structure de pensée de l'apprenant. Cette dernière au travers de processus d'organisation (réorganisation)
et de régulation progressifs se métamorphose.
Cette intégration de savoirs nouveaux n'est possible que si l'apprenant saisit à tout moment ce qu'il peut
en faire (intentionnalité), et si ces derniers lui apportent un "plus" dont il peut prendre conscience
(métacognition) sur le plan de l'explication, de la prévision ou de l'action. Ce n'est qu'une fois la nouvelle
structure en place testée pour son efficacité que l'élève lâchera sa conception initiale .
Cette élaboration du savoir n'est pas immédiate ; si personne ne peut la faire à la place de l'élève, il ne
peut pas non plus la réaliser tout seul. L'enseignant (ou l'équipe d'enseignants) doit interférer avec lui. Il
doit mettre à la disposition de l'apprenant tout un environnement didactique pour lui permettre d'avancer.
Cet environnement doit comprendre un ensemble de caractéristiques bien précises.
Le modèle allostérique fournit une "check-list" de moments éducatifs à prendre en compte pour donner
envie et faire apprendre les élèves (voir schéma ci-dessous).
Tous ces éléments "facilitateurs" sont autant de facteurs "limitant" l'acte d'apprendre. En effet, dès que
l'un d'entre eux vient à manquer, l'élève n'apprend pas, ou l'apprentissage ne se maintient pas
durablement. Si cela peut paraître très contraignant, ce n'est qu'à ce prix que l'enseignant peut faciliter
l'appropriation des savoirs.
L'enseignant, un organisateur des conditions de l'apprendre
A travers les résultats de ces travaux, on peut voir combien le métier d'enseignant devient un métier sinon
impossible, du moins très complexe ! Seul un professionnel possédant des outils et des ressources peut
l'exercer. Mais lui-même doit également transformer ses propres conceptions sur ce que signifie
"enseigner", ainsi que sur la fonction même de l'enseignant.
Tout d'abord, il doit renoncer à trouver une panacée. En matière d'éducation scientifique le vaccin et le
médicament n'existent pas: au mieux, c'est une multithérapie qu'il faut dispenser. L'enseignant doit savoir
mettre en scène un cocktail de paramètres. Ils sont nombreux et doivent pouvoir entrer en interaction. Il
doit aussi savoir les doser de façon à ce qu'ils perturbent sans totalement déstabiliser, et accompagnent
sans tout à fait prendre en charge.
Enfin, il doit également savoir prendre en compte des paradoxes. Par exemple, la manière d'enseigner doit
prendre appui sur l'élève, tout en allant à l'encontre de ce qu'il pense. De même, s'il faut favoriser les
conditions d'une autodidaxie, il faut en même temps permettre à l'apprenant de se confronter aux
situations qui l'interpellent ou sont porteuses de sens pour lui. Savoir jouer sur le plaisir tout en valorisant
l'effort est également un point à ne pas oublier.
Jusqu'à présent, l'enseignant était un simple distributeur du savoir. Il avait fait son "boulot" quand il avait
dit ou montré. Dans cette nouvelle acceptation de la profession, l'enseignant devient l'organisateur des
conditions de l'apprentissage. Ses tâches se situent plutôt en amont. Elles consistent à interpeller l'élève de
manière à ce qu'il se sente concerné et de ce fait qu'il ait envie d'apprendre. Elles sont également
d'encourager à l'effort que nécessite tout apprentissage. Partir de l'apprenant, ce n'est pas y rester.