L'ECONOMIE OUVERTE Les échanges économiques entre pays sont importants en comparaison avec les échanges réalisés à l'intérieur des pays. En France, les importations et exportations représentent chacune 30% du PIB. Elles ont connues une forte croissance depuis les années 1950. Relation de Kuznets (1950) : Plus un pays est petit, plus ses échanges extérieurs sont importants en proportion du PIB. Questions : - Qu'est ce qui détermine le volume des échanges ? - Comment l'équilibre macroéconomie est il assuré en économie ouverte ? - Quels sont les effets de la politique gouvernementale sur les échanges extérieurs ? - Qu'est ce que la théorie du commerce internationale. Plan du chapitre : - Approche comptable - Modèle simple d'économie ouverte, dans le cas d'une petite économie - Détermination macroéconomie des prix internationaux - Le cas d'une grande économie ouverte I. Les flux internationaux de biens et de capitaux. 1) Le rôle des exportations. Dans une économie fermée, il y a 3 types de demandes pour les biens domestiques : d - C : consommation sur le territoire national de biens et services produits domestiquement. - I d : investissement en biens et services produits domestiquement. - G d : dépenses de l'économie en biens et services produits domestiquement. Economie ouverte : il faut ajouter les exportations. - EX : Exportations produites domestiquement. A l'équilibre macroéconomique : - La valeur de la production domestique est égale à l'acquisition de biens et services produits domestiquement : Y C d I d G d EX . Quel est le lien entre cette expression et le niveau macro économique de l'investissement, des dépenses et de la consommation ? Une partie de la consommation et l'Investissement macro économique se porte sur des biens produits à l'étranger. - C C d C f avec C f la consommation domestique de biens étrangers. - I I d I f avec I f l'investissement domestique de biens étrangers. - G G d G f avec G f la dépense domestique de biens étrangers. L'identité comptable du PIB peut se réécrire sous la forme : Y C I G EX C f I f G f C I G NX . IM NX représente le solde de la balance commerciale, on peut réécrire l'équation précédente sous la forme : NX Y C I G . Comment interpréter cette relation ? Cette relation provient de la condition d'équation sur le marché de biens et services. Elle indique donc qu'elle doit être la valeur de NX pour que l'équilibre macro économique soit réalisé en économie ouverte compte tenu des valeurs de l'investissement, de la dépense et de la consommation. A l'équilibre macro économique, on a : - Un pays dont la dépense domestique est inférieure aux productions domestiques sera exportateur net : si C I G Y alors à l'équilibre macro économique, alors on a : NX 0 . - Un pays dont la dépense domestique est supérieure aux productions domestiques sera importateur net. Il se pose alors deux questions : - Comment sont déterminées les variables Y , I , C et G ? - On va voir que ces variables sont déterminées indépendamment de la valeur de NX . - Qu'est ce qui permet à NX de prendre la valeur qui assure l'équilibre macro économique ? - On va voir que l'ajustement du taux de change permet à NX de prendre la valeur qui assure l'équilibre macro économique. 2) L'investissement étranger net et la balance commerciale. Comme en économie fermée, les marchés financiers et les marchés de biens et services sont étroitement liés. L'épargne intérieure est : S Y C G . Donc, on a : Y C I G NX S I NX . S I est l'excès de l'épargne intérieure sur l'investissement intérieur. Question : Où va l'épargne qui n'est pas investie domestiquement ? - Elle est investie à l'étranger - S I est l'investissement net à l'étranger de l'économie domestique. Le flux d'investissement net à l'étranger (flux financier) a pour contrepartie les exportations nettes (flux de biens et services). L'épargne qui n'est pas investie domestiquement "sert" à financer les achats de biens du reste du monde. Elle est donc prêtée au reste du monde pour financer les flux de marchandises Il existe deux cas : - Si un pays est exportateur net, on a S I 0 : le pays investit à l'étranger et/ou prête au reste du monde. Il accumule une créance sur le reste du monde. - Si un pays est importateur net, on a S I 0 : le pays investit ou emprunte au reste du monde pour pouvoir financer les dépenses plus importantes que la production domestique. Il accumule une dette vis à vis du reste du monde. 3) La balance des paiements. La Banque de France enregistre à la fois les transactions en biens et services (le haut de la balance) et les transactions monétaires et financières (le bas de la balance). Comme les flux de biens et services s'accompagnent de flux monétaires et financiers en sens inverse, les opérations d'importation ou d'exploitation font l'objet d'un double enregistrement (comptabilité en partie double). La balance de paiement comporte trois parties : - La balance des transactions courantes - La balance de capitaux - La balance de mouvements monétaires La balance des transactions courantes : - La balance commerciale : importations et exportations de biens. - La balance des services (ou invisibles) : importations et exportations des services. - Balance des dons et transactions unilatérales. La balance des capitaux : - Balance de capitaux à long terme : investissement à l'étranger et investissement dans le pays en provenance du reste du monde . - Balance de capitaux à court terme : durée inférieure à un an. Balance des mouvements monétaires : - Variations des avoirs et engagements des secteurs bancaires vis-à-vis du reste du monde. - Variations des avoirs et engagements du secteur public (variation des réserves officielles de devises). Exemple d'une importation : - Elle apparaît négativement dans la balance des transactions courantes. - Le règlement de cette importation entraîne une diminution des avoirs (ou augmentation des engagements) dans l'économie vis-à-vis des non-résidants. On voit que le solde de la balance des transactions courantes (balance commerciale) est égale à l'opposé du solde de la balance des opérations financières et monétaires, donc on a : NX S I . Un pays qui a une balance commerciale déficitaire bénéficie de l'épargne étrangère : le pays est emprunteur net pendant une période, ses engagements vis-à-vis du monde augmente ou ses avoirs sur le reste du monde diminue. Un pays qui a une balance commerciale excédentaire, alors le pays est prêteur net au reste du monde. II. L'épargne et l'investissement dans une petite économie ouverte : Section précédente : Pour qu'il y ait équilibre macro économique, il faut que NX S I . Question : Comment est déterminé S et I en économie ouverte ? On reprend le modèle précédent mais on ne suppose plus que le taux d'intérêt permet d'égaliser I et S : le pays peut avoir, à l'équilibre des excédents ou des déficits. De quoi dépend le taux d'intérêt en économie ouverte ? Mobilité de Capital et taux d'intérêt international. On suppose que les autres économie ont accès aux marchés financiers ou encore aux marché financier international; que la mobilité du capital est parfaite. Alors le taux d'intérêt doit être égal aux taux d'intérêt international. Le petit pays ne peut pas influencer l'équilibre du marché financier international des capitaux compte tenu de sa taille. 4) Le modèle les quantités de facteurs de production sont : K K et L L . On a alors : Y F K , L Y . C C Y T , la consommation est une fonction du revenu disponible des ménages Y T . G et T sont exogènes. I I r : fonction de l'investissement, en fonction du taux d'intérêt. r r *. Quel doit être le niveau de NX pour que le marché des biens soit à l'équilibre ? NX Y C I G Y C Y T I r * G Y C Y T G I r * . S Une seule valeur de NX est compatible avec l'équilibre sur le marché des biens. Ainsi la balance des transactions courantes est déterminer par les écarts entre l'épargne intérieure et l'investissement intérieur au taux d'intérêt mondial. NX r* I r Volume de l'investissement dans la petite économie ouverte 5) Effet des politiques On va raisonner à partir d'une situation de départ où on suppose que la balance des transactions courantes est équilibrée NX 0 . a. La politique budgétaire nationale. L'augmentation de G et/ou la baisse de T réduisent l'épargne nationale. I reste constant. NX baissent : c'est le déficit commercial. Une croissance des dépenses ou une diminution des impôts entraînent un double déficit : déficits budgétaire et commercial. S2 S1 NX 0 2 I r a. La politique budgétaire à l'étranger : La croissance de G et/ou une baisse de T dans le reste du monde diminuent l'épargne mondiale. Le taux d'intérêt mondial r * est déterminé de façon à équilibrer le marché des capitaux mondial. Donc r * va augmenter. En conséquence, dans les petits pays, on va avoir : - I diminue. - S I augmente ( S ne se modifie pas dans la petite économie) - NX augmente. - L'excédent commercial apparaît : r2* NX 3 0 r1* I r Le déplacement de la demande d'investissement. Exemple : mesure gouvernementale de soutien à l'investissement intérieur. Apparition d'un déficit commercial : r* I2 r NX 2 0 I1 r 6) L'évolution des politiques économiques : Les déficits commerciaux ne sont pas soutenables dans le long terme. Le déficit commercial est associé à un emprunt de l'étranger au pays, sachant qu'il faut pouvoir les rembourser. Les déficits commerciaux sont ils nécessairement un problème ? Ca dépend de la source sous jacente de déficits. Un déficit commercial élevé provient d'un niveau d'épargne faible : il faut se demander pourquoi l'épargne est elle trop faible. Dans les pays en développement, un déficit commercial fort peut correspondre à un besoin d'emprunt du pays pendant une période de transactions. Ces pays ont un niveau d'épargne faible car ils ont un niveau de revenu faible et non pas parce qu'ils ont un taux d'épargne faible. Comme ces pays sont en transition vers leur Etat Stationnaire, leur production va croître : il sera possible de rembourser sans entamer la consommation. Nous pouvons prendre pour exemple : la corée. Le cas des économie développées sont différents : - Le déficit peut provenir d'un taux d'épargne trop faible. - Comme ces économie sont à l'Etat stationnaire, le remboursement du déficit commercial devra s'accompagner d'une réduction de la consommation future. - Exemple des déficits Américains. III. Le taux de chômage. On a vu comment étaient déterminé l'épargne intérieur S et l'investissement I r * . Par quel mécanisme sommes nous assuré que NX prends la même valeur ? Le montant des importations et exportations dépend du prix des échanges extérieurs. Il faut étudier les prix auxquels se font les échanges extérieurs : le taux de change. 7) Le taux de change réel et le taux de change nominal. Le taux de change nominal est le prix relatif des monnaies des deux pays. C'est le taux de change qui est reporté dans les journaux. Il y a deux manières d'évaluer le taux de change nominal : - nombre d'unités monétaires étrangères pour une unité monétaire domestique. (cotation à l'incertain). - Exemple : 1 € = 0.88 USD et 1 USD = 7.44 Francs. - L'appréciation d'une devise correspond à l'augmentation de sa valeur par rapport aux autres devises; la dépréciation d'une devise correspond à la baisse de sa valeur par rapport aux autres devises. - La cotation à l'incertain diminue en cas d'appréciation. - La cotation au certain augmente en cas d'appréciation. Le taux de change réel correspond au prix relatif des biens entres deux pays, on l'appelle aussi terme de l'échange. Exemple : une voiture européenne coûte 10000 €, une voiture américaine équivalente coûte 6000 USD. Si 1 € = 0.88 USD, alors le prix de la voiture européenne en USD est 0.8810000 8800 USD. 8800 1.4 . Le taux de change réel vaut donc : 6000 Cela signifie qu'une voiture européenne vaut 1.4 fois plus cher qu'une voiture américaine. taux de change nominal prix du bien intérieur On a donc : taux de change réel . prix du bien étranger p Quand on considère un nombre plus grand de biens, on a : e . p* Avec : : le taux de change réel. e : le taux de change nominal coté au certain. p : le niveau des prix intérieur. p * : le niveau des prix étrangers. Si le taux de change réel est élevé :les biens étrangers sont relativement bon marché pour l'économie domestique et les biens intérieurs relativement cher pour le reste du monde. est une mesure de la compétitivité internationale d'une économie. 8) Le taux de change réel et les exportations nettes. Les importations et les exportations sont sensibles au niveau des prix relatifs, c'est-àdire au taux de change réel. Si le taux de change réel d'un pays donné est faible: - Les importations sont contenues pour l'économie. - Les exportations sont bon marché (pour le reste du monde). - Donc les exportations nettes seront plus élevées. I est inversé si le taux de change réel est élevé : les exportations nettes seront faibles. NX NX Question : Les baisses des taux de change nominaux augmentent elles dans la réalité des exportations nettes ? Exemple de la dépréciation du dollar par rapport au yen. Certaines firmes affichent le prix de leur production en monnaie domestique (ex : Boeing ), la demande va être directement affectée. D'autres firmes affichent le prix de leur production vendue sur le marché extérieur en monnaie étrangère (ex : fabricant de voitures étrangères ). Pour que la quantité vendue à l'étranger se modifie, il faut que les firmes modifient leur prix, elles ne le font jamais immédiatement, il faut environ attendre 2 ans. 9) Les déterminants du taux de change réel. Comment est déterminer le taux de change réel ? Pour que l'économie soit à l'équilibre, il faut que : NX S I r * . S et I r * ne sont pas affecté par le taux de change réel. Donc il faut que l taux de change réel s'ajuste pour satisfaire la condition d'équilibre : S I r * * NX NX Question : Comment le taux de change peut il à la fois permettre d'égaliser l'Offre et la demande de devises et assurer l'égalité : NX S I r * ? La demande de devise nationale est égale à NX : c'est la demande nette de devise nationale émanant d'agents étrangers qui souhaitent acquérir des devises nationales. - Offre de devise domestique : IM S I r * . - Demande de devise domestique : EX . A l'équilibre, on a : EX IM S I r * , d'où S I r * NX . 10) L'impact des politiques économie sur le taux de change réel. a. Politique budgétaire intérieure. Une hausse de G entraîne une baisse de S . L'offre de devise domestique diminue et le taux de change s'apprécie. Les exportations diminuent et les IM augmentent. S2 I S1 I 2 1 b. Politique budgétaire extérieure. Une hausse de G dans le reste du monde entraîne une baisse de S au niveau mondial. r * augmente I r * diminue donc S I r * augmente. L'Offre de devise domestique augmente. r diminue, la monnaie se déprécie. NX augmente. S2 I r1* S1 I r2* 2 1 11) Les impacts des politiques commerciales Nous disposons désormais d'un modèle explicatif de la balance commerciale et du taux de change réel qui nous permet d'étudier les impacts macroéconomiques des politiques commerciales. Dans leur acception large, les politiques commerciales ont pour objet d'influencer directement les quantités de biens et de services exportés ou importés. Elles revêtent le plus souvent la forme d'une protection des entreprises nationales contre la concurrence étrangère, soit en imposant une taxe sur les importations en provenance de l'étranger (tarifs douaniers), soit en limitant les quantités de biens et services étrangers qui peuvent être importés (contingentement). À titre d'exemple d'une politique commerciale protectionniste, voyons ce qui se passerait si les pouvoirs publics interdisaient les importations de voitures étrangères. Pour tout taux d'intérêt réel donné, les importations sont maintenant moins importantes et en conséquence, les exportations nettes (exportations moins importations) plus élevées. La courbe représentant les exportations nettes se déplace donc vers la droite, comme à la figure 5.12. Pour voir l'impact de cette politique, nous comparons les points d'équilibre ancien et nouveau. Au nouveau point d'équilibre, le taux de change réel est plus élevé et les exportations nettes inchangées. On voit donc qu'en dépit du déplacement de la courbe des exportations nettes, le niveau d'équilibre des exportations nettes reste inchangé, parce que la politique protectionniste ne modifie ni l'épargne ni l'investissement. L'analyse qui précède montre que les politiques commerciales protectionnistes n'affectent pas la balance commerciale. Le débat public sur les politiques commerciales ignore souvent cette surprenante conclusion. En effet, comme le déficit commercial traduit un excédent des importations sur les exportations, on devrait s'attendre à ce que la réduction des importations, obtenue par exemple par l'interdiction des importations de voitures étrangères, permette de diminuer le déficit commercial. Cependant, notre modèle montre que les politiques protectionnistes entraînent une appréciation du taux de change réel. La hausse des prix des biens et des services intérieurs que celle-ci suscite par rapport aux prix des biens étrangers tend à diminuer les exportations nettes, en stimulant les importations et en décourageant les exportations, ce qui compense la hausse des exportations nettes directement induites par la réduction contrainte des importations. Dans la mesure où les politiques protectionnistes n'affectent pas, soit l'investissement, soit l'épargne, elles ne peuvent en aucune manière modifier la balance commerciale. Par contre, les politiques protectionnistes ont bel et bien un effet sur le volume des échanges internationaux. Le relèvement du taux de change réel qu'elles provoquent renchérit les prix relatifs des biens et services du pays où elles sont mises en oeuvre par rapport à ceux de l'étranger. Au nouvel équilibre, le pays concerné exporte moins. Comme ses exportations nettes demeurent inchangées, il doit réduire également ses importations. L'appréciation du taux de change stimule en partie, dans une certaine mesure, les importations, mais ceci ne compense que partiellement la baisse des importations contrainte par la mesure restrictive. On voit donc que les politiques protectionnistes conduisent à une baisse des quantités tant importées qu'exportées. C'est à cause de cette chute des quantités échangées que les économistes s'opposent presque toujours aux politiques protectionnistes. En effet, tous les pays tirent profit du commerce international, qui leur permet de se spécialiser dans ce qu'ils font de mieux tout en disposant d'un large éventail de biens et services. Les politiques protectionnistes diminuent ces gains de l'échange. Bien sûr, certains groupes, au sein des pays concernés, tels les fabricants de voitures dans notre exemple de l'interdiction des importations de voitures, en tirent avantage. Mais en moyenne, une réduction du volume des échanges internationaux pèse négativement sur le bien-être de l'ensemble de la société. 12) Les déterminants du taux de change nominal Nous passons maintenant du taux de change réel au taux de change nominal, un taux auquel s'échangent les monnaies de deux pays. Souvenons-nous de la relation entre taux de change nominal et réel: Taux de change réel = taux de change nominal rapport des niveaux des prix e P P* P* Nous pouvons écrire comme suit le taux de change nominal : e P Cette équation indique que le taux de change nominal dépend du taux de change réel et du niveau des prix dans les deux pays. Étant donnée la valeur du taux de change réel, si le niveau intérieur des prix P augmente, le taux de change nominal e diminue : en raison de sa valeur maintenant réduite, chaque dollar permet d'acheter moins de yens. Inversement, si le niveau des prix japonais augmente, le taux de change nominal en fait autant: la perte de valeur du yen permet désormais à chaque dollar d'acheter plus de yens. Il est intéressant de suivre l'évolution des taux de change dans le temps. L'équation du taux de change peut s'écrire comme suit: variation de e en pourcentage = variation de en pourcentage + variation de P* en pourcentage La variation en pourcentage de est la variation du taux de change réel, la variation en pourcentage de P celle du taux d'inflation intérieur , et celle de P* le d'inflation * à l'étranger. La variation en pourcentage du taux de change nominal est donc : variation en % de e = variation en % de + *- Cette équation nous dit que la variation en pourcentage du taux de change nominal entre les monnaies de deux pays et égale à la variation en pourcentage du taux de change réel augmenté de l'écart de leurs taux d'inflation. Si un pays a un taux d'inflation élevé par rapport aux États-Unis, un dollar achète, dans le temps, une quantité croissante de monnaie étrangère. Si, au contraire, un pays a un taux d'inflation modeste par rapport à celui des États-Unis, un dollar permettra progressivement d'acheter de moins en moins d'unités de monnaie étrangère. L'analyse qui précède montre comment la politique monétaire affecte le taux de change nominal. Le chapitre 4 nous a appris qu'une croissance rapide de l'offre monnaie induit une inflation élevée. L'une des conséquences de l'inflation est la dépréciation de la monnaie: un élevé implique une baisse de e. En d'autres termes, tout comme la croissance monétaire renchérit le prix des biens mesuré en termes monétaires, elle tend à accroître également le prix des devises étrangères mesuré en termes de la monnaie nationale. 13) ÉTUDE DE CAS : L'INFLATION ET LES TAUX DE CHANGE NOMINAUX L'examen des données relatives aux taux de change et aux niveaux des prix de divers pays permet rapidement de se rendre compte de l'importance de l'inflation dans l'explication des variations du taux de change nominal. On en trouve les exemples les plus spectaculaires dans les périodes de très forte inflation. Ainsi, entre 1983 et 1988, le niveau des prix mexicain a augmenté de 2300%. Sous l'effet de cette inflation, le nombre de pesos qu'il était possible d'acquérir en contre-valeur d'un seul dollar américain est passé de 144 en 1983 à 2281 en 1988. Cette relation se vérifie cependant également dans les pays à inflation modérée. Le cas particulier de la parité de pouvoir d'achat Selon la loi du prix unique, principe de base en économie, un même bien ne peut être vendu à des prix différents en divers endroits au même moment. Si une tonne d'acier se vend moins cher à New York qu'à Chicago, il est intéressant d'aller l'acheter à New York pour la revendre à Chicago. À l'affût de telles occasions, d'astucieux arbitragistes se livrant à ce négoce accroîtraient automatiquement la demande d'acier à New York et l'offre d'acier à Chicago. Le prix de l'acier augmenterait à New York et diminuerait à Chicago, ce qui restaurerait l'égalité des prix entre les deux marchés. On appelle parité de pouvoir d'achat cette loi du prix unique appliquée a marchés internationaux. Elle signifie alors que, si l'arbitrage international est possible, toute monnaie doit avoir le même pouvoir d'achat dans tous les pays. En voici la logique. Si un dollar permettait d'acheter davantage d'acier dans le pays qu'à l'étranger, il serait possible de gagner de l'argent en achetant de l'acier sur le marché intérieur pour le revendre à l'étranger. Les arbitragistes en quête de profit pousseraient à la hausse le prix intérieur de l'acier par rapport à son prix à l'étranger. Inversement, s'il était possible d'acquérir avec un dollar plus d'acier à l'étranger que sur le marché intérieur, les mêmes arbitragistes iraient acheter l'acier à l'étranger pour le revendre sur le marché intérieur, poussant à la baisse le prix de l'acier sur le marché intérieur par rapport à son prix à l'étranger. On voit donc que les arbitrages internationaux en quête de profits égalisent le prix de l'acier partout dans le monde. Notre modèle du taux de change réel nous permet d'interpréter cette doctrine de la parité de pouvoir d'achat. L'action rapide des arbitragistes internationaux rend les exportations nettes extrêmement sensibles à de faibles variations du taux de change. Une baisse minime du prix des biens intérieurs par rapport à celui des biens étrangers, soit une baisse minime du taux de change réel, incite les arbitragistes à acheter des biens sur le marché intérieur pour les revendre à l'étranger. De même, toute hausse du prix relatif des biens intérieurs incite les arbitragistes à importer des biens de l'étranger. En conséquence, comme l'illustre la figure ci-dessous, la courbe exportations nettes est extrêmement plane pour le taux de change réel qui égal internationalement le pouvoir d'achat : toute variation, même minime, du taux change réel, induit une importante variation des exportations nettes. Cette sensibilité extrême des exportations nettes assure que le taux de change d'équilibre est toujours proche du niveau correspondant à la parité de pouvoir d'achat. La parité de pouvoir d'achat a deux importantes implications. Tout d'abord, comme la pente de la courbe des exportations nettes est très faible, les variations de l'épargne ou de l'investissement n'affectent pas le taux d'intérêt nominal ou réel. Deuxièmement, comme le taux de change réel est fixe, toutes les variations du taux de change nominal provoquent des modifications des niveaux relatifs des prix. Cette doctrine de la parité de pouvoir d'achat est-elle réaliste? La plupart des économistes pensent qu'en dépit de sa séduisante logique, la parité de pouvoir d'achat ne décrit pas tout à fait correctement le monde réel. Tout d'abord, de nombreux biens ne se prêtent pas aisément à l'échange. Même s'il est plus cher de se faire couper les cheveux à Tokyo qu'à New York, l'arbitrage international est impuissant, car il est impossible de transporter des coupes de cheveux entre deux villes. Deuxièmement, même les biens échangeables ne sont pas toujours des substituts parfaits. Certains automobilistes préfèrent les Toyota, d'autres les Ford. Le prix relatif des Toyota et des Ford peut donc varier dans une certaine mesure sans ouvrir de possibilité significative de gagner de l'argent par l'arbitrage. Pour ces diverses raisons, les taux de change réels varient bel et bien dans le temps. Si elle ne décrit pas parfaitement le monde réel, la doctrine de la parité de pouvoir d'achat conduit à s'attendre à de faibles mouvements des taux de change réels. Sa logique sousjacente, en effet, est largement fondée : plus le taux de change réel s'écarte du niveau correspondant à la parité des pouvoirs d'achat, plus les arbitragistes ont des raisons d'intervenir. Si, donc, le principe de parité de pouvoir d'achat n'élimine pas toutes les variations du taux de change réel, il nous fournit toute raison de penser que ces variations seront normalement d'ampleur limitée et temporaire. ÉTUDE DE CAS : LE BIG MAC DANS LE MONDE Selon la doctrine de la parité de pouvoir d'achat, compte dûment tenu des taux de change, tous les biens devraient se vendre au même prix partout dans le monde. Dans l'autre sens, la même doctrine nous dit que le taux de change entre deux pays devrait dépendre des niveaux relatifs de prix dans ces deux pays. Pour vérifier la validité de cette doctrine, "The Economist" publie régulièrement les prix dans de nombreux pays d'un bien qui y est vendu, à savoir le hamburger Big Mac de McDonald. Si l'on en croit la parité de pouvoir d'achat, le prix du Big Mac devrait être étroitement lié au taux de change nominal de chaque pays. Plus le prix en monnaie locale du Big Mac est élevé, plus le taux de change (mesuré en dollars américains) devrait l'être également. Le tableau 5.2 nous montre les prix internationaux, en 2000, d'un Big Mac vendu à l'époque $2,51 aux États-Unis. Ces données nous permettent d'utiliser la doctrine de la parité de pouvoir d'achat pour prévoir les taux de change nominaux. En 2000, le Big Mac coûtait 294 294 yens au Japon : le taux de change entre le dollar et le yen devait donc être , soit 117 yens 2.51 par dollar. Ce taux de change aurait égalisé le prix, en monnaie locale, du Big Mac au Japon et aux États-Unis. Le tableau ci-dessus confronte ce taux de change induit au taux de change effectif, pour 30 pays. Les résultats sont contrastés. Dans certains pays, l'écart entre taux de change induit et effectif est mince. Par exemple, le taux de change de 117 yens par dollar que nous avons induit au paragraphe précédent est proche du taux de change effectif de 106 yens par dollar. Dans la plupart des pays, les écarts sont cependant plus prononcés, de l'ordre de 30% ou plus. Donc, si la théorie de la parité des pouvoirs d'achat donne une indication grossière des niveaux des taux de change, elle est loin d'expliquer totalement ceux-ci. IV. Conclusion: les Etats-Unis en tant que grande économie ouverte Ce chapitre a exposé le fonctionnement d'une petite économie ouverte. Dans ce cadre, il a explicité les déterminants des flux financiers internationaux destinés à l'accumulation du capital et des flux internationaux de biens et de services, d'une part, et les déterminants des taux de change réels et nominaux, d'autre part. L'analyse a montré comment diverses politiques, monétaires, budgétaires ou commerciales, affectent la balance commerciale et le taux de change. Le cadre de cette analyse était une économie de taille réduite, au sens où le taux d'intérêt qui y prévaut se détermine sur les marchés financiers internationaux. Une telle économie ne peut, par définition, pas affecter le taux d'intérêt international: à ce taux, elle peut donc emprunter et prêter tout ce qu'elle veut. Cette hypothèse s'écarte de celle que nous avons formulée, au chapitre 3, lors de l'étude de l'économie fermée. Dans le cadre de celle-ci, le taux d'intérêt intérieur égalise l'épargne et l'investissement intérieurs : en conséquence, toute politique affectant l'épargne ou l'investissement modifie le taux d'intérêt d'équilibre. Laquelle de ces deux approches devons-nous appliquer à une économie telle que celle des États-Unis? Un peu des deux. D'une part, les États-Unis ne sont pas suffisamment grands et isolés pour être totalement imperméables aux évolutions qui surviennent à l'étranger. Les importants déficits commerciaux qu'ils ont enregistrés dans les années 1980 et au début des années 1990 démontrent à suffisance qu'ils n'ont pu financer leurs investissements qu'en ayant recours aux marchés financiers internationaux. L'analyse en économie fermée du chapitre 3 ne peut donc expliquer totalement l'impact des politiques sur l'économie américaine. Par ailleurs, cette économie des États-Unis n'est pas non plus si petite et si ouverte que les conclusions du présent chapitre lui soient totalement applicables. D'un côté, les États-Unis ont une économie suffisamment puissante pour influencer les marchés financiers internationaux. N'a-t-on pas imputé à la politique budgétaire américaine les taux d'intérêt réels élevés qui ont prévalu dans le monde pendant toutes les années 1980? D'autre part, la mobilité internationale des capitaux peut s'avérer imparfaite, notamment dans le cas où les gens préfèrent détenir leur richesse en actifs nationaux plutôt qu'étrangers. En ce cas, les capitaux ne se déplacent pas automatiquement pour égaliser les taux d'intérêt dans tous les pays. Pour ces deux raisons, le modèle de la petite économie ouverte ne s'applique pas non plus immédiatement aux États-Unis. Pour évaluer les politiques économiques d'un pays tel que les États-Unis, il faut en fait combiner la logique de l'économie fermée du chapitre 3 et celle de la petite économie ouverte de ce chapitre. On trouvera en annexe à celui-ci un modèle d'économie située entre ces deux extrêmes. Ce cadre intermédiaire permet effectivement l'emprunt et le prêt internationaux, alors même que le taux d'intérêt n'est pas dicté par les marchés financiers internationaux. Au contraire, plus l'économie concernée emprunte à l'étranger, plus est élevé le taux d'intérêt qu'elle doit payer à ses créanciers étrangers. Supposons que l'épargne américaine diminue en conséquence d'une expansion budgétaire. Tout comme dans une économie fermée, cette expansion provoque une hausse du taux d'intérêt susceptible d'évincer l'investissement. Par ailleurs, tout comme dans une petite économie ouverte, elle réduit les sorties nettes de capitaux, ce qui entraîne un déficit commercial et une appréciation du taux de change. Nous voyons donc que, si le modèle de la petite économie ouverte que nous venons de construire ne décrit pas tout à fait correctement le fonctionnement d'une économie telle que celle des États-Unis, il donne une bonne indication de la manière dont les politiques économiques affectent la balance commerciale et le taux de change.