principal de la motivation. Et sans motivation, l'appropriation d'un savoir a peu de chance de se faire. Or,
quel intérêt pour les enfants de recevoir des réponses à des questions qu'ils ne se posent pas? Car il faut
bien avouer que les programmes actuels se préoccupent peu de déterminer ce dont l'enfant a besoin pour
affronter son présent et son futur. Encore moins ce qui l'intéresse, ce qui aiguise sa curiosité, ce qui va lui
donner l'envie d'apprendre, de comprendre, de s'approprier le savoir par lui-même.
Ainsi, les contenus doivent tenir compte de l'ambivalence qui règne entre la nécessité de maîtriser certains
concepts de base, nécessaires à la compréhension de notre environnement, et cette ouverture d'esprit qui
doit pousser l'apprenant à remettre sans cesse en question ses acquis. Comme il nous est impossible
d'anticiper sur le futur, il faut que l'école offre aux enfants assez d'outils pour l'affronter.
Si nous nous penchons sur les concepts organisateurs que propose Giordan2 (1998), nous pouvons
constater, d'une part, que tous sont intimement liés, et d'autre part, qu'ils peuvent être abordés par
différentes approches complémentaires les unes aux autres. Ainsi, pour ne rester que dans les domaines
scientifiques dans lesquels j'inclus les mathématiques, on ne peut envisager la structuration de l'espace
sans celle du temps, alors que tous deux sont également étroitement liés à la matière: il n'y a qu'à penser
aux particules élémentaires qui forment l'univers, aux changements d'états, à la décomposition des
matériaux qui, eux-mêmes peuvent devenir énergie, etc. Mais ces notions peuvent être abordées par
d'autres champs disciplinaires qui amènent des compléments tout à fait pertinent et permettent une
approche beaucoup plus systémique de ces concepts. Ainsi, l'histoire, la géographie, mais également les
langues, peuvent s'articuler autour de ces bases, apportant une dimension épistémologique importante
pour favoriser la compréhension de ces phénomènes, non seulement dans le message "scientifique" que
ceux-ci véhiculent, mais également dans l'aspect philosophique qu'ils sous-tendent. En effet: qu'y a-t-il de
plus relatif que le temps? De plus paradoxal que la matière? De plus ambivalent que l'énergie?
Complétés par des notions fortes telles que celles d'identité, de régulation, qui suggère la recherche
d'équilibre, de mémoire, etc., nous pouvons traverser toute l'évolution, qui s'articule autour de la notion
d'organisation, des particules à la société, en passant par l'écosystème, l'individu, le corps, etc.
Enfin, ces concepts peuvent être abordés à tout âge, depuis l'école enfantine (maternelle) jusqu'aux écoles
supérieures. Pour ne prendre que l'exemple de la matière, reconnaître différents matériaux et certaines de
leurs spécificités, par exemple à travers le recyclage et le compostage, est tout à fait envisageable par des
enfants de 4 à 5 ans. Entre ces premières découvertes et les quarks, toute une approche adaptée aux
besoins, aux intérêts et au questionnement des enfants peut être envisagée.
Entre savoirs, savoir-être et savoir-faire
Par ces quelques exemples, nous voyons donc que s'interroger sur les finalités de l'enseignement
scientifique ne suffit pas. Si nous nous sommes penchés plus spécifiquement sur les savoirs, il faut
également penser aux stratégies pédagogiques à mettre en place, afin de gérer les interactions qui existent