Conditions de l’investissement privé et de l’accès au crédit dans le secteur agricole I. Les organismes financiers au Cameroun Le système financier au Cameroun est composé d’une banque centrale (BEAC), des banques commerciales, des établissements financiers spécialisés, de la Caisse d’Epargne Postale, des Chèques postaux, des entreprises d’assurances, des établissements de la micro finance et du marché monétaire. En dehors de la Société Nationale d’Investissement (SNI) et du Crédit Foncier du Cameroun (CFC) qui demeurent en activité, d’autres établissements de promotion de l’épargne et/ou de financement des investissements à savoir la Banque Camerounaise de Développement (BCD), le Fonds de Développement Rural (FONADER) et le Fonds d’Aide et de Garantie des Crédits aux Petites et Moyennes Entreprises (FOGAPE) ont été liquidés. A la suite de la liquidation du FONADER en 1992 dont la vocation était celle d’une institution financière de développement, le gouvernement va créer le Crédit Agricole du Cameroun (CAC) dont la vocation d’une banque commerciale conduira cette structure à la liquidation en 1998. La grave crise financière qu’a connue le Cameroun en 1986/87 est à l’origine de la baisse des engagements du système bancaire. C'est en fait une inversion de tendance un peu brutale par rapport au passé où elles avaient au contraire trop prêté, et surtout sans effectuer de sélection ni de suivi des projets. Les agents ont réalisé que les banques avaient maquillé les bilans bancaires et avaient accumulé les créances fictives. Ainsi, les crédits ont chuté de pratiquement 50 % entre 1990 et 1991 et les dépôts à terme ont diminué de 33 % entre 1985 et 1987 et les dépôts à vue de 22 %. Pour éviter un effondrement de tout le système bancaire, un plan de restructuration a été mis en place en 1989. Grâce à ces réformes et au changement de Volum e des crédits à l’économ ie politique monétaire, les banques 1200000 sont liquides, 1000000 mais elles n'ont pas pour autant 800000 redevenues accordé plus plus de crédit à 600000 400000 l'économie. 200000 les réformes bancaires et monétaires, il faut 0 19 72 19 74 19 76 19 78 19 80 19 82 12 84 19 86 19 88 19 90 19 92 19 94 19 96 Depuis 1 souligner une atonie du crédit, les banques sont frileuses et s'engagent peu dans le financement de l'économie. Le taux de couverture des crédits par les dépôts atteignait 110 % en 1996 contre 89 % en 1985, avant le déclenchement de la crise. La dévaluation n'a pas eu les effets escomptés, les crédits à l'économie ont diminué de 27 % en terme réel entre de 1993 à 1994, et de 10% au cours de l'année suivante. Entre la fin de l'année 1995 et avril 1997, cette tendance ne s'est pas améliorée, et les crédits à l'économie ont diminué de 17 % (en nominal). De même, il faut noter une prédominance des crédits à court terme qui représente 85 % des crédits accordés. Par secteur d’activité, le commerce général de distribution et le commerce d’exportation absorbent plus de 40% des crédits à court terme. La production industrielle est le deuxième secteur qui enregistre des montants substantiels des financements des banques à court terme. Le secteur agricole vient en dernière position soit moins de 10% du volume des crédits à court terme. A long terme, le secteur industriel et celui des services (télécommunications) absorbent de près de la moitié des crédits. Cependant des disparités liées à la politique et aux conditions des crédits existent entre les différents groupes d’établissements financiers. Une analyse différentiée par type d’établissement financier va nous permettre i) de présenter la politique de crédit à l’agriculture, ii) de préciser les conditions des crédits à l’agriculture (constitution des dossiers, garanties à apporter, durée, taux, conditions particulières, etc), iii) d’analyser le volume total des prêts (encours des crédits) accordés dans le secteur agricole et iv) de recenser les catégories d’agriculteurs concernés. A) Les structures bancaires formelles Le secteur bancaire formel est composé des banques commerciales et des structures spécialisées de promotion de l’épargne et/ou de financement de l’investissement. La crise financière de 1986/87 a entraîné la fermeture de plusieurs banques commerciales dont le nombre est passé de 12 en 1986 à 8 à 1998. Depuis l’exercice 2000, on constate un regain d’activité dans ce secteur et l’entrée de nouvelles banques commerciales portant le nombre de banques commerciales à 10 et 11 établissements financiers en 2005. a. La politique de crédit Le développement d’une activité bancaire est conditionné par sa propre rentabilité qui édicte les conditions d’accès au crédit. Ainsi trois critères dictent l’accès au crédit 2 bancaire au Cameroun : il s’agit d’être titulaire d’un compte bancaire et de préférence d’un compte courant, solvable et en possession d’une garantie. Concernant la première condition, un montant minimum est exigé à l’ouverture d’un compte excluant ainsi une certaine catégorie d’agents économiques (paysans, les vendeurs à la sauvette, les micro entreprises et même les PME). Quant à la solvabilité du client, le banquier analyse la surface financière et l’existence d’un marché lorsqu’il s’agit d’une entreprise à travers ses bilans et des garanties proposées. La solvabilité des particuliers est appréhendée à travers l’importance de son salaire. D’autres facteurs à l’instar de la nature de l’opération, du plan de financement, de la durée de l’engagement sollicitée vont également influencés la décision du banquier. Les garanties requises par les banques sont classiques : il s’agit généralement de l’hypothèque, du nantissement du matériel et de la caution des principaux actionnaires. b. Les conditions des crédits à l’agriculture La nature des flux mobilisés dans la configuration actuelle du secteur bancaire relève plus de court terme. Ces crédits sont fragiles et ne permettent pas le financement de projets de long terme à l’instar des projets agricoles. Les banques commerciales n’étant pas des institutions spécialisées, elles ne disposent pas des conditions spécifiques d’octroi de crédits au secteur agricole. c. Analyse du volume total des prêts accordé au secteur agricole Le volume de l’offre de crédit au secteur agricole a été faible par rapport aux besoins du secteur. D’après l’Organisation Mondiale pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), chaque état doit consacrer 25% de son budget national à l’agriculture. Dans le cas du Cameroun, ce ratio correspond à un montant de 425 milliards de FCFA. Ce montant comparé aux dotations allouées au Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural est quatre fois plus élevé. Il apparaît un déficit de plus de 300 milliards de FCFA devant être complété par le secteur financier. Au cours de ces dernières années, l’offre bancaire dans le secteur n’a pas excédé 100 milliards de FCFA. Ce montant demeure en dessous du tiers du déficit de financement de 300 milliards de FCFA attendu dans ce secteur. Le tableau suivant présente l’offre bancaire dans le secteur agropastoral et halieutique. 3 Tableau ** : Evolution de l’offre bancaire dans le secteur agropastoral et halieutique Rubriques ; les montants 2001 2002 2003 2004 sont exprimés en Montant % par rapport au Montant % par rapport au Montant % par rapport au Montant % par rapport total général du total général du total général du au total général milliers de crédit crédit crédit du crédit franc CFA Production agricole - Production agricole non transformée - 1ère transformation de produits agricoles - Activités annexes de l’agriculture Produits de l’élevage 81664 6,6 88216 6,8 82374 5,8 81976 5,5 17266 1,4 21037 1,6 20139 1,4 15961 1,1 27351 2,2 28517 2,2 22610 1,6 25829 1,7 37048 3,0 38660 3,0 39625 2,8 40186 2,7 1116 0,09 1603 0,12 930 0,07 2118 0,14 Produits de la pêche 4209 0,34 4727 0,37 4853 0,34 4813 0,32 Total secteur 86990 7,06 94547 7,30 88166 6,23 88907 5,98 Source : BEAC Une comparaison entre l’offre de crédit dans le secteur agropastoral et halieutique et le volume total des crédits renseigne qu’en moyenne cette part n’a pas excédé 8% au cours de quatre dernières années. Cela témoigne du peu d’intérêt qu’accordent les opérateurs financiers à ce secteur. La nature des flux mobilisés dans la configuration actuelle du secteur bancaire, faite essentiellement de banques commerciales, relève plus de court terme. Le financement du secteur agropastoral et halieutique nécessite la mise en place d’un dispositif de mobilisation des crédits de long terme. Le développement de structures spécifiques de « fonds de garantie des crédits aux entreprises » devrait permettre à ce secteur de mobiliser des financements longs. B) Les organisations de micro-finance, les groupements d’opérateurs ou d’ONG, etc.) La libéralisation de la vie politique à travers la loi sur les associations en 1990 et la loi du 14 août 1992 portant création des sociétés coopératives d’épargne et de crédit (Coopec) et des groupements d’intérêt économique (GiC) au Cameroun ont donné un surcroît de légalité de légitimité et de dynamisme au développement des groupements d’opérateurs et des ONG. D’autres groupes dont les activités financières atteignaient déjà un niveau important ont tout simplement crées dans diverses localités rurales ou urbaines du pays, des coopératives d’épargne et de crédit rivalisant avec les filiales locales des banques d’origine occidentale. La Compagnie Financière de l’Estuaire (COFINEST) est certainement l’illustration la plus éloquente de cette évolution. De même, la naissance des Mutuelles Communautaires de Croissance (MC) a indiqué la 4 voie de la bancarisation des tontines pour en faire un véritable outil de développement au Cameroun. La micro finance est une activité exercée par des entités agréées n’ayant pas le statut de banque ou d’établissement financier… qui pratiquent à titre habituel des opérations de crédit ou de collecte de l’épargne et offrent des services financiers spécifiques au profit des populations évoluant pour l’essentiel en marge du circuit bancaire habituel. Au 31 mars 2006, le MINEFI a agréé 114 établissements de micro finance indépendants et 249 caisses affiliées au réseau CamCCUL. Une base de données sur les établissements de micro finance est actuellement élaborée au sein de la direction sur financement du Projet d’appui au Programme national de Micro finance (PPMF). Cette base permettra à la direction de disposer des statistiques sur les états financiers, ainsi que des informations sur les dirigeants et la localisation des EMF au Cameroun. Implantation des EMF Cameroun L’on relève que l’activité de micro finance est implantée dans tout le territoire camerounais avec un pic dans la province du Nord-Ouest où le réseau CamCCul est installé à plus de 40% (60 caisses populaires). Par ailleurs les provinces du Centre avec 69 EMF Indépendants, le Littoral avec 43 EMF constituent les pôles de développement des établissements de microfinance indépendants. Ceci s’explique par la concentration de la population ayant les besoins de financement dans ces zones. D’un autre côté, l’Adamaoua, le Sud et l’Est sont les parents pauvres des EMF. Récapitulatif de l’implantation des EMF en fonction de la province et la nature Modalités Indépendants Types EMF Adamaoua Centre Est Extrême-Nord Littoral Nord Nord-Ouest Ouest Sud Sud-Ouest Total Réseau CamCCUL 1 69 4 3 43 1 4 15 4 8 152 2 8 0 10 8 6 60 17 0 39 150 MC² 3 8 3 1 6 0 6 30 2 3 62 Total Réseau CVECA/CECA 0 35 0 10 0 11 0 0 0 0 56 Total EMF CABA 0 4 0 0 0 0 0 0 0 0 4 5 55 3 21 14 17 66 47 2 42 272 6 124 7 24 57 18 70 62 6 50 424 Source : Recensement des EMF /DGTCFM/SDMF : 10/12/2004- 01/05/2005 5 Emploi, épargne et crédit des établissements de micro finance Dans le domaine financier et de l’emploi, les résultats collectés sur le terrain montrent que le secteur possède actuellement plus de 44,22 milliards de francs CFA, le montant de l’encours de crédits est supérieur à 31,14 milliards de francs CFA. Ces crédits ont été octroyés principalement aux secteurs agricole (plus de 35%), petit commerce (34%) artisanat, PME et PMI 20% tertiaires (salariés et divers 11%). Le secteur fonctionne grâce aux souscriptions des adhérents, aux dons et legs, au financement extérieurs provenant des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux. L’on estime plus de 260 mille camerounais sont soit membre ou client d’un établissement de micro finance. L’expérience montre que la vie des personnes appartenant à une de ses organisations a été améliorée. Enfin, près de 1000 emplois ont été générés par ce secteur. Ces résultats auraient été plus significatifs si toutes les provinces avaient mis en œuvre efficacement la déclaration de politique nationale de la micro finance du Premier Ministre Chef du Gouvernement du 10 avril 2001 dans laquelle il rappelait les modalités d’exercice des activités de micro finance du décret n° 2001/023/PM du 29 janvier 2001. Tableau : Récapitulatif des données sur l’emploi, l’épargne et le crédit du secteur Modalités Epargne Crédit Emploi Types EMF 29 085 747 528 21 876 621 989 546 CamCULL 8 313 716 000 2 500 000 000 Non disponible MC² 449 000 000 676 000 000 Non disponible CVECA 6 376 255 482 6 088 379 121 315 Indépendant Total 44 224 719 010 31 141 001 110 861 Sources : Base de Données sur le recensement des EMF (DCFMA/SDMF), CamCULL, MC², COBAC : Octobre 2005 Cas des Mutuelles Communautaires de Croissance (MC²) Les MC² sont des EMF dont la principale mission est de doter les populations rurales d’un instrument de développement. Ce processus de développement économique s’appui sur cinq composantes : - la sensibilisation des élites et des populations rurales à l’appropriation de l’instrument de développement ; - la mobilisation de l’épargne et des dépôts sources nourricière de l’investissement dans l’économie ; - l’affectation de cette épargne au financement des activités économique (individuelles) créatrices des richesses ; 6 - la réalisation des projets économiques communautaires et enfin ; - le développement des filières agricoles (production, stockage, transformation et commercialisation de céréales, fruits etc...). Le fonctionnement des MC². Le fonctionnement de chaque MC² est assuré par quatre (4) organes suivants : - L’Assemblée Générale : Organe suprême de décision ; - Le Comité des Sages ; - Le conseil d’Administration il joue aussi le rôle de comité de crédit ; - Le Secrétariat Exécutif : constitué de trois agents (Secrétaire Trésorier, Comptable et Caissière), il est chargé de la gestion quotidienne de la MC². Les Structures d’appui des MC2. Elles sont au nombre de quatre (4) : - Les Populations Concernées. La population de la localité d’implantation de la MC² est le géniteur et le gérant de la caisse. La MC² sert de lien entre les populations urbaines et rurales originaires d’une communauté. En favorisant les rencontres entre ces populations, la Caisse constitue un forum d ‘échange et de réflexions sur les questions de développement qui se posent à la communauté. - L’ONG ADAF. ADAF est une ONG qui apporte son appui au niveau du développement des capacités institutionnelles des MC². C’est ainsi qu’elle assure la formation du personnel, la centralisation et le traitement informatique des données comptables, l’amélioration des procédures comptables, la recherche en micro finance, les recherches appliquées pour la valorisation des matériaux locaux et même les études de projets ruraux de développement (agriculture, élevage, pêche, artisanat, éducation etc.) En outre, Adaf assume le rôle de guide, d’encadreur, d’assistant d’agent de suivi/évaluation vis à vis des MC² tout en servant d’agent d’intermédiation auprès des organisations internationales et autres bailleurs de fonds. - Le parrain : Afriland First Bank. La First Bank Group, Banque internationale privée d’origine Africaine, est le parrain des micros banques rurales MC². A ce titre, elle assure : la formation des agents des MC² en matière d’opérations bancaires ; la sécurité du fonctionnement des MC² par des contrôles réguliers et en veillant au respect des ratios prudentiels (liquidité, performances, gestion de risques), établis pour assure la bonne gestion des MC² ; l’ouverture des MC² sur le système bancaire à l’échelle nationale et internationale ; à la demande 7 d’ADAF, le commissariat aux comptes des MC² ; apporte sur le plan local, le complément de financement nécessaire (refinancement et cofinancement) au développement des MC² ; accorde des subventions d’équilibre, soit à la structure directement soit à ADAF, pour lui permettre d’assurer sa mission auprès des MC² ; la promotion des projets communautaires. - Les organisations nationales et internationales. Elles peuvent intervenir au sein d’un MC² après la phase d’implantation et d’autonomie qui dure généralement cinq (5) ans. Dès lors, la MC² devient un modèle qui permet aux organisations nationales et internationales ainsi qu’aux bailleurs de fonds d’apporter un appui qui va germer et sera entretenu par ses bénéficiaires ; offrant ainsi la possibilité d’aide à d’autres structures ayant un besoin de financement et d’assistance. L’appui conjoint de l’Institut Européen de Coopération et de Développement (IECD) et du groupe bancaire français, Crédit Mutuel, à travers le réseau de la Mutualité Camerounaise (MUTCAM) à la Coopérative d’Epargne et de Crédit et d’Investissement du Cameroun-Epargne-Utile (CEICICAM-EU) est un autre exemple de tentative de bancarisation des tontines pour pallier les insuffisances juridiques des tontines. Ces coopératives s’appuient essentiellement sur certaines associations tribales de la région des hautes terres dont les pratiques tontinières ont évolué et se sont perfectionnées. a. Les conditions des crédits Les MC² sont des instruments de développement rural qui fondent leurs actions sur des pratiquent bancaires adaptées au monde rural pour la promotion d’un développement dont les acteurs, les gestionnaires et les bénéficiaires sont des populations de la zone d’implantation de la MC². Les conditions d’octroient de crédit à un membre tiennent compte de l’ancienneté, du montant de dépôts, du type de projet et de la solvabilité du demandeur. Les taux d’intérêts sur les crédits se situent globalement entre 10 et 15% an. Plus de 90% des crédits sont à court terme, le reste représentant les crédits à moyen terme. La plupart des demandes de crédits moyens et longs termes restent insatisfaites par manque de ressources appropriées pour ce type de financement. b. Analyse du volume total des prêts accordé au secteur agricole 8 La MC² finance le secteur agricole à 31% du montant total de ces financements. Il faut noter que le commerce qui est financé à hauteur de 39% concerne les produits agricoles car les MC² sont généralement implantées dans les zones rurales. Tableau : Répartition des crédits par secteur d’activité Répartition des crédits par secteur d'activité 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% % nombre total % montant total Agriculture et élevage 36% 31% Commerce 22% 39% Transformation /artisan 12% 11% Service 1% 1% Social 22% 14% Autres 7% 4% La nature court terme des dépôts mobilisé limite le financement direct du secteur agricole de la transformation des produits locaux et de l’artisanat ainsi qui l’agriculture de rente (cacao, café, palmier à huile, ananas etc.…) qui nécessite des investissements de moyens et longs termes. Mais, il faut noter q’avec l’appui d’Afriland First Bank, un Projet dénommé MiTFund (Micro Trust Fund) a vue le jour en 2000. Depuis sa création, ce projet a déjà financé plus de 150 projets pour le développement agricole pour un montant de 269 970 374 FCFA. 9 C) Les systèmes informels ou coutumiers A la faveur de la restructuration du système financier africain au cours des années 1990 le développement et la modernisation des pratiques tontinières a été d’autant plus rapide que les institutions financières classiques n’ont pas réussi à attirer l’épargne populaire et moins encore à utiliser au mieux les dépôts recueillis pour financer le développement de ces économies. Au Cameroun, la loi sur les associations en 1990 a permis la légalisation par l’autorité administrative de ces structures qui sont apparues comme un cadre de transformation des ressources humaines, financières et informationnelles. On a vu naître des nombreuses associations de ressortissants et d’élites de diverses localités et groupes ethniques ou des anciens des établissements scolaires. D’autres groupes dont les activités financières atteignaient déjà un niveau important ont tout simplement crées dans diverses localités rurales ou urbaines du pays, des coopératives d’épargne et de crédit rivalisant avec les filiales locales des banques d’origine occidentale. Cependant le développement de ce système informel ou coutumier permet-elle de combler les insuffisances de financement des investissements en général et du secteur agricole en particulier du système bancaire formel. a. La nature et le fonctionnement de ces structures L'appartenance à l'ethnie, de naissance ou par alliance, est une condition d'adhésion au sein des associations ethniques. Ces associations visent l'intégration sociale maximale de leurs membres exclus d'autres cercles ethniques. La logique et le mécanisme de l'exclusion sont les mêmes d'un groupe ethnique à un autre. En ce qui concerne les grands groupes ethniques, ils s'excluent mutuellement. Par contre, les associations de quartiers, professionnelles et religieuses sont pluriethniques; elles ne retiennent pas l'appartenance ethnique comme condition d'adhésion. Pour ces associations, la résidence dans le quartier et l'exercice de la profession sont des conditions obligatoires d'adhésion. La participation au fonds de secours ou de solidarité est également une condition importante d'adhésion, excepté au sein des associations professionnelles et religieuses. A l'évidence, l'un des rôles de ces associations est de créer, entre ses membres, un réseau de relations visant à promouvoir une sorte de sécurité sociale maladie, décès pour des personnes traditionnellement exclues des réseaux et des droits officiels. D'ailleurs, au Cameroun, même pour des personnes jouissant de certains droits emploi 10 ou assurances privées , on sollicite le recours aux fonds, aux crédits ou à l'épargne des associations dont on est membre pour couvrir certaines dépenses. C'est pour cette raison que le paiement des droits à la caisse de secours est une condition d'adhésion que l'on retrouve dans la quasi-totalité des associations. b. Les conditions des crédits à l’agriculture Les conditions de crédit dépendent de chaque type d’association. A la création de la tontine, au définit les conditions d’accès au crédit dont les remboursements sont généralement mensuels mais cependant non spécifiques à l’utilisation des fonds empruntés. II. L’analyse des obstacles au développement des systèmes de financement des exploitations agricoles A) Les obstacles liés au fonctionnement du système financier L’analyse du système financier montre que le marché du crédit est focalisé sur les concours à court terme, à cause de la nature des ressources qui sont en majorité des dépôts à vue, ne pouvant financer des crédits à moyen et long terme. En plus, il faut noter que ces concours de crédit vont pour l’essentiel aux grandes entreprises et aux PME/PMI dites de négoce qui ont généralement besoin des crédits de court terme. L’absence des structures financières spécifiques à l’instar des banques agricoles et des « fonds de garantie des crédits aux entreprises » constitue un blocage majeur au développement du financement agricole. Le repli des opérateurs économiques vers ces institutions populaires a paradoxalement mis au nu les insuffisances des textes statutaires qui en régissent le fonctionnement. La multiplication des défaillances aux cotisations et aux remboursements des prêts malgré le recours de plus en plus fréquent des tontiniers à la justice pour le règlement des conflits marquent les limites de la confiance et appellent le perfectionnement des bases juridiques. B) Les obstacles liés à la nature des exploitations agricoles Le taux de sinistre des activités agropastorales et halieutiques est estimé à 25%. Il demeure donc trop élevé pour les banques commerciales dont le taux de créances douteuses avoisine 15%. Généralement ce secteur souffre également d’une insuffisance des garanties due à l’étroitesse des exploitations, la faiblesse des fonds propres et l’inexpérience des promoteurs des projets dans ce secteur. 11 C) Les suggestions pour un développement des systèmes de financement des exploitations agricoles Le développement du système de financement des exploitations agricoles passe par la création des conditions et d’un environnement permettant aux petits exploitants d’avoir accès aux produits financiers. Des actions diversifiées doivent être développées, testées et appliquées. Il s’agit de : 1. la décentralisation des services bancaires par des agences et des bureaux permanents et temporaires dans les petites villes. Ce rapprochement des services bancaires va permettre la mobilisation de l’épargne et l’accès au crédit. 2. la mise en place d’un système de garantie à l’instar des fonds de garanties de crédits aux entreprises va permettre de palier l’insuffisance des garanties dans ce secteur. 3. enfin la création des institutions bancaires spécialisées et spécifiques à l’instar des banques agricoles permettra de combler le déficit de financement dans ce secteur. L’exemple des MC2 semble efficace et adapté au contexte camerounais. 12 Analyses des relations entre les politiques macroéconomiques et le développement agricole II. Le contexte historique Jusqu’en 1985, après plus de deux décennies de croissance régulière, l’économie camerounaise a affiché une situation tout à fait enviable parmi les pays de l’Afrique subsaharienne. Au développement continu de la production et des exportations agricoles s’était ajoutée, à partir de la deuxième moitié des années 70, l’exploitation des ressources pétrolières. Le Cameroun a ainsi enregistré des taux de croissance réel moyens de l’ordre de 7% sur une dizaine d’années. Au cours de l’exercice budgétaire 1985/1986, l’économie enregistre une baisse brutale des revenus d’exportation. La baisse concerne aussi bien le pétrole que les autres produits d’exportation ; elle se chiffre à 329 milliards de francs CFA environ, soit l’équivalent de 8,2% du PIB. La dégradation de l’activité économique s’accélère en 1986/1987, en raison de la baisse persistante des cours des principaux produits d’exportation (pétrole, café, cacao et coton). Les taux de croissance deviennent négatifs. De 1985 à 1988, les termes de l’échange se dégradent de moitié. III. Tentatives de mise en œuvre des politiques macroéconomiques Pour faire face à la crise, le Gouvernement a, dans un premier temps, mis en œuvre une politique d’ajustement interne qui montrera très vite ses limites. La réduction du train de vie de l’Etat et du poids du secteur public dans l’économie s’avère en effet insuffisante pour enrayer le mal qui est profond. Les indicateurs économiques continuent de se dégrader. La baisse continue des revenus induit une chute de 40% de la consommation par habitant entre 1985/1986 et 1992/1993. L’encours de la dette extérieure passe de moins de 1/3 à plus de 3/4 du PIB entre 1984/1985 et 1992/1993. Le taux d’investissement quant à lui passe de 27% à moins de 11% du PIB. Pour faire face à la dégradation marquée de la situation des finances publiques caractérisée par des tensions de trésorerie intenables, des baisses drastiques de salaires ont été opérées dans la fonction publique en 1993. A partir de 1994, les nouvelles politiques économiques mises en œuvre en s’appuyant sur l’ajustement monétaire et les gains de compétitivité induits, permettent alors d’infléchir la tendance. Des améliorations significatives sont en effet enregistrées, 13 dans un premier temps, dans le secteur des exportations et au niveau des finances publiques. La trésorerie de l’Etat demeure néanmoins très insuffisante, et ne permet même pas de faire face aux seules charges courantes. Le service de la dette publique intérieure ou extérieure ne peut être convenablement assuré. En ce qui concerne la dette extérieure, les relations avec les partenaires deviennent difficiles, avec l’accumulation des arriérés de paiements. Deux nouveaux programmes d’ajustement structurel conclus par le Gouvernement en 1994 et 1995 avec le FMI au titre d’accords de confirmation se sont soldés, comme les précédents, par un constat d’échec. En particulier, les objectifs en termes de rétablissement de l’équilibre des finances publiques et de service de la dette extérieure n’ont pas été atteints. C’est en août 1997, après avoir exécuté de manière satisfaisante un programme de référence suivi par les services du FMI durant tout l’exercice 1996/97, que le Gouvernement a pu, pour la toute première fois, conclure avec cette institution un accord au titre de la Facilité d’Ajustement Structurel Renforcée (FASR). Le Fonds Monétaire International accordait ainsi son appui au programme économique et financier à moyen terme que les autorités camerounaises mettaient en place pour couvrir la période allant du 1er juillet 1997 au 30 juin 2000. L’exécution du programme de référence en 1996/97 a été renforcée par une action volontariste de restauration de la crédibilité extérieure du Cameroun, notamment à travers un apurement d’arriérés extérieurs d’environ un demi milliard de dollars américains. Par ailleurs, le Gouvernement a étroitement associé le secteur privé et la société civile à l’élaboration du programme économique et financier triennal, ainsi qu’aux négociations avec le FMI en vue de l’accord de financement intervenu en août 1997. Cette démarche a permis d’obtenir une meilleure adhésion des opérateurs économiques et de la société civile aux nécessaires politiques d’ajustement et de réformes. Le programme économique et financier du Gouvernement pour la période allant du 1er juillet 1997 au 30 juin 2000 a été mis en œuvre de manière satisfaisante, avec l’appui déterminant de la communauté financière internationale notamment, le FMI au titre de la FASR devenue FRPC, la Banque Mondiale avec un troisième Crédit 14 d’Ajustement Structurel, l’Union Européenne, la Banque Africaine de Développement, les créanciers bilatéraux réunis au sein du Club de Paris, les créanciers bilatéraux non participants au Club de Paris (Arabie Saoudite, Koweït, Chine) et la France avec les prêts à l’ajustement structurel, additionnels aux allègements du service de la dette consentis dans le cadre de l’accord avec le Club de Paris d’octobre 1997. L’éligibilité du Cameroun à l’initiative renforcée d’allégement de la dette des Pays Pauvres très endettés, consacrée en mai 2000 par les Conseils d’Administration du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale, ouvrait ainsi des perspectives nouvelles pour le pays, grâce aux économies budgétaires mobilisables à partir du point de décision que le Cameroun a pu franchir dès le mois d’octobre 2000. IV. Analyse de la croissance au cours des cinq dernières années Les bonnes performances Evolution de la production pétrolière. enregistrées dans la mise en œuvre du Exercices programme Production 42.5 39.9 37.4 35.6 32.6 30.1 Variations (en %) -0,6 -6,0 -6,4 -4,7 -8,3 -7,8 économique et financier triennal 1997-2000 ont permis d’améliorer 2000 2001 2002 2003 2004 2005 sensiblement la stabilité macro-économique et de renforcer la base nécessaire pour une croissance soutenue de l’économie. La croissance de l’économie camerounaise entamée depuis l’année de la dévaluation du FCFA qui a permis des gains de compétitivité significatifs s’est située autour de 4,3% au cours de la période 2000-2004. Malgré la chute continue de la production pétrolière, le secteur non pétrolier a permis à l’économie camerounaise de se maintenir sur une tendance haussière. Plusieurs facteurs tant externes qu’internes ont influencé les performances de l’économie au cours de cette période. Au plan externe, la bonne tenue des cours de nos principales matières premières notamment le pétrole, le bois, la cacao ainsi que le café et la demande mondiale de plus en plus importante ont contribué à stimuler les exportations et la croissance dans les branches concernées. Au plan intérieur, outre un meilleur approvisionnement en énergie électrique amorcé en 2003 grâce à une bonne pluviométrie et la mise en service de la centrale thermique de Limbé, la réalisation de gros projets d’investissement à l’instar du projet pipeline Tchad-Cameroun, des grands travaux d’entretien et d’extension du patrimoine routier national, la modernisation du terminal au Port Autonome de Douala (PAD) qui a 15 concouru au maintien du chenal d’accès autour de huit mètres augmentant ainsi la capacité du PAD à accueillir des gros porteurs ont été des facteurs ayant fortement influencé l’activité économique au cours de cette période. La croissance des cinq dernières années a en partie reposé sur le secteur non pétrolier. La contribution du secteur pétrolier à la croissance a été en diminution au cours de cette période. Les secteurs des services et dans une moindre mesure le secteur primaire ont le plus contribué à la croissance. Les efforts Evolution du PIB en volume 2001 2002 2003 2004 PIB à prix constant 4,3 4,3 4,3 4,0 PIB Pétrolier -3,4 -3,0 -1,5 -8,3 PIB non 4,7 4,7 4,6 4,5 Pétrolier Secteur Primaire 3,8 3,2 6,0 3,9 Secteur Secondaire 1,8 1,8 1,8 2,1 Secteur Tertiaire 6,6 7,0 5,5 5,1 du Gouvernement en faveur des facteurs de la croissance (infrastructures, le capital humain et l’environnement des affaires) ont certainement permis de renforcer les atouts compétitifs d’autres filières dont les industries afin de leur permettre de relayer le pétrole pour générer une croissance plus diversifiée et plus redistributrice. Ces politiques et programmes ont commencé à être traduits en perspectives chiffrées de croissance sectorielle à moyen et long termes. Les sections ci-après évaluent la contribution à la croissance du secteur agricole au cours de la période 2000-2004 dans les principales branches d’activité. A. La contribution du secteur agricole à la croissance du PIB Durant les années 60 et 70, la croissance était tirée par l’agriculture d’exportation, en particulier le café et le cacao. En 1978, la découverte de gisements pétroliers suivi du boom pétrolier durant la période 1978-82 a profondément changé la composition du PIB de sorte que la croissance des dix dernières années a reposé en grande partie sur le secteur pétrolier, qui a compté pour près de 7% du PIB et 30% des recettes d’exportation et des revenus du gouvernement en 1990. Toutefois, avec l’épuisement des ressources pétrolières, la production pétrolière a régulièrement diminué durant les cinq dernières gouvernement années a et commencé le a Poids des secteurs par rapport au PIB en % 35 mettre en œuvre des politiques 30 visant 20 à compétitifs renforcer d’autres les atouts filières, en Secteur primaire Valeur ajo utée no n marchande 40 Secteur tertiaire Secteur seco ndaire 25 15 10 5 0 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 16 particulier dans les industries, afin que ces dernières puissent prendre le relais du pétrole pour générer une croissance plus diversifiée et donc plus stable et redistributrice. La croissance du secteur rural mérite une attention particulière puisque ce dernier occupe près de 60% de la population active du Cameroun, assure dans une large mesure l’approvisionnement alimentaire du pays, et génère environ 30% des recettes en devise. Notons également que le secteur agricole induit de nombreux effets d’entraînement sur les autres secteurs, contribuant ainsi à la diversification des exportations, à la sécurité alimentaire, à la création des emplois et à la lutte contre la pauvreté. De ce fait, par ses diverses contributions, le secteur rural fait figure de plate forme privilégiée pour la relance de la croissance et la compétitivité et la réduction de la pauvreté, ce d’autant plus que le Cameroun regorge d’énormes potentialités agro écologiques. Ce secteur comprend plusieurs sous-secteurs : (i) l’agriculture vivrière et (ii) d’exportation, (iii) l’environnement et la forêt, la pêche et l’élevage. L’agriculture, avec 64% de contribution au PIB agricole est prépondérante sur l’Environnement 18% et l’Elevage 15%. La croissance de la production agricole a toutefois été fortement pénalisée dès le début des années 80 suite à l’augmentation des prix des produits intérieurs, des salaires et l’appréciation du taux de change réel qui a suivi le boom pétrolier. En effet, le taux de croissance de la production agricole a été réduit de moitié d’environ 4% sur la période 1970-1978 à 2% sur la période 1979-1985. Puis depuis la moitié des années 90, la production agricole a rebondi suite aux politiques de libéralisation agricoles conduites par le gouvernement dans le début des années 90 et la dévaluation du Franc CFA en 1994. Mais les évolutions sont différentes entre l’agriculture vivrière et celle de rente. La production vivrière a connu une croissance relativement stable, qui a dépassé la croissance démographique sur la période 1996-2001 d’environ trois. Ceci est le résultat de la forte demande émanant de l’urbanisation rapide d’une part, et de la croissance des revenus des pays exportateurs de pétrole tels le Tchad et la Guinée équatoriale, le Nigeria et l’Angola. Toutefois, l’offre demeurant très dépendante des aléas climatiques n’a pu que partiellement répondre à cette demande accrue qui s’est en partie répercutée par une hausse des prix des produits vivriers. 17 Par contre, la production des cultures de rente a connu une évolution très erratique depuis la dévaluation. En effet, la production des produits de rentes est sujette à des contraintes d’ordre structurelle (superficie des terres cultivables), naturelle (pluviométrie) et conjoncturelle (la fluctuation des prix aux producteurs). La superficie des terres cultivables n’ayant pas beaucoup évolué et la pluviométrie étant resté stable, c’est donc la conjoncture internationale qui a tirée en grande partie la dynamique de la production. Une analyse de la contribution du secteur agricole à la croissance du PIB révèle qu’au lendemain de la dévaluation du FCFA, ce secteur a bénéficié des gains de compétitivité ayant permis d’amorcer une tendance haussière. On note cependant un essoufflement depuis l’exercice 2000 caractérisé par une faible contribution à la croissance du secteur agricole. Cette baisse de la contribution à la croissance du PIB est essentiellement due à la baisse de la production des produits industriels d’exportation. Les contributions à la croissance du PIB (%) Libellé 1994 Secteur primaire 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2.3 -0.9 0.7 2.1 1.3 1.0 0.7 0.7 0.5 1.2 -2.0 -0.1 0.2 1.3 3.4 1.5 1.5 1.2 0.2 0.5 Secteur tertiaire 2.4 3.1 3.7 0.7 -0.6 2.1 2.4 1.9 2.7 2.7 PIB 2.3 4.8 5.2 5.5 5.1 4.3 4.6 4.5 4.0 5.0 Secteur secondaire L’économie camerounaise reste très dépendante d’un nombre réduit de produits primaires exportés. En 2000, ces produits, hors pétrole brut, ont représenté 50% environ des exportations totales. Les cours mondiaux de ces produits sont particulièrement volatiles, ce qui constitue un risque pour le producteur et affecte le profil de la production et donc la variance du revenu national. Evolution des cours des principaux produits exportés, 1980-2000 Produits Pétrole Cacao Café robusta Coton graine Banane d'export. Caoutchouc Bois, grumes Cours mondiaux (dollar EU) Poids dans le total des exportations Ecart Coef. Croissance Moyenne de biens, 2000 type Var. des cours % 49,5 21 6 28,6% -1,4 7,9 1539 436 28,3% -2,3 4,6 87 36 41,4% -6,8 5 8 14 175,0% 2,3 3 70 1 1,4% -2 1,1 43 11 25,6% -1,8 19,5 184 77 41,8% 2,3 Source : MINEFI/DAE 18 Le tableau ci-dessus montre que les cours des principaux produits ont connu des tendances contrastées au cours des 20 dernières années (+20% et 38% respectivement pour le cacao et la banane, et –14%, -35% et –20% respectivement pour le pétrole, le café et le coton). Les coefficients de variation (rapports de l’écart type aux cours moyens) sont particulièrement élevés, indiquant ainsi l’extrême volatilité des cours mondiaux de ces produits. Une simulation d’un choc d’une baisse de 50% des cours des matières premières à l’exception du pétrole à l’aide de l’instrument de prévision de la Direction des Affaires Economiques du Ministère de l’Economie et des Finances permet d’apprécier l’impact sur l’activité globale. Les résultats indiquent une perte importante d’environ 1/5 point de croissance par an, qui s’amenuise à l’horizon 2010. Les moins-values en recettes propres sont importantes (38 milliards en moyenne annuelle par rapport au scénario central), ce qui force des réductions proportionnelles des enveloppes dans les secteurs prioritaires. Les « effets sociaux » distribution et pauvreté sont aussi notoires. De même les revenus des ménages chutent de près de 5 points en cumul sur la période 2004-2007. Cette chute est plus prononcée (-1,5 point d’écart) pour les 20% de ménages les plus pauvres par rapport aux 20% les plus riches. Avec la réduction du taux moyen de croissance, les gains en termes de réduction du taux de pauvreté sont moindres d’environ 1,2 points sur la période 2003-2007, situant le taux de pauvreté à 35,8% en 2007 contre 34,6% dans le scénario central. Il faudra alors une croissance encore plus forte au-delà de 2007 pour rattraper cet écart et atteindre les objectifs du millénaire en 2015. B. Contribution à la croissance des autres secteurs Les secteurs de production réagissent différemment aux facteurs. Par exemple, la production de produits vivriers dépend plus des variables de court terme à savoir les prix et aux chocs naturels qu’aux services d’infrastructure. De même, ce secteur est faible consommateur de capital humain spécialisé. Ceci est révélateur de la faiblesse des techniques et des opérateurs, ainsi que de la moindre disponibilité des services publics et d’infrastructure dans le milieu rural. Par contraste, la production dans le secteur des produits de rente dépend plus du capital privé, et à court terme, des prix 19 exports. Ceci indique un plus grand usage des ressources financières dans ce sous secteur. La production des Industries Manufacturières est fortement dépendante du capital humain aussi bien que des infrastructures, en particulier l’énergie électrique. Leur compétitivité dépend également de la disponibilité des matières premières du secteur agricole et halieutique utilisées comme intrants dans l’industrie agroalimentaire. De même, la productivité des services marchands dépend de la disponibilité des infrastructures et de la performance de l’activité dans les secteurs primaire et secondaire. En particulier, les secteurs du transport, du commerce et de l’hôtellerie sont fortement tributaires de l’évolution des activités des deux secteurs en amont. Le sous secteur des industries agroalimentaire est composé principalement des industries de transformation des produits d’origine agricole (48%), de production de boissons (36%) et de fabrication de cigarettes (7%). Ce sous secteur représente plus de 23% de l’activité du secteur secondaire dont le poids dans la constitution du PIB est de 31%. Toutes ces industries utilisent comme matières premières les produits du secteur agricole à l’instar des huiles brutes de palme, de coton et d’arachide pour la fabrication des huiles raffinées; de la patte de cacao pur les chocolateries locales ; du maïs pour les industries brassicoles et du tabac pour les industries de production de la cigarette. Ainsi une analyse du TRE de 2000 à 2003 montre que plus de 40% des emplois du sous secteur proviennent directement du secteur agricole et halieutique. De même certaines industries manufacturières à l’instar des industries des textiles et de confection (18% du sous secteur) et des industries de caoutchouc (14% du sous secteur) utilisent principalement la matière première issue du secteur agricole notamment le coton et le caoutchouc. Le développement des industries agroalimentaires et manufacturières représentant respectivement 23% et 41% le volume des activités du secteur secondaire dépend des performances du secteur agricole via l’approvisionnement en matières premières. Quant au secteur tertiaire (45% du PIB), il est composé des sous secteurs commerce, restaurants et hôtels ; transports, entrepôts, communications ; banques et organismes financiers et des APU. Le secteur agricole alimente en matières premières 20 les restaurants et les hôtels. L’approvisionnement des marchés des principales villes et de la sous région en denrées agricoles soutient l’activité des transports des zones rurales vers les villes et les pays limitrophes. Ainsi le secteur agricole via l’approvisionnement en matières premières des restaurants et des hôtels et son soutient aux activités de transport routier et ferroviaire impacte le volume des activités du secteur tertiaire. Une analyse des interrelations entre les secteurs révèle qu’il existe une forte interdépendance entre les productions agricoles et halieutiques et la croissance des activités des industries agroalimentaires et des services marchands. Un choc sur la structure de production (cours, prix aux producteurs, sécheresse) du secteur agricole et halieutique permet d’analyser les effets induits sur d’autres secteurs. Cet exercice de simulation s’effectue à l’aide du modèle macro économétrique (SIPAE) de la Direction des Affaires Economiques du Ministère de l’Economie et des Finances. Le tableau cidessous présente la matrice des élasticités du modèle SIPAE permettant de réaliser ces simulations. Tableau des élasticités valeur retardée Secteurs d’activité Capacité d'importation exportations Secteur primaire Secteur secondaire Energie Investissement public 0,100 0,225 Industrie Manufacturier 0,548 BTP Services 0,315 Commerce 0,380 Transports, entrepôts et communications 0,355 Banques et organismes financiers Autres Services Marchands 0,482 0,353 0,493 0,185 0,299 0,085 0,353 1,421 0,268 0,161 0,245 0,134 0,254 0,264 0,379 0,310 0,607 0,314 0,095 Une hypothèse de diminution de moitié des cours de la banane, du cacao et du coton variation va engendrer une négative des Années Croissance du PIB 2006 2007 2008 2009 2010 2011 -0.10% -0.08% -0.05% -0.02% -0.01% 0.00% croissances du volume des Secteur primaire activités des secteurs primaire, Secteur secondaire 0.01% secondaires et tertiaires. Le Secteur tertiaire 0.00% -0.18% -0.06% 0.03% 0.05% 0.06% 0.00% -0.02% -0.02% -0.03% -0.03% -0.20% -0.08% -0.06% -0.04% -0.03% -0.01% 21 tableau ci-après donne l’impact chiffré d’un tel choc sur la croissance du PIB. C. Contribution à l’évolution des recettes d’exportation Les exportations sont dominées par le pétrole et les produits pétroliers, suivis du cacao (fèves surtout), du Evolution des recettes d’exportation de cultures de rentes En milliards de francs CFA Cultures de rente En pourcentage du total des recettes d’exportation 2000 220,8 2001 260,5 2002 286,9 2003 275,6 2004 305,4 16,9% 20,3% 22,9% 20,9% 26,9% café, de l'aluminium et du bois d'œuvre. Les principaux produits importés sont les produits manufacturés. L'Union européenne (UE) demeure le principal débouché (66 pour cent environ des exportations de marchandises en 1999/2000) et la principale source d'approvisionnement (50 pour cent des importations totales). Durant la période 1996-2001, le Cameroun a libéralisé les filières de produits d’exportation (filières café et cacao). Comme résultat, la production a suivi de prêt la tendance des prix, et la volatilité des cours a contribué à la désaffection relative de certains produits, ce qui a affecté à la fois les quantités produites comme la qualité de la production (ex le cacao, et le café). Ces tendances sont plus mitigées pour la production de la banane d’exportation car c’est un secteur pour lequel les quantités produites sont fonction des quotas prédéfinis avec l’Union Européenne. Il en est de même pour la production du coton dont le prix aux agriculteurs est fixé par la SODECOTON, ce qui amortit les chocs liés aux changements de prix internationaux. Part des exportations agricoles par rapport aux exportations hors pétrole Part en volum e des exportations agricoles par rapport aux exportations hors pétrole 50.0% 60.0% 40.0% 50.0% 30.0% 40.0% 20.0% 30.0% 10.0% 0.0% P ar en vol ume des expor t at i ons agr i col es par r appor t aux expor t at i ons hor s pét r ol e 20.0% 1999 2000 2001 2002 2003 2004 29. 0% 31. 9% 39. 3% 40. 2% 44. 8% 45. 5% 10.0% 0.0% 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Les parts en volume et en valeur des exportations agricoles par rapport aux exportations hors pétrole sont passées respectivement de 29% et 43% en 2000 à 45% et 50% en 2004. 22 D. Contribution au développement de l’emploi Ce secteur demeure un des secteurs Contribution des secteurs au développem ent de l'em ploi dominants de l’économie camerounaise, tant par sa contribution à la croissance que par son potentiel en matière d’emploi et de réduction de la pauvreté. Selon services 30% les agriculture 56% projections, un peu plus de la moitié de la population totale du pays vit en zone rurale et s’occupe des activités agricoles, industrie 14% pastorales ou forestières. Les analyses du profil de la pauvreté montre que la pauvreté au Cameroun est d’abord un phénomène rural. La contribution du Evolution de l'emploi par secteur secteur au développement de l’emploi demeure prépondérante soit 56% du 25.0 20.0 total des effectifs employés au Cameroun en 2005. Cet 15.0 cache 10.0 cependant une réalité de 5.0 effectif élevé sous emploi et d’auto emploi 0.0 dans ce secteur. Le taux élevé de l’emploi informel industrie agriculture total services 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 -5.0 dans le secteur agricole est à l’origine de ces phénomènes. De même, le nombre d’années d’études réussies observé en 2005 demeure très faible par rapport à la moyenne nationale soit 3,4 années d’études réussies contre 4,9% sur l’ensemble des secteurs. Cela explique la faible pénétration des nouvelles techniques agropastorales à fort rendement. Le faible niveau des revenus issus des activités agricoles et halieutiques ne permet pas d’observer un flux important des migrants des autres secteurs vers le secteur agricole. L’ancienneté dans l’emploi est 23 particulièrement élevée dans ce dernier à cause du faible niveau d’instruction des actifs de ce secteur. Structure des emplois par secteur d’activité Répartition des emplois (%) Proportion Proportion Age de femmes des migrants moyen (%) (%) Secteur 55,7 33,5 primaire Industrie et 14,1 33,1 BTP Commerce 10,4 32,7 Services 19,8 32,9 hors commerce Ensemble 100 33,2 Source : INS, EESI 2005, phase 1 Années d’étude réussies Ancienneté Ancienneté dans dans l’emploi l’entreprise (en (en années) années) 52,6 36,6 3,4 12,0 12,1 53,4 56,1 5,4 6,4 6,8 49,7 56,0 5,8 5,3 5,4 35,9 67,2 8,5 4,6 5,2 49,1 47,4 4,9 9,1 9,3 E. Contribution à la maîtrise de l’inflation Le poids des produits alimentaires dans la construction de l’indice des prix à la consommation demeure prépondérant et influence l’évolution de l’inflation au Cameroun. La forte « déflation » au cours des années 2003 (0,6%) et 2004 (0,3%) Libellé Alimentation, boissons, tabac Dépenses de maison Habillement et chaussures Santé et soins personnels Transport et communication Education et loisirs Indice général national Poids 4 360 1 760 1 120 560 1 470 730 10 000 s’explique par un important approvisionnement des marchés en produits alimentaires au cours de cette période. Le regain du niveau d’inflation observé en 2005 se situant autour de 1,8% est due à la combinaison de deux facteurs à savoir la montée des cours du pétrole renchérissant les coûts de transport des denrées alimentaires et l’augmentation en 2005 de d’un demi point de la TVA. Cependant au cours de l’exercice 2005, des disparités s’observent entre les différents groupes de produits. Ainsi malgré la hausse des prix des postes de consommation « Boissons et tabacs » (9,2%) et « Transports et communication » (5,4%) due respectivement à l’augmentation d’un demi point de TVA et de la hausse des cours du pétrole, les postes de consommation « Produits alimentaires » ont atténué ces deux effets sur les prix au cours de l’exercice 2005. 24 Produis alimentaires % Glissem ent annuel de l'INP:National (%) 18% 18% 15% 15% 12% 12% 9% 9% 6% 6% 3% 3% 0% 0% -3% -3% -6% -6% Jan-95 Jan-96 Jan-97 Jan-98 Jan-99 Jan-00 Jan-01 Jan-02 Jan-03 Jan-95 Jan-96 Jan-97 Jan-98 Jan-99 Jan-00 Jan-01 Jan-02 Jan-03 Jan-04 Jan-04 F. Contribution à la réduction de la pauvreté La dynamique de la pauvreté est fonction de l’accroissement du revenu des ménages, et donc de la croissance économique. Toutefois, la croissance économique est une variable macroéconomique agrégée qui peut cacher de fortes disparités entre les différents secteurs de l’économie. On sait par exemple qu’une part importante de la population travaille dans l’agriculture, ainsi la croissance dans ces secteurs est susceptible d’affecter sensiblement le taux de pauvreté. La décomposition des taux de pauvreté dans les différentes filières, décrite dans le tableau ci-joint, permet d’analyser l’incidence des variations entre les taux de croissance des différents secteurs sur les taux de pauvreté des différentes catégories de ménages. Croissance économique et réduction de la pauvreté et des inégalités (1996-2001) 1996 Secteur Agriculture/élevage. Vivrière Rente Élevage Industries. Manufacturière Minières BTP/ Elect, Gaz&Eau Services Marchand Salaires Admn Pub Source : MINEFI/DP et INS. P0 2001 Gini Variations P0 Gini DP0 DGini 96-2001 Cr. Annuelle Ecart moyenne Type. 67 65.2 58.6 0.34 0.31 0.37 48.0 59.8 50.4 0.39 0.34 0.33 -19.1 -5.4 -8.2 0.04 0.03 -0.04 3.1 -2.0 3.1 1.6 2.9 4.2 26.4 58.6 39.7 0.50 0.40 0.40 16.4 12.8 27.0 0.41 0.37 0.43 -10.0 -45.8 -12.7 -0.09 -0.03 0.03 3.1 -8.6 -1.7 1.9 9.2 10.6 26.2 28.2 0.41 0.43 9.6 19.4 0.40 0.42 -16.6 -8.8 -0.01 -0.01 9.2 12.6 4.8 16.8 Les élasticités croissance/pauvreté et inégalité/croissance figurant dans le tableau ci-dessous indiquent de combien diminuent respectivement le taux de pauvreté ou les inégalités (mesurées par l’indice de Gini) lorsque la croissance économique sectorielle 25 gagne un point. Il ressort de cette analyse que pendant la période 1996-2001, la croissance a fortement réduit la pauvreté des ménages travaillant dans les secteurs de l’agriculture vivrière, de l’élevage, des industries manufacturières et des services non marchands Les secteurs de l’agriculture vivrière, les industries manufacturières et de l’élevage sont ceux qui répondent le plus à une variation du taux de croissance. La forte diminution de la pauvreté chez les ménages du secteur de l’agriculture vivrière peut s’expliquer par une croissance stable autour de 3% sur toute la période, une faible volatilité (1.6) et une situation relativement « égalitaire » avec un indice de Gini plus bas que ceux de l’industrie. Quoique paradoxalement, les inégalités semblent avoir augmenter chez les ménages vivant grâce à ce secteur. Notons que les secteurs liés aux produits de rente et aux services BTP/eau/électricité ont connu une récession sur la période 1996-2001 et pourtant la pauvreté a diminué pour les ménages dont les chefs de famille travaillent dans ces secteurs respectifs. Cela pourrait s’expliquer par les transferts qui s’effectuent entre ménages et/ou par le fait que les ménages tirent leurs revenus de plusieurs sources. V. L’impact des choix des politiques économique et budgétaire A. Impact des politiques de libéralisation et du désengagement de l’Etat La période post libéralisation a été caractérisée par les prises de participation du gouvernement à la production et à la commercialisation des produits agricoles de même qu’à la redistribution des revenus agricoles. L’objectif était d’influencer les prix à la production et les prix des facteurs de production et de fournir des services de base au secteur agricole. Du point de vue macroéconomique, ces réformes ont été précipitées par une crise économique marquée par une faible croissance et des déséquilibres macroéconomiques graves, tels qu'une inflation élevée, des déficits fiscaux, des déficits de la balance commerciale et des problèmes critiques dans les secteurs financiers liés en partie à la crise de la dette extérieure au cours des années 1980. Dans l'ensemble, ces contraintes ont entraîné des réductions budgétaires importantes et, ce qui touchait particulièrement le secteur agricole, des réductions spécifiques des crédits subventionnés, des programmes de commercialisation et des infrastructures. 26 L'objectif primordial des programmes d'ajustement structurel et de libéralisation du commerce était de permettre un désengagement de l’État. La principale stratégie adoptée pour réaliser cet objectif était la réforme sur plusieurs plans: réduction de la protection, déréglementation, privatisation et stabilité. Les éléments les plus importants de ces réformes politiques en ce qui concerne le commerce agricole étaient le remplacement de la majorité des restrictions quantitatives des importations par des tarifs douaniers, la réduction du niveau et de la dispersion des tarifs douaniers, l'élimination des taxes à l'exportation, des contingents et des licences, l'élimination du contrôle intérieur des prix et la suppression progressive des programmes d'achats publics. Impact sur les prix En l'absence de politiques intérieures visant à soutenir les prix agricoles, la tendance à la baisse des cours internationaux se traduit par une tendance semblable des prix réels à la production. Cela peut également s'appliquer aux produits seminégociables tels que le sorgho, le millet, le manioc et l'igname, dont les cours, à long terme, ont tendance à suivre ceux des principales céréales. Le Cameroun a connu des périodes d'augmentation des prix réels à la production et des périodes de baisse. La période de hausse des prix intérieurs réels a été liée à la dévaluation du FCFA de 1994. Par ailleurs, le relâchement du contrôle de l'État sur les prix et les systèmes de commercialisation a conduit à une hausse des prix à la production, en particulier dans le cas des produits agricoles d'exportation. En revanche, la libéralisation des importations semble avoir contribué à faire baisser le prix intérieur réel de certains produits de base. Les données montrent que la production a réagi positivement à l'augmentation des prix réels, et négativement à leur baisse. Les producteurs réagissent à une combinaison d'incitations par les prix (déterminées aux niveaux international et national) et les autres contraintes. Lorsque les possibilités d'exportation augmentent par suite de l'ouverture d'un marché précédemment protégé, l'expansion des exportations peut se produire même lorsque la baisse des prix internationaux est plus pleinement transmise aux producteurs nationaux, en raison de réductions simultanées des restrictions des exportations locales. 27 De même, l'augmentation des prix intérieurs peut ne pas traduire une hausse des prix à la production, car des acteurs plus influents de la chaîne d'approvisionnement bénéficient du revenu accru qui découle de l'accroissement des cours mondiaux. Dans d'autres cas, les politiques nationales et les changements institutionnels peuvent contribuer à expliquer la réponse de la production. Par exemple, des augmentations sensibles des prix des intrants peuvent atténuer l'effet potentiel des accroissements des prix de la production; il arrive aussi que la suppression du soutien accordé au crédit rural ait un effet négatif sur la production. Impact sur la production et les revenus des producteurs agricoles On constate une augmentation de la valeur totale des exportations, mais la libéralisation du commerce semble aussi avoir encouragé la diversification des produits d'exportation. Bien que l'importance économique des exportations de produits tropicaux traditionnels se soit maintenue, les produits non traditionnels. En revanche, les importations alimentaires ont augmenté en moyenne plus rapidement que les exportations agricoles. Dans le secteur agricole, les réformes ont touché les producteurs différemment, selon le type de production. Dans l'ensemble, les producteurs d'exportations en ont bénéficié, de même que les salariés travaillant dans les secteurs de la production et de la transformation de produits agricoles d'exportation. Par contre, les producteurs faisant concurrence aux produits d'importation, qui ont perdu dans une certaine mesure leur protection, ont été défavorisés à court terme. Toutefois, leur bien-être à long terme dépendait de leur capacité d'accroître leur productivité ou de modifier leurs cultures. Dans bien des cas, la flexibilité des agriculteurs s'est révélée insuffisante pour ajuster leur production ou leurs cultures et cette catégorie d'agriculteurs aura probablement subi des pertes à long terme. Dans l'ensemble, les producteurs de biens non échangeables ont été moins directement touchés par les réformes commerciales, mais il se peut qu'ils aient souffert indirectement de l'évolution de la consommation en faveur des produits d'importation meilleur marché, ou qu'ils aient bénéficié indirectement de l'augmentation éventuelle du prix des produits d'exportation. Les petits exploitants agricoles produisent en général des biens non échangeables et les membres de leur ménage ont tendance à travailler 28 plutôt dans le secteur rural non agricole. Ainsi, les ménages des petites exploitations agricoles ont bénéficié des réformes dans la mesure où des possibilités d'emploi se sont présentées dans le secteur rural non agricole, mais il reste à savoir si cette augmentation de l'emploi est une conséquence directe de la libéralisation du commerce. Impact sur l’organisation des filières agricoles Le gouvernement considère le développement du secteur agricole comme le meilleur moyen de réduire la pauvreté et de stimuler la croissance économique. Il est résolu à pousser plus loin la libéralisation du secteur, notamment par voie de privatisation. Sa stratégie est d'accroître la compétitivité du secteur et la productivité des facteurs en vue de renforcer l'expansion du secteur et d'augmenter les revenus des agriculteurs. Il s'efforce par ailleurs de diversifier la production intérieure et les exportations. Le taux NPF moyen appliqué aux produits agricoles (définition de l'OMC) s'élève à 22,5 pour cent. Le contexte infrastructurel et institutionnel dans lequel fonctionne l'agriculture, l'ordre chronologique des réformes et la cohérence de leur mise en œuvre comptent parmi les facteurs significatifs qui influencent leurs résultats. L’ensemble des organismes de commercialisation, de redistribution des revenus agricoles de même que toute la filière étatique de soutien à la production agricole ont été fermés suite à des réductions budgétaires importantes et à la politique de désengagement de l’État. B. Impact des politiques fiscale et douanière Le tarif douanier constitue le principal instrument de politique commerciale. Tous les droits de douane appliqués sont des droits ad valorem et il n'existe pas de taux saisonniers ou variables, ce qui renforce la transparence du régime. La moyenne arithmétique des taux NPF appliqués s'élevait à 18,3 pour cent en 2000, ce qui est légèrement inférieur à la moyenne enregistrée lors du dernier examen de la politique commerciale. Par suite des négociations du Cycle d'Uruguay, le Cameroun a consolidé ses droits à un taux plafond de 80 pour cent sur tous les produits agricoles (définition de l'OMC) alors que, dans le cas des produits non agricoles, les consolidations de droits se résument à trois seulement. Les taux consolidés sont notablement supérieurs aux taux 29 appliqués; la réduction de cet écart améliorerait davantage la prévisibilité du régime tarifaire. Depuis 1994, le secteur agricole fait l'objet d'une réforme complète: les restrictions quantitatives à l'importation et à l'exportation ont été supprimées et la plupart des entreprises paraétatiques ont été privatisées. Des réformes ont également été appliquées au secteur sylvicole; toutefois, il subsiste des restrictions et des taxes à l'exportation pour certains produits forestiers. Les taxes à l'exportation d'autres produits agricoles, y compris le cacao, le café, le coton, le sucre et l'huile de palme, ont été récemment supprimées. Avec la réduction de la réglementation des prix et des systèmes de commercialisation par le gouvernement et l'assouplissement des barrières tarifaires, en particulier pour les produits d'exportation, les prix de soutien se sont améliorés. Les variations du taux de change réel résultant soit des politiques en la matière, soit de l'inflation, ont exercé une influence particulièrement grande sur ces incitations. Lorsque les taux de change sont demeurés à un niveau surévalué ou qu'ils se sont revalorisés à la suite des réformes, les prix de soutien agricoles ont perdu de la valeur et le contraire s'est passé lorsque les taux de change ont baissé. L'amélioration des prix de soutien agricoles a entraîné une hausse de la production, mais d'autres facteurs ont dominé l'effet incitatif. La suppression du crédit rural et une hausse des prix des facteurs de production comptent parmi les causes de la réponse faible ou négative des approvisionnements. Dans bien des cas également, quand des réformes institutionnelles ont été entreprises pour diminuer les interventions gouvernementales dans les marchés agricoles, le secteur privé n'était pas toujours équipé pour prendre la relève des activités du gouvernement, avec pour conséquence une longue période d'insuffisance des services fournis aux producteurs. L'agriculture destinée à l'exportation a davantage bénéficié des réformes que les secteurs de production agricole faisant concurrence aux importations. Un secteur d'exportation dynamique contribue à réduire la pauvreté et l'insécurité alimentaire, mais les producteurs des secteurs faisant concurrence aux importations, notamment les petits producteurs dont les actifs sont inadéquats, peuvent subir des pertes, en 30 particulier lorsqu'ils n'ont pas la capacité de s'adapter à d'autres possibilités de production ou d'emploi. La hausse des prix peut cependant avoir des effets défavorables sur la sécurité alimentaire, à moins que des mesures ne soient prises pour veiller à ce que les ménages ruraux pauvres bénéficient réellement du processus de réforme. Les réformes de fond entreprises par les pays étudiés reposent sur l'hypothèse qu'une plus grande orientation vers le marché améliore la performance du secteur et, à la longue, favorise la réduction de la pauvreté et augmente la sécurité alimentaire. Bien que les résultats des expériences de réforme réalisées dans les pays soient mitigés, un certain nombre de thèmes cohérents se dégagent des études de cas. C. Impact des choix d’allocation budgétaire La majorité des structures étatiques impliquées dans le système productif et de commercialisation du secteur agricole ont été liquidées suite à la grave crise économique qu’a connue le Cameroun dès les années 1986/87. Au cours des dix dernières années, en moyenne 3% des dépenses primaires du budget de l’Etat sont allouées au secteur agricole. De même des opérations essentielles à l’instar du recensement agricole, de la subvention des intrants agricoles et des pesticides et l’encadrement des cultivateurs ont été abandonnées. La conséquence de ce relâchement a été la chute des quantités produites et la détérioration de la qualité. Tableau : Répartition des dépenses primaires par secteur d’activité (%) Education Santé Développement social et emploi Infrastructure productive Secteur rural Agriculture Elevage, pêche et industries animales Forêt et Environnement Défense et sécurité Autres ministères Total budget ministériel 2001 21.3 6.1 0.9 10.2 3.9 2.7 0.6 0.6 13.8 16.2 71.4 2002 23.9 7.3 1.2 11.8 4.2 2.8 0.7 0.6 15.5 17.7 81.5 2003 24.5 7.8 1.2 15.5 6.9 2.7 0.8 0.7 15.3 20.7 91.9 2004 22.8 7.7 1.2 14.0 6.3 2.4 0.6 0.7 13.9 18.0 83.9 2005 24.5 7.8 1.0 14.1 6.5 2.3 0.6 0.7 14.5 17.7 86.0 31 D. Impact des choix de politique monétaire Le Cameroun est membre d’une zone ayant une parité fixe du franc CFA par rapport au franc français et donc de l’Euro principal partenaire commercial du Cameroun. Les exportations du Cameroun sont en concurrence avec des produits libellés en dollar moins quotté que l’Euro. La conséquence immédiate est un enchérissement de nos produits à l’instar de la banane face à la banane « dollar ». Il ressort de l’analyse du commerce extérieur que les importations du Cameroun proviennent à plus de 50% de la zone Euro. Ainsi la majorité de nos intrants agricoles sont d’origine européenne. En l’absence d’autres facteurs, les coûts de production comparés à ceux d’autres pays concurrents sont généralement élevés rendant ainsi ces produits moins compétitifs sur le marché international. 32 Poids des soussecteurs (% secteur) Poids des principaux produits[1] (% soussecteur) 2001 2002 2003 2004 2005 100.0 59.1 62.3 3.7 4.6 3.7 5.0 3.5 3.5 4.4 3.4 3.0 3.9 22.4 18.9 11.4 9.6 16.2 -17.5 -9.6 21.9 13.0 -4.0 -5.1 9.9 2.0 0.6 0.9 1.0 8.0 -1.9 -0.6 8.3 6.5 1.1 1.2 5.7 85.2 -2.0 2.8 2.4 2.6 30.7 23.8 -4.3 8.3 -1.0 7.0 23.4 4.4 17.5 13.3 10.9 11.9 -14.5 3.0 8.6 12.7 -7.4 12.6 2.6 2.9 9.6 -7.3 2.0 2.3 10.8 18.0 12.2 15.6 1.8 4.8 2.1 2.8 24.6 3.0 2.0 4.5 100.0 24.4 -9.3 1.0 -3.9 -4.5 0.8 -4.3 9.0 0.5 -4.9 6.0 -0.2 -9.1 -3.7 -1.3 -9.5 98.5 83.5 -4.0 2.7 -4.4 4.0 -5.0 1.7 -9.3 -0.2 -9.7 -3.8 47.9 35.7 11.9 6.0 11.9 6.0 5.3 4.0 0.5 5.7 5.4 -6.0 66.7 19.8 3.8 13.0 2.4 0.0 2.9 26.2 3.2 9 Ind. des textiles et confections 18.2 3.2 10.3 -1.0 Ind. métallurgiques de base Ind. du caoutchouc et fab. des articles plastiques Electricité, gaz et eau BTP Secteur tertiaire Commerce, restaurants et hôtels Transports, entrepôts, communications Banques et organismes financiers Autres services marchands Services non marchands des APU Autres services non marchands PIB 14.6 -12.1 3.2 12.1 3.8 14.9 11.9 -20.0 5.9 20.0 14.0 4.9 1.2 3.9 8.5 13.0 4.9 -4.6 5.7 7.3 7.4 -9.8 7.2 4.3 7.4 9.9 -0.2 6.9 8.4 6.6 7.0 -12.6 2.3 6.2 4.6 5.1 7.4 3.8 4.7 14.2 5.4 4.5 11.2 3.9 7.2 3.4 4.7 4.0 10.0 2.0 2.8 3.0 4.2 4.0 9.2 4.6 3.8 2.1 6.9 3.7 5.8 3.2 5.0 2.2 2.1 2.6 Poids des secteurs (% PIB) Secteur primaire Agriculture des produits vivriers Banane plantain et banane douce Manioc Mil et Sorgho Haricot et Tomate Agriculture industrielle et d'exportation 24.7 13.5 Banane d'exportation Cacao Café Coton Elevage, chasse Pêche Sylviculture et exploitation forestière Secteur secondaire Industries extractives Hydrocarbures(en millions de barils) Industries Agro-alimentaires Transf. de prod. d'origine agricole Fabrication de boissons Autres Industries manufacturières Ind. du bois et d'ameublement 30.6 22.6 41.2 44.7 2.6 9.1 97.8 41.7 14.5 4.2 21.5 -1.8 17.7 100.0 Taux de croissance (%) Historique Estimations -6.9 3.2 Source : MINEFI/DAE 33