Au début des années 50, quelques auteurs (notamment Jérôme S. Bruner et George
Miller) commencent à prendre leur distance avec le béhaviorisme, qui règne alors
dans la psychologie américaine.
Miller tente de mettre à jour les « plans d’action » utilisés par le cerveau pour
résoudre des problèmes. Il s’intéresse à l’IA, car il pense y trouver des outils pour
formaliser ces plans d’action, qui sont à la pensée ce que le programme est à
l’ordinateur. On va essayer (Simon, Chomsky…et avant eux Piaget) de révéler les
stratégies mentales utilisées par des sujets face à un problème.
V – Noam Chomsky et la grammaire générative (GG) :
N. Chomsky part de l’existence d’une aptitude proprement humaine à produire le
langage et à construire des phrases, en associant des mots selon des règles de
grammaire. Cette aptitude, naturelle chez l’enfant, repose sur la maîtrise de quelques
règles de production universelles, c’est à dire communes à toutes les langues.
L’esprit de la GG est, au départ, proche de celui de l’IA : dans les deux cas, il s’agit
de retrouver des « programmes » fondamentaux, réductibles à quelques règles de
production, qui permettent de « générer » toutes sortes de productions mentales.
VI – Jerry Fodor et la théorie « symbolique » de l’esprit : le cognitivisme :
En 1975, Fodor (dans son livre « the Language of Thought ») présente un modèle de
la pensée qui s’inspire largement de l’analogie avec le fonctionnement de
l’ordinateur : la pensée est au cerveau ce que le logiciel informatique est à la
machine. Les opérations de l’esprit sont des opérations logico-mathématiques sur
des symboles. Penser, c’est manipuler des symboles. Le rôle des sciences
cognitives revient à élucider ce langage symbolique qui gouverne les productions
mentales.
En 1986, Fodor publie « la modularité de l’esprit » : le psychisme humain traite les
informations sous forme de modules spécialisés destinés chacun à un type particulier
d’opérations. Pour Fodor, un module est spécifique à une opération spécifique. Son
fonctionnement est autonome, rapide et donc inconscient. Il possède une localisation
neuronale précise. Les modules sont sous la coupe d’un système central chargé de
coordonner et de centraliser les informations traitées par les modules spécifiques.
Le modèle symbolique ou computo-représentationnel de Fodor, bien que contesté
(notamment par des philosophes comme John R. Searle) s’impose comme une
référence dominante. Le cognitif, c’est le traitement de l’information symbolique.
A la demande de la fondation Sloan, paraît en 1978 un premier rapport sur l’état des
sciences cognitives. Pour la première fois y apparaît le fameux hexagone des
disciplines concernées : philosophie, IA, psychologie, linguistique, neurosciences,
anthropologie.
Les sciences cognitives débarquent en France près de dix ans plus tard.
VII – Un modèle concurrent : le connexionnisme :