sur le rôle que jouent les données internes sur le niveau des importations et des exportations.
Parmi cette famille de modèles (à laquelle appartient aussi le modèle Mundell Fleming) se trouve
l’approche par le solde épargne investissement, qui fait de celui-ci la donnée explicative de
l’équilibre de la balance des paiements. Cette approche se fonde sur l’égalité qui nous intéresse.
Elle ne considère en fait, à l’intérieur de la balance des paiements, que la balance des
capitaux. Une balance des paiements déficitaire signifie donc que l’épargne intérieure n’a pas été
suffisante pour financer l’investissement, et qu’il a fallu faire appel à des capitaux extérieurs.
L’approfondissement théorique de cette approche conduit en fait à s’intéresser plus aux
problématiques d’épargne et d’investissement qu’à la balance des paiements. Par exemple,
Feldstein et Horioka ont tenté d’utiliser cette égalité afin de comparer le degré de mobilité
des capitaux entre les économies nationales.
Ces modèles ont un intérêt limité en ce qui concerne la formation de la balance des paiements, car
ils connaissent deux limites :
- Ils négligent des variables qui ont une influence évidente sur la formation du solde, par
exemple, le taux d’intérêt, le taux de change, ou le revenu du « reste du monde ».
- Leurs fondements micro-économiques ne sont pas explicités.
Balance des paiements et politique économique
Toutefois, cette équation est essentielle pour réaliser certains arbitrages de politique économique. En
effet, on peut se poser la question des conséquences d’un déséquilibre de la balance des paiements (le
déséquilibre est défini comme : I > E, c’est à dire un déficit d’épargne et un surplus d’importations, ce
qui induit une nécessité de se financer par des capitaux extérieurs)
- A court terme : le déséquilibre n’a pas de conséquences dommageables, le déficit étant
compensé par le recours à des capitaux étrangers (crédit). Il peut même permettre de financer
une politique de développement. Toutefois, cela nécessite d’avoir des capacités d’endettement
et une certaine crédibilité financière.
- A long terme : si cette situation vient à durer, elle risque de conduire à une spirale de dette.
En effet, les capitaux empruntés vont générer une sortie de capitaux supérieure (capital +
intérêts). Le déséquilibre s’aggrave donc à cause du service de la dette. A long terme, une
balance des paiements en équilibre paraît donc préférable : la dimension intertemporelle de la
problématique est forte.
- L’exception : Les Etats-Unis. Grâce à la force du dollar et à leur crédibilité financière, les
Etats Unis peuvent se permettre depuis les années 1980 de maintenir leur balance des
paiements en déséquilibre : ils importent massivement, et financent ces importations en
empruntant des capitaux au reste du monde, leur épargne, en particulier publique étant
déficitaire (surtout sous l’ère Reagan, qui avait baissé les impôts sans diminuer les dépenses
publiques). Cette situation exceptionnelle est donc inimitable.
A part en ce qui concerne l’exception américaine, l’objectif d’une balance des paiements équilibré à
long terme paraît donc pertinent. Se pose la question de comment atteindre cet objectif. En théorie,
par l’intermédiaire des taux de change, l’équilibre devrait se réduire automatiquement par
l’enchaînement suivant :
X – M < 0 => X < M => sortie de devises => réduction de la masse monétaire intérieure => baisse des
prix intérieurs => diminution des importations, augmentation des exportations, jusqu’à l’équilibre.
Toutefois, diverses rigidités et l’instabilité du taux de change peuvent empêcher cet équilibre d’être
atteint. Des politiques publiques sont alors nécessaires. On a également vu le rôle majeur que joue
l’équilibre budgétaire public.