Cours n°2 : infectieux 29/10/2009 Maladies opportunistes au cours de l’infection par le VIH Généralités Définition Maladies infectieuses ou tumorales liées à l’immunodépression. Infections à micro organismes qui ne se développent pas chez un sujet sain ou localisations atypiques. Tumeurs spécifiques ou non. Degré d’immunodépression conditionne le risque de survenue: prophylaxie primaire selon le degré. Récidive après traitement: prophylaxie secondaire Parasitoses Pneumocystose. Toxoplasmose. Cryptosporidiose, Microsporidiose. Pneumocystose pulmonaire Pneumocystis jiroveci Maladie opportuniste la plus fréquente (60% des VIH+) Contamination par voie aérienne; éventuellement interhumaine CD4<200 Inaugurale Diagnostic * Clinique • Début progressif, pendant plusieurs jours : - Pneumopathie subaiguë, début progressif (toux, gêne respiratoire) - Fièvre modérée et petite altération de l’état général - Inefficacité des traitements ATB standard faisant évoquer le diagnostic après plusieurs jours d’évolution • A un stade plus avancé, évolution vers : - Insuffisance respiratoire aiguë - Fièvre 39-40°C Patient à adresser à l’hôpital * Gaz du sang: hypoxémie sévère; * Biologie: Élévation du taux des LDH. * Radio de Thorax: pneumonie interstitielle bilatérale * Crachats induits Si l’état clinique le permet (GDS), sous O2 : * Fibroscopie bronchique + lavage bronchiolo- alvéolaire (LBA) pour examen parasitologique (coloration de Gomori-Grocott, ou immuno-fluorescence) Traitement En urgence, dès la suspicion du diagnostic (ne négativera pas les prélèvements): TMP+SMX: Bactrim® (Forte: PO 6cp/j ou IV: 12 ampoules/j) 21 jours - Contre indiqué si antécédent d’allergie aux sulfamides, - Effets secondaires ++ (40%): - allergie +++: Rash cutané (Risque syndrome de Lyell) +++, examen cutané quotidien pdt 15 jours/ Fièvre - anomalie du bilan hépatique, insuffisance rénale, hyperkaliémie, neutropénie, anémie. Ou Pentamidine IV (puis aérosols après amélioration) O2 (lunettes, MHC, VNI, IOT) Corticothérapie adjuvante si hypoxémie importante (PaO2< 75 mmHg) Traitement antirétroviral débuté après la phase aiguë Evolution - Pronostic sans traitement : mortalité dans 50% cas - Prophylaxie par Bactrim® ou Aérosols de pentamidine (Pentacarinat®) Primaire en l’absence d’ATCD de pneumocystose si CD4<200/mm3 Ou Secondaire après une pneumocystose tant que CD4<200 Arrêt de la prophylaxie quand les CD4 sont durablement ++ supérieurs à 200/mm3 Toxoplasmose cérébrale 70% de la population générale a fait une primo-infection à Toxoplasma gondii Réactivation de kystes à la faveur d’une immunodépression (CD4<100/mm3) Prévalence au cours du sida corrélée à celle de la population générale - France : 20- 40 % des patients sida non traités - Etats-Unis : 10 % Très forte réduction de la prévalence avec la trithérapie: 1 cas pour 100 malades/an après 1996 Diagnostic * Clinique Signes neurologiques: Céphalées, Déficit (paralysie, amputation du champ visuel, aphasie…) Convulsions Confusion, troubles du comportement ET Fièvre Plus rarement, atteintes disséminées (oculaires, pulmonaires, myocardiques…) * Sérologie toxoplasmose: Une sérologie négative exclut le diagnostic mais une sérologie positive ne le confirme pas TDM ou IRM cérébral : image d’abcès en cocarde, lésion le + svt unique. Effet de masse déplaçant la ligne médiane Diagnostic différentiel: Lymphome+++ Traitement curatif - Malocide® 50mg/j + Adiazine® 4g/j pendant 6 semaines Effets secondaires multiples: Allergies cutanées+++: surveillance quotidienne++ Hématotoxicité (leucopénie, anémie, thrombopénie) Anomalies du bilan hépatique Coliques néphrétiques : prévention par boisson alcalines (Vichy) - Traitement anti-œdémateux (Glycérol, Lasilix) - Traitement antiépileptique Evolution: Amélioration : 2 à 7 jours Contrôle neuroradiologique (IRM/ TDM) : 10 à 15 jours Si pas d’amélioration clinique / radiologique Vérification prise des médicaments / posologie Biopsie stéréotaxique : Lymphome+++ Prévention - Prophylaxie par Bactrim® ou Malocide+ Adiazine Primaire en l’absence d’ATCD de toxplasmose si CD4<200/mm3 Ou Secondaire après une toxoplasmose tant que CD4<200 Arrêt de la prophylaxie quand les CD4 sont durablement ++ supérieurs à 200/mm3 - Pour les sujets n’ayant jamais été en contact avec Toxoplama gondii (sérologie toxoplasmose négative): Eviter les contacts avec les chats, bien laver et bien cuire les aliments. Parasites intestinaux : Cryptosporidiose, isosporose, microsporidiose Diarrhées importantes +++ Diagnostic par examen parasitologique des selles, répété 3 jours de suite Décès (avant les IP) Viroses CMV LEMP HSV VZV CMV 80% de primo-infections avant 30 ans. CD4< 50-100/mm3 Virémie CMV positive (antigénémie pp65 ou PCR) Atteinte la + fréquente: Rétinite à CMV (troubles visuels) fond d’œil tous les 3 mois. Digestive: œsophagite, colite, hépatite, cholangite. Neuro: encéphalite, méningoradiculite. Traitement IV 15 à 21 j (ganciclovir) puis relais PO LEMP Maladie du système nerveux central Démyélinisation Immunodépression: CD4<200/mm3 Virus JC, réactivé par le VIH Troubles neurologiques variables (déficits, syndromes confusionnels, troubles psy) Diagnostic: IRM (Hyposignaux) et PL (PCR JC+ ds LCR) Pas de traitement spécifique: ARV+++ Infections bactériennes Tuberculose Mycobactérioses atypiques Pyogènes Tuberculose Bacille de Koch Très fréquente surtout chez sujets venant de régions de forte prévalence (Afrique, Asie) Immunodépression modérée. Pulmonaire, ganglionnaire, hépatique, splénique, osseuse, méningée… Diagnostic confirmé par mise en évidence de Mycobacterium tuberculosis dans l’organe atteint Traitement Quadri-antibiothérapie par Isoniazide, Rifampicine, Ethambutol et Pirilène Durée variable selon la localisation (6 à 12 mois) Effets secondaires: hépatiques++, oculaires, hyperuricémie Rifampicine: coloration des urines en orange, diminution effet contraception préservatifs+++ Prévention - Vaccination des sujets à risque - Isolement septique type « air » des sujets contagieux - Déclaration obligatoire à la DRASS - Dépistage des sujets contacts Mycobactéries atypiques (MAC) M. avium, kansasii, xenopi. Immunodépression sévère (<50 CD4) Atteinte disséminée: fièvre, AEG, sueurs. Diagnostic sur isolement de la mycobactérie à partir d’hémocultures spécifiques (« à MAC ») Traitement: quadri-antibiothérapie et restauration immunitaire Pyogènes Infections ORL, pulmonaires, cutanées + fréquentes et potentiellement + sévères que dans la population générale Pneumopathies à pneumocoques répétées : Vaccination antipneumococcique recommandée Infections fongiques Candidose. Cryptococcose. Candidoses Immunodépression peu sévère. Tube digestif (œsophagienne, oropharyngée). Dysphagie, odynophagies, douleurs, brûlure, aspect local évocateur (FOGD). Gynécologique. Pas pulmonaires ni disséminées. Traitement: amphotéricine B local ou fluconazole voie générale. Prévention primaire: soins topiques locaux (BDB c/o immunodéprimés sévères) Cryptocoques Méningites+++, pneumonies, septicémie, atteinte disséminée. PL: coloration à l’encre de chine. Traitement: amphotéricine B. Manifestations tumorales Kaposi Lymphomes Autres Sarcome de Kaposi Co-infection HHV8 Caucasiens: stt chez les homosexuels masculins; + fréquentes en Afrique. Nodules marron violacés Localisation cutanée, muqueuse (digestifs, bronchiques) Quelque soit le degré d’immunodépression, progression ++ si immunodépression sévère. Traitement ARV++ Local (cryothérapie) ou général (chimiothérapie) Lymphomes Association à virus EBV. RR x200 Pas de relation avec le niveau d’immunodépression. Prolifération de lymphocytes immatures ganglionnaire ou extra-ganglionnaire Chimiothérapies. Le syndrome de restauration immunitaire Ascension des lymphocytes T sous traitement anti-rétroviral. Augmentation de la réponse inflammatoire. Cette réaction est majeure dans les organes avec infections opportunistes: Par exemple lors d’une tuberculose majoration de la fièvre, augmentation du volume des ganglions, douleurs, aggravation de l’état respiratoire... De manière générale, conduit à une aggravation clinique. C’est un des arguments pour ne pas mettre en route un traitement ARV lors du traitement curatif d’une infection opportuniste. En général on attend 6 à 8 semaines après la mise en route du traitement de l’infection opportuniste. Conclusion Peuvent être révélatrices de l’infection VIH, Traitement codifié, Parfois pronostic vital engagé. Le traitement ARV a transformé le pronostic et celui des pathologies opportunistes