3.1.3. La perception des agriculteurs
La majorité des agriculteurs enquêtés voit dans le CTE une simple aide financière (supplément de
trésorerie ou alternative au DOCUP permettant de réaliser des investissements). La prise en compte de la
multifonctionnalité (terme inconnu des agriculteurs) de l’agriculture, telle qu’elle a été comprise et appliquée en
Guadeloupe, n’a pas fondamentalement fait évoluer la représentation qu’ont les agriculteurs de leur métier : leurs
réflexions s’inscrivent toujours dans une logique productiviste.
Peu d’entre eux s’interrogent sur une inscription territoriale de leur exploitation, et les projets
correspondants sont antérieurs aux CTE.
Les dynamiques collectives, presque inexistantes en Guadeloupe (l’inorganisation est fréquemment
mentionnée par les agriculteurs), n’ont que très peu été encouragées par le dispositif : les seules améliorations,
légères, se trouvent au niveau des GFA. Certains agriculteurs soulèvent néanmoins la nécessité de l’implication
des collectivités locales, notamment pour l’évacuation des déchets de l’agriculture.
En revanche la problématique environnementale, bien que très peu présente dans le contrat-type, a trouvé
un écho favorable auprès des producteurs : plusieurs d’entre eux auraient aimé que le CTE introduise de
nouvelles techniques plus respectueuses de l’environnement (lutte biologique, aide au raisonnement des
insecticides,…), ou leur donne plus d’informations sur "comment travailler".
3.2. Contribution des CTE à la promotion d'une agriculture multifonctionnelle
Le CTE se veut un contrat fondé sur la reconnaissance et la promotion d'une agriculture
multifonctionnelle. A ce titre il prend en compte les fonctions économique, environnementale
et sociale de l'agriculture et participe à l'aménagement du territoire, en vue d'un
développement durable.
Il est donc important d'évaluer, dans la continuité de l'étude effectuée, la contribution des CTE
guadeloupéens à la promotion d'une agriculture multifonctionnelle, c'est-à-dire viable, créatrice d'emplois,
insérée socialement, respectueuse de l'environnement et pourvoyeuse de produits de qualité.
a) Contribution à la viabilité des exploitations
On peut distinguer deux types d'amélioration liée aux CTE :
Une amélioration à court terme, le temps que dure le contrat. Cette amélioration est présente lorsque l'aide
du CTE n'est pas justifiée, qu'elle constitue un simple supplément de trésorerie et qu'elle ne sert pas à
améliorer la viabilité réelle de l'exploitation. On trouve ce type d'amélioration essentiellement chez les
bananiers, avec la mesure BPA.
Une amélioration à long terme, non directement liée à l'existence du contrat. Cette amélioration est présente
lorsque les subventions du CTE sont investies, servent à faire évoluer l'appareil de production et donc la
viabilité réelle de l'exploitation. Une telle amélioration a été constatée chez tous les CTE "individuels"
enquêtés (y compris ceux qui ont utilisé le dispositif comme une alternative au DOCUP), chez 14 des 16
CTE "GFA" étudiés et pour tous les CTE "banane" qui n'étaient pas constitués exclusivement de la mesure
BPA (soit la moitié des dossiers étudiés).
b) Contribution à l'emploi
On observe là aussi deux sortes de contribution. La première concerne les créations
d'emplois inclues dans les dossiers CTE : on en compte une vingtaine en Guadeloupe, les
enquêtes montrant que dans l'ensemble elles ont été respectées. Le CTE a également permis à
certains bananiers de maintenir la main-d'œuvre, grâce aux subventions. De même que
précédemment, ces phénomènes sont pour l'instant entièrement dépendants de l'aide