Fractures vertébrales
Les FV sont des événements fréquents (20 à 25% des femmes de plus de 50 ans ont au moins
une fracture vertébrale),2 prédictifs de la survenue de FO à d'autres sites, récidivants (20% par
an). En d'autres termes, en l'absence de traitement, une patiente sur cinq subit une autre FV
dans l'année qui suit une première FV. Classiquement les FV ostéoporotiques ont peu de
complications neurologiques car le mur postérieur du corps vertébral est respecté. Nombre de
FV, évalué entre 30 et 50%, sont cliniquement peu évidentes et évoquées sur une perte de la
hauteur par rapport à la taille maximale connue, sur l'installation d'une déformation
cyphotique ou révélées par des clichés radiographiques. Par ailleurs, la détection et la prise en
charge des FV, même en milieu hospitalier, sont souvent négligées.3 La classification la plus
utilisée pour leur analyse est l'évaluation semi-quantitative de Genant 4 (figure 1). Ces FV,
même sans clinique tapageuse, sont responsables de la réduction staturale, des déformations
rachidiennes, des rachialgies aiguës et/ou chroniques, de la diminution de la mobilité, de toute
une série de limitations fonctionnelles conduisant à un isolement progressif par diminution
des activités sociales souvent dans un contexte de syndrome dépressif.
Douleurs
Aiguës
Une FV peut se révéler sous la forme d'une rachialgie intense, de survenue brutale, à
l'occasion (mais pas toujours !) d'un effort physique. Si la topographie de la douleur est
lombaire, un lumbago banal sera volontiers évoqué et le diagnostic de FV restera méconnu en
l'absence de clichés radiographiques. Habituellement, l'hyperalgie persiste entre trois et vingt
jours.
Chroniques
Elles sont les conséquences des déformations des corps vertébraux qui perturbent la
congruence des facettes articulaires des apophyses épineuses et transverses accélérant les
processus dégénératifs et soumettent les muscles du voisinage à des contraintes positionnelles
générant douleurs et contractures.
Déformations
Les déformations liées à l'ostéoporose fracturaire se manifestent de façon prépondérante au
niveau du rachis. La survenue de FV répétées conduit d'une part à une réduction significative
de la taille et d'autre part à la déformation en cyphose c'est-à-dire «au dos rond» liée à la perte
de hauteur préférentielle de la partie antérieure du corps vertébral. En pratique clinique, des
FV «indolores» sont suspectées pour une réduction de taille de 3 cm ou plus par rapport à la
taille maximale connue. Néanmoins, des discopathies importantes et étagées ou une
déformation scoliotique ancienne peuvent aussi être en cause, ou associées ! La cyphose
dorsale s'accompagne d'un effacement de lordose lombaire et d'une inconfortable position
compensatrice de la tête rejetée en arrière occasionnant de fréquentes cervicalgies (tableau 1).
La réduction de hauteur du tronc liée aux FV s'arrête quand les dernières côtes arrivent au
contact du bassin à l'origine de contacts très douloureux. La réduction du volume thoracique
est à l'origine de syndrome respiratoire restrictif 5 avec fréquentes surinfections des bases,
siège d'une hypoventilation. De même les structures digestives, estomac ou intestins, sont
comprimées, obligeant à des prises alimentaires de petit volume sous peine de flatulences, de
reflux, de difficultés de digestion et de troubles du transit. Enfin, l'hypercyphose semble être
aussi un facteur favorisant la survenue de chute.6