La III° république (IV) Certains estiment que la III° République ne se termine que le 10 janvier 1947 et l’élection de Vincent Auriol. La III° République a plusieurs mérites : sa durée, la démocratie, traverser la Grande Guerre, faire voter la loi de séparation des Eglises et de l’Etat (1905). Le premier gouvernement socialiste est de René Viviani en 1914. Mais cette République est indéniablement parlementariste, et connaît donc une forte instabilité gouvernementale. Elle est marquée par l’anticléricalisme. A) L’ordre moral (1870-1879) I « L’Année terrible » La III° République nait dans la douleur, comme le décrit Victor Hugo. La France touche le fond. Le 4 septembre, après la proclamation de la République par Gambetta, on met en place un gouvernement : le gouvernement de la Défense Nationale, présidé par le général Trochu, à qui on confie la tâche de maitriser la capitale. En octobre, l’armée de Bazaine capitule avec l’équivalent de 100 régiments à Metz. Metz annonce Paris : Gambetta constate que les Prussiens ont très bien lu la carte de France : pour vaincre la France, il suffit de prendre la capitale, assiégée dès octobre. Léon Gambetta, à 32 ans, s’échappe en ballon de Paris. En tant que ministre de l’Intérieur, il crée une annexe du gouvernement provisoire à Tours. Trochu est à Paris avec 300 000 hommes peu disciplinés, mal équipés. Gambetta a un impératif : il doit tout faire pour libérer Paris, affamée. Gambetta regroupe successivement 600 000 mais attaque de façon séparée. Arrivant de Normandie, Chanzi prend Orléans, marche sur Paris, mais son armée, affaiblie, capitule devant les Prussiens avant d’arriver à la capitale. Les Français ont 11 types différents de fusils d’infanterie ! Néanmoins, deux cas font exception. A Belfort, Denfert-Rochereau tient en échec pendant toute la durée du conflit les armées qui lui sont envoyées. Un village dans les Vosges résiste aussi. DenfertRochereau est aidé par Garibaldi qui libère la ville de Dijon. Mais les armées allemandes bloquent la marche sur Paris, et la garnison de Paris n’arrive pas à sortir. Victor Hugo s’adresse à Trochu et se venge contre lui en deux vers. En janvier 1871, l’Empire Allemand est proclamé dans la galerie des Glaces de Versailles. Paris n’a plus de ressources et est affamée. Les Français sont obligés de proposer un armistice aux Prussiens, ce qu’acceptent tout de suite Otto Von Bismarck, nouveau chancelier d’Allemagne. Mais il veut signer une paix par un traité, ratifié par un Parlement, d’où l’armistice électorale du 28 janvier 1871. Une Assemblée Nationale est élue, alors que 43 départements sont occupés, qu’il n’y a pas de réunions publiques, que les villes sont paralysées. Le 8 février, après des élections à un seul tour, la France vient d’élire une Assemblée monarchiste, et la France des campagnes prend sa revanche : 400 députés sur 645 sont monarchistes. Cette nouvelle assemblée nationale se réunit à Bordeaux. Lorsque l’Assemblée se réunit le 12 février, on se rend compte des divisions des royalistes, entre orléanistes (pour le retour du Comte de Paris) et légitimistes (pour Monseigneur le Comte de Chambord, Henri V). Thiers : « la République est le régime qui nous divise le moins ». Thiers reçoit le 1 titre de « chef du pouvoir exécutif de la république française » : c’est le pacte de Bordeaux qui permet de lancer les négociations avec les Allemands. Bismarck agit en vainqueur, au nom de la nouvelle et puissante Allemagne. On accorde aux Français que Belfort, mais les mines de charbon et de fer sont données aux Allemands : l’AlsaceLorraine est perdue. Les Français doivent payer 5 milliards de francs-or, pour que les Allemands retirent leurs troupes. Les habitants d’Alsace-Lorraine, s’ils veulent rester Français, doivent quitter leurs habitations en laissant leurs biens. Mais la France connaît deux drames : en Algérie, une gigantesque révolte éclate ; 100 000 hommes interviennent pour rétablir la situation. Bismarck répond au vœu de Thiers de libérer les généraux du II° Empire, pour pouvoir asseoir la République en Algérie… ou contre la Commune de Paris. Paris n’accepte pas la reddition : le ton monte entre un gouvernement qui ne réintègre pas Paris, transférant son siège de Bordeaux à Versailles. La Commune de Paris est élu le 26 mars, et prend ensuite le nom de Commune insurrectionnelle. Elle ne reconnaît pas deux choses que veut obtenir le gouvernement des Versaillais : la fin du moratoire des loyers et, le 18 mars, l’affaire des canons de Montmartre. Une majorité des Communards, des Girondins, souhaite une France fédérée, d’où l’apparition de Communes un peu partout en France. On rétablit le calendrier révolutionnaire, le tutoiement, les Sans-Culottes. Le programme social annonce des mesures qui seront par la suite faite jusqu’au Front Populaire : séparation des Eglises et de l’Etat, écoles primaires gratuites, laïques et obligatoires, création d’un droit du travail, création d’un salaire minimum garanti. D’autre part, ils souhaitent l’élection des fonctionnaires, la création d’Ateliers Nationaux, etc. Mais ces « Communeux » sont critiqués, et Jules Ferry, député de Paris, qui tente une conciliation échoue. Tout commence le 22 mai 1871 : un traitre ouvre les portes de Paris au Point du Jour : la Semaine Sanglante débute. Les Communards fusillent 56 otages, dont l’Archevêque de Paris. Toute personne suspectée de les soutenir est automatiquement fusillée. Paris se voit interdire l’élection d’un maire. Concernant la revanche sur l’Allemagne, Gambetta déclare : « n’en parlez jamais, y pensez toujours ». Le Tour de France par deux enfants, publié en 1875, est le manuel scolaire de référence. II Les lois fondamentales On assiste à un curieux phénomène. Est-ce qu’une Restauration n’évoquerait pas un éventuel retour des droits féodaux ? Après des élections partielles, 99 Républicains sont réunis autour de Gambetta. Thiers en profite pour asseoir son statut : la loi Rivet donne le titre personnel de Président de la République à Adolphe Thiers, et déclare que celui-ci préside le Conseil des Ministres. Il faut libérer le territoire le plus rapidement possible, et Thiers lance des emprunts qui permettent de rembourser rapidement la dette à l’Allemagne. Bismarck en profite pour faire passer à son industrie la seconde révolution industrielle. Mais Thiers n’arrive pas à faire accepter un changement des couleurs de l’armée. On propose à Gambetta le titre de « libérateur du territoire », qui pour sa part déclare à l’Assemblée que le seul à mériter ce titre est Thiers. C’est l’apogée de Thiers. 2 Thiers devient néanmoins peu à peu comme un dictateur en puissance : on se souvient qu’il a porté au pouvoir LNB. On interdit alors au chef de l’Etat de se présenter ou de parler à l’Assemblée Nationale : c’est la « loi chinoise ». Il pourra seulement adresser un message écrit aux députés. Les députés monarchistes finissent par croire à une restauration possible autour d’Henri V, âgé, malade et sans descendance. Thiers, parce qu’il voit les dangers de cette restauration, est interpelé mais ne peut se défendre ; le 23 mai, il démissionne. Il achève sa vie avec ses deux compagnes. Le Comte de Chambord agit comme un responsable : il met la barre trop haute (peutêtre pour ne pas provoquer une guerre civile, et éviter d’accéder au pouvoir, puisque pas accepté par les orléanistes : manifeste du Comte de Chambord). En attendant la mort du Comte de Chambord, on nomme quelqu’un pour présider l’Etat. On nomme Mac Mahon. Totalement inculte, il devient Président de la République en 1873. Son président du Conseil est De Broglie. La politique est dominée par le principe de l’Ordre Moral. Les parlementaires rendent le service militaire obligatoire : juillet 1872. Pendant 5 ans, tous les ans, pendant 28 jours, les conscrits sont appelés à s’entraîner. En 1875, les députés décident, par l’amendement du 30 janvier 1875 du député Wallon, que le régime républicain ne pourra être changé : « la République est inaliénable ». On décide un système orléaniste. Le Président de la République est élu pour 7 ans. Il est le chef de la force publique. Il nomme les hauts fonctionnaires civils et militaires. Il nomme le Président du Conseil et les ministres du gouvernement. Il est irresponsable mais tous ces actes doivent être contresignées par un ministre. Il a le pouvoir de dissolution de la chambre des députés. On fait la séparation entre le chef de l’Etat et le Président du Conseil des ministres. On a deux chambres : la Chambre des députés et le Sénat. La chambre des députés est élue au suffrage universel direct. Le scrutin est le scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Le Sénat est renouvelé tous les trois ans par tiers au suffrage universel indirect. Les deux peuvent proposer une loi. C’est le début de la navette parlementaire. Les députés peuvent interpeler un ministre. Les ministres sont solidaires. A l’automne 1875, les députés ont l’impression d’avoir rempli leur contrat. En janvier 1876, c’est une nouvelle Assemblée Nationale qui est élue. Or cette chambre est à majorité républicaine (360 députés : une famille dite « des opportunistes » qui suit Gambetta, Ferry, Grévy et une autre famille dite « des radicaux » avec Georges Clemenceau). Jules Simon, Président du Conseil, est poussé à la démission par Mac Mahon. Mac Mahon nomme le duc de Broglie et dissout le 16 mai 1877 la Chambre des députés, élue à peine un an auparavant. C’est l’épreuve de force. « Il faudra vous soumettre ou vous démettre », Léon Gambetta Au soir des nouvelles élections législatives de 1877, les républicains sont toujours majoritaires. En janvier 1879, alors que Chambord est mort, Mac Mahon démissionne le 30, tandis que le Sénat bascule dans le camp républicain. Le droit coutumier l’emporte. Pour la première fois, députés et sénateurs se réunissent à Versailles en congrès pour élire le nouveau Président de la République : Jules Grévy. 3 B) La République des opportunistes (1879-1899) Introduction : Jules Ferry Jules Ferry est idéaliste et homme politique, sorti de la politique aussi pauvre qu’il y était entré. Protestant libérale, il naît en 1832. Il devient avocat mais ne peut exercer à son goût son métier à l’époque de l’Empire autoritaire. Il devient journaliste politique engagé à gauche. En 1860, il est élu député républicain et est proche du Président du Conseil, Emile Olivier. A Paris, à la Salle Molière, il fait un discours sur l’égalité de l’éducation. Pendant la Commune, il tente d’éviter la catastrophe. En 1872, il est ambassadeur à Athènes. Jules Ferry est marqué par la révolution qui s’est terminée en 1790. Il ne se reconnaît pas dans le Comité de Salut Public. « Pourquoi des hommes qui ont su si admirablement mourir n’ont-ils pu ni su être libres ? » Il est marqué par la franc-maçonnerie. Il veut faire passer l’ensemble des classes les plus pauvres à l’éducation. Il ne veut pas que les « classes dangereuses » soient rejetées de la cité. La solution, c’est la laïcité, un effort de tolérance, de charité et d’éducation. La colonisation est un élément de la puissance de la France qui vient de perdre l’Alsace et la moitié de la Lorraine. Il favorise la colonisation et est surnommé Ferry le Tonkinois. En 1890, lorsqu’il part pour une inspection en Algérie, il découvre que son idéal justifie des crimes coloniaux, qu’il dénonce par la suite au Sénat, et décède peu après, de façon prématurée. La France des années 90 reste dans le culte de Napoléon I°, et plus généralement dans un nationalisme exacerbé. La pièce L’Aiglon connaît un succès énorme. I L’œuvre durable des opportunistes La Constitution Grévy se résumé par un Président sans grands pouvoirs, nommant très rarement son Président du Conseil. Sous Jules Grévy, deux présidents du Conseil ont marqué : Gambetta en 1881 (9 mois) et Jules Ferry jusqu’en 1885. Le 14 juillet 1880, à Longchamp, au cours d’une grande fête militaire, on décide que la Marseillaise sera l’hymne national. On fait inscrire République Française sur les drapeaux. On commémore jusque la Fête de la Nation, et l’on applique une loi d’amnistie générale qui permet aux Communards déportés de rentrer (dont Louise Michel et Henri Rochefort). Les opportunistes prennent une succession de dispositions. On classe les débits de boisson (là où l’on commente la presse). On instaure la liberté d’afficher, surtout lors des élections municipales. En 1881, on met en place la liberté de réunion publique. Les lois de 1882 et 1884 ont mis en place les élections municipales, avec les conseillers municipaux qui votent pour un maire. En 1884, on supprime les sénateurs inamovibles. De plus, on ne peut changer en France la forme républicaine du gouvernement, ce qui implique que les anciennes familles régnantes ne peuvent résider en France. Naquet autorise le divorce et le rend plus facile, même s’il reste l’avantage du mari. 4 En 1880, l’Etat autorise le dimanche comme repos obligatoire et légal, en reconnaissant que l’Etat est l’héritier de siècles de christianisme. Les prières publiques sont interdites, les écoles religieuses soumises à autorisation préfectorale (contrairement à ce que mettait en place la loi Falloux. Jules Ferry et Paul Bert sont à l’origine de la réforme de l’école : ouvrir la connaissance au plus grand nombre et faire en sorte que la France soit peuplée de citoyens responsables. Néanmoins de nombreuses écoles existent déjà auparavant. En 1881, chaque village doit proposer une école gratuite pour tous. On développe les lycées : chaque sous-préfecture a un lycée. On crée des lycées de jeunes filles. On développe le système de bourse. En 1889, une loi militaire impose le service militaire de trois ans, les militaires ecclésiastiques, un an. Les républicains décident qu’il n’y aura pas de chef-lieu de département sans gare centrale. On crée donc à perte des gares. On crée des lignes ferroviaires à double voie, en préparant ainsi une future guerre. La récession économique entraine la hausse des tarifs douaniers (Ministre de l’Agriculture : Méline). Cette situation favorise les scandales financiers : en 1882, la banque l’Union Générale est en faillite. Elle a fait de très mauvaises affaires avec des banquiers véreux juifs. Une crise agricole frappe la France : le phylloxéra attaque la vigne jusqu’en 1892, et favorise les importations d’Algérie. II La crise boulangiste La République connaît un certain nombre de scandales politico-financiers. Wilson, gendre de Jules Grévy, a fait fortune en trafiquant la Légion d’Honneur. Le scandale éclate en 1887. Les slogans se multiplient : « A bas les voleurs ! ». La République est jeune, et beaucoup gardent l’espoir de la renverser. Un jeune général, initialement républicain, ministre de la Guerre très populaire, le général Boulanger prend des mesures très appréciées : donner une fourchette aux soldats, donner un sabre aux sous-officiers, peindre les guérites en bleu-blanc-rouge, diffuser le buste de Marianne. En 1887, il est sur le point de déclencher une mobilisation, alors qu’un incident de frontière éclate en Alsace-Lorraine. Le 8 juillet, sur ordre du Président de la République, il est démissionné pour avoir trop voulu déclencher la guerre. Il est envoyé à Limoges. Boulanger focalise autour de lui tous ceux qui ne supportent pas le régime. Clemenceau appelle le boulangisme « le grand dégoût collecteur ». Boulanger démissionne de l’armée pour se présenter aux élections législatives qui ont lieu en 1889. Il est élu à une écrasante majorité dans une circonscription parisienne. On le supplie ensuite de marcher sur l’Elysée, mais il renonce. De plus l’armée ne l’aurait jamais soutenu, car cette armée est celle de la République. Le 27 janvier, Sadi Carnot (petit fils de Lazare Carnot), nouveau Président de la République, est sûr que l’armée restera fidèle à la République. Boulanger prend la fuite en Belgique. En 1889, c’est le centenaire de la Révolution. Pour l’exposition universelle, Gustave Eiffel construit une Tour à la gloire de la modernité. Le boulangisme concentre le nationalisme à droite, avec l’antiparlementarisme et l’antisémitisme. En 1889, aux républicains opportunistes succèdent les républicains modérés. 5 III Le scandale de Panama La République finit par être sauvée par ceux que l’on n’attendait pas : les catholiques. L’archevêque d’Alger, Monseigneur Lavigerie, estime que l’ère boulangiste a été trop grave. Il faut accepter la République modérée. Il est suivi en 1891 par le pape Léon XIII. Son encyclique rerum novarum demande une réforme sociale pour les plus pauvres, et déclare qu’en France, seule la république peut conduire ces réformes. Il faudra attendre 1900 pour que la loi interdisant le travail des enfants dans les mines soient enterinées. Gustave Eiffel vole au secours de Ferdinand de Lesseps, qui a la volonté de créer un canal transocéanique à Panama. Il estime devoir déplacer 200 millions de mètres cube de rochers. Mais la fièvre jaune fait des ravages et les pelleteuses ne fonctionnent pas. Les ouvriers meurent ; il n’y a plus de cimetières. Cornelius Hertz, banquier juif, étouffe l’affaire dans un premier temps. La compagnie du Canal de Panama décide en 1890 un gigantesque emprunt de 600 millions de francs-or pour finir le travail. Le Parlement doit voter, des votes de députés sont achetés par des banquiers véreux. Jules Delahaye désigne en novembre 1892 tous les « chéquards » en plein Assemblée. Entre 1892 et 1893, six gouvernements chutent sur la question de ce scandale. De Lesseps meurt en 1893. Le scandale de Panama déchaine une campagne antiparlementaire. L’extrême gauche devient violente. A la mine de Fourmie, neuf mineurs sont tués à cause d’une manifestation qui tourne mal. Des actions violentes apparaissent : on place des bombes : en 1892, Ravachol place des bombes devant le domicile d’avocats corrompus. Vaillant lance une bombe dans la Chambre des Députés en 1891. Le 24 juin 1894, Sadi Carnot est assassiné à Lyon devant la Bourse par un anarchiste italien. IV L’Affaire Dreyfus Avec Napoléon, l’Affaire Dreyfus est le moment de l’Histoire de France qui a suscité le plus de publications. En 1885, un ingénieur français invente une nouvelle poudre, la mynilite, extrêmement puissante, qui permet de casser n’importe quelle fortification. Boulanger crée un nouveau fusil, le Lebel, une arme offensive. Les Français cherchent un allié, les Russes, avec l’alliance franco-russe du 1891. Il faut une guerre courte avec une arme que les Allemands n’ont pas. Alors, l’état-major cherche en 1892 à inventer un canon, le canon de 75. Il mettra 6 ans à être réalisé. Les polytechniciens se mettent secrètement à la tache. Il faut donc intoxiquer l’ennemi potentiel. On crée alors le bureau des statistiques, confié à Sandherr, responsable du contre-espionnage. Il contacte un agent double : Graillet, l’auteur du bordereau contenant des manœuvres faites, et une déclaration : la France ne mobilisera qu’à « M+32 ». De plus, on dit que les Français mettent en place un canon de 120 millimètres à frein hydraulique. Néanmoins, l’idée n’est plus maitrisée. L’attaché militaire allemand à Paris communique les informations à Berlin. Il déchire ensuite le bordereau. La femme de ménage trouve le 6 bordereau dans la poubelle. On convoque un expert en graphologie, qui trouve que l’écriture correspond à celle de Dreyfus (presque celle d’Esterházy), traître idéal. Il est convoqué en 1894. On dicte à Dreyfus le bordereau. Au final, il est condamné à la dégradation et à la déportation. Le 5 janvier 1895, Dreyfus est dégradé. Il est déporté en Guyane. En 1896, le successeur du colonel Sandherr, Picard regarde le dossier de Dreyfus, mais la chemise est vide. Il saisit la presse et devra quitter la presse. L’armée crée 300 faux, le colonel Henri est le responsable de ces faux. Zola prend fait et cause pour Dreyfus et publie dans L’Aurore « J’accuse ». La droite considère que l’Affaire Dreyfus est une raison d’Etat, et que l’on n’a pas à savoir. La Croix, journal antisémite, provoque des massacres. De l’autre côté, la gauche fonde la ligue des droits de l’Homme. Anticléricale, elle devient antimilitariste. En 1899, le général Galliffet, ministre de la Guerre, se fait confirmer que le canon fonctionne. Il déclare, concernant l’Affaire Dreyfus, que l’incident est clôt. Il est rejugé en 1899 : on le déclare coupable avec circonstances atténuantes. Dreyfus est gracié sur sa demande. En 1906, la Cour de Cassation annule le jugement de Rennes sans demander la révision du procès Dreyfus est réhabilité dans ses grades et fonctions, il reçoit la Légion d’Honneur. Merci à Maélisse pour la partie C du cours C) La France coloniale Introduction Beaucoup de livres et de journaux consacrés à la colonisation ont été vendus. De plus, il y a eu une forte mobilisation contre la loi du 23 février 2005 sur la colonisation positive. En 2007, deux dictionnaires sont publiés. Le premier est dirigé par Claude Liauzu : Dictionnaire de la colonisation. Il traite des différentes colonisations européennes, ainsi que celles du Caucase et du Japon, ou encore de l’acculturation actuelle au Tibet par la Chine, dernier pays colonial militairement parlant. Le deuxième est dirigé par Rioux : Dictionnaire de la France coloniale. Il développe l’idée que les colonies ne sont qu’un complément, que l’histoire coloniale n’a pas pesé dans l’histoire nationale. L’empire est analysé comme un complément à la puissance nationale. De même que la puissance maritime n’est que complémentaire, la France est avant tout une puissance continentale. Entre 1801 et 1939 la France a envoyé dans ses colonies 1,9M d’immigrants ; ce chiffre est très faible par rapport aux autres pays (GB = 10 fois plus). En 1958, lors du changement de république, pour la première et unique fois dans l’Histoire, une colonie, Alger, pèse dans le renversement de la IVème. Une colonie ressemble à un carnet de caisse d’épargne : quand ça ne rapporte plus on abandonne, et quand on en a besoin on s’en sert : ainsi 500.000 combattants sont issus 7 des colonies pour chaque guerre. Marseille est surtout libérée par les Maghrébins, Toulouse par les Noirs. Mais le drame de l’Algérie montre qu’on s’en détache sans trop de sentiments. Il n’y a jamais vraiment eu d’idéologie coloniale, seulement un discours musclé pour l’expansion, mais c’est tout. I L’héritage La France coloniale est un très vieil héritage. A Marseille va peut être avoir lieu la construction d’un mémorial à la France coloniale, mais cette construction est contestée par ceux qui veulent y dénoncer les crimes coloniaux, et ceux qui refusent toujours d’accepter l’abandon de l’Algérie. On devait y évoquer la chronologie de l’empire : l’Ancien Régime y occupe une place importante, avec la traite des Noirs, le commerce du sucre avec les Antilles, des épices, des bois précieux… L’empire colonial de la IIIème République est un empire à perte, tandis que celui de l’Ancien Régime est très fructueux. Il faut attendre 1939 pour retrouver son taux d’échange de 1789. La France avant 1939 n’investi dans l’empire qu’1% de son budget. La conquête du Canada est entamée dès Louis XIII. En 1763 l’essentiel du Nord-Est américain passe sous l’emprise des Britanniques, suite à la guerre de Sept ans (cf. Le dernier des mohicans). Il ne reste à la France que la Louisiane, que Napoléon vend aux Etats-Unis. Si la France avait gagné cette guerre peut être que le monde aurait parlé français ! Ce qui reste de cette Amérique française sont les îles de St Pierre & Miquelon, ainsi que les îles à sucre des Caraïbes (Guadeloupe, St Martin, St Barthélemy). Ces colonies rapportaient beaucoup avec le commerce triangulaire qui partait de Nantes, jusqu’au golfe de Guinée pour échanger de la grande pacotille contre du « bois d’ébène » (les esclaves), eux-mêmes revendus aux enchères en Martinique ou Guadeloupe. Les marchands, en échange, ramenaient du sucre de canne - très cher en France, de l’indigo et des épices. Le bénéfice est alors en moyenne de 1000%. Nantes, Bordeaux, St Malo se développent grâce à ça. Il y a également la Guyane. Jusqu’en 1763 et le traité de Paris, l’Inde est française. Lorsqu’elle devient britannique, la France garde des comptoirs jusqu’à 1954. Les Français sont donc présents dans l’Océan Indien, où ils créent un empire autour d’îles. Les corsaires, qui ont été chassés de l’île de la Tortue, et qui ne peuvent plus piller les Espagnols depuis la paix avec la France, se convertissent au pillage des navires britanniques et s’installent à Madagascar, Sainte Marie, dans les Seychelles, les Comores, ou l’île de France (devenue île Maurice) et la Réunion. En Afrique, la France possède l’île de Gorée au large du Sénégal. Il y était pratiqué le commerce des esclaves. La loi Taubira en 2000 estime que la traite négrière est un crime contre l’humanité. Les pays anglophones demandent des compensations financières aux négriers européens. Des historiens, comme Troko et Pétré- Grenouilleau, mettent fin au débat. La traite atlantique voit des pays comme l’Espagne, la France, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas aller chercher les Noirs en Afrique, ce qui représente au total 11 millions de Noirs emportés (or ceci est le nombre compté sur les bateaux : auparavant, on en 8 élimine plusieurs millions : ceux qui sont impropres à la production : femmes, enfants, vieux). Mais il y a aussi une traite des Africains entre eux, soit 14 millions d’individus avec la traite interne. Les royaumes africains sont esclavagistes, mais il existe néanmoins les esclaves de cases. Un esclave de case vit dans la famille, se marie avec un autre esclave et peut avoir des enfants qui st considérés comme appartenant à la famille. Mais il ne peut pas hériter. Ces esclaves sont adoptés au même titre que les animaux, mais leur sort est meilleur. Ils sont recueillis par des chasses aux esclaves. Le royaume d’Abomey vit par la terreur, car il fait de la chasse à l’esclave une source de profit. Les africains réalisent 50% de la traite des Noirs, car ils se sont rendus compte que ça leur rapportait de les vendre aux européens (cf. émission de Thalassa sur la Porte du Non retour). Les habitants de la côte vivaient de cet esclavage. 17 millions d’esclaves partent vers l’Afrique orientale. Le Sultan de Zanzibar était le grand point de départ des convois d’esclaves à destination des puissances maghrébines orientales, dont les sultans étaient esclavagistes. Comment les européens ont-ils fait si facilement la conquête de l’Afrique ? Elle renaît en 1830 par la conquête de l’Algérie : c’est la volonté de Charles X de redorer le blason de la France après le Traité de Vienne, par la conquête d’un pays riche. L’Algérie était riche, vendait du blé aux Français pendant la Révolution Française et l’Empire. L’émir Abdelkader mène une résistance acharnée aux Français. La conquête coloniale dure 27 ans et ruine l’Algérie. La ville de Dahra met ses enfants dans les grottes et les fait brûler pour empêcher leur colonisation. Napoléon III propose en 1960 le Royaume Arabe, pour protéger la civilisation arabe, pour associer les Arabes tout en les laissant autonomes. Mais la III° République marquera le retour d’une conquête sanglante. Le II° empire montre l’agrandissement de l’empire colonial avec la conquête du Sénégal, de la Nouvelle-Calédonie (1858), de Saigon (1859) dans le royaume d’Annam, ainsi que des îles relais avec Tahiti (1843) et les îles Marquises ou « îles éparses », non peuplées. La France est alors le troisième Etat au monde en terme de superficie si on prend en compte les océans, grâce à son nombre d’îles. II Motivations & moyens Idée de puissance et de grandeur L’empire colonial permet à la France de retrouver son rang de puissance. C’est une idée commune aux missionnaires et aux politiques. La France se concentre surtout sur l’Afrique et l’Extrême Orient (Indochine). Cette logique obéit souvent à des initiatives d’officiers, qui trouvent des opportunités de planter le drapeau français. Parfois, suite à des désaccords de la population, on arrête les conquêtes : en 1875, la conquête du Tonkin par Francis Garnier est abandonnée. A partir de 1879, quand les républicains arrivent au pouvoir, ils encouragent les initiatives de missionnaires. 9 Religion et bonne conscience S’engage alors une lutte entre les églises européennes pour la conquête des indigènes « sans religion », une concurrence acharnée entre missionnaires britanniques et français : « l’anticléricalisme n’est pas un produit d’exportation. » Cet aspect religieux est essentiel : c’est l’idée que l’on combat un fléau, comme l’anthropophagie, l’excision pour les filles, ou encore les guerres tribales traditionnelles. Par ces moyens, on se donne bonne conscience pour un colonialisme humanitaire. En 1890, la conférence de Bruxelles interdit la vente d’armes et d’alcool aux indigènes, et déclare ouverte la chasse aux négriers. Dans le même temps, le XIX° est le moment de l’émergence de nouvelles motivations économiques. Les machines européennes sont lubrifiées par l’huile de palme ; il faut beaucoup de main d’œuvre. Curiosité scientifique On souhaite découvrir des espèces animales, les sources des cours d’eau (Mission sur le Nil). C’est le philanthropisme à travers les grands médecins (exemple de Yersin qui trouve en Indochine le bacille de la peste et crée un vaccin, ou celui concernant la maladie du Sommeil en Afrique avec la mouche Tsé-tsé découverte et éradiquée par Jamot). Intérêts commerciaux Les maisons de commerce de Marseille ont l’« exclusif colonial », elles bénéficient d’aides pour aller chercher les produits exotiques. « La politique coloniale est fille de la politique industrielle » Ferry. Mais cette politique ne bénéficie qu’aux ports. En 1880, on crée une ligne régulière - la première - de minéraliers (bateaux géants). Parmi les populations, certaines sont prédisposée à accepter les discours religions : certaines africaines aiment les chiffres religieux (le 3 de la Sainte-Trinité). Mais souvent il y a une très forte résistance, surtout avec l’Islam : il y a peu de convertis. La conquête par les missionnaires s’accompagne d’une destruction des cultures locales, on brûle les symboles, les temples… De Foucault ne réussit à convertir que 4 personnes ! Au Sahara il est considéré comme un saint, parce que, par respect pour les civilisations touareg, c’est lui qui a rédigé leur grammaire et leur écriture. Les moyens militaires sont considérables, on tire dans le tas parce que les indigènes n’ont pas d’importance. Fourchaut, colonel, propose des exécutions sommaires : avec 1 boulet on tue 80 personnes. Mais la conquête coloniale a été faite par des officiers, qui utilisent la méthode de Cortes : la politique des races. On débarque face à des milieux de guerriers équipés de chevaux pour certains, ou d’armes. Les Français utilisent les guerres de clans en levant des troupes irrégulières avec des indigènes rivaux qu’on a armé, à qui on promet des femmes & des enfants. On autorise un moment l’esclavage des troupes vaincues. Les africains ont des armes mais archaïques, qui ne font pas le poids face aux canons. Les officiers s’informent les mœurs des chefs locaux : les armées indigènes combattent à travers des champions, un défi fait au chef. Quand celui-ci est tué, la population entière se rend, ce qui évite aux colons d’éradiquer un peuple. 10 On assiste à la création des chemins de fer pour doubler la vitesse des troupes et permettre de transporter des renforts ou des médicaments. Les navires à vapeurs sont associés aux « canonnières » qui se démontent et se remontent quand on veut traverser un fleuve. Mais il faut les porter : c’est alors la mise en place des « corvées de portage », un travail forcé qui accompagne la conquête. Mais les colonisateurs doivent rétablir la confiance des peuples. En 1885 se tient une conférence sur le « partage de l’Afrique » : pour qu’une colonie appartienne à une puissance, il faut qu’elle soit physiquement occupée. Commence alors la « course aux clochers ». Des disputes entre les grandes puissances donnent lieu à un tracé des frontières sans tenir compte ni du relief ni des ethnies. C’est la méthode de la tâche d’huile : une fois que la soumission est acquise, il faut assurer la sécurité. Tout d’abord, il faut mettre fin aux guerres tribales, puis créer des hôpitaux, ou encore des écoles pour former les auxiliaires de la colonisation, les « évolués » qui forment aujourd’hui les dirigeants de la nouvelle Afrique. III Phases de l’expansion et politiques coloniales L’Afrique La première phase se déroule entre 1879 (opportunistes au pouvoir) et 1895. C’est la phase d’expansion principale en Afrique, en Indonésie et à Madagascar. On conquière ce qui deviendra en 1905 l’AOF, afin de contrôler les sources du Niger et fabriquer de l’huile de Palme. L’expansion se fait en direction de l’Est en partant de Djibouti (colonisé en 1862), puis c’est la formation de l’AEF en partant du Gabon pour atteindre le Congo, le deuxième plus grand fleuve d’Afrique. On assiste à la création d’un bloc colonial français qui s’achève en 1900 avec la création de l’AFN, Afrique Française du Nord, qui comprend l’Algérie (colonie), la Tunisie (1881) et le Maroc (1900- 1912) les deux derniers étant des protectorats. En 1910 la conquête de l’AEF est à peu près achevée. En 1915, les Français arrivent à Madagascar, qui sert de relai pour l’Indochine. L’Indochine La conquête de l’Indochine se fait pour atteindre la Chine, le « marché du milieu » qui fait rêver les entreprises européennes avec ses 450 millions d’habitants. Pour cela la France tente de remonter le Mékong et le Fleuve Rouge en passant par l’Indochine. Celle-ci est divisée en 3 unités : l’ancien royaume d’Annam, dont la conquête pour en faire une colonie est très violente de 1883 à 1885 ; du Laos et du Cambodge, qui seront deux protectorats, avec lesquels la France entretient de très bonnes relations. L’Indochine est, avec l’Algérie, la seule colonie qui rapporte. Elle fournit du latex qui permet de créer du caoutchouc, qui est à l’époque le plastic d’aujourd’hui, c’est-à-dire qu’il est utilisé pour tout. Entre autres, Michelin s’y installe. Les politiques coloniales L’idée d’assimilation domine : la colonie fait partie de la France. Le 24 octobre 1870, le décret de Crémieux assimile les juifs d’Algérie en leur donnant la nationalité française, bien que l’Algérie comporte 400.000 d’Européens, 80.000 Juifs et 4 millions de Musulmans. Pour ces derniers, la France a divisé les notions de citoyenneté et de 11 nationalité : ils ont la nationalité française et sont donc les sujets de la République, mais ils ne sont pas citoyens français, et n’ont donc pas le droit de vote. Ce n’est qu’en 1946 que la Martinique, Guadeloupe et Guyane sont considérées comme françaises, pour former les DOM. Avec les protectorats c’est la solution d’association qui est adoptée. Les français ne sont présents que pour la défense militaire (ex : Laos, Cambodge, Maroc). Ainsi, la politique coloniale est une improvisation sur le territoire pour exploiter au mieux les peuples. Les colonisés sont aux ordres de la métropole : code de l’indigénat, travail forcé… Rares sont ceux qui résistent. IV Le geste de Savoignan de Brazza Pierre Savoignan de Brazza est un des rares résistants. Le 3 octobre 2006 est construit un gigantesque mémorial en son nom à Brazzaville, la capitale du Congo qu’il a construit. Italien, admis à l’école navale de Brest en 1869, il est officier de marine. Il participe à la mission sur l’Ogooué, fleuve qui remonte jusqu’au fleuve du Congo dont on ignore la source, mais autour duquel on imagine la présence de ressources extraordinaires. Ainsi il part en 1880 remonter l’Ogooué. Il fonde Franceville « au nom de la renaissance nationale » : c’est la première entrée de la France en Afrique noire. Il rencontre le roi de ce royaume paisible qui a beaucoup souffert de l’esclavage et qui est menacé par son voisin musulman, le Tchad. Ensemble ils signent un traité de protectorat pacifique. Le roi, en échange de la promesse de pacifisme, offre à Brazza un bout de territoire où il celui-ci fonde Brazzaville. Brazza repart en France et confie sa ville à des lieutenants noirs, qui, lorsque le commandant belge Stanley arrive avec ses troupes pour s’emparer du Congo, dressent des banderoles où est écrit « Vous pouvez nous exterminer mais vous ne toucherez pas au drapeau tricolore ». Brazza libère des esclaves et est très apprécié des indigènes, mais le protectorat ne rapporte pas assez d’argent à l’Etat. Il doit donc se retirer et est remplacé par 40 concessionnaires qui se partagent le territoire. Ceux-ci commettent de nombreux crimes coloniaux et exploitent massivement les Noirs pour les faire travailler. Le Congo vit un cauchemar depuis le départ de Brazza. Celui-ci dénonce fortement cette économie de pillage de son lit d’hôpital, ce qui fait de lui un « saint » pour les peuples du Congo. En 1905 il reçoit des obsèques nationales à Paris. « Pas d’armes, pas d’escortes, n’oubliez pas que vous êtes l’intrus que l’on a pas appelé » disait-il à ses subordonnés. 12 D) La Belle-Epoque Introduction : Deux France La France de la belle Epoque, Dominique Lejeune. En 1914, 51% des Français sont encore des ruraux, la France ne change pas. Cf Henri Vincenot (plaquette). En 1900 alors que Paris brille de 1000 feux, la France ne bouge pas. Les femmes construisent des « maisons de lait », pour vendre leur lait aux mères parisiennes & faire nourrice. Ainsi, la France profonde est très en retard. L’Exposition internationale à Paris se déroule en 1900 et révèle l’autre France, éblouissante. L’Affaire Dreyfus étant close seulement depuis septembre 1899, l’exposition permet de faire taire les querelles. On compte 40.000 visiteurs, un record jusqu'à 1970. C’est une ode au progrès : on installe un trottoir roulant pour visiter sans se fatiguer ; on installe le premier métro (déjà un a Budapest, mais tout petit). A Paris il y a donc le métro électrique (ligne 1) mais les 4 gares principales sont des réseaux privés. Donc on construit le métro tel qu’il ne puisse pas passer sur les voies de train, pour éviter la concurrence. En 1939 apparaît le premier poste TV, mais l’idée est imaginée dès 1900. L’Ode à la lumière s’accomplit avec le palais de l’électricité ; la vapeur a disparue. Toutes les Cours d’Europe viennent. On fête Paris et la France, qui apparaît comme la capitale culturelle du monde. On compte 400 revues littéraires. Les diplomates mondiaux parlent français, ces revues sont donc lues de partout dans le monde. On pense que le XXème sera un siècle des Lumières, une fois de plus. I De Waldeck- Rousseau à Rouvier 1899-1902 est l’époque de la défense républicaine. Waldeck est député des Vosges, et l’un des premiers défenseurs de Dreyfus. Il forme en 1899 un gouvernement de défense nationale, qui unit droite & gauche. A droite le général de Galliffet est nommé ministre de la guerre. Ce dernier est un homme de poigne, qui participe aux expéditions du Mexique : ce général est responsable de la cavalerie, il est pour la revanche. Il « sauve » la république en 1877 car il refuse la demande de Mahon de l’aider à faire un coup d’Etat : « il y a plus important que le régime, la France ». Il accepte de marcher sur l’Elysée que si le Président a le soutien des députés. L’extrême gauche, avec Alexandre Millerand le « socialiste », se rallie, alors que jusqu’à présent elle proposait de renverser le régime. De même l’extrême droite était très vigoureuse (cf. Jules Guérin : directeur d’une ligue antisémite d’extrême droite et qui se barricade dans la rue Chabrol). 13 C’est l’apparition des premiers partis politique. Grâce à la loi de 1901, on assiste à la création du parti radical (avec Clemenceau), et celle du parti radical socialiste. En 1905, Jaurès crée la SFIO (avec L’Humanité), avec l’option légaliste, et non l’option bolchevique (prendre le pouvoir par la force). Pour Jaurès il faut donc changer la société par les urnes. En 1902 il y a des élections (cf. carte plaquette). C’est la revanche des Dreyfusard, le Bloc des Gauches est réuni (336 députés, dont 219 radicaux, 99 de l’alliance démocratique et 48 socialistes). La droite est généralement élue dans l’Ouest, vu le fort poids du catholicisme, et la nature plus traditionnelle de ces régions. L’Est et le Nord votent généralement gauche. Le nouveau gouvernement est formé par Emile Combes, ancien séminariste, athée et anticlérical viscéral. Dreyfusard à fond, il fera une épuration dramatique des ligues et de l’armée par dénonciation. C’est l’époque noire des francs maçons. On valorise l’idéal d’égalité et de fraternité, important dans la République Français ; ils ont un rôle positif dans la république (divorce, statut NC). Ce sont eux qui font les fiches de dénonciation, sous l’ordre du général Ambré (orthographe ?). Ces méthodes d’espionnage sont très critiquées, scandales des fiches en octobre 1904 (démission d’Ambré) : il faudra des années pour que les francs-maçons retrouvent une aura positive. Le colonel Pétain, qui commande un régiment dans le Nord, refuse la proposition d’Ambré d’espionner ses propres hommes. Le scandale aboutit à la rupture diplomatique entre le Vatican et la France. Combes doit démissionner avant d’être mis en minorité. Il est remplacé par Maurice Rouvier en 1905 (avec Briand au Conseil). II Le premier message universaliste 1er juillet 1901 : Loi sur les associations (cf. plaquette) Au départ, cette loi a une connotation anticléricale : elle va supprimer toutes les associations créées pendant l’affaire Dreyfus sous le commandement du pape et de l’Eglise et qui ne respectaient pas les libertés républicaines. Article 3 : « toute association fondée sur un but illicite, contraire aux lois, aux bonnes mœurs, est interdite ». « Dans un but autre que de partager des bénéfices » = influence de Jaurès, associations anticapitalistes. Pendant Vichy, au camp du Gurs, la moitié des Juifs étrangers sera sauvés par des associations françaises (catholiques, Croix Rouge, etc.). 11.000 enfants juifs seront sauvés. 14 1905 : Loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat Cette loi reflète l’idée de laïcité de l’Etat de la République Française et de ses valeurs : anti communautarisme, être responsable de ses pratiques, respect de soi et des autres. Cette notion née en France est une idée de tolérance qui émerge en 360 quand l’Empire romain s’effondre. L’empereur Julien réussi à ressouder l’Empire une dernière fois en le considérant comme multireligieux. Il édicte l’Edit de Viennes, 1er édit de tolérance. L’empereur estime que toutes les religions sont égales, et intervient avec la force publique si l’une veut imposer sa force sur une autre. L’empereur tente un culte solaire pour unir l’Orient et l’Occident. Mais à sa chute l’Edit est oublié. En 492, dans le royaume des Francs alors en lutte contre les alamans (futurs allemands) Clovis perd son culte païen au cours d’une bataille. C’est le choix politique d’un prince qui a choisi sa religion. Malgré de nombreuses hérésies, les peuples barbares ont adopté l’arianisme (?), qui déclare que Dieu est unique, c’est Jésus. Clovis adopte cette religion pourtant minoritaire, qui devient le christianisme puis le catholicisme. Jusqu’à Louis XVI, c’est le gallicanisme : l’Eglise est d’abord l’Eglise de France, c’est le roi qui choisit les ecclésiastiques (évêques, papes). Il y a certes des « dérapages » : la Saint Barthélémy, les guerres de religion, le XVIème, 600.000 morts, 38 ans de guerre entre protestants & catholiques. En 1685, Louis XIV revient sur l’Edit de Nantes : on se remet à poursuivre les protestants. En 1785, c’est l’Edit de tolérance par Louis XVI. Pour St Thomas d’Aquin il y a une séparation entre le domaine des Dieux et le domaine des hommes, on ne peut pas les mélanger. Cette idée très occidentale fonde le libéralisme, le capitalisme… On peut parler de tout sur un rang de stricte égalité. L’article 1, « la république assure la liberté de conscience », est une garantie totale de liberté dans les lieux de culte. De plus, la République ne finance plus aucun culte. La majorité des Français reste cependant catholique. L’application de la loi soulève les passions. Celle-ci implique une « loi des inventaires » pour évaluer les biens de l’Eglise, ce qui donne lieu à de nombreux débordements anticléricaux car on soupçonne les ecclésiastiques de cacher de l’argent donc on pille par la force. Rouvier est mis en minorité par le Bloc des Gauches, il est donc remplacé par Clemenceau « On ne va pas tuer des hommes pour compter des chandeliers ». Celui-ci fait cesser les querelles. III De Clemenceau à Poincaré 1906-1909 Clemenceau (cf. Les brigades du Tigre). 15 Clemenceau décore Dreyfus. Il nomme ministre de la guerre le général Picquart, autorise la retraite pour les ouvriers et paysans (effectif en 1910), crée la police en voiture, impose le jour de repos hebdomadaire, crée les logements sociaux HBM. Mais il se heurte à l’explosion de Courrières, une mine de charbon, qui fait 1200 morts. L’ensemble du bassin est en grève pendant 6 mois. La CGT est alors créée, influencée par Jouhaux et Sorel qui construisent le mythe « du grand soir » qui permettra l’accès au pouvoir des pauvres. En 1906, la Charte d’Amiens établit la journée de 8h à Paris, et le 1er mai comme Journée du travail (évoque les 15 jours de congés payés mais pas cette mesure n’est pas appliquée). En 1907, il y a une crise de surproduction dans le Sud de la France (car on a planté en quantité pour éviter les ravages du phylloxera). Le 20 juin, Narbonne est prise d’assaut, et Clemenceau envoie l’armée (libère Béziers) d’où le surnom de « 1er flic de France ». En 1909, Clemenceau est renversé. Il y a alors une succession de ministères (Briand, Caillot, etc.), tous modérés : la France est moins à l’écoute de ses querelles car la guerre commence à être envisagée. En 1905 & 1911, avec les crises de conquête au Maroc, on frôle la guerre contre l’Allemagne. En 1912, l’Europe est en guerre dans les Balkans. La loi des 3 ans de service militaire votée en 1912- 1913 est une des lois les plus contestées : elle sera discutée au Parlement pendant 9 mois. Le 14 juin 1914, le gouvernement socialiste de Viviani, dissident de la SFIO, s’oppose à la loi. Mais la menace de guerre l’oblige à la maintenir provisoirement. En 1914, la loi sur l’impôt sur le revenu est votée, alors qu’elle est discutée depuis 1870. Un scandale éclate quand Mme Caillot tue le directeur du Figaro qui avait publié leurs lettres intimes. Les passions se déchainent et finalement, les jurés l’acquittent. Les gens se fichent de l’assassinat à Sarajevo de F. Ferdinand, sauf Jaurès qui est à un congrès international de la SFIO à Bruxelles le 31 juillet 1914. En effet les ouvriers allemands ne répondent pas, ce qui l’inquiète. Mais dès son retour à Paris il est assassiné par Vaillant, un fanatique d’une ligue antisémite. En Allemagne la mobilisation générale s’accompagne de la déclaration de guerre. La gauche est prête, tous les jeunes sont recrutés dans la Nouvelle Armée pour la revanche. Jaurès n’était cependant pas un pacifiste, mais un patriote. Jouhaux est son héritier : « cette guerre nous ne l’avons pas voulue, mais nous nous levons pour la combattre ». L’extrême gauche viscérale avec Gustave Hervé entre au gouvernement et se rallie « ils ont assassiné Jaurès, nous n’assassineront pas la France » Avec ce contexte et le discours de Poincaré, c’est l’Union Sacrée. 16