Théories Nécessité d`avoir des théories pour pouvoir comprendre

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Théories
Nécessité d’avoir des théories pour pouvoir comprendre un phénomène.
Au bout d’un moment, une théorie ne peut pas rencontrer en contradiction
avec les faits sinon c’est qu’elle ne va pas.
I. Les théories linguistiques
1) LAD et LT
Jusqu’aux années 1960, il n’y avait pas de véritable nécessité d’avoir de théories
pour le problème de l’acquisition du langage. Un certain nombre de linguistes
s’étaient pourtant déjà penchés sur la question.
Dans les années 1920-1930, Grégoire avait réalisé une description de l’acquisition
du langage de ses enfants, cependant ce n’était qu’une description certes bien
détaillée mais pas une explication.
Jakobson a fait une théorie du développement du langage enfantin : Langage
enfantin et aphasie (1941). Ce n’est plus une observation mais une étude de
l’acquisition du langage (partie phonologique) : comment se fait-il que tous les
enfants acquièrent les sons du langage de la même façon ?
Dans les années 1960, Chomsky propose un modèle total du système linguistique :
la grammaire générative, et pour justifier ce modèle, il a besoin d’une théorie de
l’acquisition.
C’est à ce moment qu’on va passer à la LAD : « Language Acquisition Device »
(Device de l’acquisition linguistique) (device = tout ce qui permet de passer d’un
état à un autre). Chomsky postule qu’on a dans la tête un dispositif d’acquisition
du langage, théorie valable pour toutes les langues (mêmes outils, mêmes
descripteurs, mêmes concepts).
Dans le LAD, deux phénomènes :
des universaux formels (éléments qui s’appliquent à toutes les langues).
Ex : toutes les langues s’expriment en expirant ; toutes les langues utilisent des
voyelles et des consonnes
Les universaux formels sont des systèmes de règles qui vont réguler le
système.
des universaux substantiels (indiquent les catégories qu’on a besoin
d’employer dans la langue ou on est). Il y a trois catégories :
- les éléments stabilisés les noms
- les éléments non stabilisés les verbes
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- les éléments non stabilisés mais stabilisés sur les noms les
adjectifs
Pour Chomsky, c’est spécifique au langage et c’est donc séparé des autres
compétences cognitives. Chomsky en fait un organe mental : c’est à dire que dans
le cerveau, c’est quelque chose d’autonome qui aurait un fonctionnement qui ne se
retrouverait pas ailleurs.
Cette théorie sera modifiée par la suite, car elle suppose trop de choses dans le
cerveau et pas assez du côté de l’input.
Il y a deux positions possibles :
l’enfant a acquis ce qu’il sait avant de naître, le milieu n’influe pas
( patrimoine génétique)
L’enfant acquiert ce qu’il sait grâce au milieu dans lequel il vit
( conditions sociales)
Il y a donc deux types d’explications : génétique ou sociale. Ces deux types
d’explications recoupent la politique : pour les gens de droite, c’est au niveau
génétique que tout se fait, alors que pour ceux de gauche, c’est au niveau social.
C’est un problème totalement politique pour lequel il n’y a pas de solution.
Chomsky a été attaqué sur le fait qu’il y a beaucoup trop d’inné dans sa théorie.
Pinker, en 1984 propose la LT : « Learnability theory ». Pour Pinker, Chomsky
donne trop d’importance à ce qu’il y a dans le cerveau. Pinker insiste sur les
représentations perceptibles de l’enfant et aussi sur la manière dont l’enfant
fait ses déductions, construit le sens du monde et notamment celui du contexte.
Ceci pose problème à Chomsky qui répond que le monde extérieur n’est que le
déclencheur de la capacité linguistique, qu’il ne la construit pas.
2) Théorie du « Bootstrapping »
Idée qu’on n’a pas besoin de tout le langage pour acquérir le langage.
Quelle est la petite quantité d’information dont on a besoin pour apprendre à
parler ?
La théorie de 1991 est actuellement la théorie dominante. Elle comprend :
la « syntactic bootstrapping » quelle est l’information syntaxique dont
on a besoin pour comprendre le langage ?
N1 V N1
Le verbe appelle un certain type de nom à sa gauche et à sa droite.
Ex : Léo mange / *La soupe mange
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la « semantic bootstrapping » toute forme a un sens d’autant moins
fixe qu’on l’emploie fréquemment. Idée que quand on parle aux enfants, on
utilise un vocabulaire simple mais comme ce sont des mots très courants,
ils ont plein de sens différents. Combien faudra-t-il de noms autour d’un
verbe très courant pour que l’enfant comprenne que le verbe a plusieurs
sens ?
la « prosodic bootstrapping » Idée qu’une partie de l’information que
nous transmettons est liée à la prosodie. Les enfants comprennent la
prosodie avant le langage.
Trois critiques contre la théorie du bootstrapping :
- cette théorie garde beaucoup trop d’innéisme
- tous les éléments ne sont pas résolus par le bootstrapping
- idée qu’une fois que la languette aurait fonctionné, tout viendrait ensuite
tout seul or ce n’est pas le cas.
II. Autres théories
1) Théories interactionnistes
Elles sont parties de deux types de réflexions :
la sociologie : on parle comme on entend parler autour de soi
la théorie des actes de langage, initiée dans les années 1960 par Austin,
et poursuivie par Searle à sa mort. Cette théorie met en évidence le fait
que dans les échanges que nous avons, beaucoup sont ritualisés. Austin
insiste sur le fait que le langage n’est pas uniquement utilisé pour faire
passer des informations mais pour maintenir les liens sociaux la plupart du
temps. Le langage est un mode de pratiques. On parlera de formats
d’échanges, de routines. Pour apprendre à parler aux enfants, on a besoin
de routines. Par exemple, la manière dont la mère attire l’attention de son
enfant. Les enfants apprennent à attraper le regard mais aussi à s’en
détacher, puis à le reprendre. Puis elle fait des petits jeux avec l’enfant
(avec des règles). Il y a l’idée qu’on apprend avec le langage et qu’on ne
peut donc pas s’en détacher. Ce processus de socialisation se montre par
l’apprentissage par les enfants d’un certain nombre de pratiques très
particulières :
- l’attention conjointe : regarder quelque chose avec quelqu’un. Au
début il faut lui montrer du doigt, puis du regard, puis enfin juste
lui dire sans lui montrer quoique ce soit.
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- la construction de scripts : jeux ritualisés auxquels les enfants sont
très attachés (le coucher, s’en aller de quelque part, …).
- les phénomènes d’adaptation : lorsqu’on s’adresse à un enfant, on
modifie sa voix, et les enfants apprennent très vite qu’on ne parle
pas de la même manière à tout le monde. L’enfant va donc apprendre
à contrôler la manière dont il parle.
Les être humains ont besoin de contacts avec d’autres personnes pour garder un
certain équilibre.
2) Théories cognitivistes
Est-ce que lorsque nous apprenons à parler, les capacités dont on a besoin pour
parler sont générales ou spécifiques au langage ?
Est-ce que les capacités linguistiques relèvent d’un module spécifique ou bien
est-ce qu’il y a des capacités cognitives générales dont un des modules serait la
langue.
Capacités linguistiques Capacités cognitives
module langue … … … reconnaissance
visuelle
Dans les capacités cognitives, certaines sont réductionnistes. Par exemple
l’emploi des prépositions spatiales (sur, sous, devant, derrière, etc.). Un enfant
ne peut pas acquérir ces prépositions s’il n’a pas d’abord une connaissance de
l’espace. Il y a donc l’idée qu’on ne peut pas acquérir une partie de la langue si on
n’a pas des capacités cognitives plus générales.
Capacité générale de l’esprit.
3) Théories neurologiques
Le cerveau est un produit solide qu’on a dans la tête et qui nous sert à réfléchir.
Depuis 1860 environ, on s’est interrogé sur la façon dont le cerveau fonctionne
et en particulier lorsqu’on parle. En 1861, Broca décrit le premier cas d’aphasie,
c'est-à-dire qu’une personne n’arrive plus à parler à cause de lésions au cerveau
mais elle comprend ce qu’on lui dit. Ceci conduit à des questions sur la manière
dont le langage se distribue. Aujourd’hui, l’imagerie magnétique permet de voir ce
qui se passe dans le cerveau. Pour vivre, il faut de l’oxygène, et pour l’amener
il y en a besoin (c'est-à-dire principalement au cerveau), les oxydes de fers
présents dans les globules rouges sont utilisés. En gros, le cerveau représente
2% du corps humain, mais il pompe 20% de l’oxygène du corps. On a donc en
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permanence dans le cerveau une très grande quantité d’oxydes de fer. On utilise
donc une propriété du fer : il est magnétisable. On injecte un produit nucléaire
dans le sang pour magnétiser le fer et une fois que c’est fait, on peut repérer
ses propriétés à distance. On a alors construit une enceinte à mettre autour de
la tête pour repérer le magnétisme. On utilise ensuite le fait qu’il y a différentes
zones dans le cerveau et que quand on mobilise une capacité particulière, plus
d’oxygène est nécessaire dans la zone considérée. Et donc on observe les zones
le magnétisme est en augmentation par rapport aux autres. IRM (Imagerie
Médicale par Résonance).
Cependant cette technique fonctionne très mal, car on a toujours des capacités
linguistiques qui sont présentes. On ne peut jamais enlever les zones du langage
des autres car on pense tout le temps et donc la zone du langage est tout le
temps sollicitée.
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