Ecole de palo alto

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L'école de Palo Alto, dont les principaux représentants sont : Gregory Bateson, Ray
Birdwhistell, Edward Hall, Erving Goffman, Paul Watzlawick, ont comme idée commune que la
théorie mathématique de Shannon (émetteur --> canal --> récepteur), doit être laissée aux ingénieurs
des télécommunications, par qui et pour qui elle a été conçue.
Cependant, ils pensent que la communication devrait être traitée du point de vue des sciences
humaines, d'après un modèle qui leur soit propre. Pour eux, la complexité de toutes situations
d'interaction est si grande qu’on ne peut la réduire à deux ou plusieurs «variables» travaillant de
façon linéaire. Ils abordent la communication comme un processus circulaire, au niveau de la
complexité et des contextes multiples.
Approches des différents travaux de Palo Alto :
1/ George Bateson :
Il se dirige vers un cycle d’anthropologie. Il va étudier en Nouvelle Guinée, plusieurs tribus,
en particulier la tribu des Iatmuls. De cette étude découle un de ses célèbres ouvrages Le Naven,
livre dans lequel il décrit un déséquilibre et un renversement d’un système social. Phénomènes qui
proviennent du concept identifié par Bateson : la schismogenèse (rapport de domination /soumission,
exhibition /voyeurisme).
Bateson met au point des « techniques adéquates de description et d’analyse » de comportement non
verbal : ce qui valu la parution de Balinese character : a photographic analysis, dans lequel on peut
trouver une vision théorique originale de la culture et des processus de socialisation. Il cherche à
cerner le problème de l’incorporation de l’enfant de la culture. De cette recherche va naître
l’hypothèse de la double contrainte (ou : double bind »). Cette hypothèse consiste à savoir l’origine
de la schizophrénie infantile dans un réseau (entre la mère et l’enfant) de relations contradictoires.
En 1942, lors d’un colloque à New York du Josiah Macy Jr. Foundation, Bateson découvre le terme
« feedback » .Il se rendit compte que lui aussi avait découvert ce phénomène sans pouvoir vraiment
l’identifier. En effet, l’idée de « feedback » négatif permettait une conceptualisation à la fois simple
et à la fois plus générale : c’est par autocorrections successives, que le système est capable de
retourner à la stabilité. Cette réunion suscita donc beaucoup d’enthousiasme chez un grand nombre
de grands chercheurs comme Bateson, le mathématicien John Von Neumann, un ingénieur de la
communication Norbert Wiener…Ces trois hommes eurent de grandes discussions, firent de grands
travaux, et donc beaucoup d’idées nouvelles apparurent pour donner lieu en 1948 à la
« cybernétique » (concept de Wiener).
Wiener qui était un scientifique ne se laissa pas convaincre par l’importance des sciences
sociales et laissa donc la « suite » de son travail à Bateson.
Bateson cherche à élaborer la théorie générale de la communication dérivée des idées de la
cybernétique. Dans un livre écrit avec Ruesch, Bateson y échange une série d’idées évoquées lors du
fameux colloque : il y explique que le paradoxe peut être dénoué, mais il faut seulement faire
remarquer qu’il y a « confusion des niveaux d’abstractions ». Idée puissante qui lu valut une
subvention afin qu’il approfondisse « les paradoxes de la communication ». Bateson et son équipe
(mais en particulier Bateson) vont commencer à travailler sur des études de comportement des
loutres (animaux dits intelligents).Le but de cette étude était de voir si les loutres étaient capables de
faire la distinction entre un comportement ludique et un comportement de combat : le résultat fut
nul. Un jour pourtant Bateson introduisit dans leur antre un bout de papier accroché à une ficelle.
Les loutres en furent intriguées et un comportement de compétition commence à s’installer chez les
deux animaux. Bateson continua cette expérience (avec d’autres objets) encore plusieurs jours et leur
comportement démontra qu’ elles savent parfaitement émettre et recevoir des signaux comme « ceci
est un jeu ».Les loutres ont donc communiquées de leur communication, elles ont « encadré » leur
message :elles ont alors méta communiqué. Une première synthèse de ces travaux apparut en 1954,
où les expériences sur les loutres qui aboutissent à la théorie de la double contrainte.
Ce phénomène de double contrainte va connaître un énorme succès au début dans le domaine de la
recherche psychiatrique, mais après plusieurs essais de son application par d’autres chercheurs, ces
derniers se sont rendu compte que cette théorie n’était que mensonge. A la suite de cet échec
Bateson et son équipe n’ont pas cessé de la retravailler ce qui a pour conséquences des corrections :
en ce qui concerne la relation « mère /enfant » considérée comme relation « bourreau/victime »
(1956), celle-ci doit désormais être abordée comme des personnes prises dans un système permanent
qui produit des conflits dans la relation. (= point de départ d’études de la thérapie familiale pour
Weackland et Haley). La schizophrénie n’a plus l’air d’avoir autant d’importance pour Bateson, il
semble avoir des objectifs différents de ses collègues. En effet, pour lui la schizophrénie n’a été
qu’un moyen pour avancer dans ses recherches du concept de communication. De plus, pour
Bateson, la double contrainte est de plus en plus abstraite ; elle peut en fait s’appliquer à tout le
monde (aussi bien aux artistes qu’aux malades). La double contrainte n’est donc plus une maladie,
mais un générateur de comportement créatif. Ces pensées si inattendues de la part de Bateson, vont
donc amener à un éclatement fatal du groupe.
2/ Don Jackson :
Psychiatre qui a travaillé sur des schizophrènes. Avec son équipe, composée d’Harry Stack
Sullivan et Frieda Fromm-Reichmann, Don Jackson va supposer que les schizophrènes
communiquent autant que les autres mais dans d’autres registres, à d’autres niveaux. Ainsi,
l’analyste a une incapacité de contrôler son insécurité devant un patient qui ne se laisse pas
facilement impressionner par ses attitudes. Ceci va donc insister la pensée de la schizophrénie en
termes d’interactions.
Ce rapprochant des théories de Bateson, Don Jackson intègre l’équipe de Bateson. Cette équipe
réunie propose deux hypothèses : la première étant le principe de base de la théorie familiale
systémique. Exemple : si un des membres de la famille présente quelque désordre psychologique,
l’intervention du thérapeute ne doit pas se limiter à ce membre mais à toute la famille comprise
comme un système pathologique présentant un symptôme, il s’agit de retrouver un autre équilibre
pour la famille, en réorganisant le système de relation. La seconde est l’hypothèse de la double
contrainte. Don Jackson utilise une technique qui porte directement sur les symptômes exprimés par
le patient, c'est-à-dire l’injonction paradoxale ou l’inscription du symptôme.
3/ Paul Watzlawick :
Après de nombreux contacts et recherches avec Don Jackson et Bateson. Il va souligner
l’importance de la théorie du type logique dans l’hypothèse de la double contrainte. Il va s’appuyer
sur les travaux de Bateson de la double contrainte et va dégager une somme d’idées nouvelles
fondées sur le cybernétique et la théorie des systèmes.
Watzlawick et son équipe va chercher à rendre plus efficace la consultation en thérapie familiale et
vont s’appuyer dur une analyse du mode de fonctionnement du paradoxe (prescription du
symptôme). Ils opposent deux sortes de changement de situation, le premier qui consiste à une
modification intérieur d’un système et le deuxième qui consiste en une transformation du système
lui-même. La solution d’un problème ou autre, passe par le deuxième changement c'est-à-dire une
réorganisation des éléments en un système nouveau. La prescription du symptôme par le thérapeute
consiste a un recadrage de la situation tel qui ne s’agit plus de la même situation.
Exemple : Watzlawick et son équipe remarque qu’un commercial bègue a un discourt différent de
ses collègues. Ils vont lui ordonner de continuer à bégayer afin de renforcer son avantage. Dans ce
cadre nouveau, le bègue se sent plus à l’aise avec ses clients et s’aperçoit que son bégaiement
diminue.
Watzlawick expose le problème des thérapeutes classiques qui traduisent le langage du patient dans
son langage propre pour remonter aux sources du problème. Avec le thérapeute paradoxal qui utilise
le langage du patient pour modifier sa situation présente. Son but est de changer l’individu malade,
non de lui faire prendre conscience des origines de ses problèmes. Le thérapeute intervient dans le
présent pas dans le passé.
4/ Birdwhistell :
Maitre de conférences au département d’anthropologie de l’Université de Toronto. Il va
chercher à expliquer l’anthropologie linguistique c'est-à-dire qu’il va expliquer comment les
différentes cultures peuvent être parties intégrantes d’un comportement. Birdwhistell va étudier
particulièrement les comportements amoureux. Exemple : en Angleterre le baiser sur la bouche est
une forme de concrétisation de la relation. Tandis qu’aux Etats-Unis le baiser sur la bouche est l’une
des premières démarches.
Birdwhistell montre que le corps est un signifiant majeur, que les gestes et les poses sont des
marqueurs forts. Une nouvelle discipline, la kinésique, est étudiée. Il étudie les mouvements du
corps dans les pratiques sociales, notamment le langage.
5/ Edward T. Hall (anthropologue depuis 1942).
Il s’est consacré à l’étude de l’organisation sociale de l’espace entre les individus. Hall est un
homme de terrain, ce qui lui permit alors de découvrir beaucoup d’autres cultures.
C’est ainsi, qu’en se basant sur ces expériences qu’il étudiera durant le reste sa carrière le problème
de « chocs culturels ». Hall ne va pas procéder comme ses collègues anthropologues au niveau de ses
démarches. Lui va essayer de démontrer clairement les codes de la communication interculturelle à
un publique plus vaste.
Hall publia également plusieurs livres comme The Silent Language (1959). Dans ce livre, Hall
expose ses expériences passées en particulier la période où il était officier, puis enseignant, pour finir
directeur d’un programme « Foreign Service Institute» du département d’Etat (familiariser différents
diplomates avec les pays où ils se rendent).
Au sein du « Foreign Service Institute », Hall a travaillé avec des linguistes sur le double
fonctionnement des segments. Ce livre est donc un exemple de cultures qui sont systèmes de
communication. De plus, lui aussi envisage la culture comme un ensemble de « codes » qu’elle est
soumise à des règles que l’on doit déchiffrer.
Dans les années 60, Hall va plutôt s’intéresser à la « dimension cachée ». Celle-ci correspond au
rapport qu’entretien l’homme à l’espace dans la culture. De là découle son 2ème ouvrage The Hidden
Dimension (1966).
6/ Erving Goffman (ancien élève et admirateur de Birdwhistell).
Comme Hall, il cherche à comprendre les normes sociales qui régissent la vie quotidienne. Lui va
procéder par ruptures des cultures. Par exemple, il observe les handicapés (cf. Stigmates) et les
internés (cf. Asiles). Il va se faire passer pour l’un d’entre eux et va discuter avec eux. Ainsi, il va en
dégager les caractéristiques de l’ordre social chez les personnes « normales » (cf. La Mise en scène
de la vie quotidienne). Goffman pense que l’ordre social est fondé sur des règles et que les
interactions de cet ordre social apparaissent banales, sans intérêt particulier ; à part des situations
particulières (mariages, enterrement…) retiennent l’attention, car ce sont des évènements très
ritualisés. Pourtant, c’est dans les moments de tous les jours qu’on peut retirer les enseignements les
plus riches : dans ce cas-là Goffman s’est tout simplement contenté d’observer son propre univers
quotidien (cf. Behaviour in Public Places et Relation Public). Il s’est également penché sur les cas de
« joueurs » : il s’est inséré dans leur monde en se faisant passer pour un maître de table de jeu à Las
Vegas.
De plus, Goffman publia plusieurs livres comme Présentation of self in Evereryday life, Asylums
(reconstitution du monde vécu par un malade mental), Stigma (univers d’un handicapé physique).
En termes de communication, Goffman affirme que « les acteurs sociaux participent à un système,
où tout comportement livre une information socialement pertinente ».
Pour conclure la pensée de Goffman, les individus vivent en fait dans leurs interactions en fonction
de facteurs personnels (humeur, tempérament…), et ces interactions ont leurs propres règles qui sont
extérieures à chaque individu.
Conclusion bilan :
Les principes fondamentaux de l’école de Palo Alto :
-
La communication n’a pas un début et une fin comme le modèle linéaire, mais serait
constituées d’un enchaînement d’interactions. Chaque intervention d’un individu est une
réponse à l’intervention d’un autre, et constitue à son tour un stimulus auquel l’autre va
réagir, et ainsi de suite. C’est, là encore, un processus non plus linéaire mais circulaire.
-
« On ne peut pas ne pas communiquer » cette affirmation renvoie aux dimensions multiples
de la communication : tout comportement en présence d’une autre personne est
communication. La communication ne se limite donc pas au langage avec une émission d’un
message verbal et conscient. Il y aura « acte de communication » par la parole bien sûr, mais
aussi, et surtout, par la tonalité de la voix, les gestes, les regards, l’espace interindividuel (la
proxémique) et même par le silence. Pour l’école de Palo Alto, les communications verbale
et non verbale forment bien un ensemble intégré ;
-
Une personne qui communique avec une autre, le fait dans un contexte symbolique défini par
leur relation. C’est elle qui détermine des règles de comportements, des normes, des rituels
d’interaction. Un changement de ce contexte, aura une modification sur leurs
comportements ;
-
Tout message comporte deux niveaux de signification. Il transmet bien sûr un contenu (un
fait, une affirmation, une question…) mais exprime aussi quelque chose sur la relation que lie
les interlocuteurs. Ainsi un homme demandant à une jeune femme : « Vous habitez chez vos
parents ? » est peut-être à la recherche d’une information factuelle… ou suggère une relation
de séduction ;
-
Une relation entre deux personnes est soit symétrique, soit complémentaire. Dans le premier
cas, la relation est définie comme égalitaire. Deux protagonistes s’accordent mutuellement
une même autorité ou même connaissance : aucun ne chercher à l’empoter sur l’autre. Ils ont
des comportements miroir. Dans le second cas, les interlocuteurs adoptent des
comportements ajustés l’un sur l’autre. Une relation complémentaire peut ainsi être
hiérarchique, avec une position « basse » et une position « haute » (relation entre patron et
son employé, par exemple).
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