conclusion

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APPRENDRE A MEMORISER
(ou) Les sept conditions d'une bonne mémorisation
1° VOULOIR RETENIR
avoir la volonté de RE-TENIR l'information.
Cela suppose une "TENSION" de l'être; il faut être "sous tension".
a) On retient mieux ce qu'on a le PROJET d'utiliser plus tard.
(cf les recherches d'Antoine de La Garanderie). On mémorise mieux quand on a envie de retenir et quand
on sait que ce sera utile plus tard.
DONC
- "Programmer" son cerveau pour le futur : se mettre, s'imaginer dans la situation future de devoir restituer.
Conséquence pratique : Ne pas apprendre une leçon pour la savoir … le jour de l'interrogation, mais pour
s'en servir longtemps après.
- Se mettre "en état d'alerte maximum" : On retient mieux ce dont on a besoin quand ce qu'on
apprend constitue une réponse à des questions que l'on s'est posées.
Conséquence pratique : se fixer un but précis (être capable de...) et des critères d'évaluation pour être en
éveil, en état d'alerte maximum, dans un état de réceptivité maximale.
- Etre attentif aux annonces faites par les enseignants sur les sujets qui seront abordés dans le cours
suivant.
b) On retient mieux ce qui nous plaît ou nous émeut.
Le psycho-affectif, la sensibilité et l'émotion sont très importants dans les phénomènes de mémorisation :
on mémorise mieux quand on a fait quelque chose qui a plu, par exemple un exposé, un travail de groupe,
une recherche personnelle.
Conséquence pratique : le temps à consacrer à une matière varie en raison inverse de l'intérêt qu'elle
inspire ! Il faut donc soit y passer plus de temps, soit s'y intéresser davantage.
2° RECEVOIR correctement l'information,
la percevoir correctement. Cela suppose une "ATTENTION" de l'esprit.
a) Conditions psychologiques :
On mémorise mieux quand on a l'esprit reposé.
b) Conditions extérieures et matérielles :
"L'attention est le burin de la mémoire" (MONTAIGNE).
Pour recevoir correctement l'information,
- Il faut éviter la DISPERSION, la distraction, sinon plusieurs "stimuli" agissent sur le cerveau. DONC
- Travailler sur une table nette.
- Utiliser la méthode des petits papiers pour noter une idée qui passe par la tête.
- Ne pas malmener le cerveau : des bruits parasites, des images vues trop vite empêchent le passage de la
mémoire immédiate à la mémoire à long terme. DONC se méfier du travail en musique (surtout pour les
garçons, qui, comme les hommes, ne savent bien qu'une chose à la fois !) ...
"Des chercheurs ont longuement observé des classes de 6° et relevé que les élèves qui travaillaient en
M. Théry, lycée Saint-Rémi, Roubaix
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musique et chanson voient leurs notes baisser de 25 à 30 %." (La Vie, 22 sept. 1994)
3° STRUCTURER L'INFORMATION
Une "structure" est un ensemble d'éléments en interdépendance.
a) Regrouper les éléments à retenir en un ensemble organisé, en un TOUT clair, cohérent et hiérarchisé.
En effet, la mémoire aime l'ordre. On mémorise mieux quand les choses à apprendre sont regroupées, prises
dans une "structure".
Conséquence pratique :
- "Dégraisser", clarifier, mettre sous une FORME COMPREHENSIBLE.
- Hiérarchiser : faire un effort de DOMINATION et de COHERENCE. Repérer d'abord les grandes
PARTIES, le PLAN général et l'ENCHAINEMENT.
b) METTRE EN RELATION les éléments à retenir avec des éléments déjà "en mémoire" et
PREVOIR LE PROCESSUS DE RAPPEL (= méthode du Petit Poucet !).
En effet, la mémoire procède par références : les souvenirs s'insèrent dans la mémoire par un processus
d'ancrage.
Conséquence pratique :
Utiliser au maximum les procédés de MISE EN RELATION par analogie ou par opposition (contraste)
entre ce que l'on veut retenir et ce que l'on sait déjà. Toujours "RACCROCHER" du nouveau à de l'ancien, de
l'inconnu à du connu.
C'est un peu comme un puzzle : toute connaissance nouvelle doit prendre SA place parmi les autres déjà
emmagasinées dans le cerveau ; il faut qu'elle "s'intègre" dans la structure, sinon il y a phénomène de rejet.
Ainsi, la mémoire se re-structure en permanence comme un programme d'ordinateur auquel on ajoute un
nouvel ordre : le nouveau numéro prend automatiquement SA place dans le listing.
4° TRAITER MENTALEMENT l'information, la traiter à SA manière.
a) Adapter l'information à SON profil d'apprentissage.
. Opérer un geste mental d'évocation, passer de la "perception" à l'évocation mentale, c'est-à-dire
TRADUIRE, CONVERTIR l'information en images mentales visuelles ou auditives : on retient ce que l'on
RE-VOIT et/ou ce que l'on RE-DIT à l'intérieur de sa tête.
Conséquence pratique: les "visuels" retiennent très peu d'une information orale ; ils doivent donc traduire
les messages en images visuelles pour les enregistrer ; les "auditifs", eux, ne doivent pas hésiter à apprendre
en parlant à haute voix.
. Multiplier les registres : l'idéal est d'ASSOCIER les différentes mémoires (visuelle et auditive, et ...tous
les autres aspects sensoriels).
Donc : écrire, dessiner, faire des figures, des cartes ...
b) Adapter l'information à SON vécu.
cf ci-dessus: "mettre en relation" avec les informations déjà "stockées" dans la mémoire à long terme.
Par exemple: Pour apprendre le nombre 19, retenir "18+1" ...si 18 est un nombre déjà "en mémoire".
M. Théry, lycée Saint-Rémi, Roubaix
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5° RÉPÉTER
Tout apprentissage DOIT ETRE RENFORCÉ, CONSOLIDÉ par des répétitions.
Pour que l'information se fixe dans le cerveau correctement, il faut répéter. Si plusieurs émissions de
neuro-transmetteurs se suivent, la cellule nerveuse est en état de "facilitation".
De plus, l'oubli est un processus normal. On a établi ainsi la "courbe de l'oubli" : si on ne revient pas sur
un message
- 24 heures après, il ne reste que 5O% de la matière ;
- 1 semaine après, il ne reste que 2O% ;
- 1 mois après, il ne reste que 15% .
Cette courbe de l'oubli a été établie par EBBINGHAUS en 1885.
Donc, pour éviter cet oubli, il FAUT REACTIVER ses connaissances.
6° LAISSER AGIR LE TEMPS
a) Fractionner l'apprentissage.
On retient ce qu'on a ...oublié et réappris, à condition de respecter certaines conditions de l'"apprentissage
fractionné".
La loi énoncée par JOST en 1897 et confirmée depuis par de nombreuses expériences pose que pour "retenir
une série de chiffres, de syllabes, de mots …etc., le nombre des lectures nécessaires est moins grand quand on
laisse entre elles un certain INTERVALLE que si elles sont très rapprochées". Il faut donc ESPACER LES
REPETITIONS.
Et il existe un intervalle optimum pour lequel ce nombre est le plus petit, ce qui s'explique par le fait que
"tout progrès acquis nécessite une certaine maturation avant que d'autres puissent survenir". (PIERON).
Les expériences de Piéron ont aussi montré en 1913 que pour retenir une liste de 2O chiffres, l'intervalle
optimum est de 2O minutes à 24 heures, il faut alors en moyenne 4 ou 5 répétitions. Il en faut 5 avec des
intervalles de 1O minutes, 6 avec des intervalles de 5 minutes, 7 avec des intervalles de 2 minutes et 11 avec
des intervalles de 3O secondes. (Armand Cuvillier, Nouveau précis de philosophie, tome II).
On comprend dès lors l'importance des REPETITIONS, des "piqûres de rappel". Rabelais qui faisait
répéter 8 fois dans la journée la même leçon à son élève Gargantua avait bien compris cette loi du SURAPPRENTISSAGE qui limite l'oubli.
Conseil pratique : tracer 8 petites cases numérotées en bas de la page qu'on doit apprendre par cœur et
cocher à chaque répétition.
b) Laisser aux neuro-transmetteurs le temps de se recharger.
La mémoire a besoin de temps pour "décanter" ; il ne faut pas saturer. Le souvenir peut d'ailleurs ressurgir
intact après un temps de repos alors qu'on croyait l'avoir oublié (cf. les expériences avec le chien de Pavlov).
Conséquences pratiques :
- VARIER les types de travaux : alterner les moments d'apprentissage mécanique et ceux de réflexion.
- Travailler pendant des séquences courtes et intensives, suivies de multiples REACTIVATIONS : cela
évite la saturation et l'impression de "tout confondre"...
Il est d'ailleurs utile de se chronométrer quand on apprend les différentes parties d'un chapitre et de vérifier
M. Théry, lycée Saint-Rémi, Roubaix
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le lendemain son "coefficient personnel d'assimilation" pour la matière considérée : pendant combien de
minutes mon apprentissage a-t-il été efficace ?
- PLANIFIER les révisions, prendre de l'avance : des révisions soigneusement dosées ont un meilleur
rendement que d'intenses coups de collier.
Donc, ALTERNER les tâches pour éviter la lassitude et se ménager des moments pour décompresser.
- Eviter les situations de CONTRE-APPRENTISSAGE : ne pas apprendre deux langues vivantes l'une à la
suite de l'autre.
c) Profiter du sommeil.
Les chercheurs du groupe de Vincent BLOCH ont montré que le sommeil aide la mémorisation. Pour qu'un
apprentissage se consolide bien, il faut en effet qu'il y ait une longue phase de "SOMMEIL PARADOXAL",
ce moment du sommeil où l'on rêve ; cette phase sert à la MATURATION du souvenir.
Cependant cet effet bénéfique n'est possible qu'à deux conditions :
- Ne pas être fatigué quand on reçoit l'information ;
- Ne pas prendre de médicaments pour dormir : les barbituriques, en effet, favorisent le sommeil lent au
détriment du sommeil paradoxal et sont donc plutôt néfastes à la mémorisation.
Sachons donc profiter du fait que le cerveau continue à travailler ...pendant notre sommeil.
Remarque : jusqu'à la puberté, un enfant a besoin de douze heures de sommeil. C'est une condition
primordiale au bon développement de son cerveau.
7° VERIFIER LE RAPPEL DE L'INFORMATION
Il ne faut pas confondre, en effet :
- mémoire de reconnaissance
- mémoire de reconstitution
- et ...mémoire de rappel (cf. Jean Piaget, cité dans Phosphore, fév.87, p. 16-17)
Beaucoup d'élèves croient savoir leur leçon ; en réalité, ils se sont contentés de relire et ont..."reconnu" le
texte.
Conséquence pratique : vérifier par soi-même ce que l'on est vraiment capable de "RAPPELER" comme
informations stockées.
Pour cela, SE RECITER par écrit (10 minutes) après s'être donné des critères d'évaluation (cf. Phosphore,
fév. 88,p.12-13) et pouvoir se dire :"Je sais que je sais". Alors, on ne monte plus les escaliers menant à la
salle de cours... le livre ouvert !
Donc vérifier le fonctionnement du circuit, du processus de rappel (cf. ci-dessus, 3° b): est-ce que les
JALONS mis en place, les INDICES DE RECUPERATION permettent de faire ressurgir l'information?
Vérifier son coefficient personnel d'assimilation en se chronométrant.
CONCLUSION
"Toute la réflexion pédagogique contemporaine montre qu'on n'acquiert vraiment la maîtrise d'une
connaissance qu'à trois conditions :
- qu'elle S'INTEGRE aux connaissances déjà acquises et les prolonge;
- qu'elle soit motivée par le DESIR DE CONNAITRE;
- que nous ayons compris non seulement le but, mais les moyens d'APPROPRIATION de cette
connaissance." (Roland Eluerd, "Prof" de français et heureux de l'être, Nathan, p.33)
M. Théry, lycée Saint-Rémi, Roubaix
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