernières,
qu'elles soient des multinationales ou des sociétés familiales bénéficient d'un cadre réglementaire homogène:
mêmes obligations de publication des résultats ou d'introduction sur le marché notamment.
Toutefois, pour distinguer ces différentes entreprises au sein d'Eurolist, Euronext a mis en place un
critère d'identification suivant la capitalisation des sociétés. La capitalisation étant la « taille boursière »
d'une société.
Ainsi, on trouve trois groupes : A, B et C.
- les blue chips (valeurs supérieures à 1 milliard d'euros) appartiennent à Eurolist A.
- les valeurs moyennes (entre 1 milliard et 150 millions d'euros) appartiennent à Eurolist B.
- les petites valeurs (capitalisation inférieure à 150 millions d'euros) appartiennent à Eurolist C.
A noter que cette liste unique ne contient que des valeurs françaises. On trouve en plus d'Eurolist,
deux sous groupes : l'un pour les sociétés de la zone euro, l'autre pour les sociétés internationales (hors de la
zone euro) et qui sont cotées à Paris.
C. le marché des changes.
Le marché des changes (Forex) est un marché sur lequel s'achètent et se vendent des devises. Le
cours des devises est coté en continu de manière électronique par des opérateurs professionnels dispersés
dans le monde entier, appelés cambistes et travaillant dans une salle des marchés bancaires, sur des montants
considérables (près de 4000 milliards de dollars s’échangent quotidiennement sur ce marché).
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Le taux de change exprime le prix d’une monnaie dans une autre et résulte de l’évolution des offres
et des demandes de devises les unes par rapport aux autres.
C'est donc un marché décentralisé, qui n'a pas de localisation "physique". Sur ce marché, il n’y a pas
de cotations centralisées (fixing) mais uniquement des cotations de gré à gré. Cela signifie que les opérateurs
exécutent leurs opérations de manière bilatérale, par téléphone ou réseaux informatiques. C’est un marché
peu réglementé et peu transparent.
Les entreprises utilisent le marché des changes, soit dans le cadre de leurs opérations d'exportation
ou d'importation, soit dans le cadre d'opérations financières (achat ou vente de titres étrangers...).
Ce marché est de moins en moins interbancaire. Les banques n’assurent plus que la moitié des tran-
sactions. Leur rôle d’intermédiation financière s’est réduit du fait des interventions plus importantes des
firmes multinationales et des investisseurs institutionnels (cf. partie II. : les intervenants)
D. les marchés au comptant et les marchés à terme.
La plupart des actifs financiers (devises, actions, contrats sur les matières premières, obligations,
etc.) sont cotés sur le marché comptant et sur le marché à terme.
Sur un marché comptant, la cotation est simultanée au transfert de propriété de l'actif. Les échanges
sont donc instantanés et s’effectuent au prix du jour.
Sur un marché à terme, se cotent des prix relatifs à des transactions différées dans le futur. Le rôle
originel des marchés à terme est de permettre aux agents économiques exposés à un risque de variation de
prix de se couvrir. Un fabricant de pates alimentaires peut par exemple souhaiter se couvrir contre la hausse
du blé dur en achetant à terme le volume dont il a besoin pour assurer sa production sur un horizon d'un an.
Un fabricant européen d'avions attendant le paiement dans 3 ans de 100 millions de dollars peut souhaiter les
vendre à terme pour se protéger contre la baisse de la devise américaine.
Sur le marché des swaps, l’opération est double :
Dans un swap de change, cette double opération (une au comptant et l’autre à terme) permet de se
procurer rapidement des devises, puis de les revendre à terme.
Dans un swap de taux, les deux parties contractent en même temps un prêt et un emprunt, pour un
même montant, pendant une même durée mais avec des taux d’intérêt différents. Les capitaux empruntés ou
prêtés ne sont pas échangés ; seuls les flux dus aux intérêts sont échangés. Le gain possible dû à la diffé-
rence de taux ouvre la voie aux comportements spéculatifs.
E. Les marchés dérivés.
Les marchés dérivés représentent un aspect essentiel de la globalisation financière. Elles ont permis
l’apparition de nouveaux produits financiers permettant aux opérateurs de se couvrir contre les variations de
changes pour des transactions commerciales ou contre d’autres types de fluctuations.
Sur ce marché, on y échange des contrats portant sur des actifs et non ces actifs eux-mêmes. Les
titres et autres biens qui constituent le support des produits dérivés sont appelés « sous-jacents » : titres de
dettes, actions, devises, marchandises, matières premières,…
On négocie donc des contrats à terme portant sur l’achat ou la vente, à un prix et à une date fixés,
d’une quantité déterminée d’actifs sous-jacents basés sur les marchés au comptant (actions, indices, matières
premières,…). Ainsi, par exemple, les dérivés sur devises varient du taux de change, les dérivées sur actions
en fonction de la cote des actions,…
Sur ce marché, on distingue donc trois catégories de produits dérivés/
- Les swaps qui sont des contrats d’échange entre deux contreparties portant sur un actif ou une dette.
- Les contrats à terme Futures ») de produits financiers, sur les devises, les taux d’intérêt, les in-
dices boursiers.
- Les options qui représentent des droits d’acheter ou de vendre une certaine quantité d’actifs finan-
ciers ou réels à un prix fixé à l’avance.
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La spéculation sur les marchés dérivés est encouragée par le mécanisme de l’effet de levier : une
mise de fonds initiale faible peut générer des gains potentiellement beaucoup plus importants que sur les
marchés au comptant.
Exemple : On peut détenir non pas une action Alcatel-Lucent mais une option d'achat Alcatel-Lucent
(type de produits dérivés), on n’a pas le droit au dividende, ni au droit de vote. Mais, il est par contre pos-
sible d'acheter à un cours déterminé pendant une période déterminée une action Alcatel. Ainsi au lieu d'im-
mobiliser une grande quantité de capitaux, on n’investit que peu de capitaux, ce qui conduit à un effet de
levier nettement supérieur.
II. Les intervenants sur les marchés financiers.
A. Les entreprises.
Dans le cas où les entreprises ont un besoin de financement, elles peuvent financer leurs investisse-
ments par autofinancement, par augmentation des capitaux propres, par emprunt auprès d’une banque mais
aussi, pour les grandes entreprises, par des émissions de titres (actions, obligations, billets de trésorerie).
Dans le cas où elles dégagent une capacité de financement, elles peuvent acheter des titres émis par
d’autres agents dans une logique de placement financier (logique financière) ou à prendre des participations
dans d’autres entreprises au domaine d’activité voisin ou complémentaire au sien (logique productive).
Les entreprises participent aussi au processus de globalisation financière. Leur financement est par
exemple devenu international et la gestion de leurs avoirs en devises, associés par exemple à un flux d'ex-
portations, obéit désormais à une logique d'anticipation sur l'évolution des cours de change.
B. Les banques.
Elles jouent un rôle important sur les marchés financiers notamment pour deux raisons essentielles :
- Elles exercent une activité d’intermédiation de marché. Elles fournissent des services
financiers aux entreprises et aux ménages qui souhaitent effectuer des opérations financières ;
- Elles se financent sur le marché des capitaux en émettant des titres, afin de couvrir leurs be-
soins de financement
Agissant pour leur propre compte ou celui de leurs clients, les banques sont des acteurs majeurs de la
globalisation. Elles ont le pouvoir, par un simple jeu d'écritures, de transférer instantanément des capitaux
d'un pays à un autre. Elles interviennent en tant que gestionnaire des fonds collectifs, le plus souvent à tra-
vers leurs filiales. Disposant pour certaines d'entre elles d'un portefeuille internationalement diversifié d'ac-
tifs financiers, elles jouent également un rôle déterminant dans la formation des équilibres de marché, sur
chacun des compartiments. A titre d'illustration, sur un encours de dette publique grecque de 350 milliards
d'euros en 2011, les banques détenaient à elles seules environ 150 milliards...
C. Les investisseurs institutionnels.
Les investisseurs institutionnels sont surnommés les « zinzins » et représentent l’ensemble des inter-
venants sur le marché financier qui recherchent une rentabilisation de leurs portefeuilles ou qui, dans cer-
tains cas, interviennent pour réguler le marché. Ces institutions sont diverses : les OPCVM (SICAV,FCP),
les compagnies d’assurance, la Caisse de dépôts et consignation (CDC), les caisses de retraite, les fonds de
pension (Pension Funds). Ils se distinguent d’autres fonds d’investissement comme les fonds spéculatifs
(Hedge Funds) et les fonds souverains (Sovereign Wealth Funds). On peut rappeler que les fonds sont des
structures de collecte d'épargne intervenant de manière significative sur les différents segments du marché
international des capitaux. A la fin de 2006, l’encours global de leurs actifs s’élevait à environ 62 000 mil-
liards de dollars.
1. Les fonds de pension.
Ce sont des organismes financiers qui gèrent l’épargne issue du système de retraite par capitalisation,
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