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Recherche
interdisciplinaire
& nouvel objet de
communication]
18 janvier
2008
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Quelle posture intellectuelle préalable à une recherche
interdisciplinaire sur un nouvel objet de communication ?
Quelles précautions prendre ? Quels positionnements théoriques
et méthodologiques possibles ?]
[
théorie &
terrain
]
MASTER 2 EIDI / Sébastien Allain, Géraldine DePrieck, Isabelle Leurent, Liviane Urquiza
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INTRODUCTION
L’individualisme. Edgar Morin parle de l’évolution de la civilisation occidentale et de certains revers,
notamment l’individualisme. Selon lui, les aspects positifs de la modernité dont l’avancée des libertés
individuelles se sont accompagnés d’une perte danciennes formes de solidarité, de partage et de
transmission menant à l’isolement. Son concept de « politique de civilisation » publié en 1997
propose de rassembler les acteurs et les problématiques dans un « faisceau cohérent » et une
réflexion plénière pour retrouver des passerelles de l’individualisme vers le collectif.
De façon analogue, ce passage de l’isolement vers des regroupements est à double niveau dans la
recherche interdisciplinaire autour d’un nouvel objet de communication : Un premier niveau est celui
du futur objet et son rôle communicant dans une société « individualiste de masse ». Le second
niveau est celui du rôle même de la communication comme outil de la convergence interdisciplinaire.
Dans ce cadre, la réflexion nous amènera à expliciter des pré-requis intellectuels pour une telle
ascension, des précautions et des positionnements tant théoriques que méthodologiques.
DES CONCEPTS À LA POSTURE
INTELLECTUELLE
En 1948, dans son ouvrage « The Structure and Function of Communication in Society » H.C.
Lasswell énonce la règle des cinq W: « who says what to whom through which channel with what
effect ? ». Cette formule qui s’applique à nos deux niveaux d’étude pose la question du contenu et
des effets. Posons quelques notions autour de la communication et de l’objet de communication.
a. Les tenants de la communication sont divers. On peut les percevoir sur deux temps: inné puis
analysé. Dans un premier temps la communication nait d’un besoin « naturel » de communion, de
partage et de recherche de l’autre, puis elle évolue vers la transmission et la diffusion. Elle se
décline à trois échelles avec la communication de masse, la communication au sein de groupes, et la
communication interpersonnelle.
Le besoin de communiquer dans la culture occidentale moderne est évoqué dans la rupture avec
l’ancien fonctionnement social du monopole de la pensée et de la culture (religion). Pour D. Wolton,
la volonté de s'ouvrir à autrui caractérise la modernité et l’idée de "double hélice de la
communication" : la communication normative qui valorise l'individu et fait de l'autre un égal
s’oppose à la communication fonctionnelle qui s'appuie sur la volonté et le droit de s'exprimer, et
sur les possibilités de rentabilités qu'offre la communication. De la culture de l'individu naît
l'individualisme, de l'échange avec l'autre naît la logique d'intérêt.
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b. L’aboutissement de la recherche est ici lobjet de communication, il revêt un rôle. Il est
potentiellement liant social, interstice, jointure, intermédiaire, pédagogue. Selon les courants de
pensée, l’objet implique un effet, au delà de la simple médiation, il y a une action, une interaction.
Dans la notion de culture de masse (« sociologie de la culture de masse » Edgar Morin) il est aussi
prescripteur de mythe, du ve hollywoodien par le cinéma, de désir d’évasion par la collection des
livres Harlequin
On peut alors parler de la théorie de la «culture de masse» définie par Dominique Kalifa
correspondant selon elle à l’ère des premiers journaux à grande diffusion. Au XXe siècle, L’'école de
Francfort considère que La culture de masse est un outil de nivellement, d'aliénation et
d'endoctrinement d'un public perçu comme une masse homogène et passive : elle donne l'illusion
du choix, rend impossible la rupture, et transforme le consommateur lui-même en objet.
c. Dans la règle de H.C. Lasswell, chacun des cinq W est une porte d’entrée sur des champs distincts
de la connaissance autour de la communication. Les approches de la communication sont multiples
et dans différentes disciplines. A. Mucchielli esquisse une rosace à 7 pétales et dans « Penser la
communication » D. Wolton lui formalise 3 grands pôles: pôle 1 neurosciences-sciences cognitives
(autour du comportement, du cerveau), pôle 2 informatique et mathématique (autour
d’applications techniques, qui s’appuie sur la modélisation des principes de fonctionnement et sur
la simulation, les systèmes experts) et pôle 3 sciences humaines et sociales (autour de
l’expérimentation, de l’interaction techniques et des fonctionnements sociaux : interprétation).
Dans ce même ouvrage, D. Wolton, en analogie au diagnostique de E. Morin, soulève le problème
d’un défaut de collaboration. Pour le développement de la relation homme-machine, il suggère
d’étudier la diversité et des invariants du langage. Cette notion semble être tout à fait transposable
à la relation homme-homme ou encore discipline-discipline avec l’idée d’un socle commun de
discussion, une base commune de connaissance pour échanger. L’équivalent linguistique de ce
socle commun peut faire penser à l’Espéranto voulu par Ludwik Lejzer Zamenhof.
Conclusion partielle : Connaissance, ouverture, échange ressortent comme les maîtres mots pour
désigner la posture intellectuelle préalable et créer une interdisciplinarité (entre autre sciences
cognitives théoriques vers cognitives appliquées). Pour reprendre une image, Bateson a définit la
communication dite « analogique » comme le mode de communication sur les relations, et la
communication « digitale » comme le mode de la communication sur les choses (ou sur le contenu).
Tout message et plus précisément ici toute recherche interdisciplinaire autour d’un objet qui se veut
complète impliquerait donc au minimum la convergence de ces deux pendants, ces deux modes
complémentaires.
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DONNÉES À CONSIDÉRER DANS LA MISE EN
ŒUVRE D’UNE CONVERGENCE EFFICIENTE
a. Les périmètres et partis pris. Chaque discipline doit connaître son périmètre, son champ de
connaissance et de compétence et doit aussi identifier les autres acteurs et de leur parti pris. Cela
peut se traduire également sur le terrain : Contrairement aux conceptions psychosociologiques où
le chercheur se veut absent ou étranger au système de communication étudié, Ruesch et Bateson
partent de l'idée que le chercheur en sciences humaine occupe une fonction dans ce système : « le
scientifique doit en toute occasion resté capable de déterminer où il se situe en tant
qu'observateur. Ceci nécessite non seulement une clarification des niveaux auxquels il travaille mais
aussi une identification des fonctions qu'il possède au sein du système de communication dont il est
entrain de faire l'étude. ». Sur un autre plan, pour Birdwhistell, l'étude de la communication
(orientée interpersonnelle) ne peut se faire en isolant un seul « infrasystème », tel le langage, que si
le chercheur est bien conscient des limites qu'il fixe à son étude.
b. Le risque de l’enfermement dans la théorie : « Attention aux plus grosses machines théoriques qui
produisent les résultats empiriques les plus décevants » écris Yves Winkin ; L’excès inverse
s’apparente à l'approche empirique qui privilégie essentiellement l’étude des moyens de
communication et de leurs effets sur la transmission/réception des messages. L’aspect social est
alors considéré comme un aspect contextuel périphérique. Cette approche empirique est trop
limitée si elles ne s’accompagnent pas d’une interprétation des phénomènes et comportements
sociaux sous-jacents.
Il faut ainsi interroger à la fois la société en supposant qu’elle évolue en fonction des moyens qui lui
sont offerts, et d’autre part, il faut interroger les outils de communication en imaginant que c’est
une demande sociétale qui les a fait naître. Il y a nécessité d’un recul historique et théorique face
aux projections subjectives ; Le chercheur doit se confronter à la réalité à travers la théorie et le
terrain.
c. Les faux semblants : Information ne rime pas forcément avec communication bien que ces mots
aient pu être interchangeables, ou encore associés dans « communication de l'information » (Yves
Winkin), de même « Le fait de recevoir de l'information d'un autre individu ne peut pas être
considéré dans tous les cas comme réception d'un message » d'après Newcomb, Tumer et
Converse. Les frontières entre de tels concepts ne sont clairement identifiables que par la
connaissance et le recoupement des concepts qui ont donnés aujourd’hui les SIC avec l’appellation
étendue et dichotomique « Sciences de la communication et de l’information ».
d. Le règne de la complexité : La vision doit être large, il n’y a pas de théorie de la communication
sans théorie de la société et pas de considération des masses sans considérer les enjeux.
L’interdisciplinarité est invoquée car la pluridisciplinarité ne propose pas de convergence des
savoirs mais une simple juxtaposition et la transdisciplinarité mélange les genres sans offrir la
possibilité de creuser en profondeur dans chacun des domaines requis.
Pour rappel, évoquons les relations triangulaires en jeux dans cette perception globalisante :
individu/masse/communication <-> technologie/économie/société
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e. La simplification, la vulgarisation des connaissances pour favoriser l’accessibilité aux autres
départements (exemple des explications d’Alex Mucchielli dans « modèles de la communication »).
ne doit pas dénaturer pour autant le substrat de chaque entité.
« Il semble au premier examen que l'observation directe des faits soit le procédé le plus simple, le
plus normal, le plus sûr. Cela tient sans doute à ce que le fait social semble bien délimité, à ce qu'il
est schématisé à l'excès, et à ce que les mots de nos vocabulaires aident aux simplifications et
appauvrissements (M. Griaule « Méthode de l'ethnographie » 1957). ». Yves Winkin l’évoque lui
pour la théorie de Shannon « le modèle présente à la fois les garanties de la légitimité
scientifique (les mathématiques sont toutes proches) et les souvenirs de l'expérience quotidienne
de chacun (qui n'a jamais téléphoné ?). Simple à comprendre, à reproduire, à appliquer, le modèle
ne pouvait qu'être adopté partout ». Le temps ne retiendra que partiellement ce premier modèle
simpliste.
f. L’urgence est antinomique face à des questions de fond, des courants de pensées qui s’étirent sur
des années voir des siècles. L’immédiateté est à fuir comme le tout « hyper » (hyperconsommation,
hypergadget, hypervitesse…). La recherche doit satisfaire à la conversion du quantitatif vers le
qualitatif (P. Tesson) ce qui évoque ici d’une autre manière le principe même de politique de
civilisation.
g. La véracité. Pour finir sur les précautions, notons qu’aucun modèle n’est incontestable dans les
sciences humaines. Selon E. Morin, « les systèmes ne sont pas figés », il faut considérer le vivant, le
mouvement. Les sciences sont elles-mêmes en perpétuelle évolution. D. Wolton évoque par
exemple une remise en question de la modélisation « duelle personnelle» selon les médias utilisés
(le web par exemple). Il convient d’être prudent.
LES DIFFÉRENTS MODÈLES COMME SUPPORT
THÉORIQUES ET MÉTHODOLOGIQUES DE
RECHERCHE
1. Positionnements théoriques
i. Les modèles de communication à l’œuvre dans les deux niveaux de notre recherche :
Plusieurs modèles ont été formulés depuis le début du XXe siècle : Le premier modèle est linéaire
de l’émetteur au cepteur et autrement nommé par « vision télégraphique », ou encore relation
interpersonnelle (modèle de Claude Shannon et Warren Weaver). En 1948, dans son ouvrage
«Cybernetics or control and communication in the animal and the machine », Norbert Wiener
l’enrichit avec ses recherches sur la cybernétique et met en avant l’importance du processus de
feedback, une boucle de rétroaction. Le modèle ainsi complété devient circulaire.
Le modèle de la « communication orchestrale » de Gregory Bateson et Ray Birdwhistell décrit les
acteurs sociaux dans un perpétuel engagement.
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