La façon dont les responsables d’entreprises dirigent le personnel dépend d’une part de leur conception de l’homme au travail et d’autre part de la façon dont ils intègrent la gestion du personnel dans l’ensemble de la gestion de l’entreprise . Ces deux éléments ont considérablement évolué au cours des dernières années . La conception du leadership s’est donc elle aussi modifiée en profondeur ; ainsi, mener, c’est transmettre une information à une personne ou à un groupe hiérarchiquement inférieur, et contrôler son travail . En d’autres terme, le leadership est défini comme le pouvoir statutaire de celui qui l’exerce . Cependant, le pouvoir n’est pas seulement une relation ; c’est un processus d’influence basé sur l’échange et la négociation entre les acteurs interdépendants qui ont besoin les uns des autres pour réaliser l’objectif de l’organisation et atteindre leurs objectifs personnels mais il s’agit d’un processus réciproque dans lequel chaque acteur a quelque chose à échanger. C’est aussi une relation de déséquilibre où le pouvoir est un rapport de force dont l’un peut retirer davantage que l’autre _ ce qui peut donner naissance à des conflits _,mais où également, l’un n’est jamais démuni face à l’autre d’où la nécessité de l’intégration de la négociation . En vu de développer tous ces points et bien d’autres, nous adopterons le plan suivant : 2 PREMIERE PARTIE : LE LEADERSHIP I. LE LEADERSHIP A. DEFINITION B. STYLES DE LEADERSHIP II. LA CONDUITE DES HOMMES A. LE LEADERSHIP COMME FONCTION 1. LA FINALISATION 2. L’ORGANISATION 3. L’ANIMATION B. LE LEADERSHIP COMME RELATION DEUXIEME PARTIE : LE POUVOIR I. LE POUVOIR DANS LES RELATIONS INTERPERSONNELLES A. DEFINITION B. LES SOURCES DU POUVOIR C. LES JEUX DU POUVOIR II. LE POUVOIR DANS LES ORGANISATIONS A. ANALYSE STRATEGIQUE B. POUVOIR ET ENVIRONNEMENT ORGANISATIONNEL III. LES CONFLITS ET LEUR GESTION A. DEFINITION B. LES TYPES DE CONFLIT IV. LA NEGOCIATION A. DEFINITION B. THEORIE GENERALE SUR LA NEGOCIATION EN ENTREPRISE C. QUELQUES TECHNIQUES DE NEGOCIATION 3 PREMIERE PARTIE : LE LEADERSHIP I. LE LEADERSHIP : Tous nous recourons à des moyens d’influence afin d’obtenir d’autrui ce que nous attendons. Il n’est donc pas étonnant que les psychosociologues aient accordé au thème de l’influence sociale une place de choix dans leurs réflexions. Ils s’interrogent sur la manière de s’y prendre pour inciter les gens à modifier leurs idées ou leurs comportements. Ils étudient le leadership et les formes du pouvoir. Ils proposent va sans dire qu’autrui aussi nous influence. Ces jeux d’influence sont au cœur de la vie sociale. des méthodes d’encadrement du personnel en vue d’améliorer les fonctionnements collectifs. A - DEFINITIONS. Une vaste littérature traite des facteurs qui doivent être réunis pour devenir un leader. J. Rojot et A. Bergmann présentent les diverses méthodes employées pour définir les leaders : il y a tout d’abord une approche par les traits de caractère ; elle met l’accent sur les qualités personnelles des leaders et attribue la réussite d’un dirigeant à ses qualifications, talents et caractéristiques personnelles. - la méthode du comportement privilégie les actions des leaders et non leurs traits personnels. Des styles sont identifiés et permettent de mesurer les capacités d’initiative des leaders, la considération qu’ils témoignent à leurs salariés, la manière dont ils les influencent… - La méthode de la contingence accorde une importance particulière à la situation. Trois variables agissent sur le style de leadership : l’ambiance du groupe, la structure de la tâche à accomplir et la force de position du dirigeant. 4 B- LES STYLES DE LEADERSHIP. Une expérience célèbre de R. Lippitt et K. White, réalisée en 1939, met en relation le type de leadership, le climat et l’efficacité d’un groupe. Elle se déroule dans un club de jeunes où trois groupes sont animés selon trois styles différents : “autoritaire”, “démocratique” et “laisser - faire”. Dans le groupe autoritaire, il y a beaucoup de tensions, une forte frustration et un taux élevé d’agressivité. Les participants sont insatisfaits et oscillent entre l’apathie et la révolte; la violence se décharge sur le matériel avec de nombreuses dégradations. Dans le groupe démocratique, il y a moins de tensions, l’agressivité est plus faible et peut s’exprimer sans excès. Le groupe est productif et la satisfaction élevée. Dans le groupe laisser - faire où l’animateur laisse les jeunes se débrouiller tout seuls, la tension et l’agressivité sont très fortes, les participants sont frustrés par l’inefficacité du groupe et particulièrement insatisfaits. La psychanalyse a fourni sa propre interprétation du processus de leadership en insistant sur la dimension psycho - affective du pouvoir. Freud a pris en considération l’ambivalence des affects et la dimension imaginaire et inconsciente du rapport au pouvoir. Il a émis l’hypothèse que la cohésion d’un groupe provient d’une relation commune de ses membres au leader. Celui-ci est le reflet d’une image paternelle, suscitant respect et amour de la part des membres du groupe. Plutôt que de leader, F. Redl parle de “personne centrale”, de celui ou celle qui suscite chez les membres potentiels d’un groupe, par des relations émotionnelles à son égard, des processus de formation de groupe. A partir de l’observation de classes d’enfants et d’adolescents, il met en évidence différentes modalités de la dimension psycho - affective dans lesquelles non seulement l’amour mais aussi la haine ou la crainte ont un rôle déterminant. Il établit une typologie des relations complémentaires chef - subordonné en les analysant du point de vue de l’affectivité. 1- Le souverain patriarche : “Monsieur d’un certain âge, d’aspect sévère mais pas inamical, décidé et ayant essentiellement des manières douces. Il défend l’ordre et la discipline… il croit au travail consciencieux et bien fait, sait parfaitement ce qu’il attend et le dit clairement”. Les émotions à son égard sont un mélange d’amour et d’adoration avec de l’anxiété lorsque l’on n’est pas sûr de son 5 approbation. Derrière la sécurité qu’on éprouve en sa présence, il y a une peur toujours présente de le perdre. 2- Le leader : “Monsieur est jeune, il prône le travail et la discipline en même temps qu’il demeure en pleine sympathie avec les pulsions de ses collaborateurs”. Le leader fait appel tant aux sentiments d’amour qu’aux pulsions narcissiques. 3- Le tyran : “Monsieur est d’âge moyen, il répète un certain type de discipline car c’est le seul moyen par lequel il puisse manifester une obéissance tardive à quelques-unes des exigences de ses propres parents”. Il peut aller jusqu’à terroriser ses subordonnés. 4- La personne centrale comme objet d’amour : Le leader cherche amour et admiration de ses subordonnés. L’affectif de la relation prime sur le rationnel. 5- La personne centrale comme objet de pulsions agressives : Le chef est l’exutoire des tendances négatives des membres du groupe. 6- L’organisateur : Le leader a tendance à tout exécuter luimême. Il procure au groupe le moyen de satisfaire des pulsions communes indésirables et ainsi le délivre de culpabilité, d’anxiété et de conflit qu’il ressentirait autrement dans l’action. 7- Le séducteur : Le leader accomplit “l’acte initiateur” et le groupe imite et suit. 8- Le héros : Le leader accomplit les actes dont le groupe est incapable. Il apaise les anxiétés par ses démonstrations de courage. 9- La “mauvaise influence”: Le leader cristallise la négativité du groupe et ses subordonnés l’imitent. 10- Le “bon exemple” : Le leader fait son devoir et les subordonnés l’imitent. Il est estimé pour ses valeurs et ses normes d’action. Le mieux est d’adapter son style au niveau de développement de ses collaborateurs (en termes de compétences et d’engagement). Les besoins sont différents selon les personnes, et pour un même collaborateur selon les activités dont il a la charge. Certains individus veulent décider et d’autres préfèrent exécuter. Certains désirent une grande liberté de manœuvre et d’autres des directives précises. Il n’existe pas de style idéal de leadership. II. LA CONDUITE DES HOMMES : 6 A - LE LEADERSHIP COMME FONCTION : Le cadre exerce trois principales activités : A1- La finalisation : Il s’agit de : - faire connaître et appliquer les objectifs généraux de l’entreprise. - dégager des objectifs pour son service, les adapter aux besoins et aux logiques de ses subordonnés, contrôler leur réalisation. - être le représentant et l’avocat, pour l’extérieur, de son service. Les objectifs doivent être : précis (afin qu’ils puissent être compris des collaborateurs), mesurables (afin qu’ils puissent être contrôlés), limités (afin qu’ils constituent une sorte de contrat), communs (afin qu’ils soient connus et partagés par ceux qui vont contribuer à leur réalisation), réalistes (afin qu’ils soient cohérents avec la stratégie et les réalités de l’entreprise), réalisables (en quantité désirée, avec le niveau de qualité souhaité, dans les délais prévus) , assortis de moyens, accompagnés d’objectifs relais ou partiels (afin de mieux mesurer l’évolution), accompagnés d’objectifs de remplacement (afin d’éviter d’improviser en cas de problèmes), accompagnés d’outils de contrôle (afin de vérifier où en est l’évolution par rapport aux objectifs). A2- L’organisation : Il s’agit : - d’obtenir les moyens d’action nécessaires à la mise en œuvre des objectifs : informations, budgets, hommes, équipements, règles d’action, délais. - de répartir les tâches et les rôles entre les membres de l’équipe. - d’équilibrer un certain formalisme qui simplifie les tâches et des degrés de liberté qui permettent une délégation efficace. - de contrôler les résultats. Déléguer ne signifie pas se décharger sur autrui des tâches que vous n’aimez pas faire ou que vous n’avez pas le temps de faire. Cela ne signifie pas non plus absence de contrôle. Cela consiste plutôt à donner une partie de son pouvoir à ses collaborateurs, à leur fixer des 7 objectifs en leur laissant le soin de déterminer les actions à entreprendre pour les réaliser. A3- L’animation : Il s’agit de : - communiquer et déléguer ( par des échanges collectifs et interpersonnels, par une bonne conduite de réunion, par un bon usage de la délégation, par des aides de toutes sortes, par des évaluations fréquentes et ouvertes). - insuffler une dynamique (permettre un travail d’équipe, reconnaître et respecter chaque personne, lancer des défis liés aux fonctions des uns et des autres). - savoir négocier (rechercher des solutions créatives face aux problèmes, trouver des compromis constructifs). - connaître les gens à qui on a affaire (attention aux idées préconçues; mieux vaut s’ouvrir à ce qui se passe réellement dans l’interaction). - avoir une écoute active (être capable d’entendre réellement ce que disent les autres, être attentif à ce qui est dit, aux mots utilisés, au contexte et aux sous-entendus de l’expression). B- LE LEADERSHIP COMME RELATION : Mettre l’accent sur la dimension relationnelle du leadership, c’est considérer qu’il ne devient effectif que parce que des individus s’y soumettent. Pour W. R. Bion, la vie des groupes se développe à deux niveaux : - un niveau manifeste, rationnel et conscient qui touche à la réalisation de la tâche du groupe, - un niveau implicite, irrationnel et pour une bonne part inconscient, qui est celui de “la circulation émotionnelle qui se développe entre les membres du groupe, leader compris, et qui spécifie la relation à celui-ci. Il dégage trois états affectifs aux tonalités émotionnelles différentes : - la dépendance : les membres du groupe se conduisent comme s’ils attendaient du leader suggestions, idées, sécurité, au fond comme si celui-ci était seul capable de satisfaire les besoins du groupe, à la façon d’un sorcier aux pouvoirs plus ou moins magiques. 8 - l’attaque- fuite : les membres du groupe se conduisent comme s’ils étaient menacés par un danger qu’il faut attaquer ou fuir. Le leader est celui qui attise leur haine et leur colère et qui fournit un ennemi ou un traître contre qui lutter ( un concurrent par exemple dont on dit qu’il est à l’origine des problèmes vécus). - le couplage : l’attention du groupe est tournée vers un événement à venir, capable de transformer le groupe (nouveau leader, idée ou utopie…). M. Crozier et E. Friedberg tirent toutes les conséquences de la définition du pouvoir comme relation. Ils dressent une analyse stratégique du pouvoir et énoncent trois postulats fondamentaux : - “Les hommes n’acceptent jamais d’être traités comme des moyens au service de buts que les dirigeants fixent à l’organisation; chacun a ses objectifs, ses buts propres”. Les acteurs organisationnels utilisent l’organisation selon leurs intérêts propres, et y poursuivent des buts personnels, dans les limites qu’imposent les contraintes et les règles de l’organisation. Les organisations n’ont pas de rationalité univoque ou sans faille. Elles doivent vivre avec une multiplicité d’objectifs plus ou moins coordonnés. - “Tous les acteurs organisationnels ont une liberté relative, parfois restreinte mais toujours réelle; ils ont des possibilités d’autonomie dont ils se servent plus ou moins”. Le pouvoir “est un rapport de forces, dont l’un peut retirer davantage que l’autre, mais où également l’un n’est jamais totalement démuni face à l’autre”. - “Les stratégies des acteurs sont toujours rationnelles mais d’une rationalité limitée”. 9 DEUXIEME PARTIE : LE POUVOIR I. LE POUVOIR DANS INTERPERSONNELLES : LES RELATIONS Lorsque l’on dépasse une première représentation de l’organisation sous le mode de la rationalité, on découvre l’existence de comportements inattendus . Pour les analyser on fait appel à la notion de pouvoir, car loin du schéma simpliste de l’autorité formelle, les acteurs mobilisent des sources variées de pouvoir qui suscitent conflits, transactions ou négociations. Coopérer, communiquer, ne pas coopérer, garder des informations, s’absenter à la moindre occasion sont des comportements qui illustrent ces jeux de pouvoir. Certains théoriciens vont jusqu’à voir l’entreprise comme le terrain privilégié de la lutte des classes. D’autres considèrent que la performance organisationnelle et le développement personnel passent nécessairement par l’exercice de pouvoirs. On voit combien cette notion de pouvoir suscite des analyses et des sentiments mêlés. Dans toute organisation, il y a rencontre entre individus et groupes sociaux. Cette rencontre se fait sous forme d’interactions, les uns et les autres se donnant des objectifs à travers l’organisation et les opportunités qu’elle propose. Il s’établit des relations de contribution rétribution, formelles et informelles et s’instaure de multiples formes d’influences qui se traduisent par des relations de pouvoir quotidiennes. Deux courants de pensée ont théorisé la relation de pouvoir dans les situations de travail : - pour le premier, l’exigence de coordination est pensée à partir du sommet. L’organisation s’appuie sur un mode d’exercice hiérarchique et autoritaire du pouvoir . - pour le second, la coordination ne se fait efficacement que de manière horizontale. Dans ce cas, mieux vaut que les acteurs approuvent les ordres reçus pour qu’ils contribuent au mieux à la réalisation des objectifs . Le premier courant a été remis en cause. L’analyse stratégique se démarque de cette vision déterministe en remettant en cause l’aspect rationnel des rôles et l’idée de conformité quasi naturelle des occupants d’un rôle aux attentes de leurs partenaires. Le pouvoir est l’une des principales sources de conflit en entreprise, et souvent, cet enjeu se cache derrière des revendications concrètes. Or le pouvoir est utile, il est au centre de toute relation, 10 chacun l’exerce pour faire prévaloir ses intérêts ou ses opinions. C’est souvent un abus qui suscite des réactions et favorise des formes de résistance passive ou encore des oppositions farouches. Le pouvoir se retrouve à tous les niveaux, emprunte de multiples formes et ne relève pas toujours ou seulement de l’autorité d’un responsable. L’on ne peut guère agir efficacement si l’on ne connaît pas les pouvoirs en place. Les reconnaître, c’est ouvrir le champ de la négociation. A – DEFINITIONS : On peut définir le pouvoir comme la capacité d’imposer sa volonté, de faire prévaloir ses objectifs ou d’obliger autrui à se comporter comme on l’entend. Le sens dépend du contexte dans lequel on utilise une telle notion. On l’a déjà vu à propos du leadership. Potentiellement, il y a du pouvoir à la fois : - dans les personnes (du fait de leurs droits, de leurs potentiels, de leurs compétences ou de leurs moyens d’action), - dans les relations (selon la place ou le statut respectif des partenaires en présence, la nature de leurs transactions, les opportunités situationnelles ou conjoncturelles dont ils peuvent se saisir), - dans les structures, les règles et les dispositifs institutionnels qui contraignent indirectement autrui. Mais comme il implique la possibilité pour certains d’agir sur d’autres, le pouvoir est d’abord une relation et pas un attribut des acteurs. C’est un rapport d’échange et de négociation. “Le pouvoir est inséparable de la relation, il est intransitif : la relation est personnalisée et s’exerce à travers un ensemble de médiations”. Les relations de pouvoir sont : - instrumentales, elles sont motivées par l’obtention de résultats - variables, ce qu’il convient de faire dépend du contexte et des personnes - réciproques, elles n’existent que si les autres acceptent d’y entrer. B- LES SOURCES DU POUVOIR : Une bonne description des échanges implicites contenus dans une relation de pouvoir a été proposée par French et Raven dès 1951. Pour ces auteurs, un individu A obtient du pouvoir sur B quand il peut lui offrir une contrepartie (récompense directe ou indirecte) ou exercer 11 sur lui des représailles (punitions ou sanctions par défaut). Les formes des contreparties permettent de distinguer cinq types de pouvoirs : - le pouvoir de gratification (A est susceptible de récompenser les comportements satisfaisants) ; - le pouvoir de coercition (A risque de punir les comportements indésirables) ; - le pouvoir légitime (la position de A dans la hiérarchie laisse croire à B qu’il a le potentiel de le punir ou de le récompenser) ; - le pouvoir de la compétence (A dispose de qualités ou de compétences telles que B juge profitable de lui obéir) ; - le pouvoir du modèle (A est obéi grâce à son "charisme" : il apparaît comme quelqu’un d’exemplaire, qu’on estime ou qu’on admire ; ce comportement est parfois justifié, vu les qualités réelles de A (mentor, personne digne d’être imitée) ; c’est parfois dangereux, si A se prête à des projections illusoires (comportement de séducteur, de manipulateur, etc.). C- LES JEUX DE POUVOIR Les jeux de pouvoir existent si l’un ou l’autre des partenaires, ou les deux à la fois limitent la liberté de l’autre. Ils sont plus ou moins conscients. Exemple : “Alain, toi qui affirmes toujours qu’il faut s’entraider et communiquer entre collègues, tu vas me prêter ton style, n’est-ce-pas ?”. La stratégie consiste ici à culpabiliser Alain en le confrontant à ses valeurs. Lorsque l’on est confronté à des jeux de pouvoir, on ressent des malaises émotionnels : culpabilité, frustration, désir de vengeance. Nous pouvons réagir de trois manières : - la soumission, la fuite ; - la contre-attaque ; - l’évitement. Illustration : Les jeux de pouvoir. Etienne et Philippe sont deux directeurs d’usine qui participent chaque mois à une réunion de coordination entre tous les directeurs d’unité. Avant la réunion chacun reçoit une synthèse informatisée des indicateurs le concernant. Un jeudi, à la suite d’une erreur du service courrier, Etienne reçoit deux documents dans la même enveloppe : le sien et celui de Philippe. Etienne lit les données établies pour l’usine de 12 Philippe et remarque une dégradation sensible des indicateurs concernant la qualité. Philippe, quant à lui, ne reçoit rien. Il sait néanmoins, grâce à ses propres analyses, que la qualité de ses productions a tendance à décroître. Il compte d’ailleurs réunir ses cadres pour mettre en place un plan d’action. Peu avant la réunion, Étienne et Philippe se rencontrent. II. LE POUVOIR DANS LES ORGANISATIONS : Les rapports qu’on vient de voir se retrouvent, de façon plus complexe et plus institutionnalisée, dans les organisations. A- L’ANALYSE STRATEGIQUE : En analyse stratégique des organisations (Crozier- Friedberg), plus la zone d’incertitude contrôlée par un individu ou un groupe est cruciale pour la réussite de l’organisation, plus il détient de pouvoir. Pouvoir et organisation sont indissolublement liés. L’organisation structure les relations de pouvoir et en secrète les sources, qui sont les types d’incertitudes qu’elle doit pouvoir réduire pour ses choix stratégiques ou ses fonctionnements. Les pouvoirs correspondants sont : - la maîtrise d’une compétence (expertise) qui ait valeur pour l’organisation (à la fois utile et rare) ; - la capacité d’édicter des règles, des procédures ou des cadres de fonctionnement (et, à un moindre niveau, celle de jouer avec ces règles et ces procédures) ; - le contrôle des informations internes ; - le contrôle des liens entre l’organisation et ses environnements pertinents ; c’est par exemple le pouvoir du marginalsécant, à cheval entre deux organisations ; etc. Pour M. Crozier et E. Friedberg, une organisation donnée ne contraint jamais totalement un acteur, malgré ses prescriptions formelles. En principe, un acteur garde toujours des marges de liberté ou de négociation qui permettent de faire que sa participation soit payante. Par exemple, il peut équilibrer la contribution qu’il fournit et la rétribution qu’il reçoit. Ses possibilités de négociation s’appuient sur les ressources qu’il détient, les résultats qu’il obtient, les zones d’incertitude qu’il maîtrise, etc. Au plan individuel, elles sont à la base des discussions autour du contrat de travail, de la rémunération, des possibilités de promotion ou d’évolution professionnelle. Au plan 13 collectif, elles fondent les relations de travail et le contre-pouvoir des syndicats. Mais quand le contexte est défavorable à l’emploi, les marges de liberté individuelles sont fortement rétrécies. Car s’il n’est pas contraint par la règle ou la situation, le pouvoir organisationnel n’a que faire des volontés d’autonomie ou de marchandage des acteurs ne faisant pas partie de la coalition dominante. Les jeux de pouvoir selon Mintzberg. H. Mintzberg distingue cinq grands types de jeux de pouvoir au sein des organisations : 1- les jeux de l’insoumission : il s’agit de refuser d’obéir à l’autorité, de suivre l’idéologie dominante ou encore de "s’opposer aux compétences spécialisées" ; 2- les jeux pour lutter contre l’insoumission : deux tactiques sont possibles : soit la direction accroît l’autorité et renforce les règles, soit elle entretient l’esprit de compétition des salariés afin d’en tirer parti. 3- les jeux visant à construire les assises du pouvoir à travers : - le parrainage (sorte de contrat implicite dans lequel un service est fourni en échange d’une partie du pouvoir). - la construction d’alliances (entretien d’un réseau pour le partage du pouvoir). - la construction d’empires (ce jeu est pratiqué par des cadres de niveau intermédiaire qui créent des réseaux avec les subordonnés de différentes unités afin d’asseoir leur pouvoir). - la budgétisation (il s’agit d’acquérir toujours plus d’équipements, d’espaces, de moyens et surtout d’argent). - les compétences spécialisées (lorsqu’il n’est pas possible de construire une base politique avec ses supérieurs, ses subordonnés ou ses collègues, il faut tabler sur les compétences spécifiques, comme moyen d’influence). - l’autoritarisme (il consiste à "exploiter le pouvoir légitime de façon illégitime"; c’est le jeu principal de ceux qui subissent le poids d’une bureaucratie). 4- les jeux visant à vaincre les rivaux: le but est de l’emporter sur ses adversaires à l’extérieur ou à l’intérieur de l’entreprise. 5- les jeux pour mettre en place des changements organisationnels en tirant parti d’une information ou en créant des alliances avec des individus externes influents afin d’imposer les changements à la direction générale. 14 B- POUVOIR ET ENVIRONNEMENT ORGANISATIONNEL : Jusqu’à maintenant, nous avons abordé les jeux de pouvoirs comme constituants des relations et des coalitions au sein des organisations. Mais on peut aussi analyser le pouvoir comme une force de l’organisation, comme un moyen d’influence ou d’emprise sur les environnements extérieurs. Dans ce contexte, le pouvoir n’est plus à somme nulle. Ce n’est plus quelque chose qu’il faut récupérer au détriment des autres, dans des luttes toujours renouvelées car toujours soumises à l’évolution des relations et des configurations d’action. C’est un potentiel qu’on peut développer collectivement, avec l’idée que plus les acteurs sont à la fois influents et coopératifs, plus ils peuvent contrôler d’environnements et de possibilités opératoires. Ce pouvoir-là est proche de ce que les stratèges appellent synergie, c’est-à-dire capacité de produire plus ensemble que par juxtaposition des productions individuelles. Il est à l’origine du management participatif. Tannenbaum l’a étudié dans les organisations, montrant que des responsables d’équipe se sentaient d’autant plus influents que leurs équipiers ressentaient aussi un sentiment d’influence sur eux-mêmes, leur travail et leurs activités dans l’organisation. Un tel pouvoir n’est pas incompatible avec le pouvoir conflictuel des rapports de force. Disons qu’il crée un contre-équilibre intéressant. Car un dirigeant imbu de pouvoir solitaire ne pourra guère compter sur le pouvoir collectif. Trop de jeux conflictuels dégradent les synergies collectives, entraînant le déclin de ceux qui auront voulu trop de distance entre eux-mêmes et les autres, entre leur toute-puissance et le besoin organisationnel d’un partage d’influence. III. LES CONFLITS ET LEUR GESTION : Le conflit n’est pas seulement une lutte pour le pouvoir c’est aussi un procédé de régulation qui agit un peu comme la fièvre sur le corps humain. C’est un événement naturel qu’il convient de gérer au mieux, de façon à la saisir comme une réelle opportunité. Il ne sert à rien de l’étouffer, mieux vaut le voir comme une occasion de se remettre en cause et d’élever son niveau de conscience sur des réalités que l’on n’a pas perçues. Le but n’est pas que quelqu’un perde la face, mais de veiller à ce que tous progressent vers une situation meilleure et satisfaisante. C’est là un bon moyen de préserver les liens. 15 A - DEFINITION : Il y a conflit lorsque deux individus (ou groupes), en relation, sont en désaccord sur leurs intérêts, leurs objectifs, leurs valeurs, leurs méthodes, etc.… La relation avec l’autre est ce qu’il y a de plus enrichissant mais c’est aussi souvent ce qui pose le plus de tracas. On communique avec autrui en employant des mots et des gestes qui n’ont pas le même sens pour tous. Ces écarts d’interprétation occasionnent souvent des malentendus pas toujours faciles à anticiper. Mieux vaut donc vérifier régulièrement auprès de son interlocuteur que l’on a bien été compris. En dehors de ces écarts d’interprétation, il y a lieu de prêter attention aux projections. Dire de quelqu’un “c’est impossible de travailler avec lui car il est invivable” relève de la projection. Si l’on substitue la réflexion à la projection, on dira “quand il dit, ou fait, ceci ou cela, je ressens une frustration ou de la colère…”. En s’exprimant ainsi on respecte la personne même si l’on n’apprécie pas certains de ses comportements. On mesure en quoi nos goûts sont liés à notre état intérieur, à la situation que l’on vit et à la signification que prend pour chacun le comportement de l’autre. Le meilleur moyen de garantir l’objectivité de ses propos, c’est d’exprimer ce que l’on ressent. En faisant connaître à l’autre sa réaction (“je”) on peut mieux dire sa perception des choses et ainsi on évite les à priori ou les paroles évaluatives. Parler de ce que l’on ressent, c’est être précis sans tourner autour du pot. C’est aussi parler de faits concrets (“vous élevez la voix”) plutôt que d’attitudes générales (“vous avez été agressifs”), car le fait d’élever la voix n’a pas la même signification pour tous. B- LES TYPES DE CONFLIT : Le conflit revêt des formes variées. Il cache de multiples enjeux qui bien souvent se situent à différents niveaux (psychologiques, sociaux ou organisationnels). Derrière un motif immédiat de mécontentement se cache presque toujours un enjeu plus profond. Il est non-dit parce que la personne a du mal à l’exprimer ou ne trouve pas de mots pour le dire. Le rôle du manager consiste à découvrir progressivement les sources profondes du conflit. Car si l’on ne distingue pas l’expression d’un conflit de son motif profond, on risque de passer à côté de toute négociation. Dans les organisations, les conflits sont de différentes natures. Ils peuvent être : 16 - intra-individuels : les personnes sont en conflit à l’intérieur d’elles-mêmes, par exemple pour choisir entre un travail bien rémunéré mais risqué et un emploi plus sécuritaire mais moins bien payé ; certains choix font appel à des valeurs ou des intérêts contradictoires au sein de la personnalité ; - interpersonnels : il y a mésententes sur les buts, les moyens, les valeurs ou les comportements à adopter ; ou alors, ce sont des antipathies, des rivalités qui entretiennent le conflit ; - intra-groupes : cela ressemble au cas précédent, mais avec polarisation de la mésentente autour de plusieurs membres d’un même groupe ; - intergroupes : cette fois, les antagonismes opposent deux ou plusieurs groupes dans leurs enjeux, leurs intérêts ou leurs contraintes de fonctionnement. Sur le fond, les conflits peuvent être réalistes (c’est à dire justifiés par des situations ou des évènements objectifs) ou liés à des malentendus (on croit s’opposer, alors qu’on est plutôt d’accord ou en complémentarité avec autrui). Les conflits de malentendu sont améliorés par un effort de communication. Les conflits réalistes ont besoin de négociations, de conciliations ou de compromis. Une partie des conflits réalistes est liée à des valeurs ou des objectifs antagonistes (par exemple, une préférence pour la rentabilité financière opposée à une préférence pour le développement social ; ou encore une valorisation de la liberté individuelle opposée à un souci d’égalité ou de fraternité entre les personnels). Plus généralement, les objectifs organisationnels (survie, adaptation, rendement, flexibilité, développement) peuvent être incompatibles avec les besoins ou les enjeux individuels (sécurité, reconnaissance de soi, rétributions, carrière, maintien d’une bonne employabilité). Une autre source de conflits réalistes vient des tensions entre les rôles et des rivalités interpersonnelles ou intergroupes. Dans ce cas, les acteurs s’accordent sur les objectifs, mais l’un veut être promu aux dépens de l’autre, ou l’un veut dominer l’autre dans les interactions de rôles, etc. Les conflits peuvent être réglés : - par force (on cherche à gagner par rapport à l’autre), - par évitement (on laisse les choses en l’état, on accepte même de perdre pour ne pas affronter la situation), - par compromis (on trouve un terrain d’entente avec renoncement de part et d’autre à certaines revendications initiales), - par conciliation (on met l’accent sur les convergences et on néglige les divergences ; c’est le cas quand l’enjeu est plus important pour l’autre que pour soi, quand on sait qu’on a tort ou quand on 17 préfère maintenir la relation qu’aller jusqu’au bout de la situation conflictuelle), - par confrontation des problèmes et construction d’une nouvelle réalité permettant de dépasser la situation initiale au profit des deux partenaires ; c’est ce qu’on appelle le "jeu à somme non nulle" où chacun est gagnant ; ce cas est bien sûr idéal ; les circonstances doivent être favorables, mais aussi l’état d’esprit ; il faut que l’organisation permette des échanges ouverts et que le conflit soit considéré comme un moyen de créativité, de remise en cause et d’innovation. Illustration : Comment gérez-vous vos conflits ? A. Pendant une semaine, prenez note de tous les conflits que vous rencontrez qu’ils valent dans une des catégories suivantes: “Personnel”, “Interpersonnel” ou “Organisationnel”. Identifiez ensuite la catégorie où vous retrouvez davantage de conflits et essayez d’expliquer brièvement pourquoi B. A partir de la même liste des conflits de la semaine, cette foisci classez chacun d’eux en fonction des catégories suivantes: 1) conflit dont je me suis occupé et que j’ai réglé. 2) conflit dont je m’occupe et qui trouvera sans doute une solution ou une issue bientôt. 3) conflit à long terme et probablement insoluble. Comment réagissez-vous face à chacune de ces catégories ? Laquelle de ces catégories et lesquels de ces conflits occupent le plus de temps dans la journée ? C. Placez maintenant chaque conflit dans une des catégories suivantes : - conflit que vous avez évité. -conflit en cours mais que vous essayez de désamorcer, minimiser ou nier. - conflit auquel vous avez fait face ou auquel vous essaierez de faire face. IV. LA NEGOCIATION : A – DEFINITION : Négocier, c’est confronter des idées, des sentiments et des enjeux. C’est tâcher de trouver une solution satisfaisante pour les 18 parties en cause, au moyen de compromis ou de solutions créatrices. On évite d’imposer sa loi par la force, pour trois raisons possibles : (a) on n’a pas le pouvoir de contraindre ; (b) on préfère l’échange au conflit ouvert (par "éthique", par "conviction personnelle", par difficulté psychologique à vivre le conflit, etc.) ; (c) on pense que la négociation est globalement plus efficace en termes de résultats. Voici quelques situations courantes de négociation, proches de ce qu’on a rencontré plus haut à propos des conflits : - une situation de face à face (par exemple, un acheteur et un vendeur), - un rapport entre une personne et un groupe (un directeur d’entreprise et des délégués du personnel), - une relation entre deux ou plusieurs groupes (des syndicats de salariés et des unions patronales), - un débat interne à un groupe (une discussion technique ou organisationnelle). B- THEORIE ENTREPRISE : GENERALE SUR LA NEGOCIATION EN Avant d’aborder la négociation, il y a lieu de se demander comment les conflits sont vécus dans l’organisation. Trois attitudes de base sont envisageables : on peut vouloir supprimer le conflit, son existence étant considérée comme un mal en soi ; on peut tâcher de le guérir, en supposant que c’est une maladie de l’organisation ; on peut l’accepter tel qu’il est, en cherchant simplement à le gérer. Nous pensons qu’il vaut mieux considérer les organisations comme un réseau de négociations, dans des champs conflictuels à rationalité limitée. Les limites de la rationalité sont liées à toutes sortes de filtres, depuis les contraintes vécues par les acteurs jusqu’aux mécanismes d’influence en passant par les biais cognitifs inhérents à l’être humain. Une négociation peut être analysée à trois niveaux : - elle se produit dans un environnement donné qui lui confère, à court terme, une structure préétablie - c’est un processus qui oppose entre eux des intérêts divergents et des activités orientées. 19 - c’est une interaction particulière entre des gens qui la vivent au présent, à travers leur propre subjectivité. Chaque niveau implique de recourir à des modes d’analyse différents. Pour décider d’une stratégie de négociation, une partie doit évaluer deux catégories d’éléments : - ceux qui viennent de la structure (par exemple, le niveau et l’équilibre des pouvoirs de négociation, mais aussi la relation entre les parties en présence) ; - ceux qui relèvent du processus ; ce sont notamment les objectifs à atteindre, à travers un espace contractuel qui détermine ou non des zones d’accord potentiel ; ce sont aussi les points de négociation, certains étant plutôt distributifs-conflictuels et d’autres plutôt interactifs-coopératifs. Dans la pratique, il est important de pouvoir formuler une stratégie de négociation, en se déterminant à partir de ce qui précède. Le choix se fait à trois niveaux : (a) une orientation plutôt vers le conflit ou vers la coopération ; (b) une prise de position préférentielle par rapport à l’ensemble des attitudes possibles au sein de ce rapport conflit-coopération (par exemple le retrait, la conciliation, la confrontation, le compromis, la collusion, le marchandage, la collaboration ou la résolution conjointe de problèmes) ; (c) une décision quant au(x) domaine(s) d’action engagé(s) par la négociation. De leur côté, les tactiques de négociation consistent à manipuler la dépendance et l’incertitude en influant sur les mécanismes du pouvoir (amélioration de l’information pour sa partie, altération des perceptions de l’adversaire, infléchissement du rapport de force, etc.). Elles sont de deux ordres. Les premières utilisent à dessein les opportunités liées aux règles de forme ou procédurales. Les secondes sont comme des mouvements ou des coups situationnels visant à modifier la perception du pouvoir de négociation. Engagées dans un sens conflictuel, elles peuvent être dangereuses et nuire plus qu’autre chose, d’où le conseil de les utiliser à propos et rarement ; elles touchent au rythme des négociations, au maniement des informations, à des jeux sur les personnes, les émotions ou l’évaluation des circonstances de l’action. A contrario, certaines tactiques ont pour but d’apaiser les parties et de faciliter les négociations coopératives. C- QUELQUES TACTIQUES DE NEGOCIATION. Il y a de nombreuses tactiques de négociation. Celles-ci sont différentes selon l’intention sous-jacente (opposition- rivalité- 20 coopération) et le mode de relation (hostilité- neutralité- bienveillance). On distingue souvent : - les négociations distributives (où le but est de répartir un enjeu fixé d’avance, avec l’obligation d’un compromis entre parties adverses plutôt rivales et hostiles) ; le conflit sous-jacent est parfois intense ; les comportements appropriés requièrent de la prudence, compte tenu de la méfiance réciproque ; l’information étant une arme redoutable, les feintes et autres détours de langage peuvent être nombreux ; la menace, l’agression et la recherche d’alliances font partie des moyens d’action. - les négociations intégratives (où l’on tâche de résoudre un problème dans l’intérêt collectif des parties, l’atmosphère étant plutôt bienveillante et coopérative) ; les partenaires sont motivés pour trouver ensemble des solutions acceptables ; les comportements sont évidemment plus ouverts, plus souples et empreints de confiance ; le climat aide à la créativité constructive et à l’exploration de nouvelles idées. Une négociation peut se faire directement, par des représentants mandatés ou par utilisation d’un médiateur dont l’esprit de neutralité permet de dépasser certains blocages. Selon les cas, un médiateur peut jouer les rôles suivants : (a) motiver à résoudre le conflit ; (b) rééquilibrer les forces en présence ; (c) favoriser les efforts d’ouverture ; (d) inciter à une certaine franchise ; (e) mettre la tension à un niveau acceptable. Revenons aux tactiques proprement dites. On peut repérer : - des tactiques de préparation ; par exemple, (a) tenter de connaître le jeu de l’autre avant de dévoiler le sien ; (b) trouver le moment et la façon de dire ce que l’on a à dire ; (c) garder en réserve des arguments et le faire savoir. - des tactiques d’argumentation : par exemple, la méthode des petits pas, le marchandage, l’usage simultané d’un négociateur gentil et d’un négociateur hostile, etc. - des tactiques de détournement : par exemple, le déplacement du problème sur autre chose de moins important, le désamorçage, les techniques de l’édredon ou du disque rayé, etc. 21 Le leadership est une fonction complexe qui recouvre les capacités d’un individu à mobiliser les ressources d’un groupe pour qu’il puisse effectuer les tâches qui sont les siennes . Compétences, personnalité, ambiance du groupe, structure de la tâche, force de la position de leader, culture de l’entreprise, la légitimité, pouvoir de récompense et pouvoir de coercition . D’ailleurs, on peut schématiser ceci comme suit : POUVOIR PERSONNEL CONTINGENCE ACCORDS LEADER INFLUENCE CONFLITS COMPORTEMENT DU PERSONNEL NEGOCIATION RESULTATS DE L’ACTIVITE intégrative POUVOIR ORGANISATIONEL 22 - distributive - A.LEURION et Cie, Economie et organisation des entreprises, tome 3, Foucher,1995 . SHIMON L. DOLAN, Initiation à la psychologie du travail, Gaëtan 1991. Recherche sur Internet . Encyclopédie « Psychosociologie des organisations ». 23