L’absence de verbalisation : les expériences sont non verbalisées. C’est la verbalisation d’une
expérience qui permet sa transformation en un concept conscient, ceci n’est pas réalisé chez le nourrisson. Donc
le développement de la mémoire, surtout la mémoire autobiographique, serait la conséquence du développement
d’autres domaines comme le langage, la construction du soi cognitif (structure organisant la mémoire a des
expériences auxquels l’enfant est confronté) qui émerge aux alentours de 2 ans (limite moyenne de nos souvenirs
autobiographiques).
L’immaturité des aires cérébrales : influence du développement des neurosciences. Les aires corticales
(lieu de stockage des traces mnésiques) sont immatures, ne permettant pas le stockage des informations sous une
forme récupérable. Les lobes frontaux sont les plus impliqués dans la mémorisation, or ces parties du cerveau se
développe tout au long de l’enfance et ne sont donc pas fonctionnelles à la naissance. Il y aurait une maturation
suffisante pour mémoriser des activités simples, mais pas pour les informations nécessitant une mémorisation
explicite. La mémoire explicite renvoie à une récupération consciente des événements. Il s’agit souvent de faits
pouvant être consciemment et explicitement décrit, ou évoqués sous la forme d’image mentale. La mémoire
implicite fait référence à une information traitée de manière plus automatique, non consciente ; elle est plus
primitive que la mémoire explicative. Selon la nature du traitement, les mêmes aires cérébrales ne sont pas
sollicitées. La mémoire implicite requiert le corps strié et le cervelet, la mémoire explicite le cortex préfrontal et
les amygdales.
La vision du monde différente entre l’adulte et le nourrisson, ce qui diminue les chances de retrouver
des indices de rappel. Même si le signal est identique, la perception de l’individu va évoluer et sera différente à
l’âge adulte. Il y a discordance entre l’encodage de l’enfance et la perception extérieure à l’âge adulte.
1.3. La mémoire du nourrisson comme nouveau terrain d’études
Le nourrisson apprend toujours dans un contexte d’interaction. Si il ne peut pas se déplacer de façon autonome,
il a un certain nombre de comportements pouvant être modifiés par les effets qu’ils entraînent dans
l’environnement (comme les pleurs par exemple).
Ces premières acquisitions vont partir de cette capacité à modifier le comportement selon les effets produits. Les
activités disponibles pour l’enfant vont être façonnées, transformées en conduites spécifiques par les effets
qu’elles entraînent dans le milieu.
II. Les processus de reconnaissance
La reconnaissance est différente du rappel. Il y a une grande quantité d’informations en mémoire, au cours de
l’encodage. La différence se situe au niveau des processus de récupération des informations. Dans le processus
de reconnaissance, il n’y a pas de reconstructions de l’information encodée. Le sujet doit simplement dire si
l’item est familier ou non. Si oui, alors le processus de rappel est déclenché automatiquement.
La reconnaissance est la structure de base du système mnésique, qui doit se développer avant les capacités de
rappel et les autres types de mémoire.
2.1. Différentes méthodes d’étude
Les nouvelles techniques reposent sur l’utilisation de différents capteurs comportementaux dont dispose l’enfant.
Il y en a 4 :
* Le rythme cardiaque : sera évalué à partir d’un électrocardiogramme pour mesurer les variations du rythme
face à des stimulations variées. On mesure un rythme cardiaque de base, puis on présente une nouvelle
stimulation à l’enfant et on observe les modifications du rythme. Tout variation (augmentation ou diminution)
sera considérée comme reflétant la perception d’une différence par le nourrisson.
* Le potentiel évoqué : on mesure les courants électriques générés par une excitation des récepteurs, et
acheminés le long des fibres nerveuses. On place des électrodes sur la tête de l’enfant pour mesurer l’activité
électrique à différents endroits. Le potentiel évoqué permet de s’informer sur la perception de la différence par
un sujet, dans la stimulation présentée.
* Le rythme de succion : mettre un tétine avec un capteur dans la bouche de l’enfant. On évalue d’abord le
rythme de base, puis on observe des variations ou non face à une nouvelle stimulation.
* L’activité oculomotrice ou temps de fixation visuel : très tôt, l’enfant contrôle et oriente son regard de façon
non aléatoire. Pour cette technique, on peut recourir à différentes paradigmes :
- le paradigme de préférence visuelle : on présente 2 stimulations simultanément, et on regarde lequel est le
plus regardé
- la comparaison de paires visuelles (créé par Fagan) : on présente une stimulation donnée dans un premier
temps, puis on présente une paire de stimulation (la même ainsi qu’une nouvelle). On calcule un score à la
nouveauté, c’est-à-dire le pourcentage de temps de fixation dirigé vers la nouvelle stimulation. Cela renseigne
sur la capacité de reconnaissance du nouveau-né. S’il préfère la nouvelle cible, c’est qu’il reconnaît l’autre