Le rapport cherche à décrire la situation juridique dans les pays pour lesquels un rapport
national a été soumis, mais doit inévitablement traiter des développements juridiques au
niveau de l’Union Européenne. A l’exception de la Suisse, tous les pays ayant soumis un
rapport national sur cette question sont membres de l’Union Européenne. Il importe de
souligner que le rapport a été rédigé depuis le tout début pendant une importante réforme des
lois des pays membres de l’Union Européenne dans ce domaine. Comme chacun sait, la
Communauté Européenne a adopté le 11 mai 2005 la Directive 2005/29/EC du Parlement
Européen et du Conseil concernant les pratiques commerciales déloyales entre entreprises et
consommateurs sur le marché interne (‘Unfair Commercial Practices Directive’, ci-après
dénommée UCPD). Cette Directive régit les pratiques publicitaires et commerciales en
général. Elle introduit des obligations d’information d’une grande portée, et revêt donc une
importance essentielle pour le présent rapport.
Le présent rapport a pour objet de démêler cette réglementation complexe et d’analyser de
manière critique les principales tendances du changement législatif et institutionnel généré par
l’harmonisation européenne. Dans un premier temps, il passera en revue la situation des pays
ayant soumis des rapports nationaux avant la transposition de la Directive. Puis il présentera
les dispositions pertinentes de la Directive ainsi que la façon dont celle-ci est mise en oeuvre
dans chaque législation nationale. Enfin, il exposera les avantages et inconvénients des
obligations d’information, en règle générale et dans le contexte de l’UCPD. Bien que ce
rapport se focalise principalement sur les développements au niveau européen, nous espérons
qu’il fournira matière à réflexion pour les législateurs et parties prenantes dans des pays hors
de l’UE.
1. Obligation positive de fourniture d’informations imposée aux annonceurs
Le présent rapport établit une distinction entre une obligation positive et négative de
fourniture d’informations aux consommateurs. Tandis qu’une obligation positive exige d’une
manière affirmative la communication d’informations importantes aux consommateurs, une
obligation négative implique généralement qu’en cas de manquement à fournir des
informations importantes, la publicité pourrait être considérée comme trompeuse ou
déloyale.
Cette distinction est, avouons-le, quelque peu artificielle. La doctrine légale et les
travaux préparatoires aux niveaux européen et national suggèrent que nous devons nous
accommoder de deux concepts sosies.
Dans certains rapports nationaux, l’interdiction de
toute publicité trompeuse par omission est qualifiée d’obligation d’information positive
(rapports autrichien et belge). Par conséquent, de nombreux rapporteurs nationaux considèrent
que l’UCPD impose une obligation d’information positive (voir les rapports nationaux pour
l’Autriche, l’Allemagne, la Hongrie et l’Italie).
Certes, l’approche exhaustive de la tromperie par omission de l’UCPD, et en particulier
l’énumération des informations devant être fournies dans le cas d’une ‘invitation d’achat’, est
très proche d’une obligation d’information positive. Mais dans un souci de clarté, compte-
tenu de la nature comparative de la présente analyse, je préfère m’en tenir à cette distinction,
afin de pouvoir appréhender la diversité des approches vis-à-vis de l’obligation d’information,
dans une perspective historique et transnationale.
Voir Schulze/Schulte-Nölke, Analysis of National Fairness Laws Aimed at Protecting Consumers in Relation
to Commercial Practices, 2003, Etude pour la Commission Européenne.
Voir Enquête du gouvernement sudéois sur les pratiques commerciales déloyales (SOU 2006: Otillbörliga
affärsmetoder., projet de loi gouvnernemental 2007/08: 115, Rapport de la Commission Législative.