L’approche expérimentale
Ebbinghaus
Ebbinghaus a écrit un ouvrage important en 1885 intitulé La mémoire. Ebbinghaus s’intéressait à
l’étude expérimentale de la mémoire au sens large (pas uniquement celle des souvenirs). Il s’intéressait donc
à l’aspect conscient et inconscient de la mémoire. C’est pourquoi il n’a pas utilisé une tâche de rappel qui fait
appel uniquement à l’aspect conscient de la mémoire. Il se tourne donc vers la technique d’apprentissage.
Ebbinghaus a utilisé une série de syllabes sans signification (il ne voulait pas que le matériel soit associé
à quelque chose qui lui était connu, et ce afin de ne pas utiliser de technique de rappel). Il a été son propre
sujet d’expérience. Il a ainsi produit une courbe de l’oubli. Il lisait une série d’une dizaine d’items prononçables
jusqu’à pouvoir la réciter deux fois par cœur. Il laissait s’écouler un délai de quelques heures à plusieurs mois.
Puis il réapprenait la même série sans effort de mémorisation. Il notait le temps d’apprentissage ou le nombre
de lecture. Il remarque que la seconde fois il faut moins de temps et moins d’essais pour apprendre la même
série. On observe un gain, une économie au réapprentissage attribuable à la mémoire.
Pour des séries ayant été apprises un mois auparavant il n’en avait gardé aucun souvenir. Or il observe
toujours un gain au réapprentissage. Ce gain n’est pas attribué au fait d’avoir appris à apprendre. Il met en
évidence le fait qu’il existe une mémoire inconsciente.
Selon la courbe de l’oubli, on observe dans les premières heures l’oubli est rapide, puis un plateau
descendant qui s’étend sur des mois.
Cet ouvrage a du succès chez les psychologues qui s’y réfèrent largement de par les techniques (test
de mémoire implicite) et les références théoriques.
Jacobs
Jacobs a mis en place à la tâche d’empan mnésique (lettres et chiffres) suite au travail d’Ebbinghaus
pour mesurer l’évolution des capacités mnésiques chez les enfants. Ils montrent que l’évolution de cet empan
mnésique on l’observe chez les enfants. Ebbinghaus a montré qu’il était possible d’utiliser la méthode
expérimentale pour étudier la mémoire.
Müller
Müller est un continuateur d’Ebbinghaus. Il s’intéresse spécifiquement au thème de l’apprentissage. Il
a des élèves fameux qui vont publier sur le thème de la mémoire : Schumann, Jost et Pilzecker. Il améliore la
méthode d’Ebbinghaus en utilisant un autre matériel.
Naît alors la loi de Jost (Influence de la distribution des répétitions sur la force d’association) : question
de l’apprentissage massé vs. distribué. SI l’on cherche à mémoriser n’importe quelle série, par exemple de
chiffres ou de mots, on peut procéder de deux manières. On peut examiner ou parcourir cette série 30 fois à
la suite, mais on peut aussi disperser ces 30 répétitions sur plusieurs jours, en répétant cette série 10 fois par
jour pendant trois jours. Pour un apprentissage à long terme l’apprentissage distribué est plus avantageux en
termes de performances au réapprentissage (nombre de répétitions lors de l’apprentissage).
Effet d’espacement des répétitions : lire une série de syllabes pendant trois jours, huit fois par jour
(schéma 3.9), ou pendant six jours, quatre fois par jour (schéma 6.4) ou encore pendant douze jours, deux
fois par jour (schéma 12.2). Müller a utilisé une méthode de rappel associatif pour tester cet effet (rappel du
deuxième mot de chaque couple). On observe un gain notable croissant en termes de rappel cette fois-ci
lorsque l’espacement augmente (12.2 > 6.4 > 3.9).