(agriculture, élevage, pêche, artisanat, éducation etc.) En

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Conditions de l’investissement privé et de l’accès au crédit dans le secteur
agricole
I. Les organismes financiers au Cameroun
Le système financier au Cameroun est composé d’une banque centrale (BEAC),
des banques commerciales, des établissements financiers spécialisés, de la Caisse
d’Epargne Postale, des Chèques postaux, des entreprises d’assurances, des
établissements de la micro finance et du marché monétaire. En dehors de la Société
Nationale d’Investissement (SNI) et du Crédit Foncier du Cameroun (CFC) qui
demeurent en activité, d’autres établissements de promotion
de l’épargne et/ou de
financement des investissements à savoir la Banque Camerounaise de Développement
(BCD), le Fonds de Développement Rural
(FONADER) et le Fonds d’Aide et de
Garantie des Crédits aux Petites et Moyennes Entreprises (FOGAPE) ont été liquidés. A
la suite de la
liquidation du FONADER en 1992 dont la vocation était celle d’une
institution financière de développement, le gouvernement va créer le Crédit Agricole du
Cameroun (CAC) dont la vocation d’une banque commerciale conduira cette structure à
la liquidation en 1998.
La grave crise financière qu’a connue le Cameroun en 1986/87 est à l’origine de la
baisse des engagements du système bancaire. C'est en fait une inversion de tendance
un peu brutale par rapport au passé où elles avaient au contraire trop prêté, et surtout
sans effectuer de sélection ni de suivi des projets. Les agents ont réalisé que les
banques avaient maquillé les bilans bancaires et avaient accumulé les créances fictives.
Ainsi, les crédits ont chuté de pratiquement 50 % entre 1990 et 1991 et les dépôts à
terme ont diminué de 33 % entre 1985 et 1987 et les dépôts à vue de 22 %. Pour éviter
un effondrement de tout le système bancaire, un plan de restructuration a été mis en
place en 1989. Grâce à ces
réformes et au changement de
Volum e des crédits à l’économ ie
politique monétaire, les banques
1200000
sont
liquides,
1000000
mais elles n'ont pas pour autant
800000
redevenues
accordé
plus
plus
de
crédit
à
600000
400000
l'économie.
200000
les
réformes
bancaires et monétaires, il faut
0
19
72
19
74
19
76
19
78
19
80
19
82
12
84
19
86
19
88
19
90
19
92
19
94
19
96
Depuis
1
souligner une atonie du crédit, les banques sont frileuses et s'engagent peu dans le
financement de l'économie. Le taux de couverture des crédits par les dépôts atteignait
110 % en 1996 contre 89 % en 1985, avant le déclenchement de la crise. La
dévaluation n'a pas eu les effets escomptés, les crédits à l'économie ont diminué de 27
% en terme réel entre de 1993 à 1994, et de 10% au cours de l'année suivante. Entre la
fin de l'année 1995 et avril 1997, cette tendance ne s'est pas améliorée, et les crédits à
l'économie ont diminué de 17 % (en nominal).
De même, il faut noter une prédominance des crédits à court terme qui représente
85 % des crédits accordés. Par secteur d’activité, le commerce général de distribution et
le commerce d’exportation absorbent plus de 40% des crédits à court terme. La
production industrielle est le deuxième secteur qui enregistre des montants substantiels
des financements des banques à court terme. Le secteur agricole vient en dernière
position soit moins de 10% du volume des crédits à court terme. A long terme, le
secteur industriel et celui des services (télécommunications) absorbent de près de la
moitié des crédits.
Cependant des disparités liées à la politique et aux conditions des crédits existent
entre les différents groupes d’établissements financiers. Une analyse différentiée par
type d’établissement financier va nous permettre i) de présenter la politique de crédit à
l’agriculture, ii) de préciser les conditions des crédits à l’agriculture (constitution des
dossiers, garanties à apporter, durée, taux, conditions particulières, etc), iii) d’analyser
le volume total des prêts (encours des crédits) accordés dans le secteur agricole et iv)
de recenser les catégories d’agriculteurs concernés.
A) Les structures bancaires formelles
Le secteur bancaire formel est composé des banques commerciales et des
structures spécialisées de promotion de l’épargne et/ou de financement de
l’investissement. La crise financière de 1986/87 a entraîné la fermeture de plusieurs
banques commerciales dont le nombre est passé de 12 en 1986 à 8 à 1998. Depuis
l’exercice 2000, on constate un regain d’activité dans ce secteur et l’entrée de nouvelles
banques commerciales portant le nombre de banques commerciales à 10 et 11
établissements financiers en 2005.
a. La politique de crédit
Le développement d’une activité bancaire est conditionné par sa propre rentabilité
qui édicte les conditions d’accès au crédit. Ainsi trois critères dictent l’accès au crédit
2
bancaire au Cameroun : il s’agit d’être titulaire d’un compte bancaire et de préférence
d’un compte courant, solvable et en possession d’une garantie.
Concernant la première condition, un montant minimum est exigé à l’ouverture
d’un compte excluant ainsi une certaine catégorie d’agents économiques (paysans, les
vendeurs à la sauvette, les micro entreprises et même les PME). Quant à la solvabilité
du client, le banquier analyse la surface financière et l’existence d’un marché lorsqu’il
s’agit d’une entreprise à travers ses bilans et des garanties proposées. La solvabilité
des particuliers est appréhendée à travers l’importance de son salaire. D’autres facteurs
à l’instar de la nature de l’opération, du plan de financement, de la durée de
l’engagement sollicitée vont également influencés la décision du banquier. Les garanties
requises par les banques sont classiques : il s’agit généralement de l’hypothèque, du
nantissement du matériel et de la caution des principaux actionnaires.
b. Les conditions des crédits à l’agriculture
La nature des flux mobilisés dans la configuration actuelle du secteur bancaire
relève plus de court terme. Ces crédits sont fragiles et ne permettent pas le financement
de projets de long terme à l’instar des projets agricoles. Les banques commerciales
n’étant pas des institutions spécialisées, elles ne disposent pas des conditions
spécifiques d’octroi de crédits au secteur agricole.
c. Analyse du volume total des prêts accordé au secteur agricole
Le volume de l’offre de crédit au secteur agricole a été faible par rapport aux
besoins du secteur. D’après l’Organisation Mondiale pour l’Alimentation et l’Agriculture
(FAO), chaque état doit consacrer 25% de son budget national à l’agriculture. Dans le
cas du Cameroun, ce ratio correspond à un montant de 425 milliards de FCFA. Ce
montant comparé aux dotations allouées au Ministère de l’Agriculture et du
Développement Rural est quatre fois plus élevé. Il apparaît un déficit de plus de 300
milliards de FCFA devant être complété par le secteur financier.
Au cours de ces dernières années, l’offre bancaire dans le secteur n’a pas excédé
100 milliards de FCFA. Ce montant demeure en dessous du tiers du déficit de
financement de 300 milliards de FCFA attendu dans ce secteur. Le tableau suivant
présente l’offre bancaire dans le secteur agropastoral et halieutique.
3
Tableau ** : Evolution de l’offre bancaire dans le secteur agropastoral et halieutique
Rubriques ; les montants
2001
2002
2003
2004
sont
exprimés en Montant % par rapport au Montant % par rapport au Montant % par rapport au Montant % par rapport
total général du
total général du
total général du
au total général
milliers de
crédit
crédit
crédit
du crédit
franc CFA
Production agricole
- Production agricole non
transformée
- 1ère transformation de
produits agricoles
- Activités annexes de
l’agriculture
Produits de l’élevage
81664
6,6
88216
6,8
82374
5,8
81976
5,5
17266
1,4
21037
1,6
20139
1,4
15961
1,1
27351
2,2
28517
2,2
22610
1,6
25829
1,7
37048
3,0
38660
3,0
39625
2,8
40186
2,7
1116
0,09
1603
0,12
930
0,07
2118
0,14
Produits de la pêche
4209
0,34
4727
0,37
4853
0,34
4813
0,32
Total secteur
86990
7,06
94547
7,30
88166
6,23
88907
5,98
Source : BEAC
Une comparaison entre l’offre de crédit dans le secteur agropastoral et halieutique
et le volume total des crédits renseigne qu’en moyenne cette part n’a pas excédé 8% au
cours de quatre dernières années. Cela témoigne du peu d’intérêt qu’accordent les
opérateurs financiers à ce secteur. La nature des flux mobilisés dans la configuration
actuelle du secteur bancaire, faite essentiellement de banques commerciales, relève
plus de court terme. Le financement du secteur agropastoral et halieutique nécessite la
mise en place d’un dispositif de mobilisation des crédits
de long terme. Le
développement de structures spécifiques de « fonds de garantie des crédits aux
entreprises » devrait permettre à ce secteur de mobiliser des financements longs.
B) Les organisations de micro-finance, les groupements d’opérateurs ou
d’ONG, etc.)
La libéralisation de la vie politique à travers la loi sur les associations en 1990 et la
loi du 14 août 1992 portant création des sociétés coopératives d’épargne et de crédit
(Coopec) et des groupements d’intérêt économique (GiC) au Cameroun ont donné un
surcroît de légalité de légitimité et de dynamisme au développement des groupements
d’opérateurs et des ONG. D’autres groupes dont les activités financières atteignaient
déjà un niveau important ont tout simplement crées dans diverses localités rurales ou
urbaines du pays, des coopératives d’épargne et de crédit rivalisant avec les filiales
locales des banques d’origine occidentale. La Compagnie Financière de l’Estuaire
(COFINEST) est certainement l’illustration la plus éloquente de cette évolution. De
même, la naissance des Mutuelles Communautaires de Croissance (MC) a indiqué la
4
voie de la bancarisation des tontines pour en faire un véritable outil de développement
au Cameroun.
La micro finance est une activité exercée par des entités agréées n’ayant pas le
statut de banque ou d’établissement financier… qui pratiquent à titre habituel des
opérations de crédit ou de collecte de l’épargne et offrent des services financiers
spécifiques au profit des populations évoluant pour l’essentiel en marge du circuit
bancaire habituel.
Au 31 mars 2006, le MINEFI a agréé 114 établissements de micro finance
indépendants et 249 caisses affiliées au réseau CamCCUL. Une base de données sur
les établissements de micro finance est actuellement élaborée au sein de la direction
sur financement du Projet d’appui au Programme national de Micro finance (PPMF).
Cette base permettra à la direction de disposer des statistiques sur les états financiers,
ainsi que des informations sur les dirigeants et la localisation des EMF au Cameroun.
Implantation des EMF Cameroun
L’on relève que l’activité de micro finance est implantée dans tout le territoire
camerounais avec un pic dans la province du Nord-Ouest où le réseau CamCCul est
installé à plus de 40% (60 caisses populaires).
Par ailleurs les provinces du Centre avec 69 EMF Indépendants, le Littoral avec
43 EMF constituent les pôles de développement des établissements de microfinance
indépendants. Ceci s’explique par la concentration de la population ayant les besoins de
financement dans ces zones. D’un autre côté, l’Adamaoua, le Sud et l’Est sont les
parents pauvres des EMF.
Récapitulatif de l’implantation des EMF en fonction de la province et la nature
Modalités
Indépendants
Types EMF
Adamaoua
Centre
Est
Extrême-Nord
Littoral
Nord
Nord-Ouest
Ouest
Sud
Sud-Ouest
Total
Réseau
CamCCUL
1
69
4
3
43
1
4
15
4
8
152
2
8
0
10
8
6
60
17
0
39
150
MC²
3
8
3
1
6
0
6
30
2
3
62
Total
Réseau
CVECA/CECA
0
35
0
10
0
11
0
0
0
0
56
Total
EMF
CABA
0
4
0
0
0
0
0
0
0
0
4
5
55
3
21
14
17
66
47
2
42
272
6
124
7
24
57
18
70
62
6
50
424
Source : Recensement des EMF /DGTCFM/SDMF : 10/12/2004- 01/05/2005
5
Emploi, épargne et crédit des établissements de micro finance
Dans le domaine financier et de l’emploi, les résultats collectés sur le terrain
montrent que le secteur possède actuellement plus de 44,22 milliards de francs CFA, le
montant de l’encours de crédits est supérieur à 31,14 milliards de francs CFA. Ces
crédits ont été octroyés principalement aux secteurs agricole (plus de 35%), petit
commerce (34%) artisanat, PME et PMI 20% tertiaires (salariés et divers 11%).
Le secteur fonctionne grâce aux souscriptions des adhérents, aux dons et legs,
au financement extérieurs provenant des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux.
L’on estime plus de 260 mille camerounais sont soit membre ou client d’un
établissement de micro finance. L’expérience montre que la vie des personnes
appartenant à une de ses organisations a été améliorée. Enfin, près de 1000 emplois
ont été générés par ce secteur.
Ces résultats auraient été plus significatifs si toutes les provinces avaient mis en
œuvre efficacement la déclaration de politique nationale de la micro finance du Premier
Ministre Chef du Gouvernement du 10 avril 2001 dans laquelle il rappelait les modalités
d’exercice des activités de micro finance du décret n° 2001/023/PM du 29 janvier 2001.
Tableau : Récapitulatif des données sur l’emploi, l’épargne et le crédit du secteur
Modalités
Epargne
Crédit
Emploi
Types EMF
29 085 747 528
21 876 621 989
546
CamCULL
8 313 716 000
2 500 000 000
Non disponible
MC²
449 000 000
676 000 000
Non disponible
CVECA
6 376 255 482
6 088 379 121
315
Indépendant
Total
44 224 719 010
31 141 001 110
861
Sources : Base de Données sur le recensement des EMF (DCFMA/SDMF), CamCULL, MC², COBAC :
Octobre 2005
Cas des Mutuelles Communautaires de Croissance (MC²)
Les MC² sont des EMF dont la principale mission est de doter les populations rurales
d’un instrument de développement. Ce processus de développement économique
s’appui sur cinq composantes :
-
la sensibilisation des élites et des populations rurales à l’appropriation de
l’instrument de développement ;
-
la mobilisation de l’épargne et des dépôts sources nourricière de l’investissement
dans l’économie ;
-
l’affectation de cette épargne au financement des activités économique
(individuelles) créatrices des richesses ;
6
-
la réalisation des projets économiques communautaires et enfin ;
-
le développement des filières agricoles (production, stockage, transformation et
commercialisation de céréales, fruits etc...).
Le fonctionnement des MC². Le fonctionnement de chaque MC² est assuré
par quatre (4) organes suivants :
-
L’Assemblée Générale : Organe suprême de décision ;
-
Le Comité des Sages ;
-
Le conseil d’Administration il joue aussi le rôle de comité de crédit ;
-
Le Secrétariat Exécutif : constitué de trois agents (Secrétaire Trésorier,
Comptable et Caissière), il est chargé de la gestion quotidienne de la MC².
Les Structures d’appui des MC2. Elles sont au nombre de quatre (4) :
-
Les Populations Concernées. La population de la localité d’implantation de la
MC² est le géniteur et le gérant de la caisse. La MC² sert de lien entre les
populations urbaines et rurales originaires d’une communauté. En favorisant les
rencontres entre ces populations, la Caisse constitue un forum d ‘échange et de
réflexions sur les questions de développement qui se posent à la communauté.
-
L’ONG ADAF. ADAF est une ONG qui apporte son appui au niveau du
développement des capacités institutionnelles des MC². C’est ainsi qu’elle assure
la formation du personnel, la centralisation et le traitement informatique des
données comptables, l’amélioration des procédures comptables, la recherche en
micro finance, les recherches appliquées pour la valorisation des matériaux
locaux et même les études de projets ruraux de développement (agriculture,
élevage, pêche, artisanat, éducation etc.) En outre, Adaf assume le rôle de guide,
d’encadreur, d’assistant d’agent de suivi/évaluation vis à vis des MC² tout en
servant d’agent d’intermédiation auprès des organisations internationales et
autres bailleurs de fonds.
-
Le parrain : Afriland First Bank. La First Bank Group, Banque internationale
privée d’origine Africaine, est le parrain des micros banques rurales MC². A ce
titre, elle assure : la formation des agents des MC² en matière d’opérations
bancaires ; la sécurité du fonctionnement des MC² par des contrôles réguliers et
en veillant au respect des ratios prudentiels (liquidité, performances, gestion de
risques), établis pour assure la bonne gestion des MC² ; l’ouverture des MC² sur
le système bancaire à l’échelle nationale et internationale ; à la demande
7
d’ADAF, le commissariat aux comptes des MC² ; apporte sur le plan local, le
complément de financement nécessaire (refinancement et cofinancement) au
développement des MC² ; accorde des subventions d’équilibre, soit à la structure
directement soit à ADAF, pour lui permettre d’assurer sa mission auprès des
MC² ; la promotion des projets communautaires.
-
Les organisations nationales et internationales. Elles peuvent intervenir au
sein d’un MC² après la phase d’implantation et d’autonomie qui dure
généralement cinq (5) ans. Dès lors, la MC² devient un modèle qui permet aux
organisations nationales et internationales ainsi qu’aux bailleurs de fonds
d’apporter un appui qui va germer et sera entretenu par ses bénéficiaires ; offrant
ainsi la possibilité d’aide à d’autres structures ayant un besoin de financement et
d’assistance.
L’appui conjoint de l’Institut Européen de Coopération et de Développement
(IECD) et du groupe bancaire français, Crédit Mutuel, à travers le réseau de la Mutualité
Camerounaise (MUTCAM) à la Coopérative d’Epargne et de Crédit et d’Investissement
du Cameroun-Epargne-Utile (CEICICAM-EU) est un autre exemple de tentative de
bancarisation des tontines pour pallier les insuffisances juridiques des tontines. Ces
coopératives s’appuient essentiellement sur certaines associations tribales de la région
des hautes terres dont les pratiques tontinières ont évolué et se sont perfectionnées.
a. Les conditions des crédits
Les MC² sont des instruments de développement rural qui fondent leurs actions
sur des pratiquent bancaires adaptées au monde rural pour la promotion d’un
développement dont les acteurs, les gestionnaires et les bénéficiaires sont des
populations de la zone d’implantation de la MC².
Les conditions d’octroient de crédit à un membre tiennent compte de
l’ancienneté, du montant de dépôts, du type de projet et de la solvabilité du demandeur.
Les taux d’intérêts sur les crédits se situent globalement entre 10 et 15% an. Plus
de 90% des crédits sont à court terme, le reste représentant les crédits à moyen terme.
La plupart des demandes de crédits moyens et longs termes restent insatisfaites par
manque de ressources appropriées pour ce type de financement.
b. Analyse du volume total des prêts accordé au secteur agricole
8
La MC² finance le secteur agricole à 31% du montant total de ces financements.
Il faut noter que le commerce qui est financé à hauteur de 39% concerne les produits
agricoles car les MC² sont généralement implantées dans les zones rurales.
Tableau : Répartition des crédits par secteur d’activité
Répartition des crédits par secteur d'activité
40%
35%
30%
25%
20%
15%
10%
5%
0%
% nombre total
% montant total
Agriculture et élevage
36%
31%
Commerce
22%
39%
Transformation /artisan
12%
11%
Service
1%
1%
Social
22%
14%
Autres
7%
4%
La nature court terme des dépôts mobilisé limite le financement direct du secteur
agricole de la transformation des produits locaux et de l’artisanat ainsi qui l’agriculture
de rente (cacao, café, palmier à huile, ananas etc.…) qui nécessite des investissements
de moyens et longs termes.
Mais, il faut noter q’avec l’appui d’Afriland First Bank, un Projet dénommé
MiTFund (Micro Trust Fund) a vue le jour en 2000. Depuis sa création, ce projet a déjà
financé plus de 150 projets pour le développement agricole pour un montant de 269 970
374 FCFA.
9
C) Les systèmes informels ou coutumiers
A la faveur de la restructuration du système financier africain au cours des années
1990 le développement et la modernisation des pratiques tontinières a été d’autant plus
rapide que les institutions financières classiques n’ont pas réussi à attirer l’épargne
populaire et moins encore à utiliser au mieux les dépôts recueillis pour financer le
développement de ces économies.
Au Cameroun, la loi sur les associations en 1990 a permis la légalisation par
l’autorité administrative de ces structures qui sont apparues comme un cadre de
transformation des ressources humaines, financières et informationnelles. On a vu
naître des nombreuses associations de ressortissants et d’élites de diverses localités et
groupes ethniques ou des anciens des établissements scolaires. D’autres groupes dont
les activités financières atteignaient déjà un niveau important ont tout simplement crées
dans diverses localités rurales ou urbaines du pays, des coopératives d’épargne et de
crédit rivalisant avec les filiales locales des banques d’origine occidentale. Cependant le
développement de ce système informel ou coutumier permet-elle de combler les
insuffisances de financement des investissements en général et du secteur agricole en
particulier du système bancaire formel.
a. La nature et le fonctionnement de ces structures
L'appartenance à l'ethnie, de naissance ou par alliance, est une condition
d'adhésion au sein des associations ethniques. Ces associations visent l'intégration
sociale maximale de leurs membres exclus d'autres cercles ethniques. La logique et le
mécanisme de l'exclusion sont les mêmes d'un groupe ethnique à un autre. En ce qui
concerne les grands groupes ethniques, ils s'excluent mutuellement. Par contre, les
associations de quartiers, professionnelles et religieuses sont pluriethniques; elles ne
retiennent pas l'appartenance ethnique comme condition d'adhésion. Pour ces
associations, la résidence dans le quartier et l'exercice de la profession sont des
conditions obligatoires d'adhésion.
La participation au fonds de secours ou de solidarité est également une condition
importante d'adhésion, excepté au sein des associations professionnelles et religieuses.
A l'évidence, l'un des rôles de ces associations est de créer, entre ses membres, un
réseau de relations visant à promouvoir une sorte de sécurité sociale maladie, décès
pour des personnes traditionnellement exclues des réseaux et des droits officiels.
D'ailleurs, au Cameroun, même pour des personnes jouissant de certains droits emploi
10
ou assurances privées , on sollicite le recours aux fonds, aux crédits ou à l'épargne des
associations dont on est membre pour couvrir certaines dépenses. C'est pour cette
raison que le paiement des droits à la caisse de secours est une condition d'adhésion
que l'on retrouve dans la quasi-totalité des associations.
b. Les conditions des crédits à l’agriculture
Les conditions de crédit dépendent de chaque type d’association. A la création de
la tontine, au définit les conditions d’accès au crédit dont les remboursements sont
généralement mensuels mais cependant non spécifiques à l’utilisation des fonds
empruntés.
II. L’analyse des obstacles au développement des systèmes de financement des
exploitations agricoles
A) Les obstacles liés au fonctionnement du système financier
L’analyse du système financier montre que le marché du crédit est focalisé sur les
concours à court terme, à cause de la nature des ressources qui sont en majorité des
dépôts à vue, ne pouvant financer des crédits à moyen et long terme. En plus, il faut
noter que ces concours de crédit vont pour l’essentiel aux grandes entreprises et aux
PME/PMI dites de négoce qui ont généralement besoin des crédits de court terme.
L’absence des structures financières spécifiques à l’instar des banques agricoles et des
« fonds de garantie des crédits aux entreprises » constitue un blocage majeur au
développement du financement agricole.
Le repli des opérateurs économiques vers ces institutions populaires a
paradoxalement mis au nu les insuffisances des textes statutaires qui en régissent le
fonctionnement.
La
multiplication
des
défaillances
aux
cotisations
et
aux
remboursements des prêts malgré le recours de plus en plus fréquent des tontiniers à la
justice pour le règlement des conflits marquent les limites de la confiance et appellent le
perfectionnement des bases juridiques.
B) Les obstacles liés à la nature des exploitations agricoles
Le taux de sinistre des activités agropastorales et halieutiques est estimé à 25%. Il
demeure donc trop élevé pour les banques commerciales dont le taux de créances
douteuses avoisine 15%. Généralement ce secteur souffre également d’une
insuffisance des garanties due à l’étroitesse des exploitations, la faiblesse des fonds
propres et l’inexpérience des promoteurs des projets dans ce secteur.
11
C) Les suggestions pour un développement des systèmes de financement des
exploitations agricoles
Le développement du système de financement des exploitations agricoles passe
par la création des conditions et d’un environnement permettant aux petits exploitants
d’avoir accès aux produits financiers. Des actions diversifiées doivent être développées,
testées et appliquées. Il s’agit de :
1.
la décentralisation des services bancaires par des agences et des bureaux
permanents et temporaires dans les petites villes. Ce rapprochement des
services bancaires va permettre la mobilisation de l’épargne et l’accès au
crédit.
2.
la mise en place d’un système de garantie à l’instar des fonds de garanties de
crédits aux entreprises va permettre de palier l’insuffisance des garanties
dans ce secteur.
3.
enfin la création des institutions bancaires spécialisées et spécifiques à
l’instar des banques agricoles permettra de combler le déficit de financement
dans ce secteur. L’exemple des MC2 semble efficace et adapté au contexte
camerounais.
12
Analyses
des
relations
entre
les
politiques
macroéconomiques
et
le
développement agricole
II. Le contexte historique
Jusqu’en 1985, après plus de deux décennies de croissance régulière, l’économie
camerounaise a affiché une situation tout à fait enviable parmi les pays de l’Afrique subsaharienne. Au développement continu de la production et des exportations agricoles
s’était ajoutée, à partir de la deuxième moitié des années 70, l’exploitation des
ressources pétrolières. Le Cameroun a ainsi enregistré des taux de croissance réel
moyens de l’ordre de 7% sur une dizaine d’années.
Au cours de l’exercice budgétaire 1985/1986, l’économie enregistre une baisse
brutale des revenus d’exportation. La baisse concerne aussi bien le pétrole que les
autres produits d’exportation ; elle se chiffre à 329 milliards de francs CFA environ, soit
l’équivalent de 8,2% du PIB. La dégradation de l’activité économique s’accélère en
1986/1987, en raison de la baisse persistante des cours des principaux produits
d’exportation (pétrole, café, cacao et coton). Les taux de croissance deviennent
négatifs. De 1985 à 1988, les termes de l’échange se dégradent de moitié.
III. Tentatives de mise en œuvre des politiques macroéconomiques
Pour faire face à la crise, le Gouvernement a, dans un premier temps, mis en
œuvre une politique d’ajustement interne qui montrera très vite ses limites. La réduction
du train de vie de l’Etat et du poids du secteur public dans l’économie s’avère en effet
insuffisante pour enrayer le mal qui est profond. Les indicateurs économiques
continuent de se dégrader. La baisse continue des revenus induit une chute de 40% de
la consommation par habitant entre 1985/1986 et 1992/1993. L’encours de la dette
extérieure passe de moins de 1/3 à plus de 3/4 du PIB entre 1984/1985 et 1992/1993.
Le taux d’investissement quant à lui passe de 27% à moins de 11% du PIB. Pour faire
face à la dégradation marquée de la situation des finances publiques caractérisée par
des tensions de trésorerie intenables, des baisses drastiques de salaires ont été
opérées dans la fonction publique en 1993.
A partir de 1994, les nouvelles politiques économiques mises en œuvre en
s’appuyant sur l’ajustement monétaire et les gains de compétitivité induits, permettent
alors d’infléchir la tendance. Des améliorations significatives sont en effet enregistrées,
13
dans un premier temps, dans le secteur des exportations et au niveau des finances
publiques. La trésorerie de l’Etat demeure néanmoins très insuffisante, et ne permet
même pas de faire face aux seules charges courantes. Le service de la dette publique
intérieure ou extérieure ne peut être convenablement assuré. En ce qui concerne la
dette extérieure, les relations avec les partenaires deviennent difficiles, avec
l’accumulation des arriérés de paiements.
Deux nouveaux programmes d’ajustement structurel conclus par le Gouvernement
en 1994 et 1995 avec le FMI au titre d’accords de confirmation se sont soldés, comme
les précédents, par un constat d’échec. En particulier, les objectifs en termes de
rétablissement de l’équilibre des finances publiques et de service de la dette extérieure
n’ont pas été atteints.
C’est en août 1997, après avoir exécuté de manière satisfaisante un programme
de référence suivi par les services du FMI durant tout l’exercice 1996/97, que le
Gouvernement a pu, pour la toute première fois, conclure avec cette institution un
accord au titre de la Facilité d’Ajustement Structurel Renforcée (FASR). Le Fonds
Monétaire International accordait ainsi son appui au programme économique et
financier à moyen terme que les autorités camerounaises mettaient en place pour
couvrir la période allant du 1er juillet 1997 au 30 juin 2000.
L’exécution du programme de référence en 1996/97 a été renforcée par une action
volontariste de restauration de la crédibilité extérieure du Cameroun, notamment à
travers un apurement d’arriérés extérieurs d’environ un demi milliard de dollars
américains. Par ailleurs, le Gouvernement a étroitement associé le secteur privé et la
société civile à l’élaboration du programme économique et financier triennal, ainsi
qu’aux négociations avec le FMI en vue de l’accord de financement intervenu en août
1997. Cette démarche a permis d’obtenir une meilleure adhésion des opérateurs
économiques et de la société civile aux nécessaires politiques d’ajustement et de
réformes.
Le programme économique et financier du Gouvernement pour la période allant du
1er juillet 1997 au 30 juin 2000 a été mis en œuvre de manière satisfaisante, avec
l’appui déterminant de la communauté financière internationale notamment, le FMI au
titre de la FASR devenue FRPC, la Banque Mondiale avec un troisième Crédit
14
d’Ajustement Structurel, l’Union Européenne, la Banque Africaine de Développement,
les créanciers bilatéraux réunis au sein du Club de Paris, les créanciers bilatéraux non
participants au Club de Paris (Arabie Saoudite, Koweït, Chine) et la France avec les
prêts à l’ajustement structurel, additionnels aux allègements du service de la dette
consentis dans le cadre de l’accord avec le Club de Paris d’octobre 1997.
L’éligibilité du Cameroun à l’initiative renforcée d’allégement de la dette des Pays
Pauvres très endettés, consacrée en mai 2000 par les Conseils d’Administration du
Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale, ouvrait ainsi des perspectives
nouvelles pour le pays, grâce aux économies budgétaires mobilisables à partir du point
de décision que le Cameroun a pu franchir dès le mois d’octobre 2000.
IV. Analyse de la croissance au cours des cinq dernières années
Les
bonnes
performances
Evolution de la production pétrolière.
enregistrées dans la mise en œuvre du
Exercices
programme
Production
42.5
39.9
37.4
35.6
32.6
30.1
Variations (en %)
-0,6
-6,0
-6,4
-4,7
-8,3
-7,8
économique
et
financier
triennal 1997-2000 ont permis d’améliorer
2000 2001 2002 2003 2004 2005
sensiblement la stabilité macro-économique et de renforcer la base nécessaire pour une
croissance soutenue de l’économie. La croissance de l’économie camerounaise
entamée depuis l’année de la dévaluation du FCFA qui a permis des gains de
compétitivité significatifs s’est située autour de 4,3% au cours de la période 2000-2004.
Malgré la chute continue de la production pétrolière, le secteur non pétrolier a permis à
l’économie camerounaise de se maintenir sur une tendance haussière.
Plusieurs facteurs tant externes qu’internes ont influencé les performances de
l’économie au cours de cette période. Au plan externe, la bonne tenue des cours de nos
principales matières premières notamment le pétrole, le bois, la cacao ainsi que le café
et la demande mondiale de plus en plus importante ont contribué à stimuler les
exportations et la croissance dans les branches concernées.
Au plan intérieur, outre un meilleur approvisionnement en énergie électrique
amorcé en 2003 grâce à une bonne pluviométrie et la mise en service de la centrale
thermique de Limbé, la réalisation de gros projets d’investissement à l’instar du projet
pipeline Tchad-Cameroun, des grands travaux d’entretien et d’extension du patrimoine
routier national, la modernisation du terminal au Port Autonome de Douala (PAD) qui a
15
concouru au maintien du chenal d’accès autour de huit mètres augmentant ainsi la
capacité du PAD à accueillir des gros porteurs ont été des facteurs ayant fortement
influencé l’activité économique au cours de cette période.
La croissance des cinq dernières années
a en partie reposé sur le secteur non pétrolier.
La contribution du secteur pétrolier à la
croissance a été en diminution au cours de
cette période. Les secteurs des services et
dans une moindre mesure le secteur primaire
ont le plus contribué à la croissance. Les efforts
Evolution du PIB en volume
2001 2002 2003 2004
PIB à prix constant
4,3 4,3 4,3 4,0
PIB Pétrolier
-3,4 -3,0 -1,5 -8,3
PIB non
4,7 4,7 4,6 4,5
Pétrolier
Secteur Primaire
3,8 3,2 6,0 3,9
Secteur Secondaire
1,8 1,8 1,8 2,1
Secteur Tertiaire
6,6 7,0 5,5 5,1
du Gouvernement en faveur des facteurs de la croissance (infrastructures, le capital
humain et l’environnement des affaires) ont certainement permis de renforcer les atouts
compétitifs d’autres filières dont les industries afin de leur permettre de relayer le pétrole
pour générer une croissance plus diversifiée et plus redistributrice. Ces politiques et
programmes ont commencé à être traduits en perspectives chiffrées de croissance
sectorielle à moyen et long termes. Les sections ci-après évaluent la contribution à la
croissance du secteur agricole au cours de la période 2000-2004 dans les principales
branches d’activité.
A. La contribution du secteur agricole à la croissance du PIB
Durant les années 60 et 70, la croissance était tirée par l’agriculture d’exportation,
en particulier le café et le cacao. En 1978, la découverte de gisements pétroliers suivi
du boom pétrolier durant la période 1978-82 a profondément changé la composition du
PIB de sorte que la croissance des dix dernières années a reposé en grande partie sur
le secteur pétrolier, qui a compté pour près de 7% du PIB et 30% des recettes
d’exportation et des revenus du gouvernement en 1990. Toutefois, avec l’épuisement
des ressources pétrolières, la production pétrolière a régulièrement diminué durant les
cinq
dernières
gouvernement
années
a
et
commencé
le
a
Poids des secteurs par rapport au PIB en %
35
mettre en œuvre des politiques
30
visant
20
à
compétitifs
renforcer
d’autres
les
atouts
filières,
en
Secteur primaire
Valeur ajo utée no n marchande
40
Secteur tertiaire
Secteur seco ndaire
25
15
10
5
0
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999 2000
2001 2002 2003
16
particulier dans les industries, afin que ces dernières puissent prendre le relais du
pétrole pour générer une croissance plus diversifiée et donc plus stable et
redistributrice.
La croissance du secteur rural mérite une attention particulière puisque ce dernier
occupe près de 60% de la population active du Cameroun, assure dans une large
mesure l’approvisionnement alimentaire du pays, et génère environ 30% des recettes
en devise. Notons également que le secteur agricole induit de nombreux effets
d’entraînement sur les autres secteurs, contribuant ainsi à la diversification des
exportations, à la sécurité alimentaire, à la création des emplois et à la lutte contre la
pauvreté. De ce fait, par ses diverses contributions, le secteur rural fait figure de plate
forme privilégiée pour la relance de la croissance et la compétitivité et la réduction de la
pauvreté, ce d’autant plus que le Cameroun regorge d’énormes potentialités agro
écologiques. Ce secteur comprend plusieurs sous-secteurs : (i) l’agriculture vivrière et
(ii) d’exportation, (iii) l’environnement et la forêt, la pêche et l’élevage.
L’agriculture, avec 64% de contribution au PIB agricole est prépondérante sur
l’Environnement 18% et l’Elevage 15%. La croissance de la production agricole a
toutefois été fortement pénalisée dès le début des années 80 suite à l’augmentation des
prix des produits intérieurs, des salaires et l’appréciation du taux de change réel qui a
suivi le boom pétrolier. En effet, le taux de croissance de la production agricole a été
réduit de moitié d’environ 4% sur la période 1970-1978 à 2% sur la période 1979-1985.
Puis depuis la moitié des années 90, la production agricole a rebondi suite aux
politiques de libéralisation agricoles conduites par le gouvernement dans le début des
années 90 et la dévaluation du Franc CFA en 1994. Mais les évolutions sont différentes
entre l’agriculture vivrière et celle de rente.
La production vivrière a connu une croissance relativement stable, qui a dépassé
la croissance démographique sur la période 1996-2001 d’environ trois. Ceci est le
résultat de la forte demande émanant de l’urbanisation rapide d’une part, et de la
croissance des revenus des pays exportateurs de pétrole tels le Tchad et la Guinée
équatoriale, le Nigeria et l’Angola. Toutefois, l’offre demeurant très dépendante des
aléas climatiques n’a pu que partiellement répondre à cette demande accrue qui s’est
en partie répercutée par une hausse des prix des produits vivriers.
17
Par contre, la production des cultures de rente a connu une évolution très erratique
depuis la dévaluation. En effet, la production des produits de rentes est sujette à des
contraintes d’ordre structurelle (superficie des terres cultivables), naturelle (pluviométrie)
et conjoncturelle (la fluctuation des prix aux producteurs). La superficie des terres
cultivables n’ayant pas beaucoup évolué et la pluviométrie étant resté stable, c’est donc
la conjoncture internationale qui a tirée en grande partie la dynamique de la production.
Une analyse de la contribution du secteur agricole à la croissance du PIB révèle
qu’au lendemain de la dévaluation du FCFA, ce secteur a bénéficié des gains de
compétitivité ayant permis d’amorcer une tendance haussière. On note cependant un
essoufflement depuis l’exercice 2000 caractérisé par une faible contribution à la
croissance du secteur agricole.
Cette baisse de la contribution à la croissance du PIB
est essentiellement due à la baisse de la production des produits industriels
d’exportation.
Les contributions à la croissance du PIB (%)
Libellé
1994
Secteur primaire
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2.3
-0.9
0.7
2.1
1.3
1.0
0.7
0.7
0.5
1.2
-2.0
-0.1
0.2
1.3
3.4
1.5
1.5
1.2
0.2
0.5
Secteur tertiaire
2.4
3.1
3.7
0.7
-0.6
2.1
2.4
1.9
2.7
2.7
PIB
2.3
4.8
5.2
5.5
5.1
4.3
4.6
4.5
4.0
5.0
Secteur secondaire
L’économie camerounaise reste très dépendante d’un nombre réduit de produits
primaires exportés. En 2000, ces produits, hors pétrole brut, ont représenté 50% environ
des exportations totales. Les cours mondiaux de ces produits sont particulièrement
volatiles, ce qui constitue un risque pour le producteur et affecte le profil de la
production et donc la variance du revenu national.
Evolution des cours des principaux produits exportés, 1980-2000
Produits
Pétrole
Cacao
Café robusta
Coton graine
Banane d'export.
Caoutchouc
Bois, grumes
Cours mondiaux (dollar EU)
Poids dans le total
des exportations
Ecart
Coef.
Croissance
Moyenne
de biens, 2000
type
Var.
des cours %
49,5
21
6
28,6% -1,4
7,9
1539
436
28,3% -2,3
4,6
87
36
41,4% -6,8
5
8
14
175,0%
2,3
3
70
1
1,4%
-2
1,1
43
11
25,6% -1,8
19,5
184
77
41,8%
2,3
Source : MINEFI/DAE
18
Le tableau ci-dessus montre que les cours des principaux produits ont connu des
tendances contrastées au cours des 20 dernières années (+20% et 38% respectivement
pour le cacao et la banane, et –14%, -35% et –20% respectivement pour le pétrole, le
café et le coton). Les coefficients de variation (rapports de l’écart type aux cours
moyens) sont particulièrement élevés, indiquant ainsi l’extrême volatilité des cours
mondiaux de ces produits.
Une simulation d’un choc d’une baisse de 50% des cours des matières premières
à l’exception du pétrole à l’aide de l’instrument de prévision de la Direction des Affaires
Economiques du Ministère de l’Economie et des Finances permet d’apprécier l’impact
sur l’activité globale.
Les résultats indiquent une perte importante d’environ 1/5 point de croissance par
an, qui s’amenuise à l’horizon 2010. Les moins-values en recettes propres sont
importantes (38 milliards en moyenne annuelle par rapport au scénario central), ce qui
force des réductions proportionnelles des enveloppes dans les secteurs prioritaires. Les
« effets sociaux » distribution et pauvreté sont aussi notoires. De même les revenus des
ménages chutent de près de 5 points en cumul sur la période 2004-2007. Cette chute
est plus prononcée (-1,5 point d’écart) pour les 20% de ménages les plus pauvres par
rapport aux 20% les plus riches. Avec la réduction du taux moyen de croissance, les
gains en termes de réduction du taux de pauvreté sont moindres d’environ 1,2 points
sur la période 2003-2007, situant le taux de pauvreté à 35,8% en 2007 contre 34,6%
dans le scénario central. Il faudra alors une croissance encore plus forte au-delà de
2007 pour rattraper cet écart et atteindre les objectifs du millénaire en 2015.
B. Contribution à la croissance des autres secteurs
Les secteurs de production réagissent différemment aux facteurs. Par exemple, la
production de produits vivriers dépend plus des variables de court terme à savoir les
prix et aux chocs naturels qu’aux services d’infrastructure. De même, ce secteur est
faible consommateur de capital humain spécialisé. Ceci est révélateur de la faiblesse
des techniques et des opérateurs, ainsi que de la moindre disponibilité des services
publics et d’infrastructure dans le milieu rural. Par contraste, la production dans le
secteur des produits de rente dépend plus du capital privé, et à court terme, des prix
19
exports. Ceci indique un plus grand usage des ressources financières dans ce sous
secteur.
La production des Industries Manufacturières est fortement dépendante du capital
humain aussi bien que des infrastructures, en particulier l’énergie électrique. Leur
compétitivité dépend également de la disponibilité des matières premières du secteur
agricole et halieutique utilisées comme intrants dans l’industrie agroalimentaire. De
même, la productivité des services marchands
dépend de la disponibilité des
infrastructures et de la performance de l’activité dans les secteurs primaire et
secondaire. En particulier, les secteurs du transport, du commerce et de l’hôtellerie sont
fortement tributaires de l’évolution des activités des deux secteurs en amont.
Le sous secteur des industries agroalimentaire est composé principalement des
industries de transformation des produits d’origine agricole (48%), de production de
boissons (36%) et de fabrication de cigarettes (7%). Ce sous secteur représente plus de
23% de l’activité du secteur secondaire dont le poids dans la constitution du PIB est de
31%. Toutes ces industries utilisent comme matières premières les produits du secteur
agricole à l’instar des huiles brutes de palme, de coton et d’arachide pour la fabrication
des huiles raffinées; de la patte de cacao pur les chocolateries locales ; du maïs pour
les industries brassicoles et du tabac pour les industries de production de la cigarette.
Ainsi une analyse du TRE de 2000 à 2003 montre que plus de 40% des emplois du
sous secteur proviennent directement du secteur agricole et halieutique.
De même certaines industries manufacturières à l’instar des industries des textiles
et de confection (18% du sous secteur) et des industries de caoutchouc (14% du sous
secteur) utilisent principalement la matière première issue du secteur agricole
notamment le coton et le caoutchouc.
Le
développement
des
industries
agroalimentaires
et
manufacturières
représentant respectivement 23% et 41% le volume des activités du secteur secondaire
dépend des performances du secteur agricole via l’approvisionnement en matières
premières.
Quant au secteur tertiaire (45% du PIB), il est composé des sous secteurs
commerce, restaurants et hôtels ; transports, entrepôts, communications ; banques et
organismes financiers et des APU. Le secteur agricole alimente en matières premières
20
les restaurants et les hôtels. L’approvisionnement des marchés des principales villes et
de la sous région en denrées agricoles soutient l’activité des transports des zones
rurales vers les villes et les pays limitrophes.
Ainsi le secteur agricole via
l’approvisionnement en matières premières des restaurants et des hôtels et son soutient
aux activités de transport routier et ferroviaire impacte le volume des activités du secteur
tertiaire.
Une analyse des interrelations entre les secteurs révèle qu’il existe une forte
interdépendance entre les productions agricoles et halieutiques et la croissance des
activités des industries agroalimentaires et des services marchands. Un choc sur la
structure de production (cours, prix aux producteurs, sécheresse) du secteur agricole et
halieutique permet d’analyser les effets induits sur d’autres secteurs. Cet exercice de
simulation s’effectue à l’aide du modèle macro économétrique (SIPAE) de la Direction
des Affaires Economiques du Ministère de l’Economie et des Finances. Le tableau cidessous présente la matrice des élasticités du modèle SIPAE permettant de réaliser ces
simulations.
Tableau des élasticités
valeur
retardée
Secteurs d’activité
Capacité
d'importation
exportations
Secteur
primaire
Secteur
secondaire
Energie
Investissement
public
0,100
0,225
Industrie
Manufacturier
0,548
BTP
Services
0,315
Commerce
0,380
Transports, entrepôts
et communications
0,355
Banques et organismes
financiers
Autres Services
Marchands
0,482
0,353
0,493
0,185
0,299
0,085
0,353
1,421
0,268
0,161
0,245
0,134
0,254
0,264
0,379
0,310
0,607
0,314
0,095
Une hypothèse de diminution de moitié des cours de la banane, du cacao et du
coton
variation
va
engendrer
une
négative
des
Années
Croissance du PIB
2006
2007
2008
2009
2010
2011
-0.10% -0.08% -0.05% -0.02% -0.01% 0.00%
croissances du volume des
Secteur primaire
activités des secteurs primaire,
Secteur secondaire 0.01%
secondaires et tertiaires. Le
Secteur tertiaire
0.00% -0.18% -0.06% 0.03%
0.05% 0.06%
0.00% -0.02% -0.02% -0.03% -0.03%
-0.20% -0.08% -0.06% -0.04% -0.03% -0.01%
21
tableau ci-après donne l’impact chiffré d’un tel choc sur la croissance du PIB.
C. Contribution à l’évolution des recettes d’exportation
Les exportations sont
dominées par le pétrole et les
produits pétroliers, suivis du
cacao
(fèves
surtout),
du
Evolution des recettes d’exportation de cultures de rentes
En milliards de francs CFA
Cultures de rente
En pourcentage du total des
recettes d’exportation
2000
220,8
2001
260,5
2002
286,9
2003
275,6
2004
305,4
16,9%
20,3%
22,9%
20,9%
26,9%
café, de l'aluminium et du bois d'œuvre. Les principaux produits importés sont les
produits manufacturés. L'Union européenne (UE) demeure le principal débouché
(66 pour cent environ des exportations de marchandises en 1999/2000) et la principale
source d'approvisionnement (50 pour cent des importations totales).
Durant la période 1996-2001, le Cameroun a libéralisé les filières de produits
d’exportation (filières café et cacao). Comme résultat, la production a suivi de prêt la
tendance des prix, et la volatilité des cours a contribué à la désaffection relative de
certains produits, ce qui a affecté à la fois les quantités produites comme la qualité de la
production (ex le cacao, et le café). Ces tendances sont plus mitigées pour la production
de la banane d’exportation car c’est un secteur pour lequel les quantités produites sont
fonction des quotas prédéfinis avec l’Union Européenne. Il en est de même pour la
production du coton dont le prix aux agriculteurs est fixé par la SODECOTON, ce qui
amortit les chocs liés aux changements de prix internationaux.
Part des exportations agricoles par rapport
aux exportations hors pétrole
Part en volum e des exportations agricoles par
rapport aux exportations hors pétrole
50.0%
60.0%
40.0%
50.0%
30.0%
40.0%
20.0%
30.0%
10.0%
0.0%
P ar en vol ume des expor t at i ons
agr i col es par r appor t aux expor t at i ons
hor s pét r ol e
20.0%
1999
2000
2001
2002
2003
2004
29. 0%
31. 9%
39. 3%
40. 2%
44. 8%
45. 5%
10.0%
0.0%
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Les parts en volume et en valeur des exportations agricoles par rapport aux
exportations hors pétrole sont passées respectivement de 29% et 43% en 2000 à 45%
et 50% en 2004.
22
D. Contribution au développement de l’emploi
Ce secteur demeure un des secteurs
Contribution des secteurs au
développem ent de l'em ploi
dominants de l’économie camerounaise,
tant par sa contribution à la croissance que
par son potentiel en matière d’emploi et de
réduction
de
la
pauvreté.
Selon
services
30%
les
agriculture
56%
projections, un peu plus de la moitié de la
population totale du pays vit en zone rurale
et
s’occupe
des
activités
agricoles,
industrie
14%
pastorales ou forestières. Les analyses du
profil de la pauvreté montre que la pauvreté au Cameroun est d’abord un phénomène
rural.
La
contribution
du
Evolution de l'emploi par secteur
secteur au développement
de
l’emploi
demeure
prépondérante soit 56% du
25.0
20.0
total des effectifs employés
au Cameroun en 2005. Cet
15.0
cache
10.0
cependant une réalité de
5.0
effectif
élevé
sous emploi et d’auto emploi
0.0
dans ce secteur. Le taux
élevé de l’emploi informel
industrie
agriculture
total
services
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
-5.0
dans le secteur agricole est à l’origine de ces phénomènes.
De même, le nombre d’années d’études réussies observé en 2005 demeure très
faible par rapport à la moyenne nationale soit 3,4 années d’études réussies contre 4,9%
sur l’ensemble des secteurs. Cela explique la faible pénétration des nouvelles
techniques agropastorales à fort rendement. Le faible niveau des revenus issus des
activités agricoles et halieutiques ne permet pas d’observer un flux important des
migrants des autres secteurs vers le secteur agricole. L’ancienneté dans l’emploi est
23
particulièrement élevée dans ce dernier à cause du faible niveau d’instruction des actifs
de ce secteur.
Structure des emplois par secteur d’activité
Répartition
des emplois
(%)
Proportion
Proportion
Age
de femmes des migrants
moyen
(%)
(%)
Secteur
55,7
33,5
primaire
Industrie et
14,1
33,1
BTP
Commerce
10,4
32,7
Services
19,8
32,9
hors
commerce
Ensemble
100
33,2
Source : INS, EESI 2005, phase 1
Années
d’étude
réussies
Ancienneté Ancienneté dans
dans l’emploi l’entreprise (en
(en années)
années)
52,6
36,6
3,4
12,0
12,1
53,4
56,1
5,4
6,4
6,8
49,7
56,0
5,8
5,3
5,4
35,9
67,2
8,5
4,6
5,2
49,1
47,4
4,9
9,1
9,3
E. Contribution à la maîtrise de l’inflation
Le poids des produits alimentaires
dans la construction de l’indice des prix à la
consommation demeure prépondérant et
influence
l’évolution
de
l’inflation
au
Cameroun. La forte « déflation » au cours
des années 2003 (0,6%) et 2004 (0,3%)
Libellé
Alimentation, boissons, tabac
Dépenses de maison
Habillement et chaussures
Santé et soins personnels
Transport et communication
Education et loisirs
Indice général national
Poids
4 360
1 760
1 120
560
1 470
730
10 000
s’explique par un important approvisionnement des marchés en produits alimentaires au
cours de cette période.
Le regain du niveau d’inflation observé en 2005 se situant autour de 1,8% est due
à la combinaison de deux facteurs à savoir la montée des cours du pétrole
renchérissant les coûts de transport des denrées alimentaires et l’augmentation en 2005
de d’un demi point de la TVA. Cependant au cours de l’exercice 2005, des disparités
s’observent entre les différents groupes de produits. Ainsi malgré la hausse des prix des
postes de consommation « Boissons et tabacs » (9,2%) et « Transports et
communication » (5,4%) due respectivement à l’augmentation d’un demi point de TVA
et de la hausse des cours du pétrole, les postes de consommation « Produits
alimentaires » ont atténué ces deux effets sur les prix au cours de l’exercice 2005.
24
Produis alimentaires %
Glissem ent annuel de l'INP:National (%)
18%
18%
15%
15%
12%
12%
9%
9%
6%
6%
3%
3%
0%
0%
-3%
-3%
-6%
-6%
Jan-95
Jan-96
Jan-97
Jan-98
Jan-99
Jan-00
Jan-01
Jan-02
Jan-03
Jan-95 Jan-96 Jan-97 Jan-98 Jan-99 Jan-00 Jan-01 Jan-02 Jan-03 Jan-04
Jan-04
F. Contribution à la réduction de la pauvreté
La dynamique de la pauvreté est fonction de l’accroissement du revenu des
ménages, et donc de la croissance économique. Toutefois, la croissance économique
est une variable macroéconomique agrégée qui peut cacher de fortes disparités entre
les différents secteurs de l’économie. On sait par exemple qu’une part importante de la
population travaille dans l’agriculture, ainsi la croissance dans ces secteurs est
susceptible d’affecter sensiblement le taux de pauvreté. La décomposition des taux de
pauvreté dans les différentes filières, décrite dans le tableau ci-joint, permet d’analyser
l’incidence des variations entre les taux de croissance des différents secteurs sur les
taux de pauvreté des différentes catégories de ménages.
Croissance économique et réduction de la pauvreté et des inégalités (1996-2001)
1996
Secteur
Agriculture/élevage.
Vivrière
Rente
Élevage
Industries.
Manufacturière
Minières
BTP/ Elect, Gaz&Eau
Services
Marchand
Salaires Admn Pub
Source : MINEFI/DP et INS.
P0
2001
Gini
Variations
P0
Gini
DP0
DGini
96-2001
Cr. Annuelle
Ecart
moyenne
Type.
67
65.2
58.6
0.34
0.31
0.37
48.0
59.8
50.4
0.39
0.34
0.33
-19.1
-5.4
-8.2
0.04
0.03
-0.04
3.1
-2.0
3.1
1.6
2.9
4.2
26.4
58.6
39.7
0.50
0.40
0.40
16.4
12.8
27.0
0.41
0.37
0.43
-10.0
-45.8
-12.7
-0.09
-0.03
0.03
3.1
-8.6
-1.7
1.9
9.2
10.6
26.2
28.2
0.41
0.43
9.6
19.4
0.40
0.42
-16.6
-8.8
-0.01
-0.01
9.2
12.6
4.8
16.8
Les élasticités croissance/pauvreté et inégalité/croissance figurant dans le tableau
ci-dessous indiquent de combien diminuent respectivement le taux de pauvreté ou les
inégalités (mesurées par l’indice de Gini) lorsque la croissance économique sectorielle
25
gagne un point. Il ressort de cette analyse que pendant la période 1996-2001, la
croissance a fortement réduit la pauvreté des ménages travaillant dans les secteurs de
l’agriculture vivrière, de l’élevage, des industries manufacturières et des services non
marchands
Les secteurs de l’agriculture vivrière, les industries manufacturières et de l’élevage
sont ceux qui répondent le plus à une variation du taux de croissance. La forte
diminution de la pauvreté chez les ménages du secteur de l’agriculture vivrière peut
s’expliquer par une croissance stable autour de 3% sur toute la période, une faible
volatilité (1.6) et une situation relativement « égalitaire » avec un indice de Gini plus bas
que ceux de l’industrie. Quoique paradoxalement, les inégalités semblent avoir
augmenter chez les ménages vivant grâce à ce secteur. Notons que les secteurs liés
aux produits de rente et aux services BTP/eau/électricité ont connu une récession sur la
période 1996-2001 et pourtant la pauvreté a diminué pour les ménages dont les chefs
de famille travaillent dans ces secteurs respectifs. Cela pourrait s’expliquer par les
transferts qui s’effectuent entre ménages et/ou par le fait que les ménages tirent leurs
revenus de plusieurs sources.
V. L’impact des choix des politiques économique et budgétaire
A. Impact des politiques de libéralisation et du désengagement de l’Etat
La période post libéralisation a été caractérisée par les prises de participation du
gouvernement à la production et à la commercialisation des produits agricoles de même
qu’à la redistribution des revenus agricoles. L’objectif était d’influencer les prix à la
production et les prix des facteurs de production et de fournir des services de base au
secteur agricole.
Du point de vue macroéconomique, ces réformes ont été précipitées par une crise
économique
marquée
par
une
faible
croissance
et
des
déséquilibres
macroéconomiques graves, tels qu'une inflation élevée, des déficits fiscaux, des déficits
de la balance commerciale et des problèmes critiques dans les secteurs financiers liés
en partie à la crise de la dette extérieure au cours des années 1980. Dans l'ensemble,
ces contraintes ont entraîné des réductions budgétaires importantes et, ce qui touchait
particulièrement
le
secteur
agricole,
des
réductions
spécifiques
des
crédits
subventionnés, des programmes de commercialisation et des infrastructures.
26
L'objectif primordial des programmes d'ajustement structurel et de libéralisation du
commerce était de permettre un désengagement de l’État. La principale stratégie
adoptée pour réaliser cet objectif était la réforme sur plusieurs plans: réduction de la
protection, déréglementation, privatisation et stabilité. Les éléments les plus importants
de ces réformes politiques en ce qui concerne le commerce agricole étaient le
remplacement de la majorité des restrictions quantitatives des importations par des
tarifs douaniers, la réduction du niveau et de la dispersion des tarifs douaniers,
l'élimination des taxes à l'exportation, des contingents et des licences, l'élimination du
contrôle intérieur des prix et la suppression progressive des programmes d'achats
publics.
Impact sur les prix
En l'absence de politiques intérieures visant à soutenir les prix agricoles, la
tendance à la baisse des cours internationaux se traduit par une tendance semblable
des prix réels à la production. Cela peut également s'appliquer aux produits seminégociables tels que le sorgho, le millet, le manioc et l'igname, dont les cours, à long
terme, ont tendance à suivre ceux des principales céréales. Le Cameroun a connu des
périodes d'augmentation des prix réels à la production et des périodes de baisse. La
période de hausse des prix intérieurs réels a été liée à la dévaluation du FCFA de 1994.
Par ailleurs, le relâchement du contrôle de l'État sur les prix et les systèmes de
commercialisation a conduit à une hausse des prix à la production, en particulier dans le
cas des produits agricoles d'exportation. En revanche, la libéralisation des importations
semble avoir contribué à faire baisser le prix intérieur réel de certains produits de base.
Les données montrent que la production a réagi positivement à l'augmentation des
prix réels, et négativement à leur baisse. Les producteurs réagissent à une combinaison
d'incitations par les prix (déterminées aux niveaux international et national) et les autres
contraintes. Lorsque les possibilités d'exportation augmentent par suite de l'ouverture
d'un marché précédemment protégé, l'expansion des exportations peut se produire
même lorsque la baisse des prix internationaux est plus pleinement transmise aux
producteurs nationaux, en raison de réductions simultanées des restrictions des
exportations locales.
27
De même, l'augmentation des prix intérieurs peut ne pas traduire une hausse des
prix à la production, car des acteurs plus influents de la chaîne d'approvisionnement
bénéficient du revenu accru qui découle de l'accroissement des cours mondiaux. Dans
d'autres cas, les politiques nationales et les changements institutionnels peuvent
contribuer à expliquer la réponse de la production. Par exemple, des augmentations
sensibles des prix des intrants peuvent atténuer l'effet potentiel des accroissements des
prix de la production; il arrive aussi que la suppression du soutien accordé au crédit
rural ait un effet négatif sur la production.
Impact sur la production et les revenus des producteurs agricoles
On constate une augmentation de la valeur totale des exportations, mais la
libéralisation du commerce semble aussi avoir encouragé la diversification des produits
d'exportation. Bien que l'importance économique des exportations de produits tropicaux
traditionnels se soit maintenue, les produits non traditionnels. En revanche, les
importations alimentaires ont augmenté en moyenne plus rapidement que les
exportations agricoles.
Dans le secteur agricole, les réformes ont touché les producteurs différemment,
selon le type de production. Dans l'ensemble, les producteurs d'exportations en ont
bénéficié, de même que les salariés travaillant dans les secteurs de la production et de
la transformation de produits agricoles d'exportation. Par contre, les producteurs faisant
concurrence aux produits d'importation, qui ont perdu dans une certaine mesure leur
protection, ont été défavorisés à court terme. Toutefois, leur bien-être à long terme
dépendait de leur capacité d'accroître leur productivité ou de modifier leurs cultures.
Dans bien des cas, la flexibilité des agriculteurs s'est révélée insuffisante pour ajuster
leur production ou leurs cultures et cette catégorie d'agriculteurs aura probablement subi
des pertes à long terme.
Dans l'ensemble, les producteurs de biens non échangeables ont été moins
directement touchés par les réformes commerciales, mais il se peut qu'ils aient souffert
indirectement de l'évolution de la consommation en faveur des produits d'importation
meilleur marché, ou qu'ils aient bénéficié indirectement de l'augmentation éventuelle du
prix des produits d'exportation. Les petits exploitants agricoles produisent en général
des biens non échangeables et les membres de leur ménage ont tendance à travailler
28
plutôt dans le secteur rural non agricole. Ainsi, les ménages des petites exploitations
agricoles ont bénéficié des réformes dans la mesure où des possibilités d'emploi se sont
présentées dans le secteur rural non agricole, mais il reste à savoir si cette
augmentation de l'emploi est une conséquence directe de la libéralisation du commerce.
Impact sur l’organisation des filières agricoles
Le gouvernement considère le développement du secteur agricole comme le
meilleur moyen de réduire la pauvreté et de stimuler la croissance économique. Il est
résolu à pousser plus loin la libéralisation du secteur, notamment par voie de
privatisation. Sa stratégie est d'accroître la compétitivité du secteur et la productivité des
facteurs en vue de renforcer l'expansion du secteur et d'augmenter les revenus des
agriculteurs. Il s'efforce par ailleurs de diversifier la production intérieure et les
exportations. Le taux NPF moyen appliqué aux produits agricoles (définition de l'OMC)
s'élève à 22,5 pour cent.
Le contexte infrastructurel et institutionnel dans lequel fonctionne l'agriculture,
l'ordre chronologique des réformes et la cohérence de leur mise en œuvre comptent
parmi les facteurs significatifs qui influencent leurs résultats.
L’ensemble des organismes de commercialisation, de redistribution des revenus
agricoles de même que toute la filière étatique de soutien à la production agricole ont
été fermés suite à des réductions budgétaires importantes et à la politique de
désengagement de l’État.
B. Impact des politiques fiscale et douanière
Le tarif douanier constitue le principal instrument de politique commerciale. Tous
les droits de douane appliqués sont des droits ad valorem et il n'existe pas de taux
saisonniers ou variables, ce qui renforce la transparence du régime. La moyenne
arithmétique des taux NPF appliqués s'élevait à 18,3 pour cent en 2000, ce qui est
légèrement inférieur à la moyenne enregistrée lors du dernier examen de la politique
commerciale. Par suite des négociations du Cycle d'Uruguay, le Cameroun a consolidé
ses droits à un taux plafond de 80 pour cent sur tous les produits agricoles (définition de
l'OMC) alors que, dans le cas des produits non agricoles, les consolidations de droits se
résument à trois seulement. Les taux consolidés sont notablement supérieurs aux taux
29
appliqués; la réduction de cet écart améliorerait davantage la prévisibilité du régime
tarifaire.
Depuis 1994, le secteur agricole fait l'objet d'une réforme complète: les restrictions
quantitatives à l'importation et à l'exportation ont été supprimées et la plupart des
entreprises paraétatiques ont été privatisées. Des réformes ont également été
appliquées au secteur sylvicole; toutefois, il subsiste des restrictions et des taxes à
l'exportation pour certains produits forestiers. Les taxes à l'exportation d'autres produits
agricoles, y compris le cacao, le café, le coton, le sucre et l'huile de palme, ont été
récemment supprimées.
Avec la réduction de la réglementation des prix et des systèmes de
commercialisation par le gouvernement et l'assouplissement des barrières tarifaires, en
particulier pour les produits d'exportation, les prix de soutien se sont améliorés. Les
variations du taux de change réel résultant soit des politiques en la matière, soit de
l'inflation, ont exercé une influence particulièrement grande sur ces incitations. Lorsque
les taux de change sont demeurés à un niveau surévalué ou qu'ils se sont revalorisés à
la suite des réformes, les prix de soutien agricoles ont perdu de la valeur et le contraire
s'est passé lorsque les taux de change ont baissé.
L'amélioration des prix de soutien agricoles a entraîné une hausse de la
production, mais d'autres facteurs ont dominé l'effet incitatif. La suppression du crédit
rural et une hausse des prix des facteurs de production comptent parmi les causes de la
réponse faible ou négative des approvisionnements. Dans bien des cas également,
quand des réformes institutionnelles ont été entreprises pour diminuer les interventions
gouvernementales dans les marchés agricoles, le secteur privé n'était pas toujours
équipé pour prendre la relève des activités du gouvernement, avec pour conséquence
une longue période d'insuffisance des services fournis aux producteurs.
L'agriculture destinée à l'exportation a davantage bénéficié des réformes que les
secteurs de production agricole faisant concurrence aux importations. Un secteur
d'exportation dynamique contribue à réduire la pauvreté et l'insécurité alimentaire, mais
les producteurs des secteurs faisant concurrence aux importations, notamment les
petits producteurs dont les actifs sont inadéquats, peuvent subir des pertes, en
30
particulier lorsqu'ils n'ont pas la capacité de s'adapter à d'autres possibilités de
production ou d'emploi.
La hausse des prix peut cependant avoir des effets défavorables sur la sécurité
alimentaire, à moins que des mesures ne soient prises pour veiller à ce que les
ménages ruraux pauvres bénéficient réellement du processus de réforme.
Les réformes de fond entreprises par les pays étudiés reposent sur l'hypothèse
qu'une plus grande orientation vers le marché améliore la performance du secteur et, à
la longue, favorise la réduction de la pauvreté et augmente la sécurité alimentaire. Bien
que les résultats des expériences de réforme réalisées dans les pays soient mitigés, un
certain nombre de thèmes cohérents se dégagent des études de cas.
C. Impact des choix d’allocation budgétaire
La majorité des structures étatiques impliquées dans le système productif et de
commercialisation du secteur agricole ont été liquidées suite à la grave crise
économique qu’a connue le Cameroun dès les années 1986/87. Au cours des dix
dernières années, en moyenne 3% des dépenses primaires du budget de l’Etat sont
allouées au secteur agricole. De même des opérations essentielles à l’instar du
recensement agricole, de la subvention des intrants agricoles et des pesticides et
l’encadrement des cultivateurs ont été abandonnées. La conséquence de ce
relâchement a été la chute des quantités produites et la détérioration de la qualité.
Tableau : Répartition des dépenses primaires par secteur d’activité (%)
Education
Santé
Développement social et emploi
Infrastructure productive
Secteur rural
Agriculture
Elevage, pêche et industries animales
Forêt et Environnement
Défense et sécurité
Autres ministères
Total budget ministériel
2001
21.3
6.1
0.9
10.2
3.9
2.7
0.6
0.6
13.8
16.2
71.4
2002
23.9
7.3
1.2
11.8
4.2
2.8
0.7
0.6
15.5
17.7
81.5
2003
24.5
7.8
1.2
15.5
6.9
2.7
0.8
0.7
15.3
20.7
91.9
2004
22.8
7.7
1.2
14.0
6.3
2.4
0.6
0.7
13.9
18.0
83.9
2005
24.5
7.8
1.0
14.1
6.5
2.3
0.6
0.7
14.5
17.7
86.0
31
D. Impact des choix de politique monétaire
Le Cameroun est membre d’une zone ayant une parité fixe du franc CFA par
rapport au franc français et donc de l’Euro principal partenaire commercial du
Cameroun. Les exportations du Cameroun sont
en concurrence avec des produits
libellés en dollar moins quotté que l’Euro. La conséquence immédiate est un
enchérissement de nos produits à l’instar de la banane face à la banane « dollar ».
Il ressort de l’analyse du commerce extérieur que les importations du Cameroun
proviennent à plus de 50% de la zone Euro. Ainsi la majorité de nos intrants agricoles
sont d’origine européenne. En l’absence d’autres facteurs, les coûts de production
comparés à ceux d’autres pays concurrents sont généralement élevés rendant ainsi ces
produits moins compétitifs sur le marché international.
32
Poids des
soussecteurs
(%
secteur)
Poids des
principaux
produits[1]
(% soussecteur)
2001
2002
2003
2004
2005
100.0
59.1
62.3
3.7
4.6
3.7
5.0
3.5
3.5
4.4
3.4
3.0
3.9
22.4
18.9
11.4
9.6
16.2
-17.5
-9.6
21.9
13.0
-4.0
-5.1
9.9
2.0
0.6
0.9
1.0
8.0
-1.9
-0.6
8.3
6.5
1.1
1.2
5.7
85.2
-2.0
2.8
2.4
2.6
30.7
23.8
-4.3
8.3
-1.0
7.0
23.4
4.4
17.5
13.3
10.9
11.9
-14.5
3.0
8.6
12.7
-7.4
12.6
2.6
2.9
9.6
-7.3
2.0
2.3
10.8
18.0
12.2
15.6
1.8
4.8
2.1
2.8
24.6
3.0
2.0
4.5
100.0
24.4
-9.3
1.0
-3.9
-4.5
0.8
-4.3
9.0
0.5
-4.9
6.0
-0.2
-9.1
-3.7
-1.3
-9.5
98.5
83.5
-4.0
2.7
-4.4
4.0
-5.0
1.7
-9.3
-0.2
-9.7
-3.8
47.9
35.7
11.9
6.0
11.9
6.0
5.3
4.0
0.5
5.7
5.4
-6.0
66.7
19.8
3.8
13.0
2.4
0.0
2.9
26.2
3.2
9
Ind. des textiles et confections
18.2
3.2
10.3
-1.0
Ind. métallurgiques de base
Ind. du caoutchouc et fab. des
articles plastiques
Electricité, gaz et eau
BTP
Secteur tertiaire
Commerce, restaurants et hôtels
Transports, entrepôts,
communications
Banques et organismes financiers
Autres services marchands
Services non marchands des APU
Autres services non marchands
PIB
14.6
-12.1
3.2
12.1
3.8
14.9
11.9
-20.0
5.9
20.0
14.0
4.9
1.2
3.9
8.5
13.0
4.9
-4.6
5.7
7.3
7.4
-9.8
7.2
4.3
7.4
9.9
-0.2
6.9
8.4
6.6
7.0
-12.6
2.3
6.2
4.6
5.1
7.4
3.8
4.7
14.2
5.4
4.5
11.2
3.9
7.2
3.4
4.7
4.0
10.0
2.0
2.8
3.0
4.2
4.0
9.2
4.6
3.8
2.1
6.9
3.7
5.8
3.2
5.0
2.2
2.1
2.6
Poids
des
secteurs
(% PIB)
Secteur primaire
Agriculture des produits vivriers
Banane plantain et banane
douce
Manioc
Mil et Sorgho
Haricot et Tomate
Agriculture industrielle et
d'exportation
24.7
13.5
Banane d'exportation
Cacao
Café
Coton
Elevage, chasse
Pêche
Sylviculture et exploitation
forestière
Secteur secondaire
Industries extractives
Hydrocarbures(en millions de
barils)
Industries Agro-alimentaires
Transf. de prod. d'origine
agricole
Fabrication de boissons
Autres Industries
manufacturières
Ind. du bois et d'ameublement
30.6
22.6
41.2
44.7
2.6
9.1
97.8
41.7
14.5
4.2
21.5
-1.8
17.7
100.0
Taux de croissance (%)
Historique
Estimations
-6.9
3.2
Source : MINEFI/DAE
33
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