pieds dans un village, un quartier, une maison d’Afrique Centrale, incompréhension
des parents devant des nouvelles qui viennent et varient au/de jour le/en jour).
- D’un investissement des lieux particuliers, par les familles qui s’installent au cœur de
l’espace dévolu au soin, traditionnellement le lieu des interactions entre patients et
soignants. Pourtant dans les deux cas de figures le patient apparait si spécial et unique
(qu’il s’agisse du grand prématuré ou du malade d’Ebola) que l’investissement de la
famille à son chevet est donc particulièrement important (même s’il faut souligner que
le phénomène est plus récent concernant Ebola). Dans le cas du service de
néonatologie, la chambre du tout petit enfant peut être organisée pour que les parents,
et particulièrement la mère, s’installent au chevet de son enfant autant qu’elle le
souhaite. Concernant les malades de FHVE, l’isolement à domicile induit, de fait, par
l’isolement de la maisonnée et la mise en quarantaine des membres de la famille, une
présence forte de l’entourage immédiat du malade. Dans un cas comme dans l’autre, le
soignant se trouve donc en contact très fréquent avec les proches du patient dès qu’un
acte de soin doit être effectué. Les interactions (questions, demandes, observations,
conseils, etc.) toutes aussi fréquentes, se situent au cœur des temporalités décrites ci-
avant. Par ailleurs, cette situation d’investissement des lieux par les proches est
également induite par un contexte particulier qui pousse à un partage des tâches entre
soignants et parents à effectuer auprès du patient.
- Enfin, on observe une dimension affective très forte dans ces espaces du soin, pour les
patients et leurs accompagnants, on l’imagine aisément, mais également pour les
soignants. L’intensité des éprouvés mobilisés par ces situations dans ces espaces est
témoignée par des éléments matériels et immatériels symboliquement très fort
attestant d’interactions profondes entre soignants et soignés pendant et après
l’évènement sanitaire. Il n’est pas anodin que chaque service de néonatologie dispose
d’un panneau de photos de quelques enfants qui sont passés dans le service et qui ont
été envoyées par les familles aux équipes pour les remercier d’avoir pris soins et sauvé
la vie de leurs nouveau-nés. Dans les villages qui ont connus des cas de FHVE, les
habitants et particulièrement les survivants et les familles des victimes se souviennent
très précisément des soignants qui se sont occupés d’eux et des lieux où leur parents
ont été malades, comme inversement les soignants étant intervenus sur ce type
d’épidémies se souviennent très exactement du nom des malades qu’ils ont rencontrés.
La gestion de l’urgence sanitaire et particulièrement si celle-ci aboutit souvent ou
régulièrement au décès et donc à des situations affectives intenses, notamment de
deuil, induit des pratiques soignantes tantôt compréhensives, tantôt défensives.
Bien que les espaces du soin apparaissent parfois dans les cas de ces deux terrains comme lieu
d’affrontement de culture, de dialogue impossible de temporalités opposées, il n’en reste pas
moins que l’espace ou se déroule l’expérience intense de la fin de vie ou de la survie apparait
au final et surtout comme lieu du partage intense.