Pôle B Matière 16/09/2007
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ANGOR STABLE - Traitement actuel
I) Introduction
L'apparition d'un angor d'effort est toujours une phase critique de l'instabilité: on ne
sait pas ce qu'il va devenir! Donc tout angor apparu depuis moins de 7 jours est
considéré comme un syndrome coronarien aigu et sera traité comme tel. Après ce délai
de 7 jours on pourra parler d'angor stable.
L'ischémie myocardique n'entraîne pas forcément de dlr angineuse: seules 50 % des
crises d'ischémies visibles à l'ECG sont associées à une dlr angineuse. Les autres sont
appelées « ischémies silencieuses » et ne sont repérées que sur un ECG de l'épreuve
d'effort ou un Holter ECG.
L'objectif de la prise en charge est de s'assurer qu'il ne fasse plus d'ischémie
myocardique.
Un IEC est prescrit systématiquement chez le coronarien, car 80% des épisodes
douloureux sont précédés par une augmentation de la fréquence cardiaque. En fait, en
temps normal il y a un mécanisme protecteur qui est la dilatation coronaire. Dans 20%
des ischémies myocardiques cela ne fonctionne plus, il y a une vasoconstriction par
dysfonction de l'endothélium et altération de la vasomotricité (c'est le principe dans
l'athérosclérose).
L'angor chronique stable est de très bon pronostic: mortalité < 4%. Donc on ne
l'explore pas systématiquement: attention à la balance bénéfice/risque quand on fait des
examens complémentaires (d'autant plus que des examens comme la coronarographie
et l'angioplastie sont invasifs!). Il faut faire une stratification du risque: on isole un sous-
groupe qui a plus de risque et nécessite une exploration.
II) Observation
Homme de 48 ans, agriculteur
fumeur: 1 paquet/ jour
consulte pour une douleur thoracique d'effort présente depuis 4 mois:
il fait 1crise/ semaine, pour des efforts importants ou lors de contrariétés
la dlr est constrictive, rétro-sternale, irradiant dans le bras gauche
elle cède en 30 min après l'arrêt de l'effort
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il fait 80 kg pour 1,70m
TA= 160/100
1) Comment estimer la probabilité d'une maladie coronaire ?
ATTENTION: on raisonne toujours en probabilité de maladie coronarienne (d'autant
plus fiable que l'expérience clinique du praticien est grande). On n'a jamais de
certitude!
Critères à prendre en compte :
CARACTERE DE LA DOULEUR (via interrogatoire)
constrictive
localisation: rétro-sternale, irradiant à la mâchoire, dans le bras G, voire aux 2 bras
à l'effort
cédant rapidement à l'arrêt de l'effort (de l'ordre de 3 min en général) ou à la trinitrine
(en moins de 1 min)
ATTENTION: une dlr évoquant une dlr coronarienne et durant plus de 20 min peut être un
infarctus!
sans caractère typique d'une douleur d'une autre cause, notamment une cause
nécessitant une PeC urgente!
EXAMEN CLINIQUE
Aucun signe spécifique (si angor non compliqué), mais rechercher des signes orientant ou
écartant un des diagnostics différentiels:
Il faut surtout éliminer une autre cause nécessitant une PeC en URGENCE:
Pneumothorax (non détaillé car pneumo!)
Péricardite aiguë: fièvre, angine, frottement péricardique, signes d'insuff cardiaque
droite
Dissection aortique: asymétrie des pouls et asymétrie tensionnelle, signes
d'épanchement (IC droite...), signes d'insuff aortique (frottement...)
Embolie pulmonaire: dyspnée, tachycardie, TVP éventuellement
EVALUATION DES FdR
Les FdR augmentent la probabilité de maladie coronaire. Ils sont recherchés: interrogatoire,
voire prescription d'examens complémentaires
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ECHOCARDIOGRAPHIE ET EPREUVE D'EFFORT:
Ne sont pas nécessaires d'emblée
ECG
Pas nécessairement
Si dlr qui persiste plus de 20 min afin d'éliminer ou diagnostiquer un IDM
(ici on n'évoque pas l'IDM car dlr qui dure mais plusieurs épisodes depuis 4 mois...)
On classe les crises de douleur thoracique par la probabilité de maladie coronaire:
Faible <20%
Intermédiaire
Haute >90%
Impossible à évaluer sans épreuve d'effort
A partir de là on choisit de faire des explorations supplémentaires ou pas.
La glycémie à jeun est normale
bilan lipidique à jeun: chol-T = 2,67 g/l
HDL-chol = 0,58
TG = 1,87
LDL calculé = 1,7
Hb normale
NOTE: pourquoi doser d'Hb?
L'anémie, de même que la tachycardie présente dans l'hyperthyroïdie donnent un angor
fonctionnel.
2) Quels sont les FdR chez ce patient?
tabac
hypercholestérolémie
pas l'HTA car elle n'a été observée que de façon isolée sur une consultation
ATTENTION: les FdR d'athérosclérose (=de maladie coronaire) sont à distinguer du risque
cardio-vasculaire d'un patient (dans lequel on prend en compte 3 éléments: FdR, atteinte
des organes cibles (IR,...), antécédents cardio-vasculaires).
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3) Classification clinique des douleurs thoraciques ; intérêt de l’épreuve
d’effort
Angor typique(certain):
gène thoracique rétro-sternale typique par ses caractéristiques et sa durée
provoquée par un effort ou un stress émotionnel
soulagée par le repos ou la trinitrine
Angor atypique (probable)
2 critères seulement sont présents
Douleur thoracique non cardiaque
1 ou aucun critère
Cette classification clinique nous permet de préciser le risque coronarien, et de lancer
ou non d’autres examens.
age
Risque coronarien
Si face à la clinique, la probabilité initiale de maladie coronaire est forte, l’épreuve d’effort
sera très souvent positive et donc elle n’est pas très utile : on passe directement à la
coronarographie.
Si la proba initiale est très faible, l’épreuve d’effort sera bien souvent négative et donc
inutile : si elle la proba clinique est inférieure à 20% on arrête les explorations.
Par contre, lorsque la proba de départ est intermédiaire, l’épreuve d’effort nous permettra
vraiment d’avancer : autour de 50%, les épreuves non invasives ont un grand intérêt.
probabilité
après épreuve
d’effort
Ainsi, le risque coronarien
(selon le diagramme de
Diamond), augmente avec :
l’âge, le sexe masculin, et
selon qu’il s’agit d’un angor
typique, d’un angor
atypique ou que ce soit
asymptomatique.
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probabilité
pré-test
4) Quel est le traitement à prescrire à la première consultation ? (en
attendant épreuve d'effort)
En phase de diagnostic, systématiquement : Trinitrine (dérivés nitrés: NATISPRAY par
exemple). On préférera la forme spray plutôt que sublinguale (plus fiable)
Aspirine en l’absence de CI (allergie, ulcère gastrique ou duodénal en cours
d’évolution) : dans le doute on le met, cela ne coûte rien !
On aurait pu penser au dipyridamole (= PERSANTINE, antiagrégant plaquettaire) en
cas de CI à l’aspirine, mais non! Il entraîne un vol coronaire et donc une ischémie
(vasodilatation) des petites artères coronaires ou artères sténosées: il est
formellement contre-indiqué dans l’angor !
Pas de statine car on est encore en prévention primaire. A ce stade on se limite au
régime. Elles seraient discutées si l’ischémie myocardique se confirmait (prévention
secondaire).
Pas non plus de dérivé nitré retard par voie per-cutanée.
Par contre, il faut recommander au patient de ne pas faire d’effort.
5) Quels examens complémentaires faut-il discuter ?
RT
Epreuve d’effort : seul critère de positivité = sous décalage de ST › 1mm
La fréquence cardiaque à l’effort doit être supérieure à (220 – age du patient), qu'on appelle
FMT pour fréquence maximale théorique, sinon l’épreuve est ininterprétable !
ECG de repos : indispensable au moment de la crise, il n’est pas obligatoire si l’on est
à distance de la douleur.
Dans ce cas, l’épreuve d’effort est positive
Nouvelle étape : le patient est envoyé au cardiologue pour une stratification du risque.
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