Associations de patients Des nouveaux partenaires pour la santé Autrefois considérées comme des intruses, les associations de malades collaborent de plus en plus avec les soignants. Elles sont un levier important dans la recherche industrielle. L es associations de malades régies par la loi 1901 font appel à des bénévoles motivés pour lutter contre une maladie. Elles sont devenues une réalité sociologique dans l’hôpital d’aujourd’hui. Les associations contre le VIH ont été les plus offensives et tout le monde s’accorde à reconnaître qu’elles ont fait évoluer les mentalités dans la prise en charge des malades et la responsabilité personnelle de ces derniers. Soignants et associations Les soignants ont vite compris le poids d’une association de malades sur le politique, l’économique, via l’industrie pharmaceutique, et les médias, avec le succès non démenti du Téléthon par exemple. L’écoute des associations de patients est une belle opportunité pour mieux connaître les attentes et permettre la transparence de l’exercice professionnel. Il est évident qu’une association ne peut se substituer à un professionnel de santé ou intervenir dans une décision diagnostique et/ou thérapeutique. Il est important de savoir qu’un soignant ne peut apporter son concours à une association ayant des pratiques contraires à la santé publique et se doit d’alerter sur de telles pratiques. En apprenant à participer à la vie associative des malades, les soignants passeront à la codécision, à une meilleure gestion de la santé, à l’évolution des pratiques, et la qualité des soins n’en sera qu’améliorée. Des soignants s’engagent avec les associations dans la lutte contre certaines maladies, avec le soutien du monde industriel. Quelques règles sont à respecter 6 de la part de tous afin d’éviter les possibles manipulations des uns ou des autres. Associations et industrie Pour lutter contre les maladies, les malades et leur famille ont besoin d’en connaître l’origine, les meilleurs traitements existants et les meilleurs spécialistes. Lorsqu’elles obtiennent une reconnaissance du pouvoir médical, les associations participent activement aux actions de prévention, à l’information et l’éducation du malade, et peuvent agir sur les divers organismes de santé publique, sociaux ou d’assurances, etc. Le fait de faire appel au bénévolat fragilise certes la continuité des actions et du fonctionnement des associations, et c’est une raison des difficultés des relations avec les partenaires. « Les associations sont conscientes de leur fragilité mais elles prennent conscience également de leur force, de leur pouvoir, de leur représentativité », explique Bernard Tricot, consultant, auteur-éditeur de l’Annuaire des associations de santé*. Face à elles, l’industrie pharmaceutique a des orientations dictées par les lois de l’économie du marché, même si la recherche, de plus en plus complexe et coûteuse, va dans le sens de l’amélioration de la santé. Les contraintes (économiques mais Prochain numéro le 17 mai 2002 Professions Santé Infirmier Infirmière - No 36 - avril 2002 aussi législatives, réglementaires) étant ce qu’elles sont, les industriels ont besoin d’avoir un accès direct à la maladie et aux malades ainsi qu’à leur vécu. Ils savent s’appuyer sur les actions de lobbying des associations, sur leur liberté d’expression auprès des pouvoirs publics. Ces relations d’intérêts, peu semblables mais communs dans la finalité, ont pourtant des limites que les associations doivent connaître, de même que les soignants qui s’impliquent avec elles. La première règle est d’ordre financier. Une association ne doit en aucun cas être dépendante d’un ou de plusieurs laboratoires. « Si un industriel aide une association, cela ne doit pas être un achat déguisé d’influence, rappelle Bernard Tricot. Ce ne sont pas des outils marketing. Inversement, une association ne doit pas considérer les industriels comme des “vaches à lait” mais doit établir des relations gagnant/gagnant. » Sans le respect mutuel, ces liaisons peuvent être dangereuses. « Acceptation des différences, respect mutuel des compétences, vision claire du but final à atteindre (vaincre la maladie) sont les trois points fondamentaux permettant un travail commun fructueux », insiste encore Bernard Tricot. Les membres d’une association sont tenus au secret professionnel et doivent respecter l’intimité du patient. Un bon accord de partenariat doit toujours être discuté avant et fixé dans la durée. Les soignants qui s’engagent auprès des associations doivent le connaître afin d’éviter toute confusion. Il faut enfin rappeler que l’indépendance est le garant de la complète crédibilité de chacun. L.G. * Annuaire des associations : www.annuaire-assoc-sante.com